• L'Archicahier de Réussite... professionnelle !

    L'Archicahier de Réussite... professionnelle !

    Dans l'article précédent, je vous ai raconté comment, après avoir écrit un Anticahier de Réussite, je m'étais rendu compte que celui-ci ne pouvait intéresser qu'un professeur des écoles.

    En effet, cette évaluation que je condamne pour les « moins de sept ans », même si on la déguise en auto-évaluation des réussites (choisies par les adultes) peut très bien en revanche se concevoir pour leurs enseignants.

    • « Ai-je bien fait tout ce qui était en mon pouvoir pour qu'ils réussissent ?... »
    • Ai-je dégagé les priorités et vu la lune là-bas, très loin, plutôt que le bout de mon index, là, sous mon nez ?... »
    • « Ai-je choisi le bon rythme pour présenter telle activité intégrée dans ma progression ?... »
    • « Suis-je réaliste quand je programme tel album à leur lire, tel poème à leur faire réciter, tel chant, telle composition plastique, telles découvertes sur le vivant, la matière et les matériaux ?... »
    • « Suis-je efficace et vais-je dans le bon sens lorsque je leur propose telle récitation, telle copie de nombres ou de lettres, telle manipulation orale de syllabes ou de phonèmes ?... »

    Tout le monde se pose ce type de questions, même après des années de carrière, tout le monde tâtonne, s'interroge et se regarde dans le miroir, le soir, en sortant de l'école, pour vérifier si tout s'est bien déroulé « comme il faut»...

    C'est d'ailleurs dans ces moments-là, et seulement là, qu'il convient de se préoccuper du sort d'Anselme, Bilal, Cherry, Donovan et les autres. Pour soi, pour aller plus loin avec chacun d'entre eux, pour SE pointer les faiblesses de l'un, les richesses de l'autre et ainsi modeler, concocter, tisser, sculpter une ambiance de classe, une fricassée d'activités, de jeux, de situations dans lesquelles toutes ces faiblesses s'appuieront sur toutes ces richesses pour que chacun progresse, à son rythme, mais sans défaitisme, et qu'en définitive, sauf cas très lourd victime de la loi Montchamp, tous y arrivent, d'Anselme à Zébulon, en temps et heures prévus !

    Parce que ce n'est pas si compliqué que cela, finalement, ce qu'on leur demande, à nos petits, dans ces « Attendus de fin de cycle » aux énoncés pompeux. La plupart d'entre eux, se font au fil du courant, du matin quand les enfants arrivent au soir quand ils repartent, quel que soit le « domaine » alors inscrit à l'emploi du temps.
    Très peu exigent une progression, ce sont ceux que je réserverai quant à moi à la Grande Section[1], et tous peuvent être travaillés à différents niveaux en même temps, aussi bien par l'enfant précoce qui parle comme un livre que par le petit migrant, fraîchement débarqué d'un canot de sauvetage.
    Certains, pour être efficaces, non seulement peuvent mais doivent être travaillés par tous en même temps, de façon à ce que faiblesses et richesses se combinent et créent une dynamique qui propulsera tout le monde bien plus loin, bien plus haut, bien mieux surtout que si on avait cantonné ses élèves dans des groupes indépendants et qu'on s'était efforcé de cloisonner les apprentissages de chaque groupe à la petite sphère de ses membres.

    Pour simplifier la tâche de ceux qui veulent une maternelle bienveillante et naturelle, sans évaluation, déguisée ou non, et qui considèrent que ce n'est pas l'enfant qui a des comptes à rendre quant à sa réussite mais l'adulte dont la profession est de l'aider à grandir, à progresser, à prendre conscience du monde qui l'entoure, à nouer des relations constructives avec ses pairs et le monde des adultes, j'ai transformé l'Anticahier en Archicahier.

    Finis les « Je, je, je, je...», la Cursive Standard, l'emballage alibi d'un pressbook dans lequel les familles chercheront les photos de leur enfant sans lire une ligne de tout ce gloubi-boulga indigeste[2]... Cette fois, je m'adresse à des grands, des professionnels, qui ont appris à parler le pédagol dans le texte et savent ce qui se cache derrière ces phrases bizarres qui ne leur en imposent plus.

    J'ai procédé par tableaux, en séparant les domaines bien que des liens existent, nombreux, et qu'il conviendrait d'être plus synthétique... La dernière colonne est vide, elle permettra à chacun d'y noter sa progression, ses outils, ses méthodes et techniques.

