• En file indienne ! Et pas une tête qui dépasse !

    Quand ça fait plaisir et puis qu'ça débarrasse !

    Avez-vous eu vent de la modification de l'article D321-6 du Code de l'éducation ? Moi non... Pour l'instant, rien dans le BOEN, rien de la part de ma hiérarchie... Il faut dire qu'apparemment, cette modification, toute récente puisque publiée le 21 novembre 2014, était déjà actée par les DASEN et IEN dans nombre de départements.
    Pour moi, c'est nouveau. Figurez-vous qu'après la commission d'appel en cas de refus des familles, qui nous avait déjà méchamment dépossédés de notre statut d'expert de l'enfant en milieu scolaire, voici que désormais...

    Citation : A titre exceptionnel, le redoublement peut être décidé pour pallier une période importante de rupture des apprentissages scolaires. Il fait l'objet d'une phase de dialogue préalable avec les représentants légaux de l'élève. La décision de redoublement est prise après avis de l'inspecteur de l'éducation nationale chargé de la circonscription du premier degré. 

    Voilà... Déjà que mon Aimé-qui-aimait-la-maîtresse (et qui grâce à cela avait appris à lire, à écrire et à compter pendant son CP) galère comme un malade au CE2 et perd toute estime de soi devant la montagne qui se dresse devant lui... Tout ça parce qu'une gloriole mal placée d'adultes endoctrinés par une trentaine d'années de désinformation l'a empêché d'aller son train de sénateur ! Avec de décret-là pour compléter, c'est le bouquet... Comment voulez-vous qu'une personne qui ne l'a pas vu au quotidien et qui est pressée par sa hiérarchie de faire du chiffre puisse imaginer les souffrances d'un petit bonhomme contraint à grandir trop vite, à grands coups de pilules vitaminées et d'étirements en cage de contention ?
    Si vous saviez comme je regrette de l'avoir embouqué de force[1], ce petit bonhomme qui ne parlait pas encore à 4 ans et qui avait besoin de dix fois plus longtemps que ses copains pour assimiler une notion, un mot nouveau ou le sens d'un concept ! Si vous saviez comme je m'en veux de l'avoir pris en Aide Personnalisée 60 heures au cours de son CP puis en APC - fonction soutien scolaire, 36 au cours de son CE1 !
    Je le savais que c'était du "plaqué en toc", ce que je faisais. Je me rendais bien compte que ce dont il avait besoin, le petit Aimé, c'était d'un peu plus de temps et d'un peu plus de maturité et pas seulement d'un peu plus d'acharnement quotidien...
    Il ne s'agissait pas d'un petit chevreau destiné à la boucherie que l'on souhaitait voir grossir au plus vite afin de récupérer le lait de la mère pour la fromagerie.
    Il s'agissait d'un enfant au développement intellectuel moins rapide que celui de ses camarades. Le temps dont il avait besoin n'aurait pas dû se compter en heures quotidiennes de gavage (même ludique !) mais en année scolaire de répit...
    Et tout son drame vient de là ! Comme le drame de centaines d'enfants qu'on envoie chaque année au casse-pipe avec, comme le propose le décret, un dispositif d'aide placebo qui rassure les familles et désespère enfants et vrais experts, ceux qui les suivent au quotidien dans leurs salles de classe.

    Citation : Au terme de chaque année scolaire, le conseil des maîtres se prononce sur les conditions dans lesquelles se poursuit la scolarité de chaque élève. Lorsqu'il s'avère nécessaire, un dispositif d'aide est proposé.

    Vous voulez que je vous en donne un efficace, de dispositif d'aide pour les petits canards boiteux qui perdent pied dès qu'on les presse ? C'est du temps qui passe... Un temps long qui leur permettra de s'assurer avant de risquer une palme dans l'eau, tranquillement, sans risquer la noyade !

    En file indienne, les variables d'ajustement !

