• Des nouvelles de la Twictée...

    Des nouvelles de la Twictée...

    Sur vous-nous-ils, hier, un nouvel article sur la Twictée dont je vous avais déjà parlé ici.

    Passons le cadre sécurisant et ludique. Depuis que l'école existe et qu'elle se veut bienveillante, elle vante son caractère ludique et sécurisant. Encore heureux que pour s'assurer de l'adhésion des enfants, tous nos collègues dignes de ce nom cherchent à rendre leur enseignement attrayant et appétissant !

    Passons encore sur les 140 caractères, nous en avons déjà parlé. L'insuffisance saute aux yeux, au moins pour des élèves de CE2 à CM2, lorsqu'on apprend que , sur le à de cet adverbe de lieu, on vient de lire le 469e signe de cet article !

    Nous en arrivons aux grands principes qui régissent cette initiative sans doute intéressante et créative qui constitue et constituera toujours une avancée plus que notable par rapport à ce qui se pratique dans quelques classes. Il faut savoir en effet qu'il arrive qu'on ne dicte jamais autre chose que des autodictées apprises par cœur à la maison. Qu'alors aucun échange pédagogique n'a eu lieu en classe sur le pourquoi du comment d'un doublement de la lettre s dans le mot poisson ou la raison du t à la fin du mot ont (exemples pris récemment auprès d'enfants de CE1 et CM1 de ma connaissance n'ayant visiblement jamais eu l'occasion d'échanger avec leurs enseignants sur ces difficultés orthographiques pourtant vraiment très courantes).

    Il est évident que dans ce cas précis, passer par la twictée pour réapprendre à nos collègues à enseigner (et non pas contrôler et évaluer) l'orthographe est une avancée phénoménale dans le domaine de la formation pédagogique des enseignants du Primaire.

    Cinq grands principes conduisant à comprendre la simplexité (c'est pas moi, c'est eux !) de l'orthographe française.

    • Premier principe : il faut différencier la connaissance d’une règle orthographique de sa mise en œuvre. Typiquement, les élèves connaissent les règles, mais quand ils passent en production d’écrits ou en dictée, ils ne les opérationnalisent pas”

     Tout à fait d'accord mais ce ne serait pas plutôt différer que les auteurs auraient voulu écrire ? De tout temps, cela a été le but de la dictée, première marche vers l'écriture complètement autonome.
    Contrairement au texte rédigé librement, sans autre consigne que de décrire une image, une situation, un fait vécu, la dictée libère de l'effort de conceptualisation de phrases orales que l'auteur doit ensuite transcrire par écrit lettre à lettre en se souvenant non seulement des idées qu'il compte développer mais en plus de toutes ces règles emmagasinées qu'il doit opérationnaliser directement. Le troisième palier, encore plus délicat, et pourtant trop souvent mis en œuvre en premier dans les classe (voir dans le corps de cet article, le lien vers des exercices d'écriture inventée qu'on impose aux petits de l'école maternelle avant même qu'ils aient acquis les plus simples des règles orthographiques de notre langue, réputée difficile) consiste à imposer des critères précis de rédaction aux élèves qui se voient contraints d'écrire au moins cinq phrases, d'employer cinq mots donnés dans le texte, de rédiger une lettre, une recette, un mode d'emploi factices avant même d'avoir eu l'occasion d'utiliser réellement et à de multiples reprises les codes inhérents à ce type d'écrits.

    Il est important que, quotidiennement dans les petites classes (CP, CE1 et même encore première moitié du CE2) et de manière hebdomadaire chez les plus grands (deuxième moitié du CE2 à fin du CM2), les élèves soient confrontés à cette tâche complexe facilitatrice qu'est la dictée de mots et phrases au CP, de phrases et paragraphes au CE, de paragraphes s'enchaînant au CM. Ceci afin que, peu à peu, s'installe dans l'esprit de chacun que tout ce qui s'écrit doit être compris le plus finement possible et que l'orthographe, lexicale dès le début du CP puis grammaticale le plus rapidement possible, permet cette communication sûre et univoque du texte pensé, compris, écrit et lu.

