• Morceler pour égaliser ?

    Morceler pour égaliser ?

    Benoît Hamon : Je suis attaché à la phrase de Gambetta : « Il ne s'agit pas de reconnaître des égaux, mais d'en faire. » Toute mon action vise à combler le gouffre entre l'incantation égalitaire des discours et l'âpre réalité que nous constatons : l'école française est aujourd'hui la plus inégalitaire de l'OCDE. J'arrive à un moment où il reste à convaincre que ces nouveaux rythmes scolaires visent à mieux faire réussir les enfants. C'est l'une de mes tâches. J'écrirai en ce sens une lettre aux familles. (Le Monde.fr, 25/04/2014)

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    Je ne connaissais pas la phrase de Gambetta mais j'y souscris totalement ! Rassembler toute sa volonté pour fabriquer des élèves égaux devant l'école, ça, c'est un excellent projet !

    Là où j'ai un peu de peine à suivre, c'est quand on me dit que cela passe par ces nouveaux rythmes décidés par le Ministère, non, les DASEN, non, les communes, non, la FCPE, non... on ne sait qui ! Et on est censé ne pas savoir pourquoi...

    Comment peut-on compter faire germer l'égalité, la vraie, lorsqu'on sait que la définition de l'investissement communal et de ce qu'est une éducation à l'égalité est laissée à la libre interprétation des maires et de leurs conseils municipaux ?...

    Quand on voit déjà comment ce terme d'éducation peut être interprété différemment ne serait-ce que par les enseignants ou les familles, on imagine mal à quels investissements divers et variés, il va pouvoir mener nos petits l'an prochain (si an prochain il y a... après tout, il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis).

    Ce n'est pas que je ne fais pas confiance à l'élan républicain des élus municipaux et à leur réel désir d'égalisation des chances mais faire reposer la fabrique de l'égalité sur des personnes qui n'ont pas l'éducation pour métier, je trouve ça un peu fort de bouchon, tout de même !

    Et je ne parle pas de l'investissement matériel, tant il est évident que notre pays n'est pas constitué de 36 000 petits carrés de même taille, même richesse et même patrimoine !

     L'égalité, la vraie, c'est celle qui offre à chaque enfant, où qu'il habite, dans quelque école qu'il fréquente, le même encadrement, le même matériel, les mêmes locaux, les mêmes effectifs par classe et surtout, surtout, les mêmes contenus !

    Celle qui repose donc sur des programmes scolaires clairs, sans aucune interprétation possible, raisonnant en terme de connaissances et non de compétences, de capacités, de savoir-être, savoir-faire et, bientôt, grâce à l'éclatement de l'Éducation Nationale, de presque 36 000 "pouvoir-avoir" différents, selon la commune où se situe l'école que l'enfant fréquente. 

    Si l'on veut rétablir un semblant d'égalité entre les élèves, donnons plus à ceux qui ont moins en rétablissant les RASED et les classes spécialisées où les plus démunis seront entourés, chouchoutés, compris, aidés par des personnels formés prêts à apporter une réponse personnalisée à leurs difficultés.

    Si l'on veut rétablir un peu plus d'égalité encore, revoyons à la baisse les fermetures de classes et n'imposons plus à nos élèves des classes à plus de 25, des transports scolaires de plus de quinze minutes, des journées interminables en collectivité.

    Si l'on veut rendre efficace cette école, rendons aux enfants le temps qui leur a été volé, une première fois en 1989 et une deuxième en 2008. Ce ne sont pas d'ateliers encadrés par des bénévoles, de garderie déguisée en foire aux loisirs dont ont besoin nos élèves mais de la sécurité d'une salle de classe, de l'encadrement bienveillant et construit fourni par des professionnels de l'enfance formés à leur donner éducation et instruction. 

    Si l'on veut parfaire cette égalité, autorisons la pluralité des méthodes mais non celle des contenus et aidons nos collègues professeurs des écoles à diversifier leurs pratiques tout en étant intraitables sur les exigences. En mettant l'accent sur les petites classes, en valorisant les méthodes efficaces, en comptant sur les bonnes volontés, on peut très vite inverser la vapeur et montrer comment partout nos élèves peuvent apprendre à bien parler, écrire, lire, compter, calculer, réfléchir, s'instruire et s'épanouir.

    Si l'on veut instaurer durablement cette égalité, misons sur la formation des maîtres et soyons intraitables sur sa qualité. Là aussi, instituons des contenus solides, dans toutes les matières, ajoutons à cela une bonne compréhension de l'enfance et de son développement, ainsi qu'une connaissance la plus complète et la plus approfondie des procédés et des méthodes pédagogiques.

    C'est de ces connaissances conjuguées dans ces trois domaines que naîtront l'inspiration personnelle, la liberté et la créativité de chaque maître,  au service de la fabrique d'égalité que sera devenue l'école.

    Il faut abroger cette réforme et construire un véritable avenir d'égalité à nos élèves en bâtissant des fondations solides et renforcées à notre École Publique.

     

     


  • Commentaires

    1
    arce
    Mardi 29 Avril 2014 à 17:55

    J'adhère!

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