• CM2 : Mathématiques et Étude de la Langue
    Des CM2 encore en vie après avoir utilisé ces manuels. Salut Théo, Théo, Paul et Damien !

    Après un petit toilettage du manuel (essentiellement des coquilles et une pagination très très spéciale), je replace en « tête de gondole » ces outils qui pourront convenir dans un CM2 d'un bon niveau, de préférence après l'utilisation dans les niveaux précédents des fichiers et manuels dont vous trouverez la liste en fin d'article.
    Pour un CM2 moins à l'aise, choisir de préférence les manuels CM1 ou même, éventuellement, le fichier CE2, à faire alors en accéléré. 

    Mathématiques  

    Donc pas besoin d'un long discours, vous verrez bien vous même. Voici le manuel de mathématiques, directement inspiré du Calcul Quotidien, CM2, édition 196o, de G. Bodard et H. Bréjaud, édité chez Nathan.
    J'ai juste supprimé des leçons et taillé dans le nombre de problèmes parce que 36 semaines de 30 heures de classe, cela permet de faire beaucoup plus de réflexion, de calcul et de géométrie que 36 semaines de 24 heures, réadapté les prix, changé les prénoms et les situations trop désuètes parce que, déjà à l'époque, fille d'une mère très féministe et d'un père à fond pour l'égalité des sexes, du haut de mes neuf à dix ans, je râlais quand Marie-Andrée faisait la vaisselle pendant que Jacques et Henri jouaient aux billes dans la rue !

    Télécharger « Mathématiques CM2-1.pdf »

    Et la suite, juste en liens de téléchargement :

    Télécharger « Mathématiques CM2-2.pdf » (Fichier corrigé le 28/01/2020)

    Télécharger « Mathématiques CM2-3.pdf »

    Des corrigés pour aller plus vite (En cours de rédaction) :

    CM2 : Corrigés Mathématiques (1) ; CM2 : Corrigés Mathématiques (2) ; CM2 : Corrigés Mathématiques (3) ; CM2 : Corrigés Mathématiques (4) ;

    Étude de la langue 

    Un manuel d'étude de la langue calqué sur celui de CM1, de manière à pouvoir l'utiliser dans les multi-niveaux et même, éventuellement, de piocher dans l'un ou dans l'autre, selon le niveau de chaque élève.
    Comme celui-ci, il comporte un programme de grammaire, de conjugaison et d'orthographe auquel il ajoute un programme de vocabulaire méthodique ainsi qu'un apprentissage progressif de la rédaction, partant d'un court paragraphe et amenant les élèves à rédiger différents types de textes (raconter, décrire, imaginer, ...).

    Les deux progressions coïncident la plupart du temps. Les leçons sont les mêmes, basées sur l'observation d'un court texte pour éviter que l'attention se dilue. Quelques compléments ont parfois été ajoutés lorsqu'ils étaient nécessaires.

    Les exercices d'entraînement sont le plus souvent différents mais sollicitant comme ceux du manuel précédent les capacités des enfants à écrire, réfléchir et comprendre. Certains ont été conservés car ils présentaient un réel intérêt et méritaient d'être proposés à nouveau.

    Pour l'instant, seuls les deux premiers trimestres sont disponibles. Je fais tout mon possible pour vous permettre de télécharger la totalité de la progression annuelle rapidement.

    Ce manuel a été élaboré à partir de manuels anciens : essentiellement Grammaire et conjugaison au Cours Moyen et Le français par l'usage de J. Ageorges et J. Anscombres, chez MDI - Grammaire, Conjugaison, Orthographe, Vocabulaire méthodique de L. Rigaud et H. Vasconi, chez Sudel. Je remercie le blog Manuels anciens pour cette mise à disposition.

    Nouvelle version - 2023

    Télécharger « Grammaire CM2 - 1.pdf »

    Télécharger « Grammaire CM2 - 2.pdf »

    Télécharger « Grammaire CM2 - 3.pdf »

    Des corrigés pour aller plus vite :

    CM2 : Corrigés Étude de la Langue (1)

    Guide pédagogique (en cours de rédaction) :

    CM1-CM2 : Étude de la langue (1) ;


    71 commentaires
  • Racontamus, écoutatis, comprenunt (7)
    Merci à l'Institution Ste Marie pour cette illustration

    Nous continuons à feuilleter un livre vieux de plus de cent ans... et nous rencontrons des concepts éducatifs à la pointe de l'innovation, aux dires de certains.
    Ainsi, dès le premier paragraphe, Miss Sara Cone Bryant nous parle d'appeler à la rescousse nos capacités d'empathie, car c'est cette empathie avec les personnages du conte qui nous permettra de toucher et révéler le sentiment empathique de nos auditeurs.
    Plus tard, elle nous demande, comme certain pédopsychiatre très en vogue, de remiser notre surdose d'amour-propre de spécialiste de l'édification éducative des tout-petits, et de la remplacer par de la simplicité et du naturel venant du cœur.
    Enfin, elle nous conseille de faire en sorte que les enfants se créent des images fortes pour s'approprier l'histoire jusqu'à savoir la raconter eux-mêmes.

    Mais il y a aussi du tellement innovant que cela nous étonne, nous heurte même parfois.

    • Miss Sara Cone Bryant nous parle du mouvement très rapide d'une histoire, là où nous appuyons pesamment pendant plusieurs semaines sur les coutures d'une moufle qui craque.
    • Elle nous propose la simplicité, garante d'une bonne compréhension, mais nous met en garde contre la trivialité, pourtant reconnue essentielle par tel grand ponte de la littérature simplifiée jusqu'au niveau supposé de ceux qu'il semble considérer en lui-même comme des « indigents indigènes »...
    • Elle nous met à nouveau en garde contre les « histoires à tout faire » qu'elle souhaite bannir des écoles en ce qu'elles ennuient les enfants et les détournent du plaisir de lire.
    • Elle nous dit que notre plaisir peut être ailleurs que dans la nouveauté d'une histoire qui est nouvelle pour nous et nous encourage à faire semblant de nous intéresser à celles que nous avons ressassé un nombre incalculable de fois parce que nous savons que ce sont celles-ci qui conviendront à nos élèves.
      Elle nous promet qu'alors nous découvrirons un autre plaisir, une autre motivation que celle de dire Roule Galette pour la trente-sixième fois ou Les trois petits cochons pour la vingt-cinquième fois.