    Le travail d'expression écrite s'en trouvera alors grandement facilité puisqu'il découlera de ces habitudes prises en dictée, surtout si l'enseignant reste conscient que ce qui était valable lundi, mardi, jeudi et vendredi lors des quatre dictées hebdomadaires le reste le mercredi lors de l'exercice de rédaction de la semaine et les quatre autres jours dans tous les écrits autonomes de la semaine (maths, activités culturelles, etc.).

    • Le deuxième principe consiste à “distinguer les savoirs reposant sur la mémorisation (l’orthographe lexicale) et les savoirs reposant sur l’analyse (l’orthographe grammaticale)

    Parfait ! Déjà évoqué ci-dessus : dès le début du CP (et même la GS, c'est simple et ils savent faire), orthographe lexicale à haute dose et, dès que les premiers jalons grammaticaux ont été posés, analyse grammaticale du discours oral afin d'appliquer les règles écrites correspondantes facilement, en toute logique.
    Un petit détail cependant, dans l'orthographe lexicale, il y a tout de même énormément de règles qui, afin de soulager la mémorisation, peuvent être analysées et raisonnées.
    Remémorons nous quelques exemples, dont une accessible dès la fin de GS, les lettres muettes à la fin des adjectifs qualificatifs, découvertes grâce à leur mise au féminin, celles à la fin des noms communs, découvertes en cherchant des mots de la même famille ; au CP, on peut ajouter les finales -er et -ier des noms de métiers et d'arbres, la lettre m devant m, b, p, l'emploi de la lettre s entre deux voyelles, celle du choix entre les lettres c ou q pour transcrire le son [k], l'utilisation de la cédille, des lettres e et u après la lettre g, la finale -eau des noms de jeunes animaux...
    En continuant ainsi dans les quatre autres niveaux de l'élémentaire, on soulage grandement la mémoire et permet une compréhension plus logique et plus sûre de notre langue. Quelques recours à l'étymologie latine ou grecque plaisent énormément aux élèves et marquent leurs esprits souvent pour toujours[1].

    • Le troisième principe est la mise en place d’une “progression véritable”. Ainsi, “il faut penser une progression, et être soucieux de l’évolution de la complexité des événements que l’on apporte, pour ne pas faire paniquer les élèves”.

    Tout à fait. Comme tous les BLED, ORTH et autres manuels progressifs d'orthographe qui furent et sont encore édités à l'usage des écoles mais aussi des familles !
    Il serait en effet ridicule de démarrer avec l'accord du participe passé en cas de COD antéposé au CP pour finir au CM2 par la marque de l'accord du nom commun au pluriel dans le cas le plus courant...
    Le mieux est de suivre la progression de lecture au CP puis celle de grammaire et de conjugaison à partir du CE1[2].
    C'est ainsi qu'au CP, on introduira le s du pluriel lorsqu'on apprendra à lire les, des, mes, ..., la marque -ons de la première personne du pluriel des verbes lors de l'étude du son on, etc. Plus tard, dès le CE1, on pratiquera des dictées au présent lors de l'étude ou la révision de ce temps, on y ajoutera ensuite des dictées au futur, puis à l'imparfait, puis au passé composé et à l'imparfait et ainsi de suite, en pensant bien toutefois à faire ces fameuses piqûres de rappel évoquées lors du premier principe en variant les temps utilisés et en revenant fréquemment sur les temps déjà connus[3].

    • “On essaie de rassurer les élèves, de les sécuriser, dans un apprentissage qu’ils savent complexe. L’orthographe, c’est compliqué, mais on y va doucement. On travaille sur leur sentiment d’efficacité personnelle”.

