• CP : Rituel d'imprégnation graphémique (4)

    CP : Rituel d'imprégnation graphémique (4)

    J'ai pris un peu d'avance et peux d'ores et déjà vous présenter la période 4 du Rituel d'imprégnation graphémique. Comme pour les trois premières périodes, celui-ci s'utilise en complément des exercices de langage oral, langage écrit et phonologie des méthodes de lecture insuffisamment graphémiques, à raison de 10 à 15 minutes le matin et 10 à 15 minutes l'après-midi.

    Il sera bientôt accompagné de conseils pour mettre en œuvre une partie écriture ; ceci pour les collègues qui auraient décidé d'en faire leur méthode d'écriture-lecture principale, en dehors de toute méthode du commerce.

    Enfin, contrairement aux trois premiers, comme il se base de plus en plus sur la lecture courante, celle qui se fait au fil des yeux (et de la voix, pour nos jeunes élèves) et qui permet de décoder et comprendre en même temps, il peut, ce qui est nouveau, servir en complément d'une méthode graphémique, pour des ateliers de renforcement ou des APC par exemple.

    Lire du sens :

    Vous verrez qu'au cours de ces 6 semaines, les élèves seront amenés à lire des mots et quelques phrases isolées, bien sûr, mais, et c'est là qu'ils rattraperont (largement) les objectifs de compréhension qu'installent avec tant d'acharnement leur méthode depuis 6 mois, en oubliant un peu (beaucoup) l'acquisition des graphèmes pour arriver à tout boucler.

    Le sens, sur lequel ce Rituel s'appuyait déjà franchement grâce aux aventures de Nino, Ana, Noa et tous leurs proches, nos élèves vont désormais le rencontrer :

    • dans d'autres aventures de nos petits héros,
    • dans des poèmes, très souvent issus du patrimoine littéraire français
    • dans des fables adaptées du patrimoine littéraire
    • dans de très nombreux contes, récits et légendes, le plus souvent adaptés du patrimoine littéraire
    • dans des écrits informatifs ou injonctifs (documentaires, recette)

    Ce sens doit se lire « au fil du texte », phrase après phrase, avec contrôle de compréhension in situ (voir Travailler la fluidité en lecture) :

    • On écrit ou projette le texte de la demi-journée au tableau.
    • Les élèves lisent une phrase chacun, à leur rythme (c'est par la fréquence des lectures, sur des « matériaux » toujours différents, et non pas la répétition et par l'acharnement à vouloir obtenir des lecteurs oraux experts pour chaque texte qu'ils rencontrent en classe, que la lecture expressive viendra, pour certains, très bientôt, dès la fin de la Période 4 pour d'autres, un peu plus tard, en fin de CP ou même milieu de CE1).
      Ne perdons pas de vue que le but recherché est l'automatisation du décodage, associé à une vigilance quant au sens de ce qu'on lit.
    • On en éclaircit au besoin le vocabulaire ou la situation, en se rappelant qu'on est là pour enseigner et non pour évaluer ce que les enfants auraient appris seuls, ailleurs... 
    • On accepte les remarques qui font avancer la compréhension mais on ne perd pas de temps à disserter longuement : on garde comme but principal, les 10 à 15 minutes d'entraînement au décodage, principale source de compréhension de l'écrit
    • S'il reste deux ou trois minutes en fin de séance, on relit soi-même le texte, assez lentement, en soulignant les mots lus du bout d'une baguette et en encourageant les élèves à suivre des yeux et de la voix chuchotée, aidés ou non par l'usage d'un chuchoteur
    • Si on aime bricoler, on peut imprimer et plastifier ces textes et les présenter dans une « boîte à lire » qu'on installera avec cérémonie dans la classe et dans laquelle les élèves, seuls ou à deux ou trois, pourront venir piocher pendant des moments d'activité en autonomie.
    • Je déconseille en revanche d'« exploiter » ces textes jusqu'à leur ôter tout leur mystère, toute leur aura de magie, tout le plaisir que nos élèves pourront éprouver en les retrouvant, seuls ou en classe, cette année ou plus tard[1]...