    COMMENT RACONTER
    DES HISTOIRES
    À NOS ENFANTS

    d'après
    MISS SARA CONE BRYANT
    F. NATHAN

    CHAPITRE IV
    COMMENT RACONTER UNE HISTOIRE
    (2e partie)

    La disposition d'esprit du conteur

    Il est bon que l'esprit de l'histoire s'impose dès le début , et cela dépendra de la clarté et de l'intensité de votre disposition initiale.  Un acte de mémoire et de volonté est nécessaire. 
    Exemple : Le vilain petit canard, d'Andersen. 
    Avant d'ouvrir les lèvres, rappelez-vous la pathétique série des mésaventures du petit cygne comme un composé d'ignominies imméritées, d'étonnements ridiculisés, sous-tendu de satire dirigée contre les préjugés vulgaires. Ajoutez-y le charme du style d'Andersen et vous êtes prêts : le petit canard trotte dans votre imagination, vous plaignez ses souffrances et vous anticipez son triomphe avant même de commencer.
     
    Ainsi donc, l'esprit du récit devra s'imposer dès le début, avec autorité, et s'affirmer, de plus en plus, dans la mesure àù le conteur se l'est assimilé et s'en fait l'interprète conscient.

    Manière de dire l'histoire

    En bonne disposition de vous-même, ayant vos auditeurs commodément installés autour de vous, sachant votre texte, vous commencez à le dire. 
    Dites-la, alors, simplement, logiquement, dramatiquement, avec entrain.

    Simplicité

    Simplement s'applique à la manière comme à l'expression. Pour la manière, c'est sans affectation, sans pose ou prétention. Il est ridicule de dénaturer sa voix, de parler avec mièvrerie, de penser à la valeur édifiante ou éducative que l'on fait. C'est difficile pour ceux qui sont sous la malédiction d'une surabondante mesure d'amour-propre. 
    Le remède est de perdre son art et de penser à l'histoire de manière si absorbante qu'on n'ait plus le temps de penser à soi.

    Certains éducateurs pensent qu'on ne devrait pas donner aux enfants une littérature trop simplifiée. Ils nous disent que les jeunes préfèrent les choses au-dessus de leur portée.  
    Il peut y avoir du vrai dans le cas d'histoires lues par l'enfant pour lui-même. Pour les autres, il faut se souvenir que le mouvement d'une histoire racontée est très rapide : une conception qui n'est pas saisie au passage est irrévocablement perdue.
    L'art de conter est un art d'amusement et son but est sacrifié si les idées et les images ne se glissent pas assez facilement dans le conscient de l'enfant pour lui éviter la sensation d'effort.
    Il va sans dire cependant que simplicité ne veut pas dire trivialité.

    Mouvement logique

    Le mouvement logique est une qualité très importante. L'histoire que l'on raconte est faite pour être regardée. Son action doit être ininterrompue et d'une vitesse croissante, se déroulant avec rapidité, pour se terminer par une « chute » effective.
    Des digressions, des commentaires, détruisent ce mouvement. Les incidents doivent être rapportés l'un après l'autre, sans autre explication, ni description que ce qui est absolument nécessaire à la clarté du récit*, qui doit se dérouler logiquement.

    * : Souligné par moi-même. Attention aux récits racontés pour se faire plaisir qu'aucun élève, sauf Augustine-Isaure et Côme-Gonzague, ne suit avec plaisir et intérêt. Si Emma et Léo décrochent, on s'arrête et on explique !

    Quant aux explications, et à la morale, à quoi servent-elles ? La meilleure définition qu'on en puisse donner a été fournie par un enfant, à propos de récits bien intentionnés :
    « Les histoires sont jolies, mais il y a toujours un petit bout d'ennuyeux à la fin ! »

    Avantages du conteur sur l'auteur

    L'auteur doit faire impression juste avec des mots. Le conteur a sa voix, et son visage, et son corps, pour le faire. Il n'a besoin que d'un verbe faisant image au lieu de deux, d'un seul adjectif approprié au lieu de trois. Souvent même, une pause et un geste expressif font tout le travail. 
    On peut dire ici que c'est un bon artifice de description que de répéter une épithète ou un membre de phrase déjà employés, quand il s'agit de la même chose. Cet artifice est inconscient et instinctif chez les gens qui ont le don de conteur. Mais il faut du bon sens dans l'emploi qu'on en fait . Son usage doit rester modéré.
    Exclure les éléments étrangers et rechercher la brièveté, la suite logique des idées, la netteté de l'élocution, c'est raconter une histoire logiquement.

    Expression dramatique

    Après la simplicité et la façon directe, voici une autre qualité qui constitue une pierre d'achoppement pour beaucoup : dire l'histoire dramatiquement.
    Cela ne signifie pas à la manière des gens de théâtre, ni avec excitation ou excès de geste ou de parole. C'est se jeter de tout cœur dans la mêlée, en s'identifiant avec le caractère ou la situation du moment, en se mettant dans la peau des personnages.
    À tout ceux qui n'ont pas le don de l'expression et du geste, je voudrais répéter le conseil déjà donné
    :
    Ne forcez pas pas votre nature. Ne faites rien que vous ne puissiez pas faire spontanément et avec plaisir. Mais concentrez tous vos efforts sur la disposition intérieure et spirituelle ; élargissez votre intensité d'appréciation, de sentiment, d'imagination.
    Le conteur ne doit pas jouer les personnages de sa narration, il essaie simplement d'éveiller l'imagination de ses auditeur, pour qu'ils puissent peindre les scènes eux-mêmes.

