• Lecture : images, lettres, mots et phrases

    Lecture : images, lettres, mots et phrases
    Merci à Sophie Borgnet pour l'illustration du cahier d'exercices accompagnant le premier livret d'Écrire et Lire au CP

    Cette semaine, j'ai appris qu'avant de lire des mots et des phrases sur lesquels ils exerceront leur compréhension, les élèves devraient longuement « seriner », on peut aussi dire « ânonner », de plus en plus vite – et le chronomètre en faisant foi – des listes de lettres et syllabes sans suite...

    Quelques jours plus tard, on m'a affirmé  que, dans certaines circonscriptions, les IEN et CPC interdisent –  oui, oui, le mot est fort mais nous connaissons toutes et tous le pouvoir absolu dont certains de ces « corps intermédiaires » se sentent investis – de se servir d'images pour intéresser à la lecture et à l'écriture nos tout jeunes apprenants (dont certains, rappelons-le, n'ont pas encore 6 ans en cette fin septembre).

    Je ne polémiquerai pas, d'autant que ces assertions ont pour certaines l'aval de la Science qui les a prouvées en mettant la tête des enfants dans le micro-onde ou en l'affublant d'un petit bonnet fort seyant d'où partent des centaines de fils électriques minuscules mais qui voient tout...

    Quant aux IEN et CPC, je ne leur donne pas cinq ans pour que, au détour d'un changement de majorité, ils se mettent à prêcher pour le « tout image » comme leurs ancêtres et eux-mêmes prêchèrent naguère pour l'idéovisuelle, la théorie des ensembles, le salut au drapeau ou la défense de la Patrie, fleur au fusil et sabre au clair ! 

    Lecture : images, lettres, mots et phrases

    Je me contenterai donc de reprendre mon bâton de pèlerin qui, pendant 12 ans, ailleurs puis ici, a tenté de mettre beaucoup de yin dans le yang, et qui, désormais, tentera de remettre quelques bonnes louchées de yang dans le yin. J'ai l'habitude, ça ne me dérange pas.

    Au commencement était l'image

    C'est un fait avéré qu'avant d'écrire à l'aide d'un code alphabétique, l'être humain a commencé par dessiner. Il y a même une très jolie Histoire comme ça, de Rudyard Kipling, qui l'explique à toutes et tous les Mieux-Aimée du monde...

    Nos petits d'hommes de ce début de millénaire ont le droit de marcher dans les tout petits pas de leurs aînés pour arriver, beaucoup plus vite que ne l'a fait l'Humanité, à cette société post-moderne où l'on a oublié pendant un temps relativement long à l'échelle d'une vie humaine comme il est simple et naturel d'apprendre à lire aux enfants.

    Leur commencement sur le chemin de la lecture se trouve dans les phrases et les mots qu'ils entendent et dans l'image qu'ils s'en font dans leurs cerveaux d'enfants...
    « Cette nuit, quand je dormais, j'ai fait un flim... » me disait un jour un petit garçon de 4 ans issu d'un milieu où l'on parlait très peu aux enfants et où l'on s'intéressait encore moins à ce qu'ils avaient à raconter. Je lui ai appris le mot rêve qu'il n'avait jamais entendu et j'ai écouté son flim, ces images qu'il avaient vues comme vous voyez ces mots que vous êtes en train de lire.

    L'École Maternelle, et particulièrement sa Petite Classe[1], est là pour cela.

    • Un enfant qui en sort doit savoir parler et entendre la parole des autres, qu'elle soit issue du langage oral ou lue d'après ces pages absconses couvertes de petits signes noirs mais qui semblent parler aux « grands »...
    • Il doit être capable de traduire en images mentales les scènes ( = textes et phrases) et les mots qu'il entend et emploie.
      Il peut même, en fin de Petite Classe, commencer à se familiariser avec l'écriture-lecture, dans son mode encore « hiéroglyphique », à l'aide d'images qu'il rangera de gauche à droite, comme un vrai petit scribe des temps lointains...
    • Il doit enfin être capable de réaliser des images par le dessin, illustrant ainsi ce qu'il doit raconter, soit par envie, soit sur commande, parce que c'est sa production d'écrits/rédaction[2] à lui, et qu'il suit en cela ses lointains ancêtres sur le chemin qui les menèrent, lentement mais sûrement, vers l'écriture alphabétique.
      S'il peut ensuite organiser sa parole de façon à dicter à une personne « lettrée» qui les transcrira quelques mots ou phrases décrivant ou complétant son dessin, il sera prêt, sans connaître lui-même une seule lettre, à passer à la phase suivante de son développement...