    Et on renforce leur estime d'eux-mêmes, et on leur explique qu'on croit en eux, et on en fait des tonnes, des caisses, des wagons dans le renforcement positif et la valorisation des réussites ! Comme dans toutes les matières, à tous les niveaux de l'École Primaire, depuis toujours...
    Et bien sûr, on minimise les échecs, on passe dans les rangs pendant que l'on dicte[4], on pointe gentiment un mot sur le cahier de Dans-La-Lune ou de Je-Me-Noie-Vite et on l'encourage à se souvenir parce qu'il ou elle sait, on le lui assure...
    S'il le faut, on engage une réflexion collective impromptue, là, sur le champ, pendant que le fer est chaud et que tout le monde en a besoin.
    On encourage la coopération, l'aide aux plus démunis, la fraternité, l'empathie et le respect des différences, comme d'habitude, comme toujours, comme partout. Parce que nous sommes des enseignants dignes de ce nom. Notre rôle, nous le revendiquons, est d'aider des petits êtres humains à devenir des citoyens actifs, bien dans leurs baskets et conscients de leurs savoirs comme de leurs lacunes que nous nous employons pour le moment à combler.

    • Les deux derniers principes sont “la pratique d’une évaluation positive” et l’emploi d’activités qui “engagent intellectuellement” les élèves. C’est “ce que les sociologues appellent la ‘simplexité‘ : rendre simples, compréhensibles les choses complexes.”

    Et voilà, grâce à l'école, tout devient simple ! Et on apprend à s'engager intellectuellement tout le temps...
    De Petite Mémère qui passe de "Maman brrrm brrrm Mamine iécole !" à Grande Camille qui quitte le CM2 capable de calculer le nombre de kilomètres que maman parcourt chaque jour pour la mener à l'école sachant que sa voiture consomme 5 litres aux 100 km et qu'elle a dû refaire un plein de 40 litres au bout de quatre semaines, sans oublier les deux week-ends où la famille est allée voir Mamie qui habite à 100 km de leur domicile.
    De Petit Bonhomme qui, à cinq ans et demi, écrit Léo a démoli la moto ; il la répare en coopérant avec ses camarades et sa maîtresse à grand Kevin, Corentin, Kamel, Pierre-Augustin, Andres ou Mamadou qui au CM2 écrit seul et sans faute (je ne suis pas raciste ; chez moi, ils écrivent tous) : Les vieux béliers viennent d'abord, la corne en avant, l'air sauvage ; derrière eux le gros des moutons, les mères un peu lasses, leurs nourrissons dans les pattes ; les mules à pompons rouges portant dans les paniers les agnelets d'un jour qu'elles bercent en marchant... puis deux grands coquins de bergers drapés dans des manteaux de cadis roux qui leur tombent sur les talons comme des chapes.
    Tout cela défile devant nous joyeusement et s'engouffre sous le portail en piétinant avec un bruit d'averse... Il faut voir quel émoi dans la maison. Du haut de leur perchoir les gros paons verts et or ont reconnu les arrivants et les accueillent par un formidable coup de trompette. Le poulailler se réveille en sursaut. Tout le monde est sur pied
    . [5]

    Quant à l'évaluation positive, qu'elle soit à coups de pourcentages écrits au tableau et classés en trois groupes que les élèves sont largement aptes à considérer comme celui des bons, celui des moyens et celui des nuls ou qu'elle figure sur un cahier individuel sous forme de notes sur dix ou sur vingt, qui peuvent, selon l'enseignant, les familles, les enfants eux-mêmes, jouer exactement le même rôle ou un rôle tout différent, nihil novi sub sole, comme disaient les élèves d'autrefois qui étudiaient le latin pour de vrai !

    Alors finalement, cette Twictée, à part la brièveté de ses textes, qu'apporte-t-elle de neuf ? Un renouveau, qui engagera nos collègues à réinvestir un champ pédagogique devenu sulfureux ? C'est déjà énorme et que ses concepteurs en soient largement remerciés. Mais est-ce suffisant et cela constitue-t-il vraiment un outil nouveau, plus simple, plus efficace, plus pertinent que l'usage de la Papictée, telle que je la conçois ?