    Il faut voir ce qu'on raconte

    La valeur dramatique d'un interprète dépend surtout de la clarté et de la puissance avec laquelle il se représente les événements et les types qu'il dépeint. 
    Il faut tenir l'image devant la vue de son esprit, et se servir de son imagination pour s'assimiler chaque action, chaque incident, chaque apparition. Vous devez voir ce que vous racontez, vous devez même voir plus que vous ne racontez car les enfants ne voient en général aucune image que vous ne voyez pas. 

    Entrain

    Il faut dire son histoire avec entrain, avec plaisir personnel. Rien n'est plus contraire à la jouissance d'un auditeur que l'effort évident de la part de celui qui prétend l'amuser.
    Hélas, il est parfois difficile, à la fin d'une matinée de dur travail de s'intéresser à une histoire qu'on a déjà redite vingt fois...

    Choisir et « faire semblant »

    À cela, je répondrai deux choses :

    1. Il faut avoir la sagesse de choisir des histoires qui vous ont intéressés à l'origine et en avoir une collection assez complète pour pouvoir varier.
    2. Et quand vous êtes trop fatigués pour avoir envie de redire l'histoire qu'il vous faut dire à ce moment-là, il ne reste qu'à faire semblant.

    Faites semblant, aussi fortement que vous le pouvez, d'être intéressés par l'histoire.
    Et le résultat sera que vous serez intéressés par votre effort même, et aussi par l'intérêt que vous susciterez chez les enfants et qui se lira sur leurs visages expressifs. 

    Élocution

    Il y a beaucoup à dire sur la manière de raconter une histoire. Un chapitre entier pourrait être consacré à la façon de moduler sa voix, à la prononciation, etc., sans épuiser le sujet.
    Nous nous contenterons de quelques suggestions générales utiles.

    Danger de l'affectation

    J'insiste à nouveau : soyez simple.
    L'affectation est la pire ennemie d'une élocution agréable.

    Inutilité du parler trop haut

    Évitez d'élever la voix comme le font facilement les personnes qui parlent souvent dans de vastes pièces.
    Cela ne sert qu'à fatiguer les cordes vocales. Il n'est jamais nécessaire de crier.


    Netteté d'articulation

    C'est vraiment la qualité psychologique de son de la voix qui en facilite la compréhension à l'oreille. La voix tranquille, reposante, persuasive d'un orateur qui connaît sa puissance va droit au but, mais un parler trop fort produit de la confusion.
    Ne parlez jamais fort mais parlez nettement, en articulant, avec une légère pause entre les mots, et en phrasant bien, en dirigeant votre pensée vers les auditeurs les plus éloignés de vous.

    Pour nous résumer

    • La méthode propre à nous assure le succès dans l'art de conter comprend la sympathie, la compréhension, la spontanéité.
      [Aujourd'hui, nous résumerions ces trois termes par celui d'empathie.] 
    • Il faut apprécier l'histoire et l'apprendre.
    • Il faut se servir de son imagination réalisatrice comme d'une force vivifiante. 
    • il faut dire l'histoire, dominé par l'esprit de ce récit, avec tout son cœur, simplement, vivement, joyeusement.

    Dans la même série :

    ♥ Racontamus, écoutatis, comprenunt :

    Racontamus, écoutatis, comprenunt - 1 ; Racontamus, écoutatis, comprenunt - 2Racontamus, écoutatis, comprenunt - 3Racontamus, écoutatis, comprenunt - 4Racontamus, écoutatis, comprenunt - 5Racontamus, écoutatis, comprenunt - 6Racontamus, écoutatis, comprenunt - 7 ;  Racontamus, écoutatis, comprenunt - 8Racontamus, écoutatis, comprenunt - 9

    ♥ Contes à dire, contes à lire :

    Contes à lire, Contes à dire (0) (Sommaire) ; Contes à dire, contes à lire - 1 ; Contes à dire, contes à lire - 2 ; Contes à dire, contes à lire - 3 ; Contes à dire, contes à lire - 4Contes à dire, contes à lire - 5 ;  Contes à dire, contes à lire - 6Contes à dire, contes à lire - 7Contes à dire, contes à lire - 8Contes à dire, contes à lire - 9 Contes à dire, contes à lire (10)Contes à dire, contes à lire (11) ; Contes à dire, contes à lire (12) ;

    Bientôt l'époque des commandes :

    N'oubliez pas :

    Pour une maternelle du XXIe siècle

    Se repérer, compter, calculer en Grande Section

    Écrire et Lire au CP

    Lecture et expression au CE

    Questionner le monde au Cycle 2

    Fichiers et manuels de Mathématiques en élémentaire

    Fichiers et manuels d'Étude de la langue en élémentaire


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  • V.2.A. Mise en route - CP à CM2 (2)

    Classe Élémentaire avec CP 

    (2e partie)

    Premier jour de classe 

    La tonalité du premier jour donne la tonalité de l’année scolaire. Encore plus que dans une classe à un seul niveau où le maître est constamment disponible pour tous ses élèves et peut rattraper rapidement ses fausses-pistes, il convient d’institutionnaliser tout de suite l’acquisition de connaissances sûres et facilement mobilisables comme objectif central de tout moment de classe.

    L’organisation, la convivialité, les habitudes, l’utilisation du matériel scolaire s’installeront en action, pendant les activités scolaires proprement dites. Pour faciliter cela, les élèves arrivent dans une classe prête à fonctionner : le mobilier est installé, la place de chacun définie, le matériel[1], marqué au nom de chaque enfant, placé dans les bureaux ou les casiers ; c’est en l’utilisant qu’il apprendra à en prendre soin.

