• Les chevaliers du guet

    Dormez, bonnes gens, dormez[1] !
    Tout va bien.
    Ne vous souciez de rien,
    Nous sommes là et nous veillons.

    Les nouveaux rythmes ?... Tout va bien.

    Notre campagne nationale (ou encore ) a été diffusée à des millions d’exemplaires grâce aux mairies et aux écoles, contactées par notre service «Management et Publicité ». Les consommateurs d’école sont donc rassurés.

    Que cette campagne publicitaire sur papier glacé ait coûté quelques deniers à l’État est de peu d’importance. Il convenait de rassurer les gens par des arguments chocs après l’effet désastreux provoqué par quelques remous syndicaux, municipaux ou familiaux. Cet argent est de l’argent judicieusement mis au service de notre image.

    Notre effort d’économies se portera ailleurs. Nous avons supprimé des aides à quelques associations dont le travail pédagogique de fourmis ne correspond pas à l’accroche médiatique que nous voulons donner à notre effort de refondation. Nous recrutons grâce à Pôle Emploi des professeurs à 9,53 € de l’heure. Nous laissons démissionner les professeurs stagiaires et les contactons ensuite pour les recruter comme contractuels plutôt que de charger la barque de fonctionnaires d’État coûteux et peut-être bientôt inutiles ou difficiles à reclasser !

    Dormez, bonnes gens, dormez.
    Tout va bien.

    Dans les circonscriptions, les IEN sont chargés de bercer de bonnes paroles les directeurs d’école sur ce sujet. Tout va bien. Ils expliquent, doucement et calmement, le soir après la classe, lorsque leurs directeurs sont apaisés :

    « Après cette conquête des cinq matinées consécutives, nous irons encore plus loin bientôt. Il s’agit bien de mieux répartir les vingt-quatre heures d’école hebdomadaires en allégeant encore la journée, non pas de l’enfant, mais de l’élève, comprenez-vous.

    Les TAP, ce n’est pas le problème des enseignants[2]. Vous devez vous concentrer sur votre temps à vous, celui de la concertation, des conseils de cycles et de maîtres, celui de la formation continue, à domicile grâce aux FOAD[3] ou en présentiel (sic), grâce nos conseillers pédagogiques, dévoués et compétents.

    Vous devez aussi organiser les APC[4]. Cette année, nous ferons dans la souplesse. Chaque école est autonome et responsable. Elle peut choisir son mode de fonctionnement et le public qu’elle souhaite complémenter : soutien scolaire en direction des élèves à difficultés persistantes, aide au travail personnalisé afin de régler les problèmes méthodologiques, actions inscrites au projet d’école en direction de groupes restreints sans indication de nombre. Nous souhaitons privilégier au maximum l’autonomie et la responsabilité des établissements et laisser chaque équipe exercer cette autonomie et cette responsabilité comme elle l’entend. Le temps globalisé est de 36 heures et chacun les utilise au moment où il le juge pertinent selon ses élèves et ses projets. »

     

    Dormez, bonnes gens, dormez.
    Tout va bien. Ne vous souciez de rien.
    Faites ce que bon vous semble.
    Nous sommes là et nous vous approuvons.

    Les chevaliers du guet

    L’offre d’enseignement ?
    Les contenus de l’enseignement primaire…
    le programme scolaire, comme on disait autrefois ?
    Tout va bien.

    Dans la première quinzaine d’octobre, les professeurs des écoles exerçant actuellement en classe maternelle auront droit à une demi-journée banalisée pour se pencher sur le projet de programme de maternelle. Pendant ce temps, les professeurs des écoles affectés à ce jour en classe élémentaire s’intéresseront au projet de nouveau Socle, actuellement en cours de réécriture, à la demande de notre nouveau ministre, Mme Vallaud-Belkacem. Le fait qu’elle soit nouvelle ne change rien, sous la quatrième République, les gouvernements changeaient tout le temps et tout allait très bien, n’est-ce pas. Cela n’empêche en rien la continuité. 