    En effet, c'est à l'occasion de cette dernière activité que, peu à peu, naîtra l'idée qu'écrire, cela irait plus vite et ce serait plus clair.

    Nos tout-petits ne connaissent pas encore l'histoire de Taffy et de sa tribu, mais ils ont déjà eu l'occasion de voir, comme la petite fille néolithique, ce qu'il pouvait arriver quand, en raison de leur inhabileté, leurs dessins étaient mal interprétés.
    Ils ont par ailleurs un énorme avantage sur Taffy et son père Tegumai, le travail est déjà fait, les dispensant de tout inventer eux-mêmes.

    Ils ont même encore plus de chance que cela puisque, tout récemment, au début de l'époque où je me suis mise à prêcher le yin, disparu presque totalement dans les abysses d'un océan débordant de yang, deux inventeurs géniaux eurent l'idée de combiner ce besoin d'images de l'enfant avec son envie d'accéder à cette immense avancée technologique et intellectuelle que sont les lettres (je n'ose dire l'alphabet tellement cette reculée pénalise actuellement les enfants de maternelle).

    De là sont nés les petits personnages-lettres qui chantent chacun leur petit phonème, les uns sonnant seuls avec leur voix (les Voyelles), les autres ayant besoin des premiers pour sonner (les Consonnes).

    Lecture : images, lettres, mots et phrases
    Les Alphas, diffusés en France par Récréalire

    Quoi de mieux pour attirer les plus grands de nos Petits de Maternelle, ceux qui sont en passe de quitter la Petite Classe pour accéder à la Grande Classe[3] ?

    À partir de ce moment, le virage est pris.

    L'image réelle, celle qu'on peut toucher et réaliser soi-même, n'est plus centrale ; elle est en passe de céder une partie de plus en plus grande de sa place aux combinaisons de lettres qui formeront de longues files de mots organisés en phrases, permettant d'accéder directement à la pensée des autres, de tous les autres, les vivants comme les disparus, les proches comme les lointains.

    L'humanité l'a gardée pourtant, comme nous la garderons,

    • parce qu'elle est génératrice de supplément d'âme,
    • parce qu'elle est un médium à part entière,
    • parce qu'elle peut constituer, et c'est là que cela nous intéresse, nous, les personnes qui enseignons l'écriture et la lecture aux enfants, parce que, comme l'avaient très bien compris les premiers producteurs de livres, elle peut être :

    – un déclencheur d'intérêt,

    – un complément de compréhension,

    – un facilitateur d'accès.

    Lecture : images, lettres, mots et phrases

    Nous calquerons à nouveau notre attitude sur celle de nos ancêtres lointains, tout au long de ces deux années de Grande Classe, puis encore après. Comme eux, nous illustrerons l'écrit d'images pour qu'il soit mieux compris, mieux retenu ou même tout simplement plus appétent. 

    Pour l'instant, à l'aube de ce processus d'apprentissage de l'écriture-lecture, l'image nous est indispensable et nous ne pouvons nous en dispenser, quoi que disent IEN et CPC qui, depuis trente ans, tolèrent et encouragent le passage au CE1 d'enfants non-lecteurs et ont donc perdu toute crédibilité dans le domaine très spécialisé de l'instruction à la lecture des enfants de cinq à sept ans.

    La vue aide l'ouïe, l'ouïe aide la vue

    ♥ L'image nous est indispensable pour que la vue aide l'ouïe.

    L'enfant de tout juste cinq ans est tout imprégné d'images qu'il comprend sans avoir à les dire. Notre rôle, pendant les deux à trois ans qu'il a passés dans la Petite Classe, a été de lui apprendre à dire et écouter non seulement les mots et les phrases que ces mots composent, mais aussi les bruits, les sons, par le biais de la musique, des instruments et des jeux de langage (comptines, virelangues, ...).

    Grâce à cela, il est devenu toute ouïe et peut désormais utiliser ce sens pour en servir un autre, la vue.

    Il a parfois déjà commencé en « écrivant » et « lisant » à la mode de l'Égypte ancienne de véritables phrases racontant de véritables histoires à l'aide de mots symbolisés par des images.  

    Il est parfois même allé un peu plus loin et a fait connaissance avec ces images spéciales – ces fameux Alphas – qui font la transition entre l'image concrète et l'abstraction symbolique que constituent les lettres. Il sait alors que chacune de ces images un peu spéciales correspond à un bruit.

