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    Enseignement moral et civique

    Nouveau projet de programmes d'Enseignement Moral et Civique, comme si en dehors d'un changement de régime politique, ce genre d'enseignement pouvait se démoder et réclamer un toilettage, annonce urbi et orbi de la remise au goût du jour de rites républicains,.. Les hasards du calendrier[1] se lient aux événements dramatiques de ces dernières semaines et tombent à point nommé pour fixer les responsabilités de chacun dans la construction de l'être social adepte de la démocratie que doit devenir chaque petit enfant vivant en France.

    Nos élèves, du plus jeune au plus âgé, doivent apprendre le Vivre-Ensemble, la Citoyenneté, le Civisme, appelons cela comme nous voulons. C'est une évidence.
    Ce qu'ils apprendront à mettre en œuvre dans leur salle de classe puis dans leur école grâce à leurs enseignants, nous espérons qu'ils le transféreront dans leur vie de tous les jours, d'abord au collège et au lycée, puis ailleurs, partout, tout le temps.

    Les objectifs visés par le programme d'Enseignement Moral et Civique répètent, sans doute presque mot pour mot, ceux de tous les programmes précédents. Il s'agit en effet d'apprendre à :

    - penser et agir par soi-même et avec les autres et pouvoir répondre de ses pensées et de ses choix (principe d’autonomie) ;
    - comprendre le bien-fondé des règles régissant les comportements individuels et collectifs, y obéir et agir conformément à elles (principe de discipline) ;
    - reconnaître le pluralisme des opinions, des convictions, des croyances et des modes de vie (principe de la coexistence des libertés) ;
    - construire du lien social et politique (principe de la communauté des citoyens).

    Tout ceci mène théoriquement à garantir des futurs citoyens respectueux des lois et des personnes, tolérants et ouverts, pourvus d'esprit critique et faisant passer l'intérêt général avant leurs intérêts particuliers. 

    Rites républicains ?

    Les annonces de ces derniers jours réaffirment[2] que c'est en instaurant des rites quotidiens, en faisant chanter la Marseillaise, en apprenant les couleurs des drapeaux français et européen, en récitant la liste des autres symboles républicains que l'École obtiendra ces adultes parfaits porteurs des valeurs intangibles de liberté, d'égalité et de fraternité qui caractérisent la France...
    À croire qu'ils n'ont jamais chanté à pleine voix sur l'air de l'Hymne à la Joie, ces paroles hilarantes, inventées par les filles d'une classe de CM2 de la banlieue parisienne, pendant l'année scolaire 1966/1967 :

    "Que la joie qui nous appelle
    Nous accueille en sa clarté.

    Que s'éveille sous son aile
    La maîtresse, elle a pété !
    "

    Certains y rajouteraient volontiers pour faire bonne mesure l'uniforme, la blouse grise et quelques policiers dans les écoles... Sans doute pour signifier aux enfants qui sont leur épouvante que, déjà tout petits, ils font peur et que, puisqu'on n'a pas le droit les reconduire hors des frontières du pays où ils sont nés, on s'emploie à leur apprendre que leur avenir étant tout tracé, il convient de les avoir à l'œil ! Tragique à défaut d'être comique !

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    L'estime de soi avant tout ? 

    D'autres, ceux qui ont voix au chapitre et qui, depuis une trentaine d'années, conseillent les Ministères successifs dans la rédaction des programmes, des circulaires d'application, ceux qui leur suggèrent les méthodes à appliquer et les outils à utiliser, considèrent que nous ne sommes pas encore allés assez loin dans l'individualisation des parcours.
    Selon eux, c'est par la contemplation de son propre nombril, la recherche active de son bien-être personnel, l'exposition aux yeux de tous de ses sentiments les plus secrets qu'il convient de commencer. Culture de la sensibilité, qu'ils appellent ça, madame !
    Lorsque l'élève s'estime lui-même et peut dire s'il se sent bien ou mal, à chaque moment de sa vie, il doit nécessairement arriver ensuite à l'empathie qui le rend capable de s'exprimer sans se laisser déborder par ses émotions. Et cela débouche de façon certaine sur un prise de conscience de la collectivité dont il se sent membre à part entière, et seulement membre...