    S'appuyer sur les régularités de la langue :

    En plus de cette imprégnation culturelle, de ce bain d'écrit, dans une baignoire dont chaque molécule d'eau, ou plutôt chaque graphème du texte, est toutefois totalement identifiable, nous nous attacherons à intensifier l'étude des régularités de la langue, démarrée dès le premier jour de classe, le jour où nous leur avons appris que la lettre i se prononçait très souvent [i] alors que la lettre o se prononçait très souvent [o].

    Nous continuons donc à consacrer chaque semaine deux jours à un ou deux graphèmes et deux jours à un ou deux autres (la progression que j'ai un tout petit peu remaniée, se trouve ici : CP : Rituel d'imprégnation graphémique (1)).

    Nous ajoutons à cela l'utilisation grammaticale ou orthographique (les morphèmes) de ces graphèmes, de manière à ce que, tranquillement, sans leçons à apprendre, sans évaluations normatives à prévoir, juste en les lisant, en en parlant, en y revenant sans cesse, les automatismes de lecture s'installent :

    « Attention, tu viens de lire le pronom nous, dira le cerveau à l'élève, il y a de fortes chances que le mot suivant soit un verbe terminé par -ons qui se lira [õ] !...Jette un petit coup d'œil, pour voir !.. Ah ! Tu vois, je te l'avais dit.

    – Et là, avec ce nom au pluriel, n'oublie pas que la terminaison -ent est muette. Ne va pas nous lire Les poules du couvent [kuvã] comme un pauvre « lecturisé » insuffisamment alphabétisé ! Tu vaux mieux que ça !

    – Oh ! Regarde tous ces verbes qui racontent ce qui s'est passé hier... tu as vu ? Ils finissent tous par ai...quelque chose : j'aidais...ais, tu riais... ais, elle pleurait... ait... ils trépignaient... aient... Si tu tu t'en souviens, tu vas pouvoir lire beaucoup plus vite...

    – Et là, dans l'adjectif vilain, tu entends |ɛ̃] alors que dans son féminin vilaine, tu entends [ɛn]. Et c'est pareil pour plein ! et pour prochain !... Mais pas pour malin ni pour coquin... Ça peut être intéressant, ça, pour plus tard... Je te le garde au chaud dans un coin de ta tête, d'accord ?... »

    Et c'est ainsi que nos élèves pratiqueront la grammaire, particulièrement pour ceux d'entre nous qui auront aussi adopté la progression d'Écriture graphémique. Pas plus compliqué que ça. Juste donner à voir et à réfléchir, montrer que nous, ça nous passionne, et faire confiance au temps qui passe.

    En cette période 4, ils seront ainsi sollicités à nouveau ou pour la première fois sur les notions suivantes (je rappelle que c'est entre leurs cerveaux et eux, pas pour apprendre à la maison, si papa et maman veulent bien, et évaluer le lendemain matin) :

    • Semaine 1 : Pluriels des noms en -eau et -al (sans les exceptions, bien sûr, j'ai dit Régularités) ; Passé, présent et futur du verbe avoir (j'en profite pour signaler aux plus jeunes collègues que, très souvent, les enfants prononcent « j'eurai, tu euras, il eura » ; c'est la correction par imprégnation que cet exercice de lecture vise).
    • Semaine 2 : Trois personnes du singulier du verbe pouvoir au présent ; entraînement à la lecture de verbes conjugués à l'imparfait
    • Semaine 3 : Masculin en |ɛ̃], féminin en [ɛn] ou [in]
    • Semaine 4 : Natures (noms, mots invariables, verbes à l'infinitif, verbes conjugués) ; la terminaison -er des verbes du 1er groupe à l'infinitif ; la terminaison -ez des verbes à la deuxième personne du pluriel
    • Semaine 5 : Rien. C'est la semaine du Vilain Petit Canard (et de Poucette) ! Pas le temps de faire autre chose...
    • Semaine 6 : Les terminaisons du présent des verbes du 1er groupe ; -eil au masculin et -eille au féminin

    Voilà. Après avoir bien cassé l'ambiance et affolé tout le monde, avec ces objectifs dignes d'un CM2, je redescends sur terre et vous conjure d'y jeter ne serait-ce qu'un tout petit coup d'œil pour vous rendre compte et vous dire qu'après tout, nos élèves ne sont pas si stupides et que si le premier jour de CP, on leur faisait confiance pour « lire » : 

    CP : Rituel d'imprégnation graphémique (4)

    il n'y a aucune raison de s'affoler parce que, un beau jour de mi-avril, on leur fait décoder et comprendre cela :

    CP : Rituel d'imprégnation graphémique (4)

    Et maintenant, après une petite note, les fichiers.