    Matinée :

    1) CP : Écoute ; expression orale / CE1 : Lecture oralisée / CE2/CM : Ex. écrits

    Après une très brève présentation, le maître installe les élèves à leurs places où tout leur matériel de classe[2] est déjà rangé. Les élèves de CE2 et CM trouvent sur leur bureau leur cahier de classe et découvrent le tableau sur lequel a été préparé le travail des trente premières minutes : quelques lignes d’écriture (minuscules dans l’ordre alphabétique et majuscules de la première série : A, N, M) ou de copie, et un ou deux exercices de préparation à la première leçon d’étude de la langue. Ils copient la date écrite au tableau puis s’attellent à leur tâche.

    Pendant ce temps, les élèves de CE1 ont découvert leur livre de lecture[3] et l’ont ouvert à la première page. Les élèves de CP se sont installés face à eux sur le banc placé sous le tableau pour profiter de leur lecture. Cette première histoire est un embryon de récit, au vocabulaire simple, aux phrases courtes et répétitives, pour aider à retrouver les réflexes de l’année scolaire précédente[4]. L’intrigue est évidente pour que tous la suivent sans difficulté. Si de plus elle est amusante, le maître part à coup sûr gagnant ! Après cette lecture, parfois très, très hésitante, le maître relit, en surjouant la scène, de manière à capter l’intérêt de tous. L’utilisation de marionnettes ou de petits personnages, selon le principe des sacs à conter, permettra de faire comprendre l’histoire aux élèves à l’intérêt le plus dispersé.

    Puis le maître laisse les enfants s’exprimer. Les plus jeunes sont sollicités les premiers, les plus âgés, encouragés à les écouter pour compléter ou préciser ce qui a été dit. Le maître, aidé par le questionnaire d’exploitation placé à la suite du texte sur le manuel, relance l’intérêt par des questions de sens, de vocabulaire, des encouragements à clarifier, expliciter, reformuler. Par ses interventions, il provoque les hypothèses, la verbalisation de l’implicite, les rapprochements sémantiques, l’interprétation des motivations des héros de l’histoire…

    2) CP/CE1: Étude de la langue ; CE2/CM : Exercices écrits 

    Puis, pas à pas, il entraîne son petit groupe vers l’analyse de la première notion de grammaire qu’il compte leur faire aborder.
    En ce premier jour, comme cette notion est aussi inscrite au programme du CE2 et du CM, il demande à ses grands élèves d’interrompre leur tâche et de s’intéresser à ce que le groupe va étudier. Ce qui sera apprentissage grammatical pour les plus âgés sera analyse du langage oral, découverte du principe alphabétique ou même tout simplement vocabulaire pour ceux du Cours Préparatoire. La notion découverte par les élèves eux-mêmes est alors travaillée à l’oral et au tableau, pour tous. Seul le niveau des questions et des attentes distinguera les plus âgés des plus jeunes.

    Lorsque la leçon collective est finie, les élèves de CE1 ouvrent leur cahier[5] et apprennent comment ils doivent présenter leur première journée de travail en suivant les balises que le maître y a placées à l’avance et reproduites au tableau. Ceux de CE2 et CM terminent les exercices qu’ils avaient commencés.Puis les CE2 se préparent à leur exercice de dictée en étudiant les mots que le maître a copiés pour eux au tableau.

    3) CP : Lecture ; CE1 : Écriture, Ex. écrits ; CE2/CM : Exercices écrits

    Les trois niveaux de « grands » lancés sur leur travail écrit, le maître reste alors seul avec ses plus petits pour leur première leçon de lecture. La première leçon du manuel est reproduite au tableau et c’est ensemble, à petits pas, qu’ils vont l’explorer et l’étudier. Le groupe étant peu nombreux, chacun est forcément partie prenante et l’attention, encore très dispersée après deux mois d’interruption, est sollicitée brièvement par des tâches courtes et immédiatement gratifiantes car porteuses d’un savoir supplémentaire. 

    4) CP : Écriture ; CE1 : Ex. écrits, Autonomie ; CE2/CM : Étude de la langue

    La première « leçon d’écriture » des CP, qui suit immédiatement la lecture pour pouvoir, plus tard ou dès aujourd’hui, en être l’application, est courte et simple et s’appuie sur le niveau des élèves. Après quelques jeux de doigts, il peut aussi bien s’agir simplement de mettre en place la tenue du crayon et la position du cahier pour y faire juste quelques petits zigzags en mobilisant le pouce et le majeur, comme d’installer le geste de la boucle ou, même, dans le meilleur des cas, de réviser l’écriture de la lettre a et du digraphe ch, objets de la leçon de lecture du jour.

    Une fois ce travail lancé, les élèves de CE1 étant quant à eux penchés sur leurs exercices écrits ou déjà installés dans l’espace réservé aux jeux en autonomie, le maître est disponible pour les plus grands et, dès le lendemain, il pourra les réunir près de lui pour une « leçon » d’étude de la langue, ciblée, courte et précise si les élèves gardent peu de souvenirs de leurs années précédentes ou aux allures de simple « régulation » s’ils ont déjà des bases structurées en la matière. Aujourd’hui, ces quelques minutes lui permettront de jeter un coup d’œil sur le travail achevé, aider de quelques conseils des élèves en difficulté et montrer à d’autres comment s’autocorriger facilement.

    5) CP : Exercice écrit + dictée ; CE1 : Dictée + autonomie ; CE2/CM : Lecture silencieuse

    Les élèves de CP enchaînent avec la première page d’exercices écrits de leur fichier. S’ils n’écrivent pas encore, le maître a prévu des étiquettes autocollantes représentant les trois éléments qu’ils devront y repérer (a, ch, cha).

    Il distribue aux plus grands le premier texte de lecture de l’année (il y en aura un chaque jour) et le situe brièvement afin qu’aucun des élèves n’ait de difficultés pour le comprendre.

