• IV.1. Quatre niveaux dans la même classe

     

    IV.1. Quatre niveaux dans la même classe

    1. Rentrée des classes

    Quatre niveaux dans une même salle de classe, ce sont des âges s’échelonnant du « presque bébé » au « déjà grand » en maternelle, ou, en élémentaire, de jeunes enfants tout juste alphabétisés côtoyant des lecteurs experts forts de toutes les capacités réflexives qui vont avec !
    Si nous ajoutons à cela des programmes qui semblent n’avoir aucun point commun, nous pouvons mesurer l’ampleur de la gageure.

    Et pourtant elles existent, ces classes... Et pour peu que leurs enseignants n’essaient pas de réinventer tous les jours l’Amérique, pour peu qu’ils aient le courage de faire confiance à leurs élèves et aux collègues qui les ont précédés et enfin s’ils acceptent de croire que c’est en se ménageant qu’ils iront le plus loin, elles tournent bien et même très bien !
    À condition, bien entendu, qu’à leurs difficultés qu’il ne faut pas nier, l’Administration n’ait pas décidé d’ajouter des contraintes liées à un effectif trop important[1] et, cerise sur le gâteau, des injonctions pédagogiques obligeant à appliquer des techniques pédagogiques déjà difficiles à mettre en œuvre dans une classe à simple niveau et devenant carrément impossibles à utiliser à profit dès lors que la classe accueille plus de deux ou trois niveaux.

    Pour le maître qui arrive, c’est essentiellement sur la confiance qu’il devra travailler.
    Confiance en soi, pour poser son autorité professionnelle auprès de sa hiérarchie, de la mairie[2], des familles et enfin, le plus simple et le plus valorisant, auprès des élèves.
    Confiance en ces enfants dont on lui a confié la charge et qui, pour la plupart, seront ravis d’apprendre et de progresser si le « menu » qu’il leur propose est suffisamment copieux et appétant.
    Confiance en ses prédécesseurs qui, pendant des décennies, grâce à des méthodes adaptées à ce type de structure, ont mené ces classes avec des taux de réussite à faire rêver désormais plus d’un professeur des écoles de centre-ville, dans sa classe à simple niveau remplie d’élèves tous du même âge et triés sur le volet...

    Cette confiance, il l’acquerra et la vivra au quotidien :

    • en s’entourant d’outils actuels, pratiques, faciles d’utilisation,
    • en balisant le temps scolaire de manière routinière,
    • en bannissant le sensationnel qui fait mouche à l’extérieur mais épuise maîtres et élèves,
    • en s’appuyant sur l’extraordinaire capacité des enfants à s’engager avec enthousiasme jour après jour dans la voie des apprentissages, simplement parce qu’ils voient les avantages que ces derniers leur procurent.

    Et puisque, grâce à ces méthodes nouvelles, peu exigeantes en matériel à fabriquer, préparations et mise en place, il pourra se ménager et ne plus consacrer à sa classe ses jours et ses nuits, puisqu’il pourra enfin se ménager, ménager sa santé et son entourage, il se sentira bien mieux dans son métier et ses élèves en profiteront.

    Dans la même série :

    Tous les chapitres déjà mis en ligne sont répertoriés dans la Table des matières   évolutive que vous trouverez dans la partie Sommaires.

    Notes :

    [1] Entre 15 et 20 élèves, en Maternelle comme en Élémentaire, c’est le nombre idéal.

    [2] Dont le rôle est très important en milieu rural, où ces classes se situent le plus souvent.


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  • Commentaires

    1
    Cyriaque
    Vendredi 9 Février 2018 à 18:44
    Merci pour ce sommaire qui va tombe à pic ! Je viens d'apprendre que le poste 4 niveaux de mon village (que je convoite depuis mon entrée dans le métier) sera vacant l'an prochain. Je ne sais pas si j'aurai suffisamment de points pour l'obtenir. Et puis j'ai un peu peur, aussi.
    CE1-CM2, pour moi qui n'ai fait que de la maternelle !
    Alors en attendant de savoir, je vais en profiter pour me plonger un peu dans tout ça... Télécharger et organiser toutes les ressources que vous partagez si gentiment. Et (re) lire vos articles !
      • Samedi 10 Février 2018 à 10:04

        N'hésite pas à "resserrer" les niveaux si tu constates que tes élèves ont accumulé les retards les années précédentes. En variant à peine les exigences, de façon à ce que personne ne te tombe dessus "parce que tu fais faire la même chose à tout le monde"...