    Et des preuves, j'en ai ! Assez peu finalement... parce qu'ils ne sont pas si nombreux, ces enfants-là. En 40 années de carrière en École Primaire (deux à onze ans), j'ai dû faire redoubler une quinzaine d'enfants tout au plus. Cela ne fait même pas quatre enfants sur 200 à 250 par décennie.
    Des cas lourds, d'abord... quatre qui, grâce à ce redoublement, ont pu se sentir un peu plus à l'aise au milieu d'enfants qui avaient à peu près les mêmes jeux, les mêmes intérêts, la même façon d'appréhender la vie qu'eux. L'une est allée directement en classe de perfectionnement (c'était à l'époque où la France était encore assez riche pour considérer qu'il fallait donner plus et mieux aux enfants trop différents pour être à l'aise dans une classe de 25 élèves suivant un programme scolaire exigeant sans trop d'anicroches), l'autre a suivoté jusqu'en 6e SEGPA et est actuellement en MFR[2] où elle prépare un CAP agricole... Quant à la troisième, je crois qu'elle a aussi passé un CAP et qu'elle vit sa vie d'adulte à son rythme. En tout cas, je n'ai jamais entendu dire, alors que sa famille vit près de chez moi, qu'elle ait désespéré au point de rater sa vie totalement. Le quatrième, enfant testé par le psychologue scolaire comme ayant trois ans et demi d'âge mental à l'issue de la Grande Section, aurait dû aller en CLIS, mais il n'y avait pas de place pour lui. Il a échoué dans un CP où il a joué les utilités en fond de classe... Je l'ai ensuite perdu de vue, la famille ayant (encore une fois) déménagé.

    Les autres cas, moins difficiles que ces quatre-là, ont tous, sauf un (mon fils), vraiment tiré profit de ce redoublement en tout début ou en cours de scolarité élémentaire. Certains ont continué une scolarité moyenne mais sans gros décalage et ont opté après la Troisième pour des filières courtes (CAP, BEP).
    D'autres ont repris tranquillement, sans difficultés, le cursus commun ; il s'agissait souvent des enfants jeunes, nés en toute fin d'année scolaire, parfois porteurs d'un handicap sensoriel qui, une fois connu et parfois corrigé, n'a plus été invalidant. Pour un ou deux d'entre eux, il s'agissait d'enfants issus de milieux très défavorisés où on ne leur parlait que très peu.
    Parmi ceux-ci, je recense une infirmière libérale, un animateur de club équestre, deux chefs d'exploitation agricole, un conducteur de travaux publics, un pâtissier, un mécanicien moto...

    Le dernier de ce groupe d'enfants, l'ami Doudou, est actuellement au CE1, dans ma classe. C'était le copain d'Aimé et, comme lui, après une GS difficile, un CP au forceps, il ramait l'an dernier au CE1.
    La lecture ne s'automatisait pas, l'écriture était déplorable, l'orthographe lexicale restait phonétique, les règles de grammaire demeuraient opaques. Tout ceci a été dûment constaté dans un bilan orthophonique catastrophique diagnostiquant une grave atteinte des fonctions de l'enfant, déclaré incapable de progrès en écriture-lecture sans une prise en charge lourde.
    En mathématiques, c'était encore pire. "Aucune capacité d'abstraction", a décrété le médecin scolaire qui, en plus de la prise en charge orthophonique, a demandé des prises en charge  orthoptique, psychologique et cognitive au CMP le plus proche...
    Parallèlement à tout cela, le comportement se dégradait. Avec son pote Aimé, il virait à la terreur des bacs à sable, susurrant des grossièretés aux copains, même beaucoup plus âgés, et se cachant derrière les arbres pour mener des razzias éclairs au milieu du terrain de foot, dans le coin des échanges de cartes Pokémon ou dans la fabrique à bracelets en élastiques. L'insolence et les ricanements n'étaient pas loin et, en fin d'année, lorsque le départ d'Aimé a été décidé, les parents ont dû être alertés afin qu'ils redressent un peu la barre.