    Rassurez-moi, ces gens-là ont déjà vu des enfants ?... Des vrais, je veux dire, ceux de la Guerre des Boutons, de La Gloire de mon Père ou de Poil de Carotte... Même des très gentils, très bien élevés, très encadrés comme Les Petites Filles Modèles, Anne Frank, le Petit Lord Fauntleroy ou les Quatre Filles du Docteur March... Et je ne parle pas de la bande de gosses perdus sur un îlot qui, en quelques jours, recréent ex nihilo toutes les caractéristiques de la société totalitaire avec ses petits chefs, ses vassaux abjects, ses suiveurs, ses réprouvés...
    Des enfants, quoi. De ceux qui font pipi plus loin que leurs copains, font tout mieux qu'eux, ont une plus belle robe et un plus grand vélo, sont plus forts, plus beaux, plus intelligents, plus jolis, plus importants, plus méchants, plus tout ce que vous voulez que le monde entier... De ceux qui, au fond d'eux-mêmes, savent bien qu'ils sont petits, fragiles, incapables de subvenir à leurs besoins, ignorants, perdus, à la merci de tous les loups, sorcières et autres croque-mitaines !

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    Et puis, qu'est-ce que cela vient faire dans l'enseignement moral et civique, cette psychothérapie de bazar ? L'enseignement, c'est "une pratique mise en œuvre par un enseignant visant à transmettre des connaissances à un élève, un étudiant ou tout autre public dans le cadre d'une institution éducative"[3], comment cela pourrait-il enseigner l'estime de soi ou l'empathie, ... ?

    Attention, je reconnais cent fois, mille fois qu'un professeur, du primaire ou du secondaire, doit faire en sorte que ses élèves se sentent en confiance et sachent qu'il leur reconnaît des qualités. Il doit leur apprendre progressivement à suffisamment se connaître pour pouvoir s'appuyer sur leurs points forts dans le but de dépasser et vaincre leurs points faibles.
    Je suis aussi profondément convaincue qu'il doit, même avec les plus jeunes, apprendre aux élèves à voir, écouter, comprendre leurs petits camarades. Il est de son devoir de leur enseigner comment passer de la communication infra-verbale à base de gestes d'intimidation ou de soumission à des échanges structurés et policés plus propices à la prise de conscience du fait qu'être membre d'une collectivité sous-entend qu'on adhère aux règles et aux codes que celle-ci s'est construits bien avant notre naissance.

    Alors, pourquoi nous colle-t-on cette culture de la sensibilité comme première dimension de ce programme en gestation ?
    "Il n’y a pas de conscience morale qui ne s’émeuve, ne s’enthousiasme ou ne s’indigne. Mais cette sensibilité doit s’éduquer et appelle le retour réflexif sur les expressions premières des émotions et des sentiments, l’élucidation de leurs motifs ou leurs mobiles, leur identification, leur mise en mots et leur discussion" , peut-on y lire... Parfait. A condition qu'on mette de la distance et que personne n'y parle de soi. Sinon nous sommes chez le psychanalyste et non à l'école !
    Ce travail-là, c'est à travers les livres, les récits, les contes, les grands mythes que nous devons le mener sans jamais mettre en avant tel ou tel individu et son opinion du moment, d'autant plus sujette à fluctuation que ce petit d'homme est jeune et influençable.

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    Les trois autres "dimensions" ne me choquent pas. On y parle en effet d'enseignement et de connaissances. 
    Quant aux "compétences" qu'on entend favoriser, elles font en effet partie du travail d'éducation qui relève des missions d'un professeur des écoles : "développer la réflexion critique, argumenter, confronter des jugements et les remettre en cause, distinguer intérêt général et intérêts particuliers, respecter ses engagements, travailler en autonomie, s'impliquer dans la vie collective, coopérer... " 

     Discussions philosophiques, "messages clairs" et techniques de médiation...