    2
    Cyriaque
    Samedi 10 Février 2018 à 13:50
    Je ne sais pas si j'aurai le poste... Mais merci pour votre conseil qui me semble très pertinent !
      • Samedi 10 Février 2018 à 14:08

        Si cela se fait, nous pourrons en reparler à la rentrée, si vous voulez.

    3
    Cyriaque
    Samedi 10 Février 2018 à 14:44
    Avec plaisir ! Mais en attendant, comment je pourrais me préparer (ce n'est jamais perdu, de toute façon...) ? Je n'ai enseigné qu'en maternelle. Du coup, je lis votre blog, mais je ne sais pas trop par où commencer. J'ai tous les ouvrages du grip disponibles, ainsi que les vôtres.
      • Samedi 10 Février 2018 à 15:04

        Il vaut mieux ne pas trop préparer et plutôt SE préparer. Les collègues que je vois, dès le début de l'été, prévoir des programmes d'étapes complets comme si, obligatoirement, tous les élèves se ressemblaient et avaient les mêmes connaissances de Dunkerque à Nice, en passant par Brest et Strasbourg, sans oublier Mende ou Font-Romeu, me font toujours beaucoup de peine, car c'est pour moi le signe qu'ils croient que, comme le disque dur de leur ordinateur, les enfants qu'ils accueilleront vont tout gober du premier coup et correctement qui plus est.

        Lire des livres de pédagogie et compulser des manuels de classe, chercher ceux qui nous conviennent et les compulser longuement pour les connaître déjà bien avant même que de les avoir ouverts avec des élèves, penser à l'agencement des locaux, au matériel qui nous semble indispensable, utile, superflu mais agréable, totalement inutile, écrire un emploi du temps très répétitif tenant compte des particularités locales (y a-t-il une salle de sport accessible ? à quelles heures ? les transports scolaires risquent-ils d'écourter la première séance de la journée ? les enfant sont-ils dans l'école pendant la pause méridienne ? etc.), préparer les piles de cahiers, les livres, le matériel individuel et collectif, c'est déjà beaucoup.

        Après, on peut prendre les manuels choisis et voir quel est leur nombre de pages. On le divise par 5 pour savoir où on devrait vraisemblablement en être lorsque les premières vacances commenceront.

        Ce chiffre, qu'on garde pour soit, mais dont on se sert pour rédiger ces fameuses progressions qui ne servent à personne, va nous permettre de voir combien de pages nous devrons faire par semaine, puis par jour.

        Cela nous permet de préparer tout au plus les deux premiers jours de classe, en prévoyant du "très léger", histoire de remettre les cerveaux en route, tout en sachant qu'il est possible que le premier soir, on soit déjà obligé de corriger la seconde journée...
        Le lendemain soir, on corrige le planning de deuxième journée et on coche ce qui a été fait dans chaque manuel. Le surlendemain, avec un peu de chance, c'est mercredi, ce qui fait que le deuxième soir, on a peu à préparer. Et ainsi de suite, jour après jour, plutôt que deux jours par deux jours dans un premier temps, et on optimise le temps passé à la maison ou seul dans sa classe, gardant son énergie pour les 5 h 30 à passer avec les enfants.

        C'est ce que j'ai toujours fait, jusqu'au moment de l'année où je devenais capable de préparer deux jours d'affilée et même, plus tard, une semaine entière.

    4
    Cyriaque
    Samedi 10 Février 2018 à 15:34
    C'est vraiment intéressant ! Ce qui me fait peur, c'est que mon choix de manuels me soit reproché. Et s'ils sont trop difficiles pour mes élèves ? J'aimerais utiliser ceux du grip et ceux que vous proposez en téléchargement.
    J'ai aussi peur de l'autorité (en maternelle, je me débrouille, mais en élémentaire ?).
    L'avantage énorme serait que j'aurais au plus 30 secondes de trajet entre l'école et chez moi...
    Merci d'avoir pris le temps de rédiger cette réponse détaillée.
      • Samedi 10 Février 2018 à 15:42

        Tout dépend du nombre d'élèves et de leur niveau. Dans certaines écoles, le niveau est si faible qu'utiliser ce genre de manuels n'est possible qu'en cachant la couverture et en donnant la série du niveau en-dessous ou même deux ans en-dessous pour qu'ils puissent suivre.