    La famille, au début rétive au redoublement, l'a accepté suite à la lourdeur de la prise en charge en orthoptie (diagnostic de grave dyspraxie visuelle). L'enfant manquait deux demi-journées par semaine, il n'allait donc pas pouvoir suivre les apprentissages communs...
    Au mois d'avril, j'ai profité de cet état de faits pour faire discrètement glisser le bureau de Doudou vers le coin des CP. Petit à petit, je lui ai proposé de suivre certaines activités des CP qui lisaient encore lentement mais déjà couramment, comme lui.
    Le petit bonhomme a tout de suite accepté ! Lui, la gloriole mal placée des adultes, il s'en fichait. Ce qu'il voulait, c'est être à l'aise et pouvoir redorer son blason bien écorné par presque trois années de difficultés scolaires récurrentes. Et puis, au niveau de l'âge, né prématuré à la fin novembre de l'année civile dévolue[3] aux programmes scolaires de la file indienne "CE1 - cuvée 2013/2014", il était bien plus proche de Dania, P'tit Lolo et Plus-Vite-Que-Son-Ombre, nés au premier trimestre 2008 que de Oui-Oui, Mafalda et Malicia, ses aînés de presque une année entière !
    Les parents, avertis par leur fils qui recommençait à leur raconter l'école et à parler de ce qu'il avait su faire, ont commencé à comprendre que tout ce qu'ils avaient entendu dire sur la perte d'estime de soi de l'enfant "rétrogradé" n'était peut-être pas aussi systématique que cela.

    Cette année, leur Doudou fait réellement un vrai CE1 de vrai élève. Son grave handicap orthophonique a presque totalement disparu. Il adore... les dictées... et particulièrement les mots difficiles comme longtemps, maintenant, aujourd'hui. Il prend la parole sans arrêt pendant les leçons de grammaire. Il se régale à signaler les accords en genre et en nombre des noms et des adjectifs et est devenu imbattable pour donner la personne et la terminaison d'un verbe.
    Figurez-vous qu'il commence même à avoir des réponses mathématiques bien qu'il ne sache pas encore toujours formaliser l'opération qui lui a permis de les obtenir. Vendredi, par exemple, il savait que maman avait besoin de 5 billets de 5 euros pour payer les 25 euros qu'on lui demandait mais il avait oublié que c'était l'opération "En 25, combien de fois 5" qui matérialisait cette recherche.
    En tout cas, nous sommes bien loin du petit garçon qui, perdu dans un monde conceptuel bien trop grand pour lui, additionnait immanquablement tous les chiffres du problème et répondait Il y a 12 à ce type de problème l'an dernier[4] !
    Du coup, les parents, convaincus, ont décidé d'attendre un peu pour faire suivre la rééducation orthoptique (qui s'est miraculeusement arrêtée vers le 15 septembre 2014) par la rééducation orthophonique. Quant à moi, je bagarre pour essayer d'obtenir que Loulou arrête de s'endormir, épuisé, vers 23 heures, et bénéficie enfin de longues nuits de sommeil réparateur[5]. Je suis sûre que cela réglerait très vite les derniers décalages qui subsistent...
    Son année de naissance, il s'en préoccupe fort peu et c'est tout uniment, sans aucun regret dans la voix, que le jour de son anniversaire, il nous a informés de sa date de naissance, nous prouvant par sa remarque que ses capacités d'abstraction sont en train de naître : "Moi, je suis né en 2006. Le ... novembre 2006. Alors, je vais avoir 8 ans, parce que 2006 + 8, ça fait 2014."

    Ce cas - unique, hélas, me reprocheront certains de mes lecteurs... Encore heureux, vous ne voudriez pas que tous les enfants soient contraints à grandir trop vite, non ? - nous prouve bien que c'est du côté des adultes qu'on ne veut voir qu'une tête, sans aucune oreille qui dépasse.