    Là où cela se gâte, c'est lorsqu'il s'agit de proposer[4] des objets d'enseignement, des pratiques de classe, d'école ou d'établissement.

    Car, là, ça délire grave, comme disent les djeuns' !
    On y apprend pêle-mêle que les élèves de Cycle 2 doivent mener des discussions philosophiques ayant pour thème les racismes, le sexisme, la xénophobie, l'homophobie ;  que les soins du corps (l'hygiène ?) s'apprennent par la danse ; qu'il convient d'apprendre la technique des "messages clairs" ...
    Bien entendu, parce qu'on ne change pas une équipe qui perd, on conseille d'associer les individus-élèves à l'élaboration des règles de l'école, dans la cour et en classe. On leur parle de la Charte de la Laïcité (on ne dit pas si on la leur fait signer de leur sang comme les PAP, les PPRE et les pactes sioux), de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen, la charte des TUIC, ...

    Au cycle 3, cela continue... Discussions à visées philosophiques, étude des mécanismes du harcèlement, participation à la Semaine de la Presse et des Médias, mise en place de la technique de la médiation scolaire par les pairs, étude de l'influence des sondages d'opinion dans le débat public !...
    On navigue en cabotant entre enseignements légitimes, adaptés à l'âge de nos élèves, injonctions paradoxales, ordres à peine déguisés, culture de l'individu-roi et de son opinion érigée en réflexion philosophique, dernières trouvailles venues d'ailleurs et forcément plus mieux bien... C'est affligeant.

    Ce qui est le plus affligeant, c'est que cela fait bientôt quarante ans[5] que je descends ainsi les degrés d'un escalier apparemment sans fin...
    La "morale à l'usage des petits enfants", celle qui dit qu'on est à l'école pour apprendre et grandir ensemble, se faire des copains et leur parler gentiment existait déjà bien sûr en ces temps reculés.
    Pendant les leçons d'éveil (instruction civique, d'histoire, de géographie), les élèves d'élémentaire apprenaient encore un peu la façon dont était organisée la démocratie dans le pays qu'ils habitaient, l'histoire et la géographie de l'Europe et du Monde à travers celles, plus approfondies, de ce pays-là.
    La littérature, à travers les morceaux choisis qu'ils lisaient et expliquaient en classe, leur ouvrait la porte du monde des sentiments, des idées, des relations humaines... Elle installait durablement dans leur mémoire les repères historiques nécessaires à la compréhension de l'évolution des idées, des politiques, des alliances, des croyances.
    L'enseignement du français écrit, très structuré, malgré les premiers coups de boutoir, permettait encore à l'immense majorité des élèves de s'exprimer clairement avec une orthographe raisonnablement correcte, quoi qu'en disent les racistes de tout poil qui s'imaginent qu'un élève issu des cités ne peut pas apprendre à parler, lire et écrire le français comme tout le monde !
    Les leçons de sciences des activités d'éveil leur donnaient le sens du vivant en les ouvrant à sa compréhension. L'hygiène, les soins du corps, l'égalité des sexes, le combat contre les racismes et la xénophobie, le respect des différences naissaient de cette compréhension.
    La musique, l'expression plastique (beaucoup moins guidée et contrainte qu'aujourd'hui), l'éducation physique et sportive leur donnaient chaque semaine l'occasion de s'exprimer, de tester leurs capacités, de "faire ensemble"...
    Les plus grands géraient la coopérative scolaire, beaucoup rédigeaient des journaux, débattaient ensemble de ce qu'ils allaient étudier, entreprendre, rechercher, fabriquer, encadrés par leur enseignant, grâce au temps moins contraint et des programmes beaucoup plus clairs et souples que ceux que j'ai vu arriver plus tard (et particulièrement ceux de 2002 et 2008).