        Quant à l'aval de l'institution, au moins en mathématiques, vous devriez l'avoir si j'en crois les articles parus dans les journaux au sujet des expérimentations menées par le ministère l'an prochain.

    5
    Cyriaque
    Samedi 10 Février 2018 à 16:32
    L'an prochain, ils seront normalement 5 CM2, 5 CM1, 4 CE2, 7 CE1, soit 21. Il y aura 6 CP, et je ne sais pas dans quelle classe ils les mettront (je ne sais pas combien d'entrées en PS ils prévoient ; jusqu'à présent, les CP ont toujours été en maternelle depuis que la 3ème classe a fermé, mais cette année, ils sont quand même 29 PS-CP, avec 1/3 de PS...).

    Pour le niveau, je ne sais pas, mais je trouve la maîtresse de maternelle-CP vraiment très bien.
    Pour la classe élémentaire, ils ont enchaîné pas mal de remplaçants (que j'ai trouvés très bien aussi).

    Si j'avais cette classe, je pourrais peut-être utiliser le GRIP pour le premier niveau et rajouter un niveau chaque année ?

    Ce n'est normalement pas une école très demandée, mais il suffit que quelqu'un ait plus de point que moi, ou bien un des fameux voeux de zone qui coince les gens là où ils ne veulent pas être...
      • Samedi 10 Février 2018 à 19:57

        21, c'est bien, mais 27, c'est énorme.

    6
    Cyriaque
    Samedi 10 Février 2018 à 20:07
    C'est clair que j'espère de tout mon coeur qu'ils les laisseront en maternelle !
    7
    Cyriaque
    Samedi 17 Mars 2018 à 13:02

    J'ai bien l'impression que ça se dirige vers ça... Un enfant pourrait aller en CLIS et un autre redoubler. 7 PS sont attendus. Ca donnerait donc :

    - 23 PS/MS/GS (7 PS, 11 MS = groupe très dur, 5 GS)

    - 26 CP/CE1/CE2/CM1/CM2 (6 CP dont 2 très bons, a priori pas de gros souci style comportement), 7 CE1, 5 CE2 dont un maintien (si accepté : acquisitions lentes, enfant de fin d'année DYS), 3 CM1, 5 CM2 (dont un enfant très difficile au niveau comportement : dans l'opposition, refus de travailler, mais sans violence).

    Sachant que l'enseignant de maternelle pourrait décloisonner avec les CP. D'ailleurs, qu'en pensez-vous, en ce qui concerne la possibilité de décloisonner ?

    Je ne pense pas que l'école s'oriente à nouveau vers une maternelle/CP et une élémentaire à 4 niveaux comme c'est habituellement le cas, car le groupe de 11 PS était très difficile à gérer cette année. Sinon, ça ferait 29 PS-CP et 20 CE1-CM2.

     

     

      • Samedi 17 Mars 2018 à 13:21

        Je ne suis pas forcément "pour" les décloisonnements, mais dans ce cas, ça me paraît une bonne idée.

        L'après-midi, quand les Petits et peut-être une partie des Moyens sont couchés, la collègue de maternelle pourrait récupérer les CP (ou les CP/CE1 ?) pour les activités mathématiques et Questionner le Monde, par exemple.

        Ça donnerait en plus l'occasion aux GS de faire des choses intéressantes avec des plus grands plutôt que de n'avoir que la "stimulation" d'une bande de MS "casse-pieds"...

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    8
    Cyriaque
    Samedi 17 Mars 2018 à 13:27

    Et pour la lecture, il vaut mieux qu'une seul enseignant soit en charge ou ce n'est pas grave ?

      • Cyriaque
        Samedi 17 Mars 2018 à 21:48
        Oui, je pense aussi que le mieux, c'est comme vous disiez pour les maths et questionner le monde. J'ai passé la journée sur votre blog, une vraie mine d'or, merci pour tout ça !
    9
    Cyriaque
    Samedi 17 Mars 2018 à 13:31

    Merci beaucoup. L'école fonctionne pas mal avec décloisonnement pour le cycle 2. Bon, reste à obtenir le poste... :)

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