    Il appelle alors près de lui les enfants du CE1 pour ce qui constituera chaque jour le « bilan » des acquis de français écrit : la dictée. Elle porte sur les acquis grammaticaux vus le matin même (lettres, syllabes, mots, phrase) et ne comporte aucune difficulté[6]. Il la corrige au fur et à mesure, en aidant chaque élève à surmonter les difficultés.

    Les élèves de CP montrent leur travail et, très vite, sous forme de « bilan » de français quotidien, le maître leur fait écrire de mémoire ou montrer les étiquettes : ch, a, cha dans l'ordre et dans le désordre.

    Puis le maître leur montre, ainsi qu’aux élèves de CE1, comment préparer leur cartable pour l’emporter à la maison le soir et quelles révisions ils auront à mener à bien avec leurs familles, puis il les encourage à choisir une activité autonome[7] dans l’espace réservé à cet effet.

    6) CP/ CE1 : Autonomie ; CE2 : Dictée ; CM : Régulation

     Les « petits » s’occupent utilement dans leur coin, sous la surveillance lointaine mais effective du maître qui se réserve le droit de rappeler près de lui un élève trop bruyant ou dangereux pour lui-même et ses camarades.

    Les plus grands viennent alors montrer leur travail écrit de français pour lequel ils recueillent quelques conseils et consignes de correction. Les élèves de CM retournent à leurs places procéder à ces « mises aux normes »[8] pendant que ceux de CE2 ouvrent leur cahier de français pour y effectuer leur première dictée.

    En ce premier jour, selon le niveau constaté au cours de ces premiers travaux de français, le maître dictera, dans le pire des cas, la même chose qu’aux enfants de CE1 et, dans le meilleur, deux phrases simples, sans marques d’accord inaudibles mais avec une reprise pronominale. Comme chez les plus jeunes, ce moment est considéré comme un temps d’apprentissage et non de contrôle et les corrections ont lieu en cours de tâche, sous la forme d’aides à l’écriture.
    Il sait qu’il a le temps et que l’année scolaire, démarrée ainsi dès le premier jour de classe, dans un esprit d’acquisition de connaissances, mènera ses élèves lentement mais sûrement vers une orthographe correcte d’ici la fin de l’année scolaire.

    C’est d’ailleurs dans cette idée de progression qu’il n’a pas prévu de dictée quotidienne au CM, préférant de loin consacrer du temps une seule fois par semaine à un travail plus long dans lequel les diverses reprises amèneront les élèves à pratiquer toutes les inférences de sens qui leur permettront d’accéder à une réelle compréhension du texte dicté.

    La dictée une fois terminée et les dernières corrections effectuées, le maître aide tout son groupe de grands à répertorier le travail individuel de révision à faire à la maison et supervise la copie des leçons sur l’agenda et la préparation des cartables.

    7) Récréation

    En rural, quand le maître est seul dans l'école, est responsable des enfants présents du matin au soir. C'est donc lui qui effectue, tous les jours, la surveillance du temps de récréation des enfants. Au moment de sortir, le maître rappelle à ses élèves, en insistant auprès des plus jeunes, que ce temps de récréation sert aussi à satisfaire les besoins physiologiques élémentaires : se désaltérer, passer au toilettes, se laver les mains.

    8) CP/CE1: Mathématiques, manipulations collectives ; CE2 /CM : Exercices écrits de mathématiques en autonomie

    Après un petit temps dans la cour, pour permettre aux élèves de CP et CE1 de vivre les mathématiques corporellement[9], le groupe entre en classe. La première leçon n’offrant aucune difficulté, et le tableau ayant été préparé pour montrer aux élèves de CM la présentation souhaitée sur leur cahier de mathématiques, les élèves de CE2 et de CM sont lancés directement sur les exercices de leur fichier ou de leur manuel et, tout à l’heure, c’est en validant les réponses données que le maître en profitera pour « réguler » les connaissances de chacun.

    Les élèves de CP et CE1 se regroupent près du maître et mènent ensemble les premiers apprentissages : révision des nombres de 0 à 10 pour tous, avec un peu plus d’insistance sur les trois premiers pour les plus jeunes. Les exercices de manipulation sont collectifs, rapides, peu exigeants en temps et en matériel. L’entraide est instaurée comme règle et le but est clair : réinvestir ou acquérir une notion chaque jour et en faire le tour : vécu corporel, manipulation et bilan écrit.

    La séance finit par une exploration du premier exercice du fichier et les élèves se mettent au travail.

    9) CP /CE1/CM : Exercices écrits en autonomie ; CE2 : Mathématiques, régulation
    et
    9 bis) CP : Jeux en autonomie ; CE1/CE2 : Exercices écrits et jeux de mathématiques en autonomie ; CM : Mathématiques, régulation

    Le maître demande alors aux élèves de CE2 de le rejoindre afin de lui montrer leur travail. Il s’appuie sur ce qu’ils ont déjà compris pour les amener à verbaliser et compléter la trace écrite présentée dans le fichier, donner du matériel (pièces et billets factices, décimètre gradué), corriger leurs erreurs éventuelles, rattraper le retard des plus lents et « décortiquer » les consignes des exercices suivants. Il rappelle la règle : « à la fin de la matinée, la page du jour doit être finie » et leur explique que, dès le lendemain matin, ils pourront profiter de leurs temps en autonomie pour « s’avancer en mathématiques ».

