• Littérature... oui, mais laquelle ?

    Littérature... oui, mais laquelle ?

    Sujet bien souvent évoqué sur les forums, avec pertes et fracas...

    Qu'elle est séduisante la littérature de jeunesse ! Que son plumage est brillant et comme il nous fait supposer que son ramage, bien sûr, résonnera tels les musettes et les hautbois de la chanson dans l'esprit éveillé de nos petits d'hommes !

    En revanche, comme ils nous paraissent tristes et poussiéreux, les livres de lecture de nos parents et grands-parents avec leurs extraits choisis, leurs auteurs morts depuis bien longtemps, leurs pauvres illustrations en noir et blanc...

    Cependant, lisons ce que nous raconte Michel Onfray sur son site officiel et laissons-nous aller à imaginer...

    Littérature... oui, mais laquelle ?

    Ce serait une série de livres de lecture, gradués de la fin du Cours Préparatoire jusqu'au CM2, remplis d'extraits d'œuvres des meilleurs auteurs, venus de tous les horizons, illustrés par de grands illustrateurs, complétés de photos et de reproductions de tableaux.
    Comme dans les livres de notre enfance, chaque extrait serait accompagné d'une liste de vocabulaire et de questions portant sur le sens explicite de l'histoire puis sur les inférences à faire pour mieux en comprendre le déroulement caché.
    On pourrait aussi imaginer des groupements thématiques hebdomadaires ou par quinzaine[1]. Ceux-ci pourraient même parfois coller aux programmes de géographie, d'histoire ou de sciences et techniques et permettre à nos collègues d'avoir matière à une interdisciplinarité bien comprise.
    La cinquième matinée rétablie récemment pourrait être consacrée à la lecture d'extraits jalonnant une œuvre nouvelle lors de chacune des cinq périodes de l'année scolaire. Cela permettrait ainsi à nos élèves de suivre la progression de l'intrigue et d'en avoir une vue générale adaptée à leurs capacités de lecteurs à moins que le choix ne soit fait de consacrer chaque quinzaine de classe à une œuvre ou un auteur différents...

    Nos collègues rédacteurs de ces livres de lecture d'autrefois ont bien réussi à imprégner durablement des milliers d'enfants devenus ouvriers agricoles, maçons, ménagères, institutrices, dentistes, philosophes ou ministres avec les faibles moyens de transmission qu'ils avaient[2].
    Ce serait bien le diable si, avec tous les moyens d'organisation et de reproduction dont nous bénéficions, nous n'étions pas capables de produire un outil numérique adapté permettant à tous nos collègues de personnaliser en deux ou trois clics  un manuel de lecture pour leur classe...

    Chiches ?

    Littérature... oui, mais laquelle ?

    [1] Je raisonne dans le cadre d’un moment quotidien de lecture collective, avec lecture à haute voix d’un extrait différent chaque jour, suivi d’un exercice collectif de compréhension de texte.

    [2] Un bête volume de 100 à 200 pages reliées dans un ordre et un seul, illustré en noir et blanc, et traînant de cartables en cartables des années durant.


  • Commentaires

    1
    coindeparadis
    Vendredi 2 Janvier 2015 à 11:48

    J'adopte !!!cool

    2
    Vendredi 2 Janvier 2015 à 14:06

    Qu'on parle de livres pour la jeunesse, soit, mais le concept lui-même de "littérature jeunesse" ne laisse pas d'étonner.

    3
    Vendredi 2 Janvier 2015 à 14:07

    j'en ai encore de ces livres .... et ils m'ont ouvert un monde merveilleux , que j'ai continué ensuite en lisant le soir , les lagarde et michard familiaux. Tant de "classiques" presque lus (puisqu'en extraits) ....