    Les enfants, eux, ce qu'ils demandent, c'est d'être bien là où ils sont. Ils aiment apprendre et progresser, du moment où ce qu'on leur propose ne dépasse pas trop ce qu'ils sont déjà capables de faire.
    Quant au "traumatisme", il n'existe que si l'entourage le provoque par son inquiétude, ses soupçons, son tableau trop noir de la situation. Il est évident que si l'on chante à un enfant sur tous les tons qu'il va perdre ses copains, s'ennuyer à recommencer la même chose ou se sentir dévalorisé et rejeté, il ne peut pas se sentir confiant et prendre cette remise à niveau, car c'est bien de cela qu'il s'agit, de manière positive !

    La classe idéale à faire en deux années au lieu d'une pour Doudou et Aimé aurait sans doute été la Grande Section. Ah, stop ! Je m'arrête tout de suite :

    Citation : Aucun redoublement ne peut intervenir à l'école maternelle, sans préjudice des dispositions de l'article D. 351-7.

    Trop tard pour les futurs Doudou ! Ils iront au casse-pipe au CP et se paieront orthophonistes, orthoptistes, orthosomnistes et autres alors qu'il aurait suffi d'attendre qu'ils atterrissent tout doucement sur Terre, au milieu de nouveaux camarades dont l'âge affectif ou mental correspondaient au leurs !

    "Je ne veux voir qu'une tête" a décidé le législateur. Un enfant qui échoue restera désormais au milieu de ses camarades dotés de manière plus standard qu'eux et ajoutera au traumatisme de cette différence qu'il perçoit celle d'avoir un régime particulier... "Coucou, mes petits élèves ! Aujourd'hui, vous allez écrire à vos camarades sur Twitter ! Sauf Bibi qui lui, fera un coloriage... N'est-ce pas, Bibi ? Ta lettre, toi, tu me la dicteras pendant l'APC... Et cet après-midi, pendant que Bibi ira avec Nono, le maître du RASED, nous regarderons la vidéo sur les grenouilles. Mais ce n'est pas grave, Bibi, tu reviendras juste à l'heure pour copier les leçons et comme toi, tu ne les copies pas, je te raconterai la vidéo pour que tu puisses suivre son exploitation demain matin avec la dame qui vient nous en parler..."
    Et il ne pourra effacer les compteurs à la fin de l'année où il a donné des signes de noyade que si celle-ci est due à des absences prolongées... Personne n'a dit au législateur que les enfants en souffrance n'amènent plus à l'école que leur enveloppe charnelle ? Et que leur absence cognitive et affective est plus que prolongée.
    Désormais nous devrons attendre qu'ils deviennent "décrocheurs" pour les plaindre et traiter le problème.

    Génial, non ? Et tellement à l'écoute des besoins réels de l'enfant, n'est-ce pas... C'est pourtant bête comme chou. L'égalité de traitement ne peut pas correspondre à l'égalité des chances, bien au contraire.
    Le vrai courage serait de permettre à chaque enfant d'avancer à son rythme, dans le cadre de programmes scolaires (puisque notre métier, c'est l'enseignement) égalitaires et égalisateurs des chances.

    Celui qui avance lentement, on lui octroie du temps parce qu'on sait que ce temps perdu, c'est du temps et de l'argent gagné. Son année supplémentaire (ses deux parfois,...) lui évitera le plus souvent tous ces troubles occasionnés par la perte de confiance, la mésestime de soi ou tout simplement l'immaturité sensorielle et cognitive.
    Et ceux qui avancent vite, comme mon petit Beppino, 5 ans 2 mois, qui caracole sur les programmes du CP sans aucune difficulté, on leur permet de brûler quelques étapes au passage... Euh non, les vrais experts que nous sommes n'en prononceront qu'une seule ont décrété les rédacteurs du Code de l'éducation, plus, cela doit dépendre de celui qui ne voit jamais les élèves :

    Citation : Le conseil des maîtres ne peut se prononcer que pour un seul raccourcissement de la durée d'un cycle durant toute la scolarité primaire d'un élève. Toutefois, dans des cas particuliers, il peut se prononcer sur un second raccourcissement, après avis de l'inspecteur de l'éducation nationale chargé de la circonscription du premier degré.