    Il n'a plus qu'à continuer sur sa lancée (ou combler rapidement ce manque grâce à une méthode plus rapide, adaptée à son développement cognitif et sensoriel d'enfant de cinq à six ans).

    Je ne saurai que trop conseiller à ce sujet De l'écoute des sons à la lecture, la méthode proposée par Thierry Venot, très simple à mettre en œuvre puisqu'il suffit de prendre le livre à la page 2 et de programmer de une à deux séances numérotées par jour, tous les jours de l'année. En effet, ces séances sont « spiralaires » et tout ce qui a été acquis au cours des séances précédentes est répété et ré-entraîné, quotidiennement et après une phase de sommeil, comme le conseillent les neuro-sciences, et se voit ainsi consolidé de manière optimale. On y verra comment du début à la fin de l'année l'image passe de son statut de mot (ou groupe de mots) représenté concrètement :

    Lecture : images, lettres, mots et phrases

    à celui d'outil concret pour faire travailler la vue et lui permettre de combiner des lettres pour lire ou écrire un mot signifiant :

    Lecture : images, lettres, mots et phrases

    et même pourquoi pas, en fin d'année de Grande Section, de simple illustration destinée à rendre plus vivant un récit composé de phrases réellement lues par l'enfant[4] :

    Lecture : images, lettres, mots et phrases

    ♥ L'image nous est indispensable pour que l'ouïe aide la vue.

    L'image nous est indispensable pour que le concret soit témoin de la compréhension d'une abstraction telle que la lettre en tant que graphème traduisant un phonème ou le mot

    Les deux exercices ci-dessus, extraits du livre de Thierry Venot, montrent comment l'image permet à l'enseignant pour rendre autonome l'enfant qui doit passer de l'oral à l'écrit ou de l'écrit à l'oral.

    En effet, après quelques séances collectives d'entraînement à l'encodage ou au décodage, les images servent de précepteur particulier à chaque enfant qui pourra alors avancer à son rythme et consolider ses acquis dans le domaine des lettres, des mots et des phrases

    L'exercice en haut de page, extrait du cahier d'exercices de la méthode Écrire et Lire au CP, montre comment, vers le milieu du mois de novembre, un enfant de CP (âgé donc de 5 ans 10 mois à 6 ans 9 mois) peut, grâce à l'image, s'entraîner à écrire seul, et sans faute d'orthographe, par codage uniquement, 14 mots : 12 noms communs et 2 articles, dont l'écriture répétée à de nombreuses reprises permet l'automatisation.  

    ♠ Mais attention, l'image devient un frein à l'apprentissage

    Ø Quand l'image n'est là que pour maintenir l'enfant dans une utilisation experte de l'ouïe considérée comme un préalable à toute introduction d'encodage-décodage de l'écrit :

    activités de « phono » coupées de l'écriture-lecture de graphèmes :

    ⇒ scander les syllabes (et plus encore quand on se cantonne aux syllabes orales) sans avoir à les écrire ou à les lire ;

    ⇒ écoute de mots oraux dans lesquels on doit détecter à l'oreille où se situe telle syllabe ou tel phonème (ces fameux exercices qui font croire aux maîtresses que les enfants n'entendent pas les sons)

    activités de discrimination visuelle de lettres considérées comme des images, sans référence aux sons qu'elles produisent :

    ⇒ dessiner des lettres ou des mots composés de lettres désignées par leur nom (a, bé, sé, dé, eu, eff, jé, ach, ...) sous un modèle 

    ⇒ repérer des lettres et les désigner par leur nom

    ⇒ reconnaissance globale de mots qui ne resserviront plus jamais (CROCODILE, RHINOCEROS, ANTILOPE parce qu'on travaille sur l'Afrique ; ABDOMEN, THORAX, TÊTE parce qu'on étudie les insectes ; STEGOSAURE, TRICERATOPS, PTERODACTYLE parce que le thème est la faune de l'ère secondaire...)

    Quand, pendant l'horaire dévolu à l'apprentissage de la lecture, on consacre le plus clair du temps à étudier les images de l'album proposé à « l'élucidation » pour en travailler « les éléments pertinents non verbaux » et ceci en dehors de toute intention d'y faire correspondre des mots ou des phrases que les élèves pourraient lire et écrire.
    Oui, en effet, « participer avec pertinence à un échange (questionner, répondre à une interpellation, exprimer un accord ou un désaccord, apporter un complément, ...) », c'est bien un Attendu de fin de cycle mais dans le domaine intitulé Langage oral, pas dans celui qui se nomme Lecture et compréhension de l'écrit.