    Nous sommes ravis de voir que personne, dans une salle de 68 directeurs d’école, n’a bondi à l’annonce discrète d’un futur corps des professeurs des écoles de maternelle et d’un autre de professeurs des écoles d’élémentaire. Cela prouve que nous veillons bien et que nos berceuses commencent à porter leurs fruits.
    Notre rapporteur, Mme Doublecasquette, croit même avoir entendu que les « partenaires municipaux en école maternelle » pourraient être associés à cette lecture du projet de programme, mais à ce moment-là, elle s’étouffait d’indignation, toute seule dans son petit coin. Peut-être ses oreilles lui ont-elles joué un sale tour ? C’est un sujet assez réfractaire à l’hypnose, il convient de se méfier de ce qu’elle raconte.

    Pour faire passer la potion, nous avons aussi prévu de parler dans la foulée de la consultation au sujet du programme d’Enseignement Morale et Civique. Nous savons que, confrontés aux publics que nous avons voulu nouveaux et décomplexés et que nous les avons convaincus de considérer comme des individus uniques et incomparables, nos personnels sont soumis à des risques psychosociaux importants. Ils seront ravis de savoir que, dans notre grande bonté et notre grande prévoyance, nous leur avons concocté un programme qui va tout régler !
    Et puis, ce programme est d’une importance capitale puisqu’il contribue à une nouvelle façon d’enseigner, plus conforme à celle prônée par l’OCDE qui substitue l’acquisition de compétences affectives[5], sociales et professionnelles à l’enseignement traditionnel, basé sur la transmission de connaissances et de capacités isolées…  

    Dormez, bonnes gens, dormez. Nous veillons.

    Toujours en ce début d’année enfin, les professeurs des écoles affectés cette année scolaire sur une classe de CM2 rejoindront s’ils le souhaitent leurs collègues du collège de secteur pour échanger sur le projet de « parcours éducatif et culturel » particulier à leur bassin scolaire. Ils mettront en œuvre un programme d’action en toute autonomie et responsabilité sous la houlette du chef d’établissement de ce collège.
    Cette consultation se fera sur le temps d’animations pédagogiques, chaque établissement secondaire étant autonome dans le choix des dates et des thèmes abordés. Les professeurs des écoles se rattacheront en toute autonomie au projet de leur secteur aux dates qui leur seront communiquées ultérieurement.
    Les nouveaux cycles se mettent en place, discrètement, l’air de rien, avant même que les projets de programmes n’aient été soumis à la consultation. L’autonomie des établissements aussi et les mauvais esprits voient déjà se dessiner la future carte des Établissements Publics Locaux d’Enseignement[6].

    Dormez, bonnes gens, dormez. Tout va bien.

    Les chevaliers du guet

    Plus tard dans l’année, les remontées des consultations ayant été « moulinées » au niveau national, il conviendra de faire de même au sujet des programmes de l’école élémentaire qui, d’ici là, seront écrits. Cela ne concernera bien entendu que les professeurs des écoles élémentaires puisque ceux d’écoles maternelles devront alors s’imprégner correctement du projet définitif de programme qu’ils devront appliquer dès la rentrée de septembre 2015. Les conseils écoles/collège continueront en élaborant les parcours artistiques et culturels de leur secteur.

    Tout est prévu, tout est sous contrôle.

    De nouveaux sigles vont apparaître en ASH à destination des élèves à difficultés scolaires persistantes sans traitement médical particulier. On vous en dira bientôt plus.
    Actuellement, la Conférence Nationale sur l’Évaluation planche sur de nouvelles procédures d’évaluation du système scolaire plus en accord avec le Socle Commun de Compétences. On vous en dira bientôt plus.

    Les chevaliers du guet

    Dormez, bonnes gens, dormez.
    La situation est sous contrôle.