    (ceci dit en classe, je pratique plutôt les livres de LJ , en choisissant, que les extraits des livres actuels, où je trouve peu mon bonheur. En tout cas suffisamment peu pour ne pas avoir envie d'investir mon maigre budget dans une série de classe. Je puise dans l'abondante collection de séries d'oeuvres de l'école)

    4
    Vendredi 2 Janvier 2015 à 14:24

    Pourquoi opposer littérature classique et littérature de jeunesse ? Cette dernière n'est pas une sous-littérature. Avez-vous lu "Miss Charity" de Marie-Aude Murail ? "Lettres d'amour de 0 à 10" de Suzi Morgenstern ? "La rivière à l'envers" de Jean-Claude Mourlevat ? "Les larmes de l'assassin" d'Anne-Laure Bondoux ? "Le passage" de Louis Sachar ? 

    Par contre, j'abonde à 100 % dans le sens d'Onfray quand il dit que ce n'est pas le rôle de l'école de donner des "lecture faciles" qui enferment dans l'enfance. 

    J'ai le souvenir d'avoir continué à lire "Fantômette" très tard, tout en lisant avec passion "Les Misérables" et "Notre-Dame de Paris", mais il m'aurait semblé extrêmement farfelu que l'école s'intéresse à mes Fantômette, que j'adorais mais qui avaient un statut très clair de livres de détente. 

    5
    Vendredi 2 Janvier 2015 à 15:17

    Voilà, Rikki. Une littérature normalement présente dans les bibliothèques de classe et dont le meilleur a été "soutiré" pour donner matière à lecture commune au milieu du meilleur des siècles passés (y compris le XXe, bien entendu).

    Je crois que nous sommes d'accord même si mon propos peut de prime abord éjecter tout ce qui a été écrit "pour les enfants" dans les trente dernières années.
    Réintroduire l'ancien ne signifie pas forcément dénigrer le moderne. Juste rétablir un peu l'équilibre...

    6
    Vendredi 2 Janvier 2015 à 15:20

    Je suis en train d'écrire quelque chose sur les recueils de morceaux choisis. Dans quelques semaines, si tout va bien. 

    Petit apéritif : 

    Plus grand monde ne se donne la peine de feuilleter d'anciens manuels de morceaux choisis. Il suffit pourtant d'en ouvrir quelques exemplaires pour s'apercevoir que le Lagarde et Michard et ses variantes n'était pas le seul modèle disponible. Le recueil de morceaux choisi était un genre très prisé à l'école primaire. On en trouve des dizaines, à partir du début du XXe siècle, qui concurrencent de plus en plus les livres de ''lecture suivie'', sortes de petits romans didactiques pour les enfants, dont le Tour de France par deux enfants est l'exemplaire le plus connu.

    À l'époque, on se donnait la peine de faire lire aux plus jeunes élèves, dès le cours élémentaire, des extraits issus d'auteurs modernes et classiques, dans une langue simplifiée, accompagnés d'illustrations et de notes permettant une compréhension presque immédiate. Ils permettaient la pratique de la ''lecture courante'', à haute voix, en classe, qui à laquelle on se devait de consacrer, à partir de 1923, une demi-heure par jour. Ils pouvaient donner lieu à des explications, soutenues par des questionnaires très simples qui permettaient de vérifier la compréhension littérale des élèves.

    Les extraits étaient courts et suivaient l'organisation de la semaine. Souvent, cinq extraits courts, issus d’œuvres variées, étaient suivis d'un extrait plus long, à lire à la maison pour le lundi suivant.