    Lire ou comprendre, on ne peut pas choisir

    Parce que, et nous en venons désormais aux syllabes sans suite, proposées à très haute dose par certaines méthodes, selon les Instructions officielles les plus récentes, lecture et compréhension se doivent de rester complètement indissociables.

    Dans la Petite Classe, nous leur avons évité les lectures à vide de mots composés de lettres qu'on épelle une à une « pour se rappeler du mot », m'a-t-on expliqué récemment, et nous les avons remplacées par des images et des symboles qui leur permettraient d'accéder à l'abstraction, tout en restant collés au concret dont ont besoin les petits enfants.

    Par ailleurs, nous les avons intéressés à l'écrit lu et transcrit par tous les moyens. Nous avons joué le rôle de conteur, de lecteur, de secrétaire et nous avons tout mis en œuvre pour qu'ils comprennent ce que nous leur lisions (enrichissement du lexique et de l'environnement culturel par la découverte de contes et récits variés, par l'observation du monde qui les entoure puis de celui plus lointain dont ils entendent parfois parler, par la variété des activités que nous leur proposions, ...). 

    Nous n'allons pas interrompre le processus parce qu'ils sont en Grande Section, avec De l'écoute des sons à la lecture, ou au CP, avec une méthode de lecture à visée graphémique claire.

    Nos élèves apprennent à écrire des lettres pour en faire, très rapidement des mots, des phrases et même des textes composés de plusieurs phrases qui résonneront au fond d'eux-mêmes et leur donneront à voir des univers de plus en plus riches et variés .

    La lecture de ces mots immédiatement associés dans leur cerveau à l'image concrète ou plus abstraite qu'ils s'en font, l'intelligence qui naît de ces phrases complètent et confortent leurs capacités de décodage (voir l'histoire de la biche et du boa, extraite de la méthode De l'écoute des sons à la lecture). 

    L'encodage, quotidien, de mots puis de phrases, par le fait qu'il associe les gestes de l'écriture (cursive) à l'épellation phonétique renforce l'entraînement et parfait l'automatisation du décodage.

    Au bout des 21 jours fatidiques, la connaissance est devenue une habitude et l'enfant repère instantanément la lettre apprise trois semaines plus tôt et vue et revue chaque jour, au cours de tous les exercices d'écriture et de lecture quotidiens. Il la combine facilement avec d'autres lettres et c'est aisément qu'il lit tout aussi bien un texte à sa mesure – ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit – qu'une longue suite de mots ou d'associations de lettres sans suite.

    Il sait lire et écrire, mécaniquement bien sûr, mais aussi intelligemment et, ce qui ne gâche rien, avec plaisir et motivation.

    Conclusion : Le mieux est l'ennemi du bien

    L’enfant sera d’autant plus actif et engagé quand il aura envie de faire l’action. Cette envie est déclenchée quand l’activité lui plaît, qu’elle importe pour lui, qu’il y voit un intérêt personnel… et non pas parce qu’il y est contraint par un intervenant extérieur.

    lisons-nous dans l'article cité ci-dessus. La vidéo citée plus haut nous narre elle aussi longuement comment des élèves de CM2 travaillent avec plus d'application depuis qu'ils sont motivés par l'étude des corvidés.

    On ne peut pas plus motiver des tout-petits à l'écriture des capitales d'imprimerie que des presque-grands à la répétition jusqu'à l'abrutissement de longs tableaux de syllabes.

    Oui, il y a eu – et il y a sans aucun doute encore – des enfants qui avaient travaillé, travaillé et encore travaillé la prononciation et l'écoute à partir d'images jusqu'au dégoût sans pour cela arriver à « entendre les sons » à leur entrée au CP. Mais ce n'est pas à cause des images, c'est par faute d'avoir eu l'occasion de comprendre que ce monde oral dans lequel ils baignent se transcrit tout entier, lettre par lettre et syllabe écrite par syllabe écrite, selon des règles toutes simples qu'ils seront capables d'acquérir pour écrire et lire eux-mêmes des mots et des phrases.