     Tant pis pour ceux qui, comme mon Lolo, né en janvier, après avoir sauté la Moyenne Section, puis le CE2, obtenaient avec deux années scolaire d'avance une mention Très Bien au baccalauréat et entraient brillamment en classe préparatoire (là, c'était juste pour me faire traiter d'élitiste par les mal-comprenants... j'adore les gens qui ne lisent que ce qu'ils ont envie de lire) !

    Alors, chiche, on le revoit ce décret ? Et on ose expliquer aux familles que, dans le cadre de la Refondation de l'École, en raison de leur expertise en ce domaine, ce seront désormais les Professeurs des Écoles qui, réunis en conseil de ce que vous voulez, ajusteront au plus près la scolarité de chaque enfant, en fonction de ses besoins réels, sans aucune condition d'âge civil.
    Et si on décrétait, au sens législatif du terme, qu'afin de rendre cette adaptation à l'enfant encore plus profitable, désormais aucune classe à un seul niveau ne doit dépasser 25 élèves et que cet effectif doit être réduit de 5 élèves par niveau supplémentaire au sein de la classe, ce serait presque parfait !

    Parce que là, pour le moment, l'égalité, la vraie, elle me fait plutôt penser à ça (pas de point Godwin, s'il vous plaît, c'est la chanson que je cite) :

    [1] Terme employé par les éleveurs de Drôme Provençale lorsque, devant un agneau ou un chevreau trop faiblards pour téter, ils lui enfournent la tétine du biberon de force dans la gueule et l’obligent à avaler le contenu du biberon aussi souvent que nécessaire pour que le petit démarre et soit capable de téter seul sa mère.

    [2] Maison Familiale Rurale

    [3] Savez-vous que jusqu’à la fin des années 1940 environ, les enfants nés entre le 1er octobre et le 31 décembre de l’année civile n’entraient pas au CP l’année de leur sixième anniversaire ? C’est même de cela qu’est née la légende des 30 % de redoublants ! http://skhole.fr/une-erreur-malencontreuse-retards-scolaires-et-r%C3%A9formisme-%C3%A9ducatif-des-ann%C3%A9es-soixante-dix

    [4] Bah oui : Quand les données numériques sont 25 et 5, et qu’on ne comprend rien, mais alors rien à ce qui peut préoccuper les foules, cela donne 2 + 5 + 5, soit exactement 12, bande d’ignares !

    [5] Tiens ça, c’est une idée de métier d’avenir : rééducateur du sommeil ! "Mon petit est dys-somnique, c’est le docteur qui l’a dit !"
    Je suis sûre qu’après deux ou trois sujets aux infos de TF1, à l’émission Les Maternelles ou à  « J’ai des soucis avec mes enfants et je tiens à ce que le monde entier le sache », les officines ne désempliraient plus.


  • Commentaires

    1
    Magali GAUBERT
    Dimanche 23 Novembre 2014 à 13:18

    Un article de la sociologue Nathalie Bulle, qui va dans votre sens :

    skhole.fr/de-la-politisation-de-l’éducation-l’exemple-du-redoublement‎

     

    2
    Dimanche 23 Novembre 2014 à 16:04

    que des remarques de bons sens! Et je signe pour ta proposition de modification de décret.

     

    3
    Marc
    Dimanche 23 Novembre 2014 à 17:29

    Je ne suis pas enseignant. Je n'y connais donc pas grand chose.Mais que de bon sens et d'humanité là dedans.Chapeau bas, Madame.

    4
    Padre P. Lucas
    Dimanche 23 Novembre 2014 à 17:49

    Merci à Magali Gaubert de passer par ici pour nous rappeler cette très bonne référence.

    5
    Lundi 24 Novembre 2014 à 18:10

    La différenciation, avec des moyens, un réel accompagnement des enfants les moins favorisés suivi d'un retour en classe au milieu de ses camarades en pleine et entière possession de ses moyens, pourquoi pas ?