    Surtout, il s'est produit une évolution peu étudiée, mais très significative. À partir de 1938 et des réformes issues du Front populaire, sous le ministère de Jean Zay, et donc surtout après 1945, la guerre ayant constitué une forme de statu-quo pédagogique, les morceaux choisis se son considérablement allongés. D'après Jacques Priouret :

    Les fragments d’œuvres romanesques vont se faire plus longs, de façon à recouvrir un épisode complet, peut-être un chapitre, du livre original. Bien entendu, cette séquence est fragmentée en ‘‘lectures quotidiennes’’, mais l’élève aura la possibilité de lire d’un trait une histoire suivie d’une dizaine de pages.1

    En somme, le morceaux choisi se rapproche de l'expérience de lecture originale. Les fragments se suivent, parfois entrecoupés d'un résumé. L'élève a l'occasion de lire soit une histoire complète, soit un épisode de cette histoire, et non quelques ''beaux morceaux'' isolés. Dans les morceaux choisis antérieurs, la part belle était faite aux descriptions, aux belles pages. Après guerre, on voit apparaître des manuels qui veulent visiblement donner envie de lire et donner du plaisir à lire, en faisant appel aux motivations les plus triviales de la lecture : l'envie de découvrir la suite d'une histoire, l'attachement à des personnages, la reconnaissance des centres d'intérêts du lecteur et la découverte progressive d'un monde fictionnel inconnu.

    1Jacques Priouret, Réflexion sur le statut paradoxal du livre scolaire, sous la dir. de Guy Avanzini, 1977, p. 183 sq. ; URL : http://theses.univ-lyon2.fr/documents/lyon2/1977/priouret_j/pdfAmont/priouret_j_partie1.pdf

    7
    Vendredi 2 Janvier 2015 à 15:31

    "Les grands esprits se rencontrent...", disait ma grand-mère ! cool

    8
    Vendredi 2 Janvier 2015 à 15:33

    Diantre ! L'envie de découvrir la suite d'une histoire, l'attachement à des personnages, la reconnaissance de mes entres d'intérêts et la découverte d'un monde fictionnel inconnu : je viens de me rendre compte que je ne lis QUE par motivation triviale ! 

    9
    Vendredi 2 Janvier 2015 à 16:06

    Wikipedia : En mathématiques on qualifie de trivial un énoncé dont la vérité est évidente à la lecture, ou encore un objet mathématique dont l'existence va de soi et dont l'étude n'a pas d'intérêt.

    Je devrais peut-être trouver un synonyme, alors.

     

    10
    Vendredi 2 Janvier 2015 à 17:43

    on est beaucoup à ne lire QUE pour ces motivations là Rikki he

    (elles sont belles les descriptions du chateau du Capitaine Fracasse mais tout de même , le roman y gagne quand les aventures du Capitaine dépassent la description de la "lèpre" du manoir.)

    11
    Normandyx
    Vendredi 2 Janvier 2015 à 23:13

     

    Entre l'adoration de vieux manuels et le culte du tout nouveau tout beau, j'aime trouver un juste milieu, parce que choisir en binaire, c'est toujours se priver de quelque chose, et les ouvrages cités par Rikki auxquels j'en ajouterai bien d'autres comme la série de Patricia Mac Lachlan ou les Roald Dahl ou Kamo et l'agence Babel par exemple.

     

    J'utilise avec mes CE1 et mes CE2, un livre de lecture qui fonctionne sur des extraits de livres, des contemporains et des plus anciens. J'ai acheté les livres correspondant qui me plaisent le plus en version intégrale pour la bibliothèque de classe, j'ai complété avec ceux des textes qui avaient le plus de succès auprès des élèves.

     

     

     

    Pour les lectures de classiques, je le fais d'autant plus facilement que ces œuvres sont le plus souvent dans le domaine public et que je peux donc les importer et les imprimer grâce à l'ordinateur, les passer dans la police qui me convient le mieux, les passer dans la police spéciale Dyslexie et moduler taille et espacement pour les élèves à besoins particuliers. Ces textes sont imprimés et collés dans un cahier de lecture. L'énorme avantage, c'est qu'on peut entourer les mots qu'on ne comprend pas, utiliser des codes couleurs pour travailler la lecture expressive le dialogue etc... (en plus le cahier de lecture comporte une page sur laquelle les élèves mentionnent tous les livres qu'ils ont empruntés et y ajoutent s'ils ont apprécié ou pas ou s'ils ne l'ont pas fini.