    Plaidoyer pour la twictée : les twoutils « développent la vigilance orthographique »

    • “Ce qui se passe sur Twitter est totalement en adéquation avec ces 5 grands principes : le côté rassurant de la dictée en 140 caractères, mais aussi le côté contraignant de la production de twoutils, qui favorise le focus cognitif des élèves sur une erreur d’orthographe !”...

    Très bien ! Si cela permet de regagner des écoles, des circonscriptions où, depuis vingt à trente ans, la dictée avait tout d'abord été interdite puis réintroduite sans filets, sans outils, à seule fin d'évaluation normative, je suis cent fois, mille fois pour la twictée... Elle rassurera nos collègues, les engagera à rendre leurs élèves vigilants aux erreurs orthographiques, les confortera dans l'idée qu'ils suivent la ligne pédagogique conseillée (imposée ?) par leurs supérieurs hiérarchiques et qu'ils sont donc dans le camp du bien. Ce qui est sécurisant et permet d'oser aller un peu plus loin... discrètement...

    • A long terme, la création de twoutils “est un dispositif ritualisé, qui permet de développer la vigilance orthographique, et d’accélérer l’apprentissage de l’orthographe”, affirme Régis Forgione. Le format en 140 caractères “permet en outre de dédramatiser. Pour l’élève, travailler sur une phrase, ou deux, est plus rassurant que de se retrouver face à un texte d’une quinzaine de lignes. Le fait de corriger les erreurs, identiques aux siennes, d’élèves se trouvant ailleurs en France ou dans le monde lui permet aussi de gagner en confiance en lui”

    Là, je tique. Ce fait de comparer les écoles entre elles, outre le fait qu'il est vraiment chronophage, ça me gêne... Tant que ce phénomène ne concerne que les "purs", ceux qui se sont engagés dans le projet avant qu'il ne devienne "tendance", tout va très bien. Les élèves perdent du temps mais cela reste "sain".
    Mais, lorsque les hiérarchies s'en empareront et en viendront à évaluer le projet, n'assistera-t-on pas à des dérives ?
    Déjà qu'au niveau des enfants, il ne doit pas être simple d'obtenir que personne ne se moque de l'orthographe ultra-fantaisiste du dysorthographique de service de l'École des Petits Pois, qu'on n'oserait peut-être pas brocarder s'il était physiquement présent, je n'ose imaginer les réflexions de Mme Plus ou de M Parfait lorsqu'ils découvriront les productions des élèves de M Cool-Attitude ou de Mme Lépovchéri-Ilzonbienletan... .
    Sans parler de l'esprit de compétition de ces messieurs-dames du premier rang qui sont toujours là pour prouver à la terre entière et à leur IEN en particulier que, dans leurs classes, c'est toujours mieux et plus pour épater la galerie !
    Là, malgré le caractère rassurant des 140 signes, j'ai bien peur que le gain de motivation et de confiance en soi soit bien mince !

    • En plus de “motiver les élèves”, la correction des twictées d’autres classes “créent chez eux un fort sentiment de compétences. Ils ont ensuite moins peur de l’orthographe et de l’erreur”, indique Régis Forgione. Dans sa classe, l’enseignant “évalue les twictées de façon positive” : il a troqué les notes contre des pourcentages de réussite. “Je ne note pas que les erreurs, mais aussi le fait d’avoir créé un bon twoutil. La note en pourcentage de réussite permet de créer une courbe, qui montre à l’élève sa progression, entre le début et la fin de la twictée”.

    Si vous voulez... Moi, je ne vois pas la différence entre un pourcentage de réussite qui est une note sur 100 et une note sur 20, habituelle... Là aussi, on peut avoir une courbe qui fait état d'une progression, d'une stagnation ou d'une dégringolade, ponctuelle ou durable...