    Après les avoir remis au travail et être passé auprès des enfants du CP et du CE1 pour voir où ils en sont, donner de nouvelles consignes, rappeler la règle qu’il vient de donner aux plus grands, leur rappeler qu’une fois leur travail fini et validé, ils pourront aller s’installer au coin d’activités autonomes, il appelle près de lui les élèves de CM. Avec ces derniers, il procède comme avec les CE2, ajoutant quelques conseils de tenue du cahier de mathématiques à ceux portant sur le fond.
    Il ne s’inquiète pas outre mesure des difficultés des élèves sur l’un ou l’autre des points traités et compte sur le travail régulier et les reprises fréquentes pour combler les manques ; il n’hésite pas à les aider et à leur fournir des compléments[10] afin qu’ils puissent traiter les exercices  et problèmes de la page, seuls ou avec lui, avant la fin de la matinée. Il leur signale, comme il la fait pour les cadets, que, dès le lendemain, ils pourront profiter des temps en autonomie pour commencer le travail de mathématiques de la journée[11].

    Dans la même série :

     Tous les chapitres déjà mis en ligne sont répertoriés dans la Table des matières   évolutive que vous trouverez dans la partie Sommaires.

    Pour la partie présente : V. 1. Cinq niveaux et plusV.2.A. Mise en route - CP à CM2 (1)V.2.A. Mise en route - CP à CM2 (2)V.2.A. Mise en route - CP à CM2 (3)

    Notes :

    [1] Voir Annexe V.

    [2] Voir Annexe V.

    [3] L’utilisation d’un manuel de lecture, composé de contes et de récits complets, adaptés aux capacités de lecture d’un enfant de tout juste sept ans, complété d’exercices de compréhension et de vocabulaire, est un confort qui nous est souvent refusé aujourd’hui. Rien ne nous empêche cependant de nous en concocter un, mêlant textes « classiques » et extraits de romans « modernes ». Pour ceux qui n’auraient pas le temps de faire ce travail, j’en ai composé un, utilisable au CE1 mais aussi sans doute au CE2. Je l’envoie à qui le veut, sans frais, au format .pdf.

    [4] Certains élèves n’auront pas lu une ligne de tout l’été, il faut le savoir.

    [5] Voir Annexe V.

    [6] Quelques lettres, deux ou trois syllabes, quelques mots simples de deux ou trois syllabes et même, si les élèves sont déjà « dans le bain », une phrase simple sans marques d’accord en genre et nombre inaudibles.

    [7] Rappel : Pour se soulager et tenir sur la distance, aucune de ces activités en autonomie ne nécessitera de correction de la part du maître. Ce sont : des jeux et jouets, individuels ou de petit groupe, des lectures, des activités manuelles.

    [8] Ce seront les dernières : ensuite, la correction viendra du maître et validera, ou non, l’effort consenti... Pas question de resservir indéfiniment l’assiette de soupe froide. Les méthodes choisies étant très « spiralaires », les acquis suivants réentraîneront aux anciens, tout au long de l’année scolaire.

    [9] Voir Livre du Maître Compter, Calculer au CP.

    [10] Je pense particulièrement à l’exercice de conversions de mesures de longueur. En associant à leur place le km à l’unité de mille, l’hm à la centaine, le dam à la dizaine et le m à l’unité et en fournissant au besoin du matériel (perles ou cubes Montessori, mathcubes, etc.), l’exercice devient faisable collectivement beaucoup plus facilement.
    Cette manipulation, encore toute intuitive, sera reprise souvent au cours des leçons suivantes, sous cette forme ou sous une autre, et c’est tout naturellement que les notions s’installeront pour tout le monde.

    [11] Il peut aussi, si les familles l’acceptent, et dans le but de préparer ses élèves au « choc » de la Sixième, donner à refaire à la maison un ou deux des exercices de la page, faits à l’oral et au tableau pendant la matinée de classe. Afin d’encourager ses élèves et leur donner confiance en eux, il a soin de choisir ces exercices parmi les plus simples.

    Bientôt l'époque des commandes :

    N'oubliez pas :

    Pour une maternelle du XXIe siècle

    Se repérer, compter, calculer en Grande Section

    Écrire et Lire au CP

    Lecture et expression au CE

    Questionner le monde au Cycle 2

    Fichiers et manuels de Mathématiques en élémentaire

    Fichiers et manuels d'Étude de la langue en élémentaire


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  • C2 : Questionner le Monde (4)
    Merci à Musiflore pour cette illustration.

    Quatrième livret de l'année scolaire, pour la période qui va de la fin de l'hiver au début du printemps.

    Comme dans les trois premiers livrets, vous découvrirez trois thèmes pour chacun des quatre domaines grâce auxquels les enfants de six à neuf ans apprendront à questionner le monde et, nous l'espérons très fort, trouveront des réponses à leur niveau.
    Grâce à un appel constant à l'action, qui sert constamment de base à la réflexion, nous espérons qu'ils mémoriseront facilement les résultats obtenus et coordonnés en commun en classe et qu'ils les relieront aisément avec ce qu'ils observent dans le monde extérieur.

    Matière et objets techniques :

    - Matériaux : L'argile
    - Objets : Les bateaux
    - Objets : Moulins à eau - Force de l'eau

    Vivant :

    - Des animaux : Le chat
    - Des animaux : Un nid d'oiseau
    - Des animaux : Le poisson

    Espace :

    - En creusant la terre - Voyage de l'eau
    - Au fil de l'eau - Rivières et fleuves
    - Hautes et basses eaux - Printemps

    Temps :

    - Inventions et découvertes
    - Rois et châteaux
    - Révolution et Empire

    Chacune des séances, représentée par une double page, est idéalement prévue pour s'étaler sur deux jours, à raison d'une séance de 45 minutes par jour.

    L'utilisation prévue est linéaire afin de balayer de manière régulière les quatre domaines et d'avancer à petits pas dans chacun d'eux. À deux jours consacrés à l'étude de la Matière et des Objets Techniques doivent succéder deux jours pour le Vivant, puis deux jours pour l'Espace et enfin deux jours où l'on étudiera le Temps passé (pour le temps proche, prière de se reporter au programme de mathématiques et à celui de l'espace).