    Note :

    [1] Imaginons par exemple nos petits élèves dans cinq ans, en Sixième, lisant Le Loup et l'Agneau, dans la version de Jean de La Fontaine et se rappelant qu'un jour, ils ne savent plus bien quand, ils avaient déjà rencontré ce loup injuste et querelleur qui emploie des arguments mensongers pour justifier son attitude... Cela ne sera-t-il pas valorisant pour eux, d'avoir déjà cette culture ?

    Fichiers de la Période 4 (Mars - Avril) :

    A) Période 4 - Semaine 1 :

    Télécharger « Période 4 - Semaine 1.pdf »

    B) Période 4 - Semaine 2 :

    Télécharger « Période 4 - Semaine 2.pdf »

    C) Période 4 - Semaine 3 :

    Télécharger « Période 4 - Semaine 3.pdf »

    D) Période 4 - Semaine 4 :

    Télécharger « Période 4 - Semaine 4.pdf »

    E) Période 4 - Semaine 5 :

    Télécharger « Période 4 - Semaine 5.pdf »

    F) Période 4 - Semaine 6 :

    Télécharger « Période 4 - Semaine 6.pdf »

    Dans la même série :

    A) Lecture :

    CP : Rituel d'imprégnation graphémique (1) ; CP : Rituel d'imprégnation graphémique (2) ; CP : Rituel d'imprégnation graphémique (3) ; ... ; CP : Rituel d'imprégnation graphémique (5)

    B) Écriture :

    CP : Écriture graphémique (1) ; CP : Écriture graphémique (2) ; CP : Écriture graphémique (3)CP : Écriture graphémique (4) ; CP : Écriture graphémique (5)

    C) L'ensemble du travail, compilé en méthode de lecture :

    CP : Méthode de lecture "Nino et Ana" ; CP : Méthode Nino et Ana : cahier 2CP : Méthode Nino et Ana : cahier 3CP : "Nino et Ana", production d'écrits ;


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  • Commentaires

    1
    Bettyz
    Samedi 16 Mai 2020 à 23:19

    Bonjour Je suis très intéressée par la méthode de lecture Nino et Ana. Je me questionne en revanche sur la partie écriture. Elle est en lien avec les graphèmes découverts, donc ne suit pas une progression en fonction des formes graphiques (étrécies, boucles, ponts..). Les autres années, vu le travail que fait ma collègue de GS et le temps qu'elle passe sur le graphisme et l'écriture, mes nouveaux CP arrivent avec un très bon niveau et les lettres ont toutes été travaillées, il suffit juste de les revoir rapidement. Cette année, avec la crise sanitaire que nous connaissons, elle aura beaucoup moins avancé et un tiers des élèves ne reprenant pas l'école, le niveau ne sera pas le même et les lettres n'auront pas été travaillées. Ne pensez vous pas que cela puisse poser problème et qu'il ne faudrait pas que je fasse d'autres exercices de graphisme en parallèle? Merci d'avance

      • Dimanche 17 Mai 2020 à 09:32

        Bonjour Bettyz,

        Dans le guide pédagogique, chaque leçon d'écriture est déclinée en deux "versions" : celle pour élèves déjà bien dégourdis en écriture et celle pour élèves débutants plus ou moins stricts.

        Plus que le travail de chaque lettre en particulier, ce qui est important, c'est que les gestes de bases aient été installés. Si c'était le cas avant le confinement, cela reviendra vite car il ne manquera que l'entraînement quotidien qui aura fait défaut pendant deux à quatre mois. Il suffira de tout réactiver en début d'année, quitte à axer le travail d'arts plastiques sur le graphisme (voir Cycle 2 (ou 3 ?) : Arts visuels et écriture).

        En revanche, si ces gestes (+ tenue du crayon et placement du cahier) n'avaient pas été installés avant la fermeture des écoles, en effet, il vaudra mieux prévoir une progression d'apprentissage de l'écriture en parallèle.

        Bon courage !

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