    Il ne nous reste plus à vous parler de la formation.
    Passons sur la formation initiale qui ne vous concerne que très peu[7] .
    Intéressons-nous plutôt à la Formation Continue. Commencez par les FOAD, continuez par les groupes de travail, finissez par les animations pédagogiques traditionnelles. Les thèmes ont été choisis par l’équipe de circonscription. Il n’y a plus de grands-messes où un chercheur en Sciences de l’Éducation venait prêcher la bonne parole… On ne fait surtout pas appel aux professeurs des écoles sur le terrain, même si ceux-ci ont gentiment proposé leur offre largement à temps.[8]

    Les chevaliers du guet

    En revanche, et c’est très important étant donné la somme d’injonctions paradoxales que notre programme de veille et de soutien comprend, une animation pédagogique sur les risques psychosociaux sera proposée vers le mois de mai à un public désigné, sans doute parmi ceux qui n’auront pas pu résister aux pressions des élèves à difficultés persistantes, à celles des familles ou des mairies encouragées à exercer pleinement et en toute autonomie et responsabilité leur partie dans l’entreprise de coéducation, pilier central du Socle ou à celle d’une administration folle qui s’acharne à défoncer ce qu’elle prétend refonder.

    Dormez, bonnes gens, dormez.
    Tout va bien.
    Nous sommes là et nous démolissons votre fonction,
    Pas à pas, sereinement et à bas bruit.

    Pendant ce temps-là, au GRIP, des collègues écrivent des programmes ambitieux, écrivent des manuels scolaires et des livres du maître. Ils aimeraient aussi proposer des formations pédagogiques à distance ou directement sur le terrain. Pour cela, il faudrait que les moyens leur soient offerts de faire leurs preuves. Ils demandent bien moins qu’une campagne publicitaire avec affiches, affichettes et spots vidéo et ils sont bien plus efficaces. Qu’on se le dise !

    Les chevaliers du guet

    Merci à Phi et Claire de Bulle pour leurs documents illustrés.

    [1] Coluche aurait plutôt dit : « Circulez, y’a rien à voir ! »

    [2] Tiens, tiens… Et le PEdT alors ? On nous en a rebattu les oreilles en 2013 et on l’occulte en 2014… Bizarre.

    [3] En cherchant un lien pour expliquer aux non-initiés l’immense avancée technologique de la Formation Ouverte ou à Distance), figurez-vous que j’ai découvert à quel point ce secteur était porteur économiquement ! Mon Dieu, que je suis naïve… Je croyais juste que c’était pour éviter de nous payer des frais de déplacements !

    [4] Activités Pédagogiques Complémentaires, 36 heures annuelles en plus des heures de classe.

    [5] Si, si, ces compétences ont bien été citées dans cet ordre par un IEN, pendant une réunion de directeurs. Il a même souligné ce choix en parlant d’individu global ayant besoin de sûreté affective pour progresser socialement puis « scolairement » afin d’être capable de s’adapter professionnellement.

    [6] EPLE

    [7] Sauf tous ceux qui attendent un poste fixe et qui n’ont rien à se mettre sous la dent. Tous les postes vacants ou presque sont réservés à des PES, et M2A, cette année, qui viendront, ou pas, selon que l’Éducation Nationale les aura bien préparés, ou pas, à ce qui les attend dans la réalité vraie du terrain réel, bien loin des campagnes publicitaires sur papier glacé grand format !

    [8] J’avais personnellement contacté l’IEN en juin 2014 pour lui proposer deux animations pédagogiques : l’une sur l’histoire des méthodes de lecture à l’école primaire depuis 1881, l’autre sur les différentes approches possibles pour découvrir le code alphabétique. Il avait eu l’air très intéressé, surtout par la première, il faut le dire.
    Mais, sans jamais avoir daigné recevoir son président, les deux précédents ministres de l’Éducation Nationale ont d’abord réduit la subvention du GRIP avant de finalement la supprimer. Nous sommes sans doute trop novateurs et trop désireux d’égalité des chances pour être compris par eux.
    Souhaitons que notre nouvelle ministre accepte notre main tendue et réalise à quel point nous sommes soucieux d’offrir à chaque élève, quels que soient ses origines et son parcours, un enseignement riche, ouvert et respectueux de ses capacités.


  • Commentaires

    1
    Nita
    Dimanche 14 Septembre 2014 à 14:33

    On enrage, devant tant d'enfumage, hein ?