    Un livre du maître accompagne le manuel de l'élève. On y recense entre autres le matériel à récupérer pour les nombreuses expérimentations, constructions et observations. Les œuvres d'art reproduites dans le manuel y sont aussi répertoriées afin de permettre aux enseignants de les retrouver facilement sur internet pour, par exemple, les projeter en grand format en classe.

    J'ai tenté d'être précise, claire, exacte et non partisane. Si toutefois vous remarquez des inexactitudes ou même des erreurs, n'hésitez pas à me contacter pour que je rectifie.

    Bon travail à vous et à vos élèves.

    Télécharger « Mars-Avril.pdf »

    Télécharger « Guide pédagogique 4.pdf »

    Dans la même série :

    C2 : Questionner le Monde (1) C2 : Questionner le Monde (2) ; C2 : Questionner le Monde (3) ; C2 : Questionner le Monde (4)C2 : Questionner le Monde (5)


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  • Trop petits pour être obligés...
    Merci à Sophie Borgnet d'avoir illustré avec talent Pour une Maternelle du XXIe Siècle.

    Nota bene : Cet article date de la campagne présidentielle lorsque c'étaient MM. Mélenchon et Hamon qui proposaient cette mesure dans leurs cahiers de campagne. 
    L'actualité me donne l'occasion de le relire afin  de vous donner un autre son de cloche (et quelle cloche...) !

    Encore la campagne présidentielle, encore l'école. Cette fois, celle des petits, celle qui joue un rôle si important[1] dans la préparation à l'apprentissage de la lecture qu'évoquait le billet précédent.

    L'école maternelle, c'est celle qui permettrait l'économie des CP à 12 élèves, si elle recevait 20 élèves par classe et pas un de plus, et si elle basait ses méthodes sur plus de bon sens, plus d'accueil et d'ouverture, plus de naturel, moins d’esbroufe vers l'extérieur et par là même, moins d'obsession à « produire » vite, vite, et du beau, pour évaluer tant et plus.

    Cette école maternelle qui fut fondée naguère pour constituer une passerelle entre la famille et l'école des grands, passerelle certes riche et féconde pour l'enfant, mais encore empreinte de la « douceur affectueuse et indulgente de la famille[2]», d'aucuns voudraient la voir devenir obligatoire à partir de 3 ans.

    Encore une vraie-fausse bonne idée, selon moi ! D'abord parce que cette obligation risque d'évacuer à nouveau la scolarisation des enfants de deux ans dont les parents en font la demande alors que celle-ci peut constituer un rempart contre l'exclusion sociale pour un bon nombre de jeunes enfants aux conditions de vie précaires. Ensuite parce que, de 3 à 5 ou 6 ans, ils sont trop petits pour être obligés...

    Je hurle déjà intérieurement contre cette évaluation au berceau qui a amené celle qui aurait dû rester « la petite école » à faire rattraper le travail en retard aux absentéistes, à interdire la fréquentation à mi-temps, à lever les enfants au plus vite pour qu’ils ne perdent pas de temps à dormir en début d'après-midi, à refuser un élève en cours d’année et tant d'autres... Ce n'est pas pour militer pour encore plus strict au niveau des enfants !

    Les adultes, et surtout l'Institution, c'est différent. C'est de cette obligation aux adultes et à leurs Institutions que j'aimerais voir réaffirmée plutôt que celle qui consiste à condamner à la scolarisation obligatoire les petits enfants, déjà bien trop « obligés » selon moi par l'interprétation qui est faite des conseils donnés par le Ministère quant à une « fréquentation régulière ».
    Ce sujet me tient tant à cœur que c'est par une argumentation contre cette proposition, déjà avancée lors de la campagne des élections présidentielles de
    2007[3] que j'ai conclu le premier chapitre de Pour une Maternelle du XXIe Siècle[4]... Voici cette conclusion, à peine remaniée.

    Ce que doit être l'École Maternelle

    L’École Maternelle doit être un lieu d’accueil, ouvert, chaleureux. Tout progrès doit y venir en son temps, par l’art de ses maîtres qui accompagnent, sollicitent, proposent, éveillent l’enfant à son rythme. Un maître de maternelle devrait ne jamais imposer de marche forcée, de progression bornée dans le temps, de cursus mensuel ou trimestriel. Sauf en fin de Grande Section, il ne devrait bien entendu jamais programmer de leçons s’emboîtant les unes aux autres selon un ordre et un rythme rigoureux, même selon des procédés actifs.

    C’est le plus librement possible que l’enfant y apprend : 

    • Il y progresse par l’activité motrice et le jeu.
    • Il y découvre la puissance du langage et y enrichit son vocabulaire grâce à la communication entre enfants et adulte encouragée et organisée par l’enseignant.
    • Il y affine ses sens et son habileté manuelle par la découverte et l’utilisation de matériaux, de jouets, de jeux et d’outils.
    • Il y acquiert une première culture par l’ouverture sur l’observation, les contes et récits, le calcul, le chant, l’art.
    • Il y apprend l’expression et la communication par l’intermédiaire du dessin puis, passé l’âge de cinq ans, de l’écriture.
    • Il y découvre la vie en société et ses usages et y parfait la maîtrise de ses comportements.

    Pour contrer les accusations dont elle a été victime, l’École Maternelle doit retrouver la souplesse d’accueil qu’on lui reproche d’avoir perdu.

    Elle peut et doit devenir ce lieu de jeu, de bonheur et d’expression libre, foisonnant de sollicitations et fourmillant d’activités. Elle doit être le havre où l’on apprend sans même s’en rendre compte et sans devoir rendre de comptes[5].

    Contrairement à ce que pensent actuellement les militants de l’obligation scolaire au sortir du berceau, elle peut et doit accueillir sans difficulté ni réserve même la petite fille qui n’est présente qu’une à deux matinées par semaine[6]. Elle peut et doit à nouveau laisser dormir Paul à la maison aussi longtemps qu’il en aura besoin. Elle peut et doit se rappeler qu’il convient qu’elle se réjouisse quand Ella est absente trois semaines, le temps d’accompagner sa maman qui se remet d’un accouchement difficile.

