• Mens sana in corpore sano

    Mens sana in corpore sano

    Il y a encore deux ans, si nous, professeurs des écoles, avions décidé de mettre en place dans le cadre de notre progression d'Éducation Physique et Sportive six à sept séances de trois heures tournant autour de la découverte et de la pratique des sports équestres, on nous aurait fait remplir un dossier épais comme dix fois le Bulletin Officiel de l'Éducation Nationale hors-série consacré aux Horaires et Programmes de l'Éducation Nationale.

    Nous aurions dû trouver un centre agréé par Jeunesse et Sport mais aussi par notre propre IEN (celui de la circonscription voisine n'aurait pas suffi).
    Le personnel, doté comme il se doit d'un Brevet d'État d'animateur équin, aurait dû lui aussi satisfaire au contrôle de l'IEN et de son Conseiller Pédagogique.
    Ce centre aurait dû être proche de notre école car il n'aurait su être question que le temps de transport égale ou dépasse le temps d'activités.

    Notre projet aurait dû correspondre exactement aux intitulés du programme et prouver que nous serions les intervenants principaux sur le projet et que l'animateur sportif diplômé ne serait là que pour nous soutenir.

    Il nous aurait fallu décrire point par point les objectifs de toutes nos séances, avec les compétences exercées, les capacités, les savoir-faire et savoir-être (citoyens, bien sûr) mis en œuvre. Nous aurions dû minuter soigneusement à l'avance la durée de chaque activité, prévoir des moments de métacognition pendant lesquels les enfants auraient pu répertorier leurs acquis et s'auto-évaluer.
    Il nous aurait fallu concevoir une évaluation terminale tenant compte du S4 (ou 5)C (Socle Commun de Compétences, de Connaissances, de Culture et de Connerie) !

    Ça aurait sans doute été difficile, surtout si nous demandions un financement ou une aide quelconque de notre administration de tutelle. Là, on nous aurait sans doute rétorqué qu'il n'est mentionné nulle part que la fréquentation des chevaux fait partie des impératifs des programmes.
    Il nous aurait donc fallu trouver, tout seuls, un financement à grands coups de lotos de l'école, ventes de gâteaux, de chocolats de Noël et billets de tombola, repas dansants et concours de belote.

    Il me semble par ailleurs que seuls nos élèves de cycle 3 auraient pu bénéficier de ces séances qui ne collent pas du tout avec le programme, essentiellement basé sur la découverte et non sur l'apprentissage de gestes techniques, des classes de cycles 1 et 2... Mais là, je peux me tromper (bonjour Gogol Ier !).

    Enfin, il aurait fallu tenir compte des enfants à profil particulier ! Dans ma classe, j'ai par exemple un enfant asthmatique, allergique au crin de cheval et un autre ne supportant ni la paille, ni l'herbe sèche. Finie la belle activité "Poney" prévue de longue date et mise en place avec tant de difficulté !

    *-*-*-*-*-*-*

    Tout ça pourquoi ? Parce que nous, les professeurs des écoles, nous ne sommes pas débrouillards et que nous voyons des problèmes là où il n'y en a pas !

    Pourquoi trouver un centre agréé, loin de chez soi, et des animateurs diplômés d'État alors que n'importe quelle personne ayant elle-même pratiqué l'équitation, même en amateur, peut, sur place, et parfois même bénévolement, apporter ses conseils avisés aux enfants ?

    Pourquoi risquer de confronter notre belle jeunesse avec des allergènes puissants alors qu'on peut très bien lui garantir une activité "no risk", simplement en supprimant tous les à-côtés poilus ou végétaux responsables de leurs problèmes de santé ?

    Pourquoi essayer de faire pratiquer une activité hors-programme aux moins de six ans qui, après une bonne semaine de cinq matinées de classe, ont, sans contestation possible, avant tout besoin d'un temps de repos compensateur ?

    Lisez comme il est simple de programmer une activité "Initiation Respect Poneys" au temps béni des TAP et des PEdT...

    Dans l'école où étaient scolarisés mes enfants l'année dernière, les parents commencent à fuir.
    Vendredi après-midi, soit 3 heures de TAP avec entre autre "initiation respect poney" (sans poneys, donc cour d'équitation sur chaises Shocked ), rugby (séance de 2h30), sieste obligatoire pour tous les maternelles... Et les animateurs qui se demandent pourquoi les enfants sont si immondes.
    Pauvres gosses.

    Merci à M. de me laisser publier ce témoignage prouvant l'immense sens des responsabilités des mairies dont dépendent nos belles écoles dans la mise en place des Activités Périscolaires  .

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