    Je suis scandalisée (mais même pas surprise).

    2
    Dimanche 14 Septembre 2014 à 15:15

    Pour ta note 8 : en 2012-2013, j'ai proposé de faire une animation pédagogique de circonscription, gratuitement, sur le geste d'écriture au cycle 2. Cette animation a réuni une vingtaine d'enseignants un mercredi matin (c'était avant qu'on nous dérythme) et j'ai eu beaucoup de remerciements, en particulier de collègues contents d'avoir un temps de formation concret, mené par quelqu'un qui avait une classe pour de vrai au quotidien. 

    L'année suivante, j'ai proposé de renouveler l'animation pédagogique et de l'élargir à l'ensemble des circonscriptions de l'arrondissement, pour permettre à plus de gens d'y assister. 

    Réponse : "Non merci, nous avons d'autres priorités". 

    Je suis allée voir les "priorités" sur Circon' script, notre super logiciel d'inscription aux animations pédagogiques en ligne : tri des déchets, initiation à l'anglais, informatique pour tous, bref, la routine. 

    Après, l'Inspection générale déplore que les enfants ne sachent plus écrire... m'enfin...

     

    Je précise que je ne propose plus d'animation pédagogique gratuite. J'en ai fait deux, dans deux circonscriptions différentes, et les deux fois ça a été la même chose. Donc, c'est terminé. Je ne fais plus que des animations pédagogiques payantes. Et qui les achète ? Les écoles privées. cry

    3
    Dimanche 14 Septembre 2014 à 15:17

    Et nos équipes de circonscription continuent à scier consciencieusement la branche de laquelle ils ne vont pas tarder à tomber !

    À pleurer...

    4
    Dimanche 14 Septembre 2014 à 15:24

    on n'est pas sortis de l'auberge

    5
    Cyriaque
    Dimanche 14 Septembre 2014 à 16:58

    Merci de nous tenir informés.

    6
    Dimanche 14 Septembre 2014 à 20:34

    C'est pas gai, tout ça. Heureusement que Gégé a rendu son tablier de président du SIVOS

    7
    Dimanche 14 Septembre 2014 à 20:56

    Tu comprends pourquoi qu'il n'y a pas que Gégé qui sera content de rendre son tablier. cry

    8
    Ane_a_deux_tetes
    Lundi 15 Septembre 2014 à 16:19

    "...il convient de se méfier de ce qu’elle raconte...": cette phrase devrait être située en début de texte semble-t-il.


     

    9
    poirple
    Lundi 15 Septembre 2014 à 17:52

    OH oui, je signe pour des formations pédagogiques dispensées par le GRIP!

    J'ai acheté deux de vos manuels (GS), ils sont excellents. Malheureusement, ce n'est que ma fille qui en profite. Ben oui, cela coûte moins cher les jeunes profs et c'est bien plus démago de dire que l'on recrute des profs que de trouver un poste à une enseignante qui a le malheur d'être mariée à un militaire (ouh!!) soumis à des mutations obligatoires.

    Le système des permutations inter-départementales est complètement bloqué et le celui des INEAT ne vaut pas mieux non plus. Le département que j'ai sollicité a fait l'objet de plus 120 demandes d'INEAT, 3 ont été satisfaites! 

    Je suis donc en dispo, je ne touche pas un kopeck et je ne peux pas être suppléante dans le privé (sauf hors contrat). J'ai la sensation d'être un fantôme hantant l'EN.

    Mais on a su me rassurer à la Direction départementale: dans 2 ans, je pourrais peut-être obtenir ma mutation, ouf!

     

    Quand je pense à l'argent dépensé dans toutes ces foutaises: formations à la noix, nouveaux programmes de plus en plus squelettiques, associations à but purement idéologique ...

    De qui se moque-t-on? 

     

     

     

    10
    Bang
    Lundi 15 Septembre 2014 à 19:38

    Hm... Tout de même, tous les enseignants du monde anglo-saxon sont loins d'être des clowns et l'école n'est pas soit un lieu d'instruction où l'on apprend à lire et à écrire, soit un lieu de vie où l'on apprend à trier les déchets!