    Il y a eu, et il y a toujours, c'est incontestable, des enfants qui, au CP, ne reçoivent pas l'imprégnation graphémique nécessaire à leur instruction en matière de lecture et d'écriture.
    Ces enfants-là passent trop de temps à jouer avec des images pour savoir si on entend [pa] dans la cinquième syllabe du mot « anticonstitutionnellement » et si le mot « chemisière » a 2, 3, 4 ou même 5 syllabes orales, écrites, chantées ou prononcées à Paris, Lyon, Lille, Brest ou Toulon. Ils passent aussi beaucoup trop de temps à écouter leur enseignant leur lire l'histoire de la maman qui n'aime pas la rentrée des classes de manière à pouvoir en interpréter ensuite les images.
    En revanche, ils n'en passent pas assez à réellement manipuler les lettres de manière à écrire et lire eux-mêmes des mots et des phrases, et c'est de là que vient le problème.

    Ce n'est pas une raison pour priver d'images les enfants dont les enseignants ont un véritable projet d'apprentissage de l'écriture-lecture dans laquelle l'image dessinée est peu à peu concurrencée par l'écriture de mots et de phrases, ni pour contraindre l'enseignement de la lecture à redevenir ce qu'il était au XVIIe siècle quand la lecture des lettres précédait d'une année celle des syllabes et la lecture des syllabes d'une année celle des mots avec tous les risques que cela comporte (difficulté à capter l'attention autrement qu'avec des « carottes », numériques ou autres ; incapacité à sortir d'un comportement acquis pour en adopter un autre, basé sur l'intelligence et la compréhension de la « chose lue » ; retard et découragement par manque d'engagement actif ; ...).

    C'est par l'appétence et la motivation qu'on amène tous les enfants à la lecture, en deux années scolaires, de la toute fin de la Moyenne Section à la fin du Cours Préparatoire.

    Nous y arriverons grâce des méthodes vivantes, qui s'observent au quotidien, dans des salles de classe d'une vingtaine d'enfants, au cœur de leurs journées d'écolier, avec des enseignants motivés et  instruits[5] auxquels on a donné les éléments à atteindre, les différentes manières d'y arriver et qui ont pu faire leur choix de manière éclairée, sans être enfermés dans un modèle tout aussi restrictif que le « no-lettres no-syllabes » des chercheurs en sciences de l'éducation de la fin du siècle dernier et du début de celui où nous vivons.

    Ces méthodes, pour être efficaces, doivent suivre à petits pas le long chemin suivi par l'être humain au cours des millénaires et passer lentement, avec des retours en arrière, des aménagements, des bonds en avant et des stagnations, quelques détours et contours aussi, parce que nous sommes des êtres vivants et non des robots, et que même le ver de terre s'octroie de temps en temps des petits détours, comme ça, pour le plaisir, de l'image vers le symbole, du symbole vers les lettres, des lettres vers les mots et les phrases qui suggèrent à l'esprit des images intérieures dont il se nourrit[6].

    Dans la même série :

    TPS-PS-MS : Images, mots, phrases et lettres

    GS-CP : Images, mots, phrases et lettres

    CE1 à CM2 : Images, lettres, mots et phrases

    Notes :

    [1] Classe multi-âges accueillant des enfants de deux à quatre ans à la rentrée des classes (voir Pour une maternelle du XXIe Siècle).

    [2] Ou tout ce que vous voulez, en fonction des Instructions Officielles en vigueur au moment où vous lisez cette page. En 40 années de carrière, j’ai eu droit à : texte, expression écrite, rédaction, production d’écrit et à nouveau rédaction depuis l’été 2018... Courbons l’échine là-dessus et gardons nos forces pour ce qui est important.

    [3] La Grande Classe est celle qui devrait regrouper les enfants de cinq à sept ans, dans un lieu convivial accentuant la transition entre la douceur affectueuse et indulgente de la famille et l'initiation au travail dans sa régularité.

    [4] Ce dernier cas serait mieux placé dans la partie suivant « Lire ou comprendre, on ne peut pas choisir », je le rappellerai sans doute à cette occasion.  

    [5] J’en pleurerais de rage quand je vois l’affolement et le dénuement dans lesquels se trouvent certains de nos jeunes collègues qui n’en savent pas plus que «  l’homme de la rue » ou « la ménagère de 50 ans » sur l’apprentissage de la lecture et qui pataugent complètement dans un magma indéfini duquel émergent les mots syllabique, globale, graphème, phonème, combinatoire, encodage, décodage et bien d’autres dont ils sont si ignorants qu’ils n’en connaissent parfois même pas le genre.

    [6] Je suis sûre d'ailleurs que ce n'est pas contraire à ce qu'ont constaté les « fils qui voient tout » et le « micro-onde à cerveau » et qu'encore une fois, c'est l'être humain, forcément imparfait, qui a fait dire à la machine ce qu'elle n'avait pas dit..


    Tags Tags : , , , ,
  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :