• École mixte, couple mixte, méthode mixte...

    École mixte, couple mixte, méthode mixte...

    Quand j'étais toute petite, je suis allée à l'école maternelle, d'abord à Joinville-le-Pont puis à Saint-Cloud.

    C'étaient des écoles mixtes, c'est-à-dire qu'en classe et dans la cour, nous étions mélangés filles et garçons et que, tous ensemble, nous jouions, bavardions, dessinions, fabriquions (la massue de Mowgli en argile, pour la fête des mamans, un grand moment !), chantions, faisions la ronde et apprenions à écrire, à lire et peut-être à compter, mais ça je ne m'en souviens plus du tout, du tout.
    Ensuite, je suis allée à l'école de filles, à Saint Cloud, puis à Massy, et les garçons étaient dans l'école d'à côté. Nous ne rencontrions jamais, pour aucune activité. Sauf l'année où, au troisième trimestre, une classe supplémentaire a dû être créée. Là, on nous regroupa moitié filles, moitié garçons, dans une salle de classe. Chacun sa rangée. Aux récréations, le rang des filles descendait, par la porte du fond, côté filles vers la cour des filles et celui des garçons faisait de même, mais côté garçons, par la porte près du tableau.
     Cependant, en classe, il ne me semble pas que la maîtresse ne faisait pas participer et étudier seulement les garçons tels jours et seulement les filles tels autres.

    J'ai retrouvé la mixité au collège Blaise Pascal, à Massy, en 1967/1968. Si, pour une année encore, la dernière, il y avait en classe la rangée des filles et celles des garçons, toutes les activités scolaires, sauf l'EPS et les Travaux Manuels, étaient mixtes. Les réflexions des filles enrichissaient celles des garçons et vice-versa.

    On m'a raconté qu'au Haut Moyen-Âge, certains savants européens débattaient pour savoir si l'enfant qui naîtrait de l'union d'un couple mixte, blanc et noir, aurait la peau à rayures ou à damier... 

    Depuis, tout le monde sait que ce n'est pas le cas et que la progéniture issue de la mixité d'un couple est un mélange complet dans lequel l'enfant prend la moitié du capital génétique de chacun des deux parents.

    Tout le monde, oui... Sauf... les auteurs de certaines méthodes qu'ils qualifient pourtant de mixtes.

    Pour eux, la mixité est celle des enfants à damiers ou à rayures des auteurs anciens. À moins que ce ne soit celle des débuts de l'École Publique dans certaines régions et certains villages. 

    C'étaient des lieux où, contrairement à mon école maternelle, et pour faire encore plus fort que dans ma classe de Sixième ou de CM1, sachant que l'école recevrait dans la même salle des enfants des deux sexes, on l'avait bâtie de manière à ce que ceux-ci ne se croisent jamais. Le bâtiment avait deux cours de récréation et deux portes d'entrée, une de chaque côté. Les filles arrivaient dans le bâtiment par l'ouest alors que les garçons faisaient leur entrée en classe côté est, par exemple.

    Dans la salle de classe, une cloison longitudinale plus haute qu'un enfant de douze ans, séparait le côté "filles" du côté "garçons". Elle s'arrêtait au niveau de l'estrade sur laquelle était juché le bureau du maître qui pouvait ainsi enseigner à tout son effectif sans que les éléments féminins et masculins ne se croisent jamais.

    Aux récréations, l'instituteur (ou l'institutrice) gardait les filles en classe pendant qu'il surveillait les garçons par les fenêtres qui donnaient sur leur cour puis il envoyait ces demoiselles prendre l'air de leur côté pendant qu'il récupérait ces messieurs. On peut donc penser que même l'enseignement avait au moins une partie non-mixte...

    Nos auteurs de méthodes dites mixtes ont donc des livres à damiers ou à rayures et de hautes cloisons entre les pages de leurs manuels et fichiers d'exercices de lecture. Il arrive même qu'ils aient deux livres, l'un pour les filles, euh non, pour le code, et l'autre pour "la compréhension"...

    Les derniers que j'ai consultés font, je dois l'avouer, une part beaucoup plus conséquente au code que leurs grands frères des années 1990/2000. En cela, ils ne méritent plus totalement le titre de "méthode idéovisuelle" qui avait accompagné l'arrivée sur le marché de ces manuels censés faire entrer dans la lecture les petits enfants du XXIe siècle.

    Cependant, méritent-ils vraiment de se qualifier de "méthodes mixtes" ? Ou ne devraient-ils pas plutôt garder l'appellation "méthodes intégratives" que M. Goigoux avait inventée lorsqu'à la "voie directe" jusqu'alors seule route possible pour ce type de méthode, les chercheurs avaient jugé bon de rajouter une pincée de "voie indirecte" à leur manuels.

    En effet, si ces pages de code sont bien présentes, et de manière régulière, dans ces méthodes, elles ne semblent pas naître de l'observation et de l'analyse auditive et visuelle des phrases et mots acquis préalablement par voie directe.

    On se sert plus volontiers d'un dessin à observer, d'une comptine à mémoriser oralement, et de la seule analyse auditive pour encourager les élèves à reproduire par écrit ce qu'ils entendent. C'est amusant parce qu'en cela, on se rapproche  plus de ce qu'il est convenu d'appeler une "méthode syllabique" et qui se nomme en fait une méthode "synthétique" que d'une méthode "mixte" ou "analytico-synthétique".

    Comme dans l'introduction d'une nouvelle lettre chez les "vilains-pas-beaux de la syllabique", dans ces pages de code soigneusement parsemées entre les pages intitulées "Lecture", "Découverte et appropriation du texte" ou "Des histoires à lire",  l'enseignant apprend aux élèves à entendre un phonème de la langue française. Ensuite, il enseigne une lettre aux élèves (parfois plusieurs, mais de moins en moins souvent). Enfin il leur apprend ensuite à former des syllabes et des mots grâce aux lettres qu'ils connaissent déjà.

    Hélas, très grosse différence avec les méthodes alphabétiques strictes, cet apprentissage est très peu fourni, ne gagne pas en importance au cours de l'année, s'interrompt tout de suite et ne débouche jamais sur un réel exercice de lecture compréhensive !

    Et le texte de la semaine suivante est à nouveau construit comme le premier autour de la lecture par hypothèses, la découverte de mots nouveaux grâce à des lexiques, ou même dans certains ouvrages, par la lecture du maître qui, jusqu'en fin d'année, est toujours le seul à savoir lire des textes un peu fournis.

    Les enfants évoluent ainsi toute l'année dans deux univers parallèles, sautant de case en case du damier sans que jamais ils ne soient encouragés à abattre la cloison qui sépare très hermétiquement les "deux manières d'identifier les mots", comme disaient les instructions officielles de 2002, la "voie directe", voie privilégiée qui permettrait "l'identification quasi instantanée des mots" et la "voie indirecte", toujours considérée seulement comme un ultime recours, parsemé d'embûches qui plus est.

    Que cette opposition entre voie directe et voie indirecte pose un problème à ses auteurs qui croient qu'on est obligé d'apprendre à lire "couvent" et "couvent", "portions" et "portions", "fils" et "fils" alors que tout élève apprenant à lire avec une méthode alphabétique synthétique ou analytico-synthétique s'en débrouille fort bien du moment où, comme pour tout lecteur vrai, ces mots se trouvent intégrés dans une phrase montre que ces méthodes ne sont pas des méthodes mixtes. [Oserai-je dire que ce sont plus des méthodes d'acculturation orale à l'univers de l'écrit que de réelles méthodes d'apprentissage de l'écriture et de la lecture, comme le sont les méthodes alphabétiques, qu'elles soient synthétiques, comme Bien Lire et Aimer Lire, ou analytico-synthétiques, comme Écrire et Lire au CP ?... ]

    Car les vraies méthodes mixtes, comme les vraies écoles et les vrais couples mixtes, comme les salades mixtes, les commissions mixtes, et tous les trucs et machins mixtes, sont bien sûr composées de plusieurs éléments de différente nature mais elles se servent de plus de la nature des uns et des autres pour construire LA compétence de lecteur des élèves qui les utilisent.

    École mixte, couple mixte, méthode mixte...

    Les deux illustrations de ce texte sont extraites la première des premières pages (leçon 4), la seconde de la dernière leçon (leçon 46) de la méthode Écrire et Lire au CP.

     

     


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  • Commentaires

    1
    Samedi 15 Mars 2014 à 21:57

     Ça, c'est un texte directement issu de l'atroce frustration radiophonique de l'autre jour et de la s*** qui a osé dire que c'était sa méthode qui montrait le plus vite le plus de syllabes. J'avais envie de lui dire "eh nouillasse, si ce n'est pas à retrouver dans les textes et à réinvestir tous les jours, t'espères que ça serve à quoi, tes tableaux de syllabes ? On a fait ça à mon Alice, et on a vu ce que ça a donné ! Assassins de petiots lecteurs ! ".

    http://www.youtube.com/watch?v=KxeQisjXDjo

     Bon, je me calme, je respire un grand coup et ... très bon texte, bien lisible même par un profane. Juste que tu n'as pas insisté sur le fait que vu que le gamin n'est pas un disque dur, ça ne sert à rien de lui enganer des syllabes une fois sans jamais y revenir.

    2
    Samedi 15 Mars 2014 à 22:10

    Ah oui, oui, oui, tu as raison. Pourtant je le sais que depuis une dizaine d'années tout au plus, on a très souvent tendance à considérer qu'un cerveau humain, immature qui plus est, peut enregistrer des données et les resservir bêtement à la demande comme ça, d'un simple clic de souris.

    3
    Samedi 15 Mars 2014 à 22:29

     C'est très énervant, tout ça ! C'est vrai qu'après un an de prépa véto et quatre ans d'école, on était transformé en disque dur mais il faut quand même un sacré entraînement, même avec une mémoire éléphantesque. Quand en plus c'est des trucs dont on ne sait à quoi ils peuvent bien être utiles ... Je me souviens Alice qui revenait avec ses énormes tableaux de syllabes, en CE1, à apprendre sur le dimanche. On devenait fous ! En fait, il ne fallait pas les apprendre, juste apprendre à savoir s'y référer mais vu qu'ils n'étaient accompagnés d'aucun texte où les réinvestir et totalement cloisonnés par rapport à l'activité lecture proprement dite, c'était notoirement inutile et inefficace.

     

     J'en frémis encore d'indignation. Pauvres gosses sacrifiés sur l'autel d'un intellectualisme délirant. C'est trop injuste que ces petits bonshommes soient pris ainsi en otage par des penseurs à vide.

    4
    Dimanche 16 Mars 2014 à 11:04

    J'ai toujours eu du mal à jouer les disques durs, même en prépa (les 3 chapitres de vocabulaire allemand à ingurgiter chaque semaine + la même chose dans les autres matières, arg... la truite, le gardon, le goujon, le hareng, l'espadon... avec chaque fois le genre et le pluriel bien sûr ! et le lendemain c'était le thym, le laurier, le serpolet, la verveine... ) et pourtant j'avais 16-19 ans... Alors j'ai pitié des petitous de moins de 7 ans auxquels on demande d'apprendre par cœur d'une part la page de "lecture" (en général d'une pauvreté affligeante en plus) et d'autre part le tableau de syllabes piqué sur un blog au pif-découpé-collé dans le "cahier de sons" parce que si si, on fait tous de la combinatoire en primaire, n'affolons pas les parents pour rien !

    Mais une maîtresse qui n'a pas de "cahier de sons" est considérée comme à la limite de la faute professionnelle désormais.

    En revanche, faire apprendre le corbeau et le renard en CE1, c'est bien trop difficile... sarcastic

    5
    Dimanche 16 Mars 2014 à 11:57

     Oui, c'est vraiment très énervant. Comment peut-on être aussi insensé et tenir le haut du pavé ?

     Finalement, en médecine, on s'en sort quand même mieux, même si certaines lubies et modes sont parfois pénibles à vivre: avec de telles méthodes, on aurait un taux de mortalité frisant les 80 % qui condamnerait d'office le procédé>.

     Là, concernant les méthodes de lecture-écriture, il n'y a pas de morts ... Juste des boîteux et des paraplégiques.

    6
    Dimanche 16 Mars 2014 à 11:59

     Chez nous, il y a une notion qui s'appelle le rapport bénéfice-risques. Il serait bon de l'appliquer à ces fichues prétendues méthodes de lecture.

    7
    Dimanche 16 Mars 2014 à 12:13
    Si je comprends bien, les méthodes qui "s'appuient sur le sens", en cloisonnant code et "vraie lecture", ne donnent finalement pas de sens à ce que l'on lit pas voie indirecte.

    Perso, les reproches faits aux méthodes dites syllabiques, régulièrement diabolisées, me fatiguent. Et je constate qu'une fois les enfants en échec, on y va quand même, en soutien, en MACLE, mais sans tirer les enseignements de ces échecs.

    Je vous admire, collègues de CP qui payrussent, bullent, taokysent, ou écrivent-et-lisent-au-CP... de résister ainsi à la pression de plus en plus importante des inspecteurs.

    Même les travaux récents qui (si j'ai bien compris) affirment que l'expert oralise inconsciemment ce qu'il lit (me dire si je me trompe) ne permettent pas (je cite une anim' péda) de "tirer des conséquences sur les méthodes de lecture à utiliser".

    Qui croire ?

    Pourquoi diabolise-t-on ainsi vos méthodes ? Votre association ?
    Enjeux financiers ? Arguments ressassés des "poules qui couvent au couvent" ou de " l'Uvinertisé de Cmabrigde" ?
    8
    Dimanche 16 Mars 2014 à 12:19

     Je crois que c'est juste parce qu'ils occupent le juteux et gras fromage, s'y trouvent fort bien en termes de pouvoir, de gloire, de tapis rouges, de mondanités, de décorations diverses et variées, de jouissances intellectuelles et qu'ils n'ont nullement l'intention de lâcher le gros morceau qu'ils tiennent. Quand on s'approche, ils mordent férocement. Ce n'est que ça et pas plus. Ils finiront probablement aux oubliettes, couverts d'opprobre (ou opprobe mais le correcteur orthographique n'en veut pas ... ), mais ce sera long, très long.

    9
    Dimanche 16 Mars 2014 à 12:26

    Mais alors, pourquoi nombre d'instit' de base, qui n'ont aucune miette du gâteau, expérimentées en CP, compétentes, de très bonne foi... sont réellement convaincues que les méthodes alphabétiques sont ineptes ?

    Il y a réellement une force argumentative indéniable.

    10
    Dimanche 16 Mars 2014 à 12:32

    Ils ont réussi à se créer un réseau quasi-indéboulonnable, avec des ramifications énormes, des syndicats aux ministère en passant par les éditeurs de manuels scolaires et trustent toutes les places de réflexion. Leur arme principale, c'est leur côté savant et intellectuel, difficilement compréhensible au commun des mortels dont font partie les membres du corps enseignant. Ils sont abscons et ça les sert car peu nombreux sont ceux qui peuvent répliquer à leurs arguments au même niveau de science apparente. Il y a un bouquin qui s'appelle "l'Imposture intellectuelle " sur ce sujet. Je n'ai pas encore eu le temps de cerveau disponible pour le lire.

     On a ici quelque chose de tout à fait similaire à la nébuleuse psychanalytique qui a massacré tant de familles et continue impitoyablement. On persiste à enseigner la psychanalyse en cours de philosophie en Terminale, comme s'il s'agissait d'une posture philosophique totalement indispensable à la construction du jeune élève. On passe souvent plus de temps sur Freud que sur Kant et Descartes réunis ! L'oeuvre intégrale à lire n'est pas le Discours de la Méthode mais un bouquin de Freud.

     

     Ce sont certainement les neurosciences qui viendront à bout de la psychanalyse et des sciences de l'éducation mais ça va être long et ardu, surtout en France. Nous avons un goût prononcé pour la masturbation intellectuelle et rejetons l'efficacité.

     En raccourci, vous voyez que je ne suis pas loin de penser que c'est le libéralisme, grand promoteur de l'efficacité, qui nous sortira probablement de là. Mais ça ne se fera pas sans mal car ceux-là mêmes qui, au GRIP, offrent les meilleures méthodes, sont politiquement très anti-libéraux.

     C'est la quadrature du cercle, cette affaire !

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    11
    Dimanche 16 Mars 2014 à 12:35

    L'argument massue a été, pour moi, la mise en situation de réussir. Lire un mot, une phrase -même si elle paraît gaga pour les intellos dont tu parles- mais seul. 

    Je suis tellement confrontée à des élèves qui ont perdu confiance en eux, à 8 ou 9 ans, -déjà !- qu'il me semble dangereux de les placer, au CP, devant le gouffre que représente un texte complexe, et sans en avoir les clés.

     

    EDIT : je n'avais pas lu ta réponse avant d'envoyer. J'y vais de ce pas.

    12
    Dimanche 16 Mars 2014 à 12:35

    Pour moi, je pense qu'il s'agit de quelque chose qui est proche de ce qui s'est passé avec le communisme. 

    L'idéologie part de quelque chose de beau, fort et généreux (bon, ça se discute, mais partons de là). En URSS, ça donne Staline, en Chine, ça donne Mao, au Cambodge, ça donne Pol Pot, etc, mais en même temps la Résistance, les congés payés, l'antifascisme, la guerre d'Espagne... (même si on sait aujourd'hui que les 50 000 fusillés, c'est du vent, que les congés payés, c'est pas le PC et que Staline a fait assassiner des tas d'anarcho-syndicalistes en Espagne, préférant Franco à la démocratie). 

    Et puis, encore maintenant, il y a la nostalgie de cette idéologie, la conscience que c'est du côté du bien (et comment est-ce que ça ne le serait pas, puisque à l'opposé c'est le mal, le fascisme, le FN, etc ?)...  On m'a encore longtemps parlé d'anticommunisme primaire, même après mes voyages en URSS, et le "bilan globalement positif" n'est pas si loin. 

    Je pense qu'avec les méthodes de lecture c'est la même chose : il y a une impression très forte que la "voie directe", c'est la voie du bien, celle de l'émancipation, de l'Education nouvelle, et que la mécanique de lecture lettre à lettre, syllabe à syllabe, mot à mot, phrase à phrase, ça enferme les enfants dans des savoirs de deuxième zone. 

    C'est ça qui est expliqué à l'IUFM : qu'en apprenant à lire comme on croirait, bêtement, qu'il faut le faire, en déchiffrant de plus en plus vite, on transforme les enfants en robots, on ne leur donne pas accès à la vraie essence des textes, on les prive de la vraie culture du livre. 

    On a la même chose, de manière moins marquée, en maths : en apprenant la technique opératoire, ou plutôt en se focalisant trop sur cette technique, on prive les enfants de la réflexion nécessaire à la construction de savoirs d'un niveau supérieur. 

     

    Je suis intimement persuadée que c'est cette attitude qui rend l'école française aussi inégalitariste. En gros, tu es un gamin à l'école, de deux choses l'une : soit tu es suffisamment malin et dans de bonnes conditions d'apprentissages pour piger tout, et tu vas effectivement plus loin, car tu as compris le pourquoi du comment, soit tu n'es pas cap de faire ça, et tu ne sauras rien, car on te refuse un savoir considéré comme minable, par exemple savoir déchiffrer un texte et le comprendre, poser une opération, etc. 

     

    13
    Dimanche 16 Mars 2014 à 12:36

     Oui, il y a la même force argumentative que chez les psychanalystes et le même type de parcours historique et politique. Ils seront très difficiles à détruire en France. Ce qui m'étonne, c'est que des pays plus utilitaristes que nous, comme la Belgique ou les Pays-Bas, ne se sortent pas plus vite de la panade que nous ...

    14
    Dimanche 16 Mars 2014 à 12:41

     Tout à fait en accord avec toi, Rikki ! Ça complète bien mon discours. On a peur de quitter le camp du bien. C'est un autre aspect, lui aussi très important, de cet inextricable problème de fond.

     Doublecasquette a mis un temps fou à s'en extraire elle aussi, et à trouver grâce à Morel une idéologie compatible avec un retour à des méthodes frontales.

     L'affaire est idéologiquement très délicate à négocier.

    15
    Dimanche 16 Mars 2014 à 12:42

    En plus, je pense qu'il y a, consciemment ou inconsciemment, une certaine envie de faire des trucs compliqués parce que c'est plus pro. Un bête instituteur, recruté après la Troisième, ne pouvait qu'apprendre à lire, à écrire, à compter, à calculer, à savoir la liste des départements par cœur (je crois que c'est un mythe, mais bon...), tandis que de nos jours les enseignants ont des mastères, des masters, des masteurs, des masse t'heures (ah, ça y est, j'ai trouvé une orthographe qui convient au correcteur automatique, ouf ! merci les pointillés rouges !) et il faut bien qu'avec ce niveau intellectuel supérieur ils aient des savoirs qui ne soient pas accessibles au commun des mortels. 

    Les parents d'élèves sont sincèrement persuadés qu'apprendre à lire à un enfant, c'est très compliqué. Il faut avoir fait des études spéciales. 

    Quand je vois les gamins de CP qui viennent me voir (pour l'écriture) et qui ne savent pas lire (en janvier, février, mars maintenant...), les parents me disent tous "mais on ne peut rien faire". Je leur fais acheter "Bien lire et aimer lire" et ils reviennent en me disant "Mais c'était si facile ! Comment est-ce possible ? Si c'était si simple que ça, ça se saurait, non ?"

    Non. 

    16
    Dimanche 16 Mars 2014 à 12:45

    Pascale, je viens de lire ton passage sur la psychanalyse, et je trouve aussi que ça se complète très bien. Il n'y a qu'à voir comment certains continuent à vouloir traiter l'autisme par la psychanalyse, envers et contre tout, après avoir détruit des milliers de parents d'autistes par leur discours culpabilisant !

    Ce qui ne veut pas dire, à mon sens, que Freud n'ait pas mis le doigt sur un truc essentiel avec la découverte de l'inconscient. Mais les idéologies qui en ont découlé nuisent à la liberté de penser, d'ouvrir les yeux et de se faire sa propre opinion.

    En tout cas, personnellement, je souffre beaucoup d'être vue dans mon école comme une rétrograde, presque une facho, à cause de mes méthodes d'enseignement. 

    17
    Dimanche 16 Mars 2014 à 12:54

    Oui, c'est exactement ça : rétrograde, la réflexion ne va pas plus loin.

    Quand notre IEN dit en anim' "Il y a des parents qui pensent que la syllabique est la seule bonne méthode, et il faut savoir leur répondre", ma collègue me regarde et me murmure : Il y a des instit' aussi...".

    C'est pas fait méchamment, c'est sur le ton de l'humour, parce que je n'ai pas de CP, donc on s'en fout, mais j'imagine si.

    18
    Dimanche 16 Mars 2014 à 13:03

    D'accord avec Rikki : ce sont aussi les enseignements systématiques qui sont mal vus.

    Et alors en anglais au collège, je pense que c'est pareil. On va dans le mur.

    Avant-hier je récupère ma fille au bus (elle est en cinquième), et lui demande :

    "Are you hungry ?

    - Ça va, et toi ? me répond-elle."

    On est quand même passé à la boulange.

    19
    Dimanche 16 Mars 2014 à 13:21

     Toujours en parallèle avec la psychanalyse, et en accord avec Rikki, il y a gros risque de jeter le bébé avec l'eau du bain.

     D'un côté, le tout inconscient et le apprendre à apprendre, de l'autre la thérapie cognitivo-comportementale avec rejet épidermique du concept d'inconscient individuel et collectif et le retour à un apprentissage mécanique anté-diluvien.

     Pas moyen de se tenir dans un juste milieu où l'enfant apprend toutes les techniques mécaniques pour gagner du temps qui pourra être utilisé à aller plus loin, au besoin en se servant des nouvelles techniques de communication.

    20
    Dimanche 16 Mars 2014 à 14:05

     Autre piste explicative qui me vient !

     Les " chercheurs" des sciences de l'éducation sont tous des brasseurs d'idées, notoirement improductifs au sens terre à terre, et qui ne  conçoivent pas qu'on puisse être quelqu'un de bien, d'heureux, d'épanoui et utile à autrui sans être un brasseur d'idées que je juge creuses pour ma part mais qui leur semblent l'expression du plein épanouissement humain face à d'infâmes utilitaristes dans mon genre. De ce fait, ils conçoivent les méthodes et outils pédagogiques et les programmes qui leur semblent les plus appropriés à produire à grande échelle des individus aussi complets et épanouis qu'eux-mêmes.

     Et on se retrouve avec deux groupes d'élèves: des malheureux en échec total et des enculeurs de mouche imbus d'eux-mêmes et totalement improductifs ...

    21
    Dimanche 16 Mars 2014 à 14:09

    Oui ! Mon blog qui vit sans moi et dans lequel il se dit des trucs fondamentaux super intéressants !

    Hier, j'ai essayé d'expliquer à quelques collègues, pas tous débutants loin s'en faut, que non, il n'était pas automatique que les écarts se creusent dès le CP et que certains élèves ne "démarrent" qu'au troisième trimestre.

    Pour eux, c'était la preuve que leur méthode était la bonne puisqu'elle respectait les différences entre élèves. arf

    22
    Dimanche 16 Mars 2014 à 14:48

     Le rôle premier de l'école est pourtant de réduire au maximum les inégalités et non de les rendre caricaturales. Mais tu vois bien face à ce genre d'attitude qu'ont finalement raison ceux qui disent qu'avoir un élève en échec doit être considéré comme un échec personnel et non un échec de l'élève. Ce n'est pas à toi que doit s'adresser un tel discours mais à toute cette engeance qui se dédouane avec désinvolture de son incompétence. Pourtant, c'est contre toi qu'il va se retourner et non contre eux. C'est fou, ça !

     Quant au niveau de savoir et de compétences CP, il me semble qu'il est accessible à tous hormis quelques cas dramatiques de trouble envahissant du développement. On ne devrait avoir là que des bons élèves et quelques fusées à qui il est urgent de donner des obstacles à franchir sous peine de les voir se transformer en feignasses diplômées.

    23
    Dimanche 16 Mars 2014 à 14:50

     Enfin, bons élèves de 5 à 7 ans. Il faudrait un peu plus de souplesse dans tout ça !

    24
    Dimanche 16 Mars 2014 à 17:11

    J'ai fait le calcul une fois. En environ 35 années de CP, j'ai eu moins de cinq élèves en échec total (ni lecture, ni écriture) en fin d'année, et tout au plus une dizaine d'élèves en échec partiel (lecture lente et hachée, écriture difficile).  Mais ils savaient tous déchiffrer et comprenaient peu ou prou un texte de niveau CP.

    Après, c'est en cours de CE1 que, trois ou quatre fois, ça s'est stoppé net au niveau de la compréhension. Ce qui semble confirmer ce que tu dis : le niveau CP fin d'année est possible à atteindre par la presque totalité des élèves, une fois sorti de l'enfant en très grande difficulté.

    25
    Dimanche 16 Mars 2014 à 17:42

     A l'époque où on ne faisait pas d'économies et où le redoublement était chose commune, le redoublement du CP, qui pourtant avait un gros programme, était quand même rare, non ? On envoyait direct au CE2 tout ce qui était très à l'aise et au CE1 le reste de l'effectif. J'ai toujours été, jusqu'en Terminale, dans des classes où 1/3 de l'effectif avait un an d'avance, surtout constitué d'élèves nés au premier trimestre ou au début du deuxième.

    26
    Dimanche 16 Mars 2014 à 18:05

    Abcd, ta fille a bien compris la situation de communication. A une phrase interrogative, elle a répondu par une réponse vraisemblable. Y'a de la compétence validée dans l'air...

     

    Cela dit, pour les langues, pas de "bon vieux temps" à regretter : les jeunes parlent beaucoup mieux anglais que la génération précédente, y'a pas photo. Des cadres sups de l'âge de mon mari qui ne parlent pas anglais du tout, c'est fréquent — mon mari s'est retrouvé plus d'une fois à sauver l'un ou l'autre de ses patrons d'une situation linguistique tendue. Dans la génération des cadres de 30 ans, c'est beaucoup plus rare. 

    Quant aux jeunes de l'âge de nos enfants, ils ont été nourris à la série américaine. Je suis sûre que Desperate Housewives, House, Skins, The Big Band Theory et autres séries en streaming ont fait beaucoup plus pour la diffusion de l'anglais que la pédagogie utilisée en classe. 

    27
    Dimanche 16 Mars 2014 à 18:12

    A ce que j'en ai vu, le redoublement du CP était relativement rare. Ceci dit, un élève qui lisottait vaguement risquait le redoublement alors que maintenant, avec certaines méthodes que nous ne nommerons pas, on l'enverrait direct au CE2 !

    Rikki, je crois aussi que la génération des cinquantenaires ou presque ont aussi la peur du ridicule ou de l'échec partiel que n'ont pas leurs enfants ou petits-enfants. Pour eux, faire trois phrases d'anglais avec quatre solécismes et deux barbarismes, c'est totalement inenvisageable, donc ils se taisent et ils laissent parler ceux qui savent... Enfin, je pense.

    28
    Dimanche 16 Mars 2014 à 18:41

    Je crois surtout qu'ils ont appris à l'écrit un anglais totalement désincarné. Les personnes de l'âge de mes parents, par exemple, qui parlent français, omettent souvent le "pas" dans les phrases négatives. Je me souviens d'une amie que ma mère a attendu longtemps : elle lui avait dit "Je ne viens" ! 

    Je n'ai jamais réussi à convaincre cette dame que sa règle, certes littéraire et valable à l'écrit, était totalement inopérante et source de malentendus de ce type à l'oral. 

    Quand je suis rentrée des Etats-Unis, où j'avais vécu plusieurs mois, ma prof d'anglais me haïssait (probablement parce que je parlais mieux qu'elle — qui ne savait que lire et traduire, certainement beaucoup mieux que moi d'ailleurs) et j'avais rarement plus de 10/20 alors que je parlais parfaitement couramment. 

     

    29
    Dimanche 16 Mars 2014 à 19:40

    Pour répondre à Pascale (commentaire 13), il ne faut jAMAIS se baser sur les statistiques internationales pour la Belgique: elles n'ont aucun sens. C'est une moyenne de trois systèmes scolaires différents depuis 198(3?5?), néerlandophone, francophone et germanophone, qui n'ont en commun ni les programmes, ni les méthodes. Les méthodes francophones sont très semblables aux méthodes françaises, et les résultats de l'enseignement aussi. Ici, on dit "Quand il bruine à Paris, il pleut à Bruxelles". Pour les maths, c'est un peu différent, le programme primaire francophone différant pas mal du programme primaire français (quatre opérations dès la 1ère, mais sur des nombres jusque 20, 100 en 2e, 1000 en 3e).

     

    Pour le secondaire, par exemple, mon grand (3e) vient de faire une semaine d'échange linguistique avec une école secondaire flamande, et est revenu trèèès étonné de l'avance qu'ils ont... et du travail demandé en devoir... Semaine salutaire! Il commence à comprendre pourquoi son père et moi pensons qu'il perd son temps en biesseries (wink2) de compétences...

    30
    Dimanche 16 Mars 2014 à 20:15

    OK, Rikki. Tu es plus au courant que moi là-dessus.

    Vudici, M'sieur Google ne connaît pas ton mot belge... cry

    31
    Dimanche 16 Mars 2014 à 20:20

    C'est du wallon: bêtises.

     

    http://fr.wiktionary.org/wiki/biesse

    32
    Dimanche 16 Mars 2014 à 20:23

    Merci. Je m'en doutais un peu...

    33
    Dimanche 16 Mars 2014 à 20:55

     Ayez une pensée émue pour votre collègue de Saint Christol qui a dû récupérer dans sa classe vendredi matin une niérée de gamins probablement surexcités à leur descente du car de transport scolaire: ils ont vu en route un loup qui gambadait joyeusement dans un pré, à peut-être trente mètres de la route.

     C'est un des gamins qui, accompagnant son grand-père à une consultation le soir même, me l'a dit et montré, car il a pu me présenter une photo prise avec son téléphone portable. Je n'ai pu que confirmer que c'était bel et bien un loup.

     Comme quoi, finalement, ça peut servir à quelque chose de munir un gamin de dix ans d'un téléphone portable dernier cri.

     Pas plus intimidé que ça, le loup, pour que les gamins aient le temps de l'observer et le photographier.

     Mais j'imagine dans quel état ces petits sont arrivés à l'école ce matin-là !

    34
    Dimanche 16 Mars 2014 à 20:58

    Wouaaaaaaah ! Rencontrer un loup sur le chemin de l'école, ça en jette !

    35
    Dimanche 16 Mars 2014 à 21:08

    Une fois, il a 6 ou 7 ans de ça, on était en forêt d'Ermenonville avec toute l'école. C'était discret : 190 gamins, tous silencieux, habillés de sombre et marchant à pas feutrés, comme vous vous en doutez bien...

    D'un seul coup, un môme me dit "Maîtresse, là, regarde, un sanglier !"

    Je dis "oui, oui", me retournant à peine, tant j'ai l'habitude des gamins qui voient des dauphins dans la Seine, des dinosaures au Parc Floral et des crocodiles au fond de la cour...

    Je me retourne... tudieu ! Un sanglier, dis ! A 5 mètres de nous, sur le côté ! Ou peut-être une laie, va savoir, y'avait des petiots derrière (je ne connais pas le partage des tâches parentales entre mâles et femelles chez les sangliers, moi). 

    Ça vous scotche une Parisienne, ce genre de rencontre...

    Heureusement que les bestiaux ont couru loin de mes pitchounes, j'étais bien 20 mètres derrière les gosses et je n'aurais vraiment pas su quoi faire s'ils s'en étaient pris à eux ! 

    36
    Dimanche 16 Mars 2014 à 21:50

    Pour un petit Parigot, c'est magique, un instant pareil. Tu te rends compte... C'est comme si moi, je me baladais avec ma classe à travers les vignes et que, tout à coup, j'aie un de mes élèves qui me dise : "T'as vu, maîtresse, un métro !"

     

    37
    Dimanche 16 Mars 2014 à 22:17

    Je dois avouer que mon incrédulité n'était guère moindre ! 

    38
    Dimanche 16 Mars 2014 à 22:20

     S'il y avait des marcassins, c'était une laie, ou à la rigueur un grand frère, mais certainement la mère. En tout cas, ce qui est chouette, c'est que le petit parigot ait su que c'était un sanglier. Ça remonte le moral.

     Moi, je suis impatiente de voir un loup. Marre des chevreuils ! Encore six cet après-midi, dans la pézarotte du voisin. Quand même, voir un loup, c'est rarissime, surtout aussi bien que ces gamins l'ont vu, si j'en juge par la photo. En principe, c'est très furtif, ces bestioles. Ça ne" se balade pas en plein jour au bord des routes !

    39
    Dimanche 16 Mars 2014 à 22:25

     J'ai des chances d'en voir un jour ou l'autre car nous sommes en "cercle 1 ", c'est-à-dire présence de loups sédentaires avec attaques régulières de troupeaux.

    40
    Lundi 17 Mars 2014 à 02:37

    Oui, moi, moi ce n'est pour tout de suite. Je me contenterai des chevreuils, sangliers et Grands Ducs...

    41
    Lundi 17 Mars 2014 à 07:46

    ... et moi de ma circulation alternée (pied droit, pied gauche, pied droit, pied gauche...) pour aller à l'école. 

     

     

    42
    Lundi 17 Mars 2014 à 07:54

    Quant à moi, si j'emporte ma galette et mon petit pot de beurre, enfin ma gamelle pour midi, comme je ne traverse pas de bois, je suis tranquille aussi.

    43
    Lundi 17 Mars 2014 à 13:21

    Un article que je viens de découvrir et que je mets  là (il me semble dénoncer certains points que nous évoquions plus haut) :


    http://www.humanite.fr/education/tribune-la-gauche-et-leducation-par-jean-robelin-517062?page=1



    (DC, tu pourras l'enlever au besoin)
    44
    Lundi 17 Mars 2014 à 17:36

    Merci. Article très intéressant à lire.

    45
    Lundi 17 Mars 2014 à 18:54

    Echec de l'apprentissage de la lecture et de la langue

    L'échec le plus grave, le plus retentissant, mais aussi le plus emblématique, de l'école « de la République », est certainement le double échec lié de l'apprentissage de la lecture et de la langue. Le plus grave car il conditionne tous les autres, le plus emblématique, parce qu'il livre le drame de l'école française : l'échec de la lecture naît certes des difficultés des élèves, mais est accentué par l'imposition de méthodes de lecture issues des cerveaux des docteurs Mabuse des « sciences » de l'éducation, contre toute expérience concrète d'enseignants de terrain : une ancienne institutrice (mais oui) de ma fille s'insurgeait qu'on veuille lui interdire tout recours à une méthode syllabique qui donnait pourtant d'excellents résultats auprès des petits gitans à qui elle enseignait. Et l'instabilité de son public ne lui offrait que peu d'heures pour y parvenir. Combien d'élèves ai-je entendu ânonner en terminale puis à l'université ! L'exemple montre la vacuité des idéologies pédagogiques qui nous soumettent au prétendu rythme des élèves : ne jamais les forcer, donc apprendre à lire en deux ans ; sous des dehors démocrates, les mentors de l'éducation nationale affichent leur mépris des élèves, à commencer par ceux des quartiers difficiles.

     

    Cet article est excellent et met le doigt où cela fait mal ...

    Rikki, la façon dont tu proposes BM fait penser à un outil qu'on se repasse "sous le manteau" comme quelque chose d'illégal !

    Et en plus, tu es la ringarde de service !

    Et toi DC, il t'a fallu chercher, expérimenter et trouver seule comment échapper à cette lecture mixte, parce que c'était "la mode" !!!

    C'est tout de même un peu fort !

     

    Personnellement quand je suis arrivée  en zone rurale alsacienne et que je n'ai eu aucun autre choix que de prendre un CP (avec la maternelle et le CE1 en prime), je ne savais vraiment pas comment apprendre à lire à des enfants !

    La seule chose évidente pour moi, c'est que jamais  je ne ferais  subir à un seul enfant ce  que j'avais subi moi-même, c'est à dire le par cœur et la devinette ...

    Ce fut analytique-alphabétique, sans hésiter, mais en tremblant devant la hiérarchie.

    Comment voudrait-on que cela change puisque les pauvres débutants ont une pression dingue ?

    Et à côté de cela les Alphas  ont envahi des centaines d'école, sans crier gare ... de façon un peu clandestine aussi, au début ...

    Y a t-il un capitaine dans le bateau ?

     

    46
    Lundi 17 Mars 2014 à 19:46

    Dans l'article qu'abcd nous a transmis :

    L'exemple montre la vacuité des idéologies pédagogiques qui nous soumettent au prétendu rythme des élèves : ne jamais les forcer, donc apprendre à lire en deux ans ;...

    Quelqu'un va lui dire, à ce monsieur très intéressant, qu'on en est bientôt à trois ans ? Il y en a qui se gargarisent déjà de voir que le CE2 rejoint les classes de CP et de CE1 dans le Cycle des Apprentissages Fondamentaux...

    47
    Lundi 17 Mars 2014 à 20:47

    Sapotille, te souviens-tu de la manière dont j'ai "rencontré" Akwabon & Cie sur EdP ? Il me semble que c'était quand j'ai abordé des instits qui avaient des problèmes avec leurs classes et que je leur ai suggéré "une vieille méthode pas très connue apparemment, mais qui marche super bien, un truc avec des gestes"...

    48
    Lundi 17 Mars 2014 à 21:19

    Oui, oui, Rikki !

    Au début, tu parlais surtout de mamans amies, de gens de ton entourage à qui tu l'avais recommandée pour rattraper des petits CP  à la dérive à cause d'un mauvais départ provoqué par des trucs mixtes, qui mettaient d'emblée dans la tête des enfants que lire c'est réciter ou deviner.

    J'ai cherché sur internet, et je me suis rendue compte que j'en avais très vaguement entendu parler  ...

    Ensuite, une jeune amie PE pas loin d'ici, m'a demandé si je n'aurais pas quelque chose pour lui tirer une épine du pied à cause de 4 élèves non-lecteurs dans son CE2.

    Elle a été tout de suite emballée !

     

    Et c'est peu après que tu as fabriqué tes petites et tes grandes fiches qui ont conquis un grand nombre de PE.

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