• Une semaine en GS (3)

    Une semaine en GS (3)

    Deuxième journée de la semaine en GS, après un lundi matin et après-midi bien occupés. 

    Mot d'ordre : « On prend les mêmes et on recommence ! »
    Plutôt que de parler de « rituels », mot dont le côté presque religieux me gêne, je préfère parler d'habitudes, terme tombé en désuétude dans les classes sommées d'attendre le bon vouloir des enfants au début des années 1990... L'enfant au cœur des apprentissages allait de lui-même créer ses propres habitudes auxquelles les maîtres s'adapteraient comme il créerait ses propres savoirs. Je caricature pour aller plus vite.
    Lorsque, une quinzaine d'années plus tard, on s'est rendu compte que la mise en place des automatismes avait énormément souffert de cette perte, nos théoriciens de l'école du XXIe siècle, qui comme chacun le sait « sera religieux ou ne sera pas1 »,  ont alors créé les « rituels », ces obligations morales faites aux enseignants de mener, dans toutes les classes, des micro-activités dont la répétition routinière assurerait l'appropriation des notions et concepts visés...

    Je préfère le terme d' « habitudes », concept qui ne se cantonne pas à la mise en place de quelques stimuli individuels parfois habillés de vertus thérapeutiques2..
    Ces habitudes concernent le temps qui passe grâce à une organisation pédagogique basée sur la journée (on verra que le mercredi déroge à cette règle) : les activités sont pratiquées au quotidien et celles du jour font suite à celles de la veille, pour chacun des élèves.
    Cela est rendu possible grâce aux habitudes sociales de la classe : c'est un groupe dont chaque élève est un membre, reconnu comme tel, dans le cadre d'une organisation collective. Les tours de paroles sont organisés3, ce qui sécurise tout le monde et contribue à installer un climat d'écoute et d'attention ; le travail collectif précède le travail individuel qui est considéré comme la dernière phase de l'apprentissage ; de ce fait, il est accompagné au besoin par l'adulte, décidé à mettre chaque élève au centre de sa pédagogie, ce qui constitue la dernière, mais la plus importante de ces habitudes.

    Celle-ci porte sur le rôle de l'école, sa mission première, l'instruction. Chaque élève sait, parce qu'on le lui dit et le lui répète, qu'il est là pour apprendre tout ce qu'il ne sait pas, tout ce qui lui sera utile cette année, en Grande Section, mais aussi l'année prochaine, au CP, et même pendant toute sa scolarité. L'enseignante fait tout pour lui simplifier la tâche, le sécuriser en lui évitant le sentiment d'échec, l'aider à surmonter les obstacles, lui fournir les éléments nécessaires à des progrès pas à pas, qu'il constate au jour le jour.
    L'élève, conforté par le groupe, qui est toujours appelé en soutien, éduqué au respect des différences et à l'empathie, s'auto-évalue à sa mesure, sans avoir besoin de noter ses progrès puisqu'il les vit et en constate les bienfaits au quotidien, il apprend à s'estimer à sa juste valeur, se sent valorisé par des réussites tangibles, comprend les lois de l'école, parfois différentes de celles de la maison, et les applique parce qu'elles le protègent tant contre les autres que contre lui-même. Il se sent membre d'un groupe, d'une communauté dont la seule « religion » est l'apprentissage et les seuls « rituels », l'intérêt et la bonne entente !
    De cette sécurité affective et sociale naît la curiosité pour ce qu'il ne sait pas encore, ce qui est tout près de lui mais qu'il n'a pas vu, ce qui étonne les tout-petits et leur permet d'approcher les savoirs des grands.
    Quant à l'enseignante, elle est confiante dans les progrès de chacun, ayant fait le choix du simple et du pas à pas dans les apprentissages fondamentaux savants, basant sa pédagogie sur l'envie de grandir et la curiosité naturelle des enfants pour les tâches, les jeux, les exercices scolaires qui se succèdent à un rythme soutenu. Elle vise le développement harmonieux de leurs facultés motrices, sensorielles, intellectuelles et sociales, leur engagement à bien faire ce qu'elle leur propose. Elle n'éprouve donc pas le besoin de peser et mesurer sans cesse l'évolution de chacun ; elle la constate, au jour le jour, en voyant ses élèves s'engager, se donner à fond et avancer pas à pas vers les savoirs de toutes sortes.

    Les voici, après la matinée, puis l'après-midi du lundi, un mardi de fin février :

    Annexes :

    Annexe 3 : Mathématiques :

    Annexe 4 : Lecture

    Annexe 5 : Voyelles (répertoire)

     

    Suite de la semaine :

    Mercredi 

    Jeudi

    Vendredi

    Notes :

    1 Phrase attribuée à André Malraux.
    2 Ici, par exemple, je vous propose de chercher une très jolie phrase sur l'effet socialisant des cailloux. Si là, je n'ai pas le droit de parler de « pensée magique », je ne sais pas quand je le pourrai !
    3 D'où, sur les documents, les successions d'Alima, Baptiste, Célia, Dounia, etc. Par commodité, j'ai choisi l'ordre alphabétique, mais dans une « vraie classe », cela peut être les places sur les bancs, les difficultés d'élocution, l'âge ou tout autre choix mûri et calculé en fonction des particularités de sa classe.


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  • Commentaires

    1
    coindeparadis
    Mercredi 24 Février 2016 à 18:11

    Merci de nous épargner les rituels de 45 minutes (pour la date, la météo et les absents) chaque jour ! C'est à mourir d'ennui. Commencer ainsi la journée pour un enfant n'est guère engageant.

    2
    Cyriaque
    Mercredi 24 Février 2016 à 19:23

    Passionnant ! J'espère vraiment tu vas continuer, j'aime beaucoup voir comment tout s'articule concrètement dans ta classe... Les extraits de dialogue sont très très instructifs pour moi. Merci, encore plus que tu ne peux l'imaginer !

    3
    sol5
    Mercredi 24 Février 2016 à 19:37

    Merci pour ce passage !!!!

    "Chaque élève sait, parce qu'on le lui dit et le lui répète, qu'il est là pour apprendre tout ce qu'il ne sait pas, tout ce qui lui sera utile cette année, en Grande Section, mais aussi l'année prochaine, au CP, et même pendant toute sa scolarité. L'enseignante fait tout pour lui simplifier la tâche, le sécuriser en lui évitant le sentiment d'échec, l'aider à surmonter les obstacles, lui fournir les éléments nécessaires à des progrès pas à pas, qu'il constate au jour le jour."

    Quand aux cailloux... J'ai du mal à comprendre l'intérêt ... J'dois pas être encore assez reposée... Encore un peu de vacances ...

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    4
    Mercredi 24 Février 2016 à 20:53

    Merci à vous trois. J'espère vraiment que la maternelle va arrêter de jouer les Petit Poucet qui perdent leur cailloux et se rappeler qu'un enfant, quand il trouve un galet, il cherche une flaque pour le jeter dedans !

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