    Mais ce n'est pas ce qu'on nous propose, loin de là...

    Ceci dit, je suis persuadée que le groupe-classe a des vertus d'aide et de soutien qu'on néglige énormément depuis quelques années en raison de la différenciation des parcours. Le groupe-classe en tant qu'entité, rassemblé autour du maître, pas le travail de groupes éclatés.
    Vous savez, un peu comme les petites fourmis qui, toutes ensemble, sauvent la fourmilière en s'associant et conjuguant tous leurs efforts. Mais ça, ça doit être un vieux reste de collectivisme mal mouliné par la machine à fabriquer des consommateurs individualistes... Je suis horriblement obsolète, je le sens !

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    6
    Bang
    Lundi 24 Novembre 2014 à 19:37

    Tout de même, quand je parle avec des gens de ma génération, quel que soit leur pays d'origine, j'entends souvent: qu'est ce que j'ai pu m'ennuyer à l'école quand il fallait attendre les autres ânonner alors que je lisais couramment depuis plusieurs années, ou à l'inverse: j'étais totalement largué en maths et je n'ai jamais pu me raccrocher au train.

    La différenciation telle que je la vois en pratique: les enfants sont testés en long et en large la première semaine et placés dans un des 4 groupes d'orthographe et de maths et un niveau de lecture (16 niveaux de lecture dans l' Oxford Reading Tree qui est suivi dans la plupart des écoles anglophones de Year 1 à Year 7). Dans la classe de ma fille, les niveaux de lecture vont de 3 pour le plus faible à 11 (pour ma fille :) ).

    En orthographe, selon leur niveau, ils n'ont pas les mêmes listes de mots ni les mêmes dictées toutes les semaines. En maths, il y a des devoirs ludiques (oh l'horrible mot) sur ordinateur où la maîtresse paramètre un niveau de difficulté différent suivant les enfants: tel enfant devra rechercher les multiples de 9 alors qu'un autre sera toujours sur les doubles. 

    En Year 3 (équivalent CE1), les enfants qui en ont besoin font encore du "jolly phonics" le matin (équivalent de BM) mais quel ennui ce serait pour les enfants qui lisent totalement couramment!

    En classe, les enfants sont installés en ilôt mais les groupes sont mélangés. Les forts sont répartis dans toute la classe, ce qui créée une émulation saine dans chaque ilôt.  Il y a des contrôles et des notes sur 10 fréquentes, donc on ne nage pas dans le pédagogisme béat et beaucoup de devoirs écrits.

    Pour l'instant je suis assez conquise par ce système. Ma fille a passé quelques mois dans un système sans différenciation, elle n'y a absolument rien appris et s'est ennuyée. Alors oui, on peut sauter une classe, mais pourquoi les enfants plus rapides devraient-ils forcément être plus jeunes, ce qui pose souvent des problèmes en sport par exemple ?

    Sinon, merci de parler des problèmes de rééducation orthoptique. Bien des enfants, dont certains de ma connaissance, ont perdu des années (et de la confiance en soi pour le coup) avec un faux diagnostic de dyslexie quand il s'agit de dyspraxie visuelle qui peut se rééduquer en quelques mois. 

    7
    poirple
    Mardi 25 Novembre 2014 à 15:33

    Merci pour ce post. je suis peut-être trop sensible mais j'ai eu la larme à l'oeil en vous lisant! 

    Du bon sens, de la rigueur, de la bienveillance ( pas l'apitoiement dévoyé des pédagogos), du temps (il faut du temps pour instruire comme pour faire du bon pain) et un retour aux fondamentaux, voilà ce qu'il manque à l'EN.

    Madame NVB devrait prendre le temps de vous lire malgré son emploi du temps de ministre hyper chargé...

     

     

     

    8
    Mardi 25 Novembre 2014 à 18:00

    Merci beaucoup, Poirple ! sarcastic

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