    Et puis dites-moi, comment pondérez-vous la différence entre une réussite aux mots simples et celles aux mots plus compliqués ? Comment faites-vous la part entre l'erreur orthographique insignifiante sur le mot cadis de la dictée de Daudet et celle bien plus discriminante dans une lettre de motivation sur les mots viennent, piétinant, lasses ou accueillent ?
    Compter les mots justes plutôt que les mots faux, pourquoi pas, mais encore faudrait-il que tous les mots soient à égalité de complexité, non ?

    • “la twictée va dans le sens de la simplexité : ce que nous demandons aux élèves est au fond très complexe – chercher l’information, identifier une erreur, la catégoriser, la restituer -, tout en étant simple d’apparence, ludique, convivial”

    Tout à fait. C'est ce que nous faisons tous, tout le temps, dans toutes les matières, dès lors que l'on sort de l'évaluation saucissonnesque de micro-compétences déconnectées les unes des autres.

    Créer une dynamique chez les enseignants : travail d’équipe et réseau de “twictonautes”

    • Mais les twictées ne sont pas bénéfiques que pour les élèves : pour les enseignants eux-mêmes, c’est l’occasion d’échanger des idées. Plus de 70 twittclasses francophones, pour 80 enseignants, participent actuellement aux twictées, et l’idée de Régis Forgione et Fabien Hobart est d’étendre le dispositif au monde anglo-saxon – sous le terme “twictation”.

    C'est en cela que je trouve le projet intéressant. Il est un pas en avant dans le sens de la reprise en main de l'enseignement de l'orthographe après des années de mise en veilleuse.
    Je souhaite simplement qu'il soit suivi de beaucoup d'autres qui le dégagent du côté gadget innovant qui s'éparpille un peu et risque de se diriger vers une stagnation et une sclérose rapides des ambitions. Cent quarante signes, c'est très peu pour des élèves qui auront commencé ce travail au CE1 et qui en auront sans doute rapidement assez de faire mumuse avec un clavier s'ils ne sentent pas une montée en puissance au fur et à mesure qu'ils grandissent.

    Ce dispositif, de par son format, ne peut être qu'un dispositif provisoire de remédiation à utiliser dans les classes n'ayant eu qu'un contact déstabilisant avec l'orthographe, son enseignement et son évaluation. Pour des classes ayant eu un parcours normal, il amusera sans doute un temps puis les enfants s'en lasseront comme ils se sont lassés de leurs tricycles dès lors qu'ils ont su faire du vélo sans roulettes.

    • Les twictées sont aussi un réseau, une communauté de 80 “twictonautes”, qui préparent ensemble chaque session sur leur temps libre, en ligne, “dans le moindre détail – jusqu’à obtenir la bonne phrase, les bons 140 caractères”, indique Fabien Hobart.
      Selon l’accompagnant pédagogique, le dispositif des twictées a permis de bâtir un “réseau d’apprentissage collaboratif”, où “la connaissance se construit entre pairs”, de façon “décomplexée”. Chacun participe, apporte ses idées. “Nous nous donnons des coups de main entre professionnels, et nous sommes très loin des formations traditionnelles et des circuits institutionnels !”, lance Fabien Hobart. L’enseignant remarque : “la twictée devient à force la forme de twittclasse la plus aboutie, et les idées pédagogiques autour continuent de fleurir”.

    C'est formidable et je le dis sans aucune ironie. Cela ressemble à ce que les premiers amis de Freinet ont créé, à partir de rien, et la dynamique qu'ils ont su impulser dans leurs classes.
    On retrouve aussi les débuts des maisons d'édition scolaire comme MDI ou SUDEL où des instituteurs passionnés bricolaient ensemble des manuels de classe véritablement adaptés aux élèves qu'ils avaient devant eux et qu'ils tenaient à faire progresser au mieux, de manière ludique et encourageante, avec de beaux outils, colorés, agréables, innovants !
    Cela ressemble enfin à la joyeuse émulation que nous connaissons, au GRIP, lorsque nous mettons au point un nouveau manuel, un nouveau programme, un nouvel article !