    À partir de ce moment-là,  on ne l’accusera plus de rigidité dans le but de lui préférer telle ou telle structure ludique payante, vendue à grands renforts de contre-publicité mensongère... Elle n’aura plus besoin de loi sur l’obligation scolaire. Les enfants qui demanderont très vite à y venir tous les jours, matin et soir, se chargeront eux-mêmes de sa promotion !

    Trop petits pour être obligés...
    Ne riez pas, c'est en chemin... Merci Sophie !

    Si quelque chose doit devenir obligatoire, ce n’est pas sa fréquentation, car les petits enfants sont trop différents les uns des autres pour se satisfaire d’un unique costume.

    Les obligations nouvelles, c’est à l’État et aux communes qu’il faut les demander.

    Et elles doivent être inscrites dans le marbre de la Loi.  Nous devons pour cela être prêts  à nous battre sur le terrain associatif, syndical et politique. Et si c'est cela que le pouvoir exécutif veut mettre en place dès la rentrée 2019, c'est magnifique !

    ♥ Ce sont aux grands et non aux petits de s’adapter.

    C’est donc aux adultes qu’incombent les responsabilités et les obligations concernant l’accueil, l’encadrement et l’éducation des moins de sept ans. Qu’ils leur construisent de belles écoles et les petits y feront de belles choses.

    ♥ L’État doit rédiger une loi d’orientation.

    • Cette loi rendra obligatoire la création de postes de professeurs des écoles publiques partout où cela est nécessaire.
    • Le nombre d’élèves de moins de six ans devra atteindre une quinzaine d’enfants, dans le cas d’une création d’école.
    • Dans une structure déjà existante, l’ouverture de classe aura lieu dès que l’effectif dépasse, même de très peu, vingt élèves par classe (quinze en REP et REP+).

    ♥ L’État doit revoir la formation des  professeurs[7]

    Cette formation doit instruire les élèves professeurs de manière à ce qu'ils soient munis d'une solide instruction dans les disciplines fondamentales et culturelles et qu'ils aient reçu une information pluraliste et dénuée de parti-pris sur les méthodes pédagogiques présentes ou passées.

    Cette formation devra aussi assurer l’étude sérieuse et approfondie des étapes du développement physique et psychologique de l’enfant de deux à onze ans.  

    ♥ Responsabilité des communes,

    Les familles et les professeurs des écoles applaudiraient sans doute un décret imposant l'entretien, la construction ou la réfection de classes ou d’écoles obéissant à des normes précises. Il faut exiger par la loi des salles de classe d’au moins 60 m², des salles de motricité spacieuses et bien équipées, des dortoirs et des salles de propreté attenants aux classes de petits, des cours et des jardins.

    Il serait bon que ces écoles ne puissent en aucun cas dépasser cinq à six classes dans des lieux consacrés uniquement à la scolarisation, sans confusion possible avec la garderie ou l’accueil de loisirs.

    Le personnel  communal spécialisé[8] devra y être embauché en nombre suffisant. Un par classe, à plein temps, nous semble un minimum, surtout dans les classes de tout-petits et petits. Ses statuts et ses missions auraient aussi avantage à être clairement redéfinis, tant le flou actuel nuit à une réelle coopération avec l’enseignant.

    Conclusion

    Ce sont ces obligations-là qu'il faut instaurer, d'urgence si l'on veut que l'École maternelle joue à nouveau son rôle de creuset égalisateur et permette d'assurer à tous un début de scolarité plein d'espoir et de promesses.

    Dans la série « Élections Présidentielles, les vraies-fausses bonnes idées » :

    Le CP dédoublé

    L'autonomie des écoles primaires

    L'uniforme à l'école

    D'autres extraits de Pour une Maternelle du XXIe Siècle sur ce blog :

     Utile ou inutile ?

    ABCD de l'égalité

    Trop petits pour être obligés...

    Deux ans et déjà à l'école ?

    Le sommaire du livre édité :

     Pour une Maternelle du XXI Siècle : Sommaire

    Nota Bene : Si vous trouvez que 6 € de frais de port, pour un livre à 23 €, ça vous fait trop, contactez-moi directement. Je consacre une partie des droits d'auteur que je touche à payer les timbres qui vous permettront de vous procurer le livre au prix auquel vous l'achèteriez s'il était diffusé en librairie.
    Contactez-moi ici : Contact. Je me ferai un plaisir de vous expliquer la démarche à suivre.

    Notes :

    [1] Mais très loin de celui qui lui est attribué et dont elle évalue les acquis depuis quelques années...

    [2] Pauline Kergomard, Objet de l’école maternelle, Journal Officiel du 2 août 1882.

    [3] Par Mme Royal, si mes souvenirs sont bons.

    [4] Un livre qui gagne à être connu et que j’enverrai gracieusement à (presque) tout candidat à la présidentielle qui en fera la demande (à condition qu’il corresponde à ma définition du mot « démocrate »). Pour les collègues, parents, amis de l’École, désolée, je le paie 23 euros à l’éditeur, ce sera 23 euros.

    [5] « Plus d’évaluations en maternelles ! », voilà un slogan à défendre avec joie. [ Même la fausse-vraie évaluation des « Cahiers de Réussite » née après la publication de cet ouvrage ! ]

    [6] Car c’est ainsi qu’un jour cette petite fille réclamera d’elle-même à sa famille de venir tous les jours, même ceux où l’école est fermée !

    [7] Voir chapitre XVII.

    [8] ATSEM : Agent Territorialisé Spécialisé des Écoles Maternelles, rétribués par les Collectivités Territoriales mais travaillant sous la responsabilité du directeur d’école pendant le temps scolaire.


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