    Et si on enseignait ?

    Petit à petit, on a réduit les heures d'enseignement, les prétentions, les contenus, la collectivité...
    Les instituteurs, qui étaient souvent aussi directeurs de colo, animateurs de clubs sportifs, se sont vu retirer les études et les cantines parce qu'ils coûtaient plus cher qu'un "animateur"... L'école n'a plus parlé d'une seule voix puisque, pendant le périscolaire, les "maîtres" n'étaient plus là et que les enfants obéissaient à d'autres lois.
    L'accueil des enfants de maternelle n'a plus eu lieu dans la cour ou la salle collective. Les maîtres et maîtresses ne pouvaient plus instaurer dès le départ les règles de vie en collectivité et installer la coopération, le respect des plus jeunes, l'empathie. Les parents sont entrés dans les classes maternelles et ont contraint les enseignants à les accueillir en lieu et place de leurs enfants, envoyés jouer à ce qu'ils voulaient, seuls, en "autonomie" avant même qu'ils aient la possibilité de s'y préparer.

    En classe, on n'a plus parlé, lu, écrit le français exigeant, celui de ceux qui seront amenés à lire et écrire plus tard... À la place de cela, on a lu aux plus petits des livres en langue adaptée (aux Epsilons, c'est ça ?), éjecté les morceaux choisis ringardisés et pas systématiquement remplacés par de la littérature contemporaine de grande qualité.
    On a de moins en moins enseigné d'histoire, de sciences, de géographie, d'instruction civique. Pendant que se développaient les techniques, les méthodes, les objets d'études, les projets, les tâches, les approches et tout leur vocabulaire abscons, les contenus, eux, fondaient comme neige au soleil.
    On a contraint l'expression dans des carcans au noms barbares de techniques d'arts visuels, productions d'écrits, pratiques vocales...

    Et ce qui devait arriver est arrivé. À force de fabriquer des cerveaux vides, disponibles pour Coca Cola ou un autre, nous nous retrouvons aujourd'hui à chercher comment ramer à contre-courant mais sans vexer Pierre, Paul ou Jacques...
    On godille à droite à gauche pour louvoyer entre les écueils et on tourne en rond, de Marseillaise hurlée à pleine voix en marchant au pas en débats citoyens à visée philosophique entre mioches qui seraient mieux à construire des cabanes ou faire des ricochets. On saupoudre le tout d'un peu d'éducation à ceci ou cela, on rend le tout festif et commémoratif en célébrant la journée de l'enfant, de la presse, de l'amitié, du souvenir, de l'Internationale... euh non, je m'égare.

    Et les enfants perdus, ceux des cours d'école où on apprend, seuls, à se gérer entre pairs, ceux des échecs scolaires PPREisés, ceux des débats citoyens en lieu et place de la leçon de français, de mathématiques, d'histoire, de géographie, de sciences jugée trop difficile et trop contraignante pour leurs capacités de gosses d'étrangers de pas d'ici, ceux des ateliers périscolaires de hip-hop, de lambada ou de ballon prisonnier qui remplacent les trois heures de classes qu'avaient leurs parents en 1975, ces enfants perdus-là, sans repères, persuadés d'être des exclus qui n'intéressent personne, se cherchent les idoles qu'ils peuvent puisqu'on ne leur a rien donné de sérieux à se mettre sous la dent.

    Alors, s'il vous plaît, messieurs qu'on nomme grands, lisez ce que propose le GRIP et laissez-nous bosser, avec nos élèves, dans nos classes et juger seuls du bien-fondé des activités que nous mettrons en place, nous-mêmes, en nos âmes et consciences. Merci.

    Une tête vide est plus facile à farcir de tout et n'importe quoi qu'une tête intelligemment remplie.

    Après les événements dramatiques récemment survenus, le GRIP tient à rappeler que les discours sur la laïcité et sur la loi de 1905 à laquelle nous sommes attachés resteront lettre morte si l'on ne rétablit pas une école qui joue pleinement son rôle d'instruction, une école qui élève au sens large.