    Par ailleurs, le fait que ce ne soit ni traditionnel ni institutionnel me rassure au plus haut point. Non pas que je considère que notre hiérarchie doit disparaître et que tout irait mieux si l'enseignement était dégagé de directives institutionnelles, surtout pas !
    Mais hélas, quand nous voyons comment cette Institution s'est mise à radoter en nous racontant qu'elle innovait. Quand nous étudions sa propension à imposer, par des techniques parfois apparentées de très près au harcèlement, des expériences ineptes qui ne peuvent mener à rien, simplement parce que tel chercheur en vogue ou telle formatrice autoproclamée les avait rêvées en couleur un soir de bringue trop arrosée où le chichon de moquette avait trop tourné, c'est une garantie de sérieux et d'honnêteté intellectuelle !

    Longue vie à cette expérience qui débouchera, je suis sûre, sur un format un peu plus ambitieux que 140 malheureux petits caractères sur un écran d'ordinateur. Nos élèves méritent du réel, du solide, du qui se relie et se relit... Du livre, quoi...

     

    Nota bene : Je laisse volontairement de côté le Radio-Trottoir. Mes quarante années d'enseignement m'ont convaincue depuis longtemps qu'on peut faire dire à peu près tout ce qu'on veut et son contraire à n'importe quel bambin de moins de douze ans...

    [1] Qui n’a pas regardé l’hippopotame d’un œil tout différent quand il a su que ce gros pépère était considéré comme un le fin coursier des fleuves ?

    [2] Dans cette classe, on peut profiter des quelques révisions de sons nécessaires à la rentrée pour organiser sa progression d'orthographe lexicale.

    [3] Cerise sur le gâteau, à réserver aux classes dont les élèves se sentent en sécurité orthographique : introduire dans les dictées d’une période, de plus en plus fréquemment, le ou les temps qui seront vus lors de la période suivante. Les considérer d’abord comme des « mots à apprendre » lexicalement puis, lors de l’apprentissage raisonné du nouveau temps, les faire passer du statut de « mots sus par cœur » à « verbes dont la conjugaison est connue et comprise ».

    [4] Euuuuuh, oui, moi, c’est Papictée, dans ma classe… Ou Cactée… Non, ça, ça ne va pas ! On va continuer avec la Papictée, c’est plus mignon.

    [5] D’après Alphonse Daudet. Dictée de 137 mots, c’est-à-dire 13 de moins qu’une dictée d’entrée en 6e de la longueur recommandée par MM. Avenas et Colin, les deux CPC que j’ai eus lorsque j’étais débutante de 1975 à 1980. Disons que cette concession est plus que tolérable puisque nos élèves ont perdu en comptant depuis le début de la GS, année où devrait commencer un enseignement réfléchi et réellement progressif de l'orthographe, 648 heures de classe par rapport aux élèves que j'avais alors (l'air de rien, ce sont 27 semaines actuelles, soit presque une année scolaire entière) !

     

     

    .


  • Commentaires

    1
    Samedi 28 Mars 2015 à 14:16

    Un article qui a le sens du paradoxe : "l'enseignement de l'orthographe décuplé" grâce à des dictées... de 140 caractères.

    2
    Samedi 28 Mars 2015 à 18:16

    Loys, tu ne connais pas bien ta table de 10 ! Répète après moi : 10 fois 0, ça fait 0 ; 10 fois 1, ça fait 10. tongue

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    3
    JCP
    Dimanche 29 Mars 2015 à 23:55

    Un article tout en finesse et en ironie, où l'analyse fouillée et concrète déjoue par avance toute tentative de critique simpliste. Bravo !

    4
    Lundi 30 Mars 2015 à 07:53

    Merci.

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