    La première colonne, ACTIVITÉS PERMANENTES, est selon moi la plus importante : c'est elle qui détermine l'ambiance de la classe et le rôle qu'y joue l'enseignant, celui d'un artisan à l'affût de tout ce qui peut faire sens, tout ce qui permet d'aider l'enfant à grandir et à se construire, à longueur de journée, selon ses forces.
    Pour bien faire, son contenu devrait être profondément connu, jusqu'à être constitutif de son attitude en classe, et être l'objet d'interrogations constantes, à longueur de journée, pour vérifier qu'à chaque moment, on est bien en train de favoriser « une expression dans un langage syntaxiquement correct et précis »,  « une communication avec les adultes et entre pairs par le langage, en se faisant comprendre », si notre attitude et les activités que nous menons encourage tous nos élèves à « élaborer des stratégies pour viser un but ou un effet commun » et  à « adapter leur geste à l'outil utilisé »...

    La deuxième, ACTIVITÉS QUOTIDIENNES OU HEBDOMADAIRES, est à croiser avec son emploi du temps et permet de le jalonner. On pourra, de temps en temps, la relire avant de préparer sa classe pour voir si, insidieusement, on n'a pas commencé à favoriser tel domaine, dans lequel on est plus à l'aise, plutôt que tel autre, pour lequel on n'a pas trop d'idées ou si telle activité, qui nous convient bien, ne prend pas trop de place par rapport à telle autre, sans doute appréciée des élèves mais plus difficile à mener dans le calme et la sérénité...

    Les activités que j'ai prévues sont suffisamment ouvertes pour s'adapter à tout type de pédagogie, depuis une application stricte des méthodes à la mode depuis 2002 jusqu'à l'ouverture de méthodes inspirées de Freinet (sans les brevets, réservés aux grandes classes de l'élémentaire, pour les préparer au Certificat d'Études, grrrrr !) ou de la pédagogie Reggio, en passant par la méthode Montessori, qu'elle soit ou non revue et corrigée par C. Alvarez, même s'il m'est arrivé de prendre nos rédacteurs des attendus de fin de cycle à leur propre piège et de me servir de leurs consignes pour dénoncer ou contourner des activités qu'ils promeuvent...

    J'encourage vivement les membres de notre hiérarchie, responsables de notre formation professionnelle, qui viennent ici à lire sans a priori comment j'ai articulé les instructions officielles. Qu'ils n'hésitent pas à intervenir, ici ou sur les réseaux sociaux, pour dire ce qu'ils en pensent, réfuter au besoin et justifier leur choix d'une bienveillance différente de celle que je défends. Je ne m'en offusquerai pas et tenterai de leur répondre si j'en suis capable.
    Quelques petits retours de collègues me seraient agréables aussi même s'ils ne sont pas forcément dans l'adhésion béate que nous rencontrons parfois sur certains blogs.

    Pour les collègues des classes supérieures (MS et GS), je compte continuer ce travail prochainement.

    Télécharger « Archicahier de réussite professionnelle PS.docx »

    Dans la même série :

    Anticahier de réussite PS

    MS : Anti et Archi cahiers de réussite.

    GS : Anti et Archi sont dans un bateau

    Notes :

    [1]  Ce sont ceux qui concernent les Apprentissages Fondamentaux Savants (lecture, écriture, comptage et calcul écrits). Voir Pour une Maternelle du XXIe Siècle.

    [2]  Sauf Mme MacMiche qui viendra demander pourquoi nous avons oublié d’indiquer que « Petitou sait situer la rotule, l’astragale et l’épigastre » et M. Lerâleux qui nous reprochera d’avoir étudié telle chanson vieillotte et ringarde que Fillounette déteste plutôt que « Le Petit Bonhomme en Mousse » qu’elle adore…


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  • Commentaires

    1
    Vendredi 28 Octobre 2016 à 13:49

    voilà exactement le genre d'outils que j'aurai rêvé d'avoir mon année de pes en maternelle.

    2
    triplemaîtresse
    Samedi 29 Octobre 2016 à 15:02

    cet outil m'interpelle et me donne envie de le "tester". Fixer des objectifs à l'enseignant, afin qu'il propose des activités cohérentes, s'efforce de les adapter à ses élèves et sache les faire évoluer... voilà qui est fort intéressant. A suivre!

     

    Pour ceux et celles qu souhaitent malgré tout garder dans leurs préparations écrites un côté très institutionnel, on peut ajouter une première colonne, qui reprendrait les termes des programmes...

     

      • Samedi 29 Octobre 2016 à 19:13

        À suivre et à tester ? Pour l'avoir fait pendant des années, c'est un modèle qui fonctionne. Il faut juste être très rigoureux avec soi-même et très souple avec les chemins qu'empruntent les élèves.
        On peut par exemple être amené à trier à l'impromptu engins à gyrophares bleus ou orange  et s'en servir pour amener des élèves de Petite Section à la symbolisation : orange = lent et encombrant ; bleu = rapide et pressé.

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