    Cette école a besoin de temps de classe, de programmes riches, cohérents et progressifs. Elle doit être le lieu de l'apprentissage de la rationalité, de la réflexion, du questionnement, de la nuance et non celui des déballages d'opinions et de l'immédiateté. Ses méthodes doivent ainsi demeurer rationnelles et n’ont pas à s’appuyer sur des rites, fussent-ils républicains. La part d'éducation morale, universelle, que nous pouvons y donner ne se transmet pas dans l'émotion, avec des bons sentiments, mais par un long travail d'instruction.
    Dans le contexte actuel, le GRIP estime capital de s'en tenir à la définition de l'Instruction Publique donnée par Ferdinand Buisson : « L'instruction primaire, telle que la définit la loi du 28 mars 1882, n'est plus cet enseignement rudimentaire de la lecture, de l'écriture et du calcul que la charité des classes privilégiées offrait aux classes déshéritées : c'est une instruction nationale embrassant l'ensemble des connaissances humaines, l'éducation tout entière, physique, morale et intellectuelle ; c'est la large base sur laquelle reposera désormais l'édifice tout entier de la culture humaine. Cette instruction nationale est obligatoire pour tous ; elle est donnée à tous aux frais de l'État, qui l'a érigée en service public et gratuit. »
    GRIP - janvier 2015

     

    [1] La consultation sur le projet de programmes d’EMC était prévue de longue date.
    [2] Après l’affirmation gravée dans le marbre du S3C (Socle Commun de Connaissances, de Compétences et de Culture) aux paliers 1, 2 et sans doute 3.
    [3] http://fr.wikipedia.org/wiki/Enseignement
    [4] Proposer, Mesdames et Messieurs les IEN qui, si j’en crois ce que je lis ici ou là, se sentent pousser des ailes et multiplient les accrocs à la liberté pédagogique ! Ceci est censé être un catalogue dans lequel nos collègues pourront puiser, ou non, des idées de mise en œuvre. N’allez pas obliger toute une circonscription à adopter le dernier délire à la mode par la grâce d’un « chercheur » qui assure, sans l’avoir testé sur un échantillon représentatif d’élèves, que c’est la panacée.
    [5] J’ai débuté en 1975, pas en 1923. Ça, c’est pour les mal-comprenants qui ne savent pas compter et voient du passéisme là où il n’y en a pas. Euh... ceci dit, c'est Célestin Freinet qui a débuté en 1923 ou tout comme !


  • Commentaires

    1
    poirple
    Jeudi 22 Janvier 2015 à 09:01

    Merci pour ce beau billet! 

    J'espère que quelque chose de bon pourrait sortir de l'horreur de ces dernières semaines. Je me suis trompée.

    Restons dans notre idéologie crasse, nos vieux poncifs, notre racisme caché (vous l'avez très bien souligné). Continuons à ne rien apprendre à nos enfants sauf des petites phrases creuses sur le fameux vivre-ensemble. L'Histoire, la Géo, la Littérature, les Sciences...pfeu tout cela n'a jamais servi à faire de nos enfants de vrais citoyens, c'est bien connu. Psychologie de bas-étage et verbiage creux voilà les solutions!

     

     

    2
    françoise svel
    Jeudi 22 Janvier 2015 à 21:38

    Oui, c'est tellement évident! Mais pourquoi est-ce qu'ils ne veulent pas comprendre???

    3
    JCP
    Jeudi 29 Janvier 2015 à 00:15

    Bonjour,

     

    Prof de lycée professionnel, j'adhère à votre "coup de gueule" salutaire. Je ne m'étais pas penché sur l'EMC version école-collège, me contentant de la version lycée. C'est un tort, car à parcourir tout ce salmigondis de "compétences et connaissances " que les PE et collègues de collège vont ardemment développer, je gage que je verrai arriver des petits citoyens modèles dans mes futures classes ; ce qui me dispensera donc d'en rajouter une couche... D'avance, merci !