    J'ai rencontré beaucoup d'enseignants anglais et américains qui sont extrêmement rigoureux sur le plan de l'apprentissage de la langue, et ce, même s'ils utilisent un tableau intéractif, et même s'ils organisent une ou deux séances par an sur la protection de l'environnement!

    11
    Lundi 15 Septembre 2014 à 20:10

    Qui a dit le contraire, Bang ?

    12
    Hirondelle
    Mardi 16 Septembre 2014 à 15:00

    @BANG: "J'ai l'impression qu'on mélange tout dans ces débats: le contenu, la progression, la méthode et la technique. Ce n'est pas qu'une impression malheureusement dans ce texte.


    Je partage ta position, n'en déplaise à la maîtresse des lieux (communs) qui défend son point de vue comme s'il était le seul possible et imaginable. 

    13
    Gogol_1er
    Mardi 16 Septembre 2014 à 17:21

    Salut à tous! Instit de passage, je pense que "Quand je lis ce que je lis, je ne suis pas pour la liberté d'expression. Moi, je suis pour la liberté de bien fermer ta gueule pour certains…"

    14
    Mardi 16 Septembre 2014 à 19:17

     Ben dis donc ! Tu te fais arranger, là !

    15
    Mardi 16 Septembre 2014 à 22:06
    16
    Mardi 16 Septembre 2014 à 22:07

     Il est trop gros !!!

    famille de trolls

    17
    Gogol_1er
    Mercredi 17 Septembre 2014 à 13:42

    "Troll or not troll"? 

    Tout dépend du sujet proposé et comment il est présenté.

    En l’occurrence, le texte proposé ci-dessus est manifestement polémique puisqu'il y a une tromperie généralisée": Dans les circonscriptions, les IEN sont chargés de bercer de bonnes paroles les directeurs d’école sur ce sujet".

    L'Institution commet une faute fondamentale en ignorant le courant pédagogique du CRIP qui se présente comme une alternative à la situation alarmante du système éducatif : "Mais, sans jamais avoir daigné recevoir son président, les deux précédents ministres de l’Éducation Nationale ont d’abord réduit la subvention du GRIP avant de finalement la supprimer. Nous sommes sans doute trop novateurs et trop désireux d’égalité des chances pour être compris par eux...".

    Dans ce contexte, qui est le troll?

    Le fonctionnaire qui critique l'Institution qui respecte pourtant sa liberté pédagogique et d'expression ou bien le lecteur de passage, invité à laisser un commentaire et qui a bien le droit d'être quelque peu  outré par cette posture évangélique sur ce qui devrait être imposé à tous...

    Il convient donc de manipuler le mot (ou l'image) troll avec une certaine précaution.

    Sur Wiki, il est noté que [...] Certaines personnes dénoncent les abus d’utilisation du terme « troll » qui pourrait parfois servir à couper court à toute discussion et débat. Ainsi, un intervenant à un débat pourrait utiliser ce terme afin de discréditer les personnes qui remettent en cause ses thèses, en les accusant de vouloir polémiquer. Le troll se détachant d’une simple opposition d’idées par l’aspect volontaire de la polémique, il est parfois extrêmement difficile à découvrir. Ainsi, parfois, ce peut être l’accusateur qui est en fait un troll[...]

    Avis donc aux donneurs de leçon de savoir vivre...

     

    18
    Mercredi 17 Septembre 2014 à 14:08

    Pas "imposé à tous", simplement possible parce qu'on a été informé et que la posture du Croupe de Réflexion Interdisciplinaire sur les Programmes n'a pas été diabolisé sans savoir.

    Quant à l'opinion que j'expose, elle est loin de m'être personnelle et plusieurs syndicats et associations alertent des dangers de déréglementation du grand service public d'éducation depuis bien longtemps.
    Certains sont allés jusqu'à demander un moratoire sur l'éducation et la santé afin que, pour le moment, l'AGCS ne s'applique pas à ces deux domaines comme cela était prévu initialement, il me semble.