     

     

     

    Pour l'illustration, couleur ou pas couleur, une seule chose importe à mes yeux : qu'elle soit de qualité. (hélas, on ne peut pas dire que c'était le cas de la plupart des livres de lecture du primaire de mon enfance et ce n'est pas toujours le cas actuellement).

     

    Pour les classiques, on peut aussi récupérer les illustrations du patrimoine, les contes de Perrault avec des illustrations de Doré, ça a quand même plus d'allure que les gribouillis en noir et blanc rehaussés de orange ou de vert des manuels de mon enfance. Mes élèves se font un plaisir de les colorier, nous avons lu le petit Poucet, et Barbe bleue, je ne vous dis pas les mises en couleurs de l'ogre ou de ses filles.

     

     

     

    J'ai lu dans les propositions « des extraits issus d'auteurs modernes et classiques, dans une langue simplifiée », et là, je suis carrément contre, je veux de l'original, pas de vocabulaire simplifié, pas de changement de temps pour éviter le passé simple ou du subjonctif, je veux de la chevillette et de la bobinette choyant pour ouvrir la porte, je me fais un plaisir d'expliquer, imagine-t-on de faire chanter l'ami Pierrot en remplaçant « prête moi ta plume » par « passe moi ton bic » ? La magie de la lecture, c'est aussi la magie du verbe et des mots.

     

    Mes CE2 découvrent en extrait l'île au trésor, 20 000 lieues sous les mers, Michel Strogoff, Jean Valjean et Cosette, la case de l'oncle Tom, d'Artagnan, Pinocchio, Alice au pays des merveilles etc... selon les années, mes projets et mes envies, mais DANS LE TEXTE, surtout pas dans des versions niaiseuses. Je leur en lis des passages pour situer, et certains se plongent dans l'oeuvre originale, ils vont jusqu'au bout ou l'abandonnent, c'est leur droit de lecteur, moi je suis là pour ouvrir des portes, comme je les initie à l'opéra ou à la musique classique, et pas avec des versions « simplifiées » jouées à l'orgue bontempi. ;o)

     

     

     

    12
    Samedi 3 Janvier 2015 à 00:43

    tiens si on commence une liste  j'y rajouterai bien Van Allsburg et Mopurgo par exemple et la série des "jean quelque chose" d'Arrou Vignod

    13
    Normandyx
    Samedi 3 Janvier 2015 à 11:28

    Il y en a beaucoup, et d'autres, certains types d'écriture peuvent être étudiés en extrait dans le cadre scolaire, mais il faut bien reconnaitre que les pratiques culturelles évoluant,  certains types d'écriture très descriptives souffrent du manque de rythme auquel habituent l'écriture cinématographique et télévisuelle.

    Après, il y a aussi une question de goûts, je n'ai jamais fini le capitaine Fracasse offert à une époque où il n'y avait qu'une chaine de télé n'émettant pas en journée, j'ai dévoré les Jules Verne et n'ai jamais réussi à entrer dans les histoires de Dumas en dehors du Comte de Monte-Cristo, je n'en n'ai terminé aucun.

     

    PS, c'est Morpurgo dont ma fille a lu et relu Anya

    14
    Samedi 3 Janvier 2015 à 12:05

    le "r" est resté coincé dans le clavier smile

    15
    Lundi 12 Janvier 2015 à 22:33

    Je n'ai jamais été fan des extraits. Je préfère largement une oeuvre intégrale à mon niveau.

    16
    Lundi 12 Janvier 2015 à 22:51

    Oui, je sais. Le problème, c'est que lire une œuvre intégrale, ça prend du temps. Et nous n'en avons pas beaucoup.
    Et puis, il y a des œuvres intégrales difficiles pour des enfants alors qu'ils peuvent accéder à un, deux, trois, quatre extraits et découvrir ainsi un auteur, un monde, un thème, et l'apprécier.

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