    Croyez-vous vraiment que les IEN soient dupes et appliquent ces directives sans se rendre compte de ce qui se passe ? C'est les mésestimer, vraiment.

    Si j'ai bien compris, selon vous, les fonctionnaires fonctionnent, tête baissée, sans rien dire, se résignant aux injonctions paradoxales qui feront craquer nerveusement les plus fragiles d'entre eux en attendant qu'on continue à éliminer chaque année la moitié de leurs postes ?
    Quel drôle de conception de la liberté d'expression...

    19
    Gogol_1er
    Mercredi 17 Septembre 2014 à 16:49

    L'enseignant est un fonctionnaire  particulier  qu'on pourrait qualifier de "paradoxal" puisqu'il doit  à la fois faire preuve d'esprit critique et  se montrer loyal vis à vis de la Nation qui le paie (mal) pour former les futurs citoyens.

    De ce point de vue, l'enseignant illustre bien le mythe de Sisyphe en ce qu'il reprend chaque année le même cheminement depuis le bas vers le haut.

    Je doute cependant qu'il puisse participer à une idéologie visant à masquer les réalités sociales: il voit au quotidien les conséquences sur les enfants du "tout économique" et vit lui même comme un singe puisque "if you pay peanuts, you get monkeys".

    Dans le domaine des "fameux moyens en plus" , je partage l'avis de ceux qui proposent d'éliminer des strates administratives (services rectoraux, CPGE, IEN, agrégation...) afin de dégager davantage de moyens pour donner effectivement toute les priorités à la maternelle et à l'élémentaire, ces deux premières marches de l'escalier scolaire.

    Oui, notre système éducatif est en train d'imploser, comme c'est le cas dans d'autres pays européens confrontés à la mondialisation des marchés, aux phénomènes migratoires, au raz-de-marée technologique, aux dettes abyssales,... je vous laisse compléter la liste.

    Mais quoi qu'il advienne de notre beau pays, l'enseignant des petites écoles doit rester maître de son enseignement, fût-il syllabique, semi-global ou carrément global. "Prenons le pouvoir sur notre métier" nous invite un syndicat.

    Et pour en revenir à votre texte, je doute qu'une quelconque méthode pédagogique suffise à sauver le "vieux monde de l'école" cher à Alain FINKIELKRAUT, même si elle peut s'avérer particulièrement efficace dans certains contextes (enseigner à des enfants roms?), comme peuvent l'être d'autres méthodes.

    Ce qui compte, c'est que chaque maître puisse décider du chemin à prendre. La notion d'équipe est sensible: c'est encore une imprécation pédagogique portée par les IEN, alors que dans l'architecture napoléonienne de notre vieille Institution tout est conçu de façon pyramidale, les élèves et leur maître étant la plupart du temps compartimentés  dans leur classe .

    Bref, ne participons pas au Bashing général. Tsoin Tsoin!

    20
    Padre P. Lucas
    Mercredi 17 Septembre 2014 à 18:34

    Gogol, revoyez vos sources, il n'y a pas que Finkielkraut dans la vie. Certains avaient annoncé l'effondrement du système scolaire depuis une bonne quinzaine d'années. A l'époque on n'appelait pas ça du bashing mais du déclinisme ou du catastrophisme. Peu importe, c'est advenu et maintenant, comme vous le dites si placidement "il faut que chaque maître puisse décider du chemin à prendre". Encore faut-il trouver un chemin dans cette jungle. Doublecasquette a le courage d'en proposer un. Mais si j'ai bien compris, vous lui conseillez de "fermer sa gueule", c'est qui l'adepte du "bashing" dans l'histoire ?

    21
    Mercredi 17 Septembre 2014 à 19:29

    Parmi les premiers participants au bashing que j'ai lus, dans les années 2000, celui qui m'a semblé le plus largement correspondre avec ma vision du monde, c'était Nico Hirtt.

    Depuis, je crois que je n'ai pas changé d'avis.

    22
    Gogol_1er
    Mercredi 17 Septembre 2014 à 19:52

    Aucun enseignant d'expérience (35ans pour ma part) ne supporte le verbiage des imposteurs qui prétendent apporter des solutions miracles.

    Ceux qui annoncent la fin du monde sont les plus insupportables à mon avis et n'hésitent pas à dénigrer systématiquement tout ce qui n'est pas conforme à leurs idéaux, notamment sur les questions d'apprentissage de lecture qui sont souvent des "casus belli".

    L'enseignant doit rester l'artisan de sa pratique et non un exécutant de consignes ou méthodes.

    A écouter: l'intervention de Roland Gori pour comprendre comment et pourquoi l'imposture  (http://plus.franceculture.fr/la-fabrique-des-imposteurs).

    23
    Mercredi 17 Septembre 2014 à 20:16

    Ouf ! Nous allons pouvoir nous comprendre, alors...
    Je n'arrive pas toujours à me faire entendre en matière d'apprentissage de la lecture parce que, justement, j'essaie de ne pas avoir d'autre "dogme" que le fait de dire que, pour écrire le français, on utilise les 26 lettres de l'alphabet romain.
    La manière dont les élèves acquièrent les combinaisons de ces 26 lettres qui leur permettront de comprendre tout message écrit à leur portée doit être laissée à l'appréciation de chacun.
    La seule chose qui me paraît importante, c'est qu'en fin de CP, tous ou presque sachent lire et commencent à écrire seuls, à peu près correctement, des messages simples.

    24
    Padre P. Lucas
    Mercredi 17 Septembre 2014 à 20:42

    Tiens, en cherchant des textes de plus de 20 ans, j'ai trouvé ce texte de Gunsberg qui est d'une étonnante actualité : http://michel.delord.free.fr/hguns90.pdf

    25
    Gogol_1er
    Jeudi 18 Septembre 2014 à 18:25

    "Tant qu'il y aura des profs" Hervé Hamon et Patrick Rotman (1984!)...

    Extrait de la préface, d'une désespérante actualité et qui exprime mon point de vue :

    Nous ne vivons pas la fin d'un âge d'or – l'adieu aux ''bons'' élèves, aux ''bons'' maîtres, aux ''bons'' programmes, etc – mais une mutation historique qu'il faut comprendre . Les enseignants ne sont pas une cohorte d'embusqués désinvoltes qui assistent paisiblement à la déroute de leurs troupes. Les parents ne sont pas une légion de paranoïaques en mal d'expéditions punitives. Et les élèves ne sont pas une meute d'analphabètes dégénérés. Comme la plupart de nos concitoyens, nous sommes las des argumentations fragmentaires et  partisanes […]
    Au terme de deux années passées parmi les profs, nous n'emportons que deux certitudes. La première est que nous avons côtoyé des femmes et des hommes qui vivent un drame, qui se débattent. La seconde est que le dénouement n'est écrit nulle part. Ce livre n'est pas optimiste ; il n'est pas non plus désespéré ; que nul n'y pénètre s'il goûte les idées simples.

    26
    Samedi 20 Septembre 2014 à 08:14

    Gogol_1er dit : "Le fonctionnaire qui critique l'Institution qui respecte pourtant sa liberté pédagogique et d'expression (...)"

    J'espère que c'est une plaisanterie.

    Perso, je n'ose pas prendre du CP parce que je sais que la méthode de lecture que je choisirai serait conspuée et que, liberté pédagogique oblige, l'on m'attendra au tournant, et que je n'aurai pas droit au même taux d'échec que les méthodes plus approuvées (tu sais, celles qui donnent du sens à l'acte lecture, et qui ne créent pas des ânonneurs qui ne comprennent rien à ce qu'ils lisent).  Il faut ne pas enseigner pour ne pas savoir ça.

    Quant à la liberté d'expression, c'est drôle, mais j'ai une pensée pour J.Risso.

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    27
    Jeudi 18 Juin 2015 à 21:47

    Non merci, je ne suis pas intéressée par votre proposition.

    Cordialement.

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