     

    Au demeurant, reconnaissons déjà l'efficacité de l'école à former les élèves au débat argumenté, surtout lorsqu'ils n'ont rien à dire, faute d'avoir pensé, faute d'avoir eu accès à la culture qui leur eut donné à réfléchir... Je donne mon avis, même s'il ne procède d'aucune réflexion, et il est éminemment respectable puisque c'est le mien ! "Parce que je le vaut bien", pour singer un slogan publicitaire... Voilà les néo-citoyens qu'on a formés à "placer les élèves au centre" (ils y sont évidemment), mais en éjectant dudit centre les connaissances et les professeurs (là est le tort).

     

    Continuons joyeusement en ce sens : ajoutons des TICE pour redonner un coup de jeune au constructivisme essoufflé, saupoudrons de collaboratif (socio-constructif) pour justifier les bavardages stériles mais collectifs, passons par la pédagogie du détour pour compliquer les choses, rajoutons un zeste d'interdiscplinaire transversal pour brouiller les pistes, limitons le rôle de l'enseignant à celui d'accompagnateur (ou garde-malade en centre de soins palliatifs) pour favoriser "l'autonomisation" ("empowerment" en nov-langue pédantesque) des élèves, qui sont comme chacun sait des zélateurs de "l'autodidaxie" !

     

    Bref, l'EMC, telle qu'elle est définie, s'inscrit dans cette mouvance innovante, forcément innovante...

     

    Vous le soulignez avec force. Bravo !

     

    À vous lire, JCP

     

     

    4
    françoise svel
    Jeudi 29 Janvier 2015 à 20:27

    Eh, oui! Même expérience, même constat... Résultat de toutes ces "innovations", on "interroge"un gosse de huit ans qui , sans doute, sait à peine lire !!!

    5
    FD
    Dimanche 1er Février 2015 à 08:27

    Bravo et merci. Vous lire et lire les commentaires me donnent au moins le sentiment de n'être pas complètement seule à penser ainsi. Effectivement force est de constater, dans mon établissement du moins (un lycée d'enseignement général à la belle renommée ) que la plupart des collègues ne se posent pas ou plus ce type de questions dérangeantes et appliquent quasiment comme un seul homme toutes les nouvelles directives d'enseignement qui, d'une matière à l'autre, ne nous permettent plus guère d'exercer le métier pour lequel j'ai signé il y a quelques années: enseigner, transmettre le "gai savoir" qui enrichit et rend libre. Nous passons le plus clair de notre temps à "évaluer" diverses "compétences" et nos manuels scolaires (je suis prof de langue) ont été pratiquement vidés de leur contenu culturel et grammatical (je viens d'écrire un "gros mot"! Pardon!: "grammatical"). Nous devons à présent conseiller à nos élèves de s'exercer sur des sites Internet pour apprendre l'emploi des prépositions, des conjugaisons et autres car nous n'avons plus ni le temps ni le DROIT de  "faire de la grammaire" autrement que par "imprégnation" (à raison de 2h1/4 de cours/semaine! Trouvez donc l'erreur). Le verbiage dont on nous assomme pour nous expliquer "comment transmettre aux apprenants" est indigeste et vide (merci les IPR et les IG et les IUFM). Les extraits de magnifiques textes littéraires qui nous permettaient de conduire les élèves à réfléchir, grâce à leur analyse, à ce qui nous rend indépendants, libres, tolérants et inventifs ont été la plupart du temps remplacés par des sortes de dépliants touristiques ou des enquêtes "d'opinion". Nous devrions être nombreux à nous élever contre ces "bonnes paroles" distillées par les "huiles" (particulièrement depuis la réforme du baccalauréat en ce qui concerne les lycées) et à revendiquer Ferdinand Buisson. Mais, malheureusement..... Le courage fait rage, n'est ce pas?

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    6
    Magali Gaubert
    Samedi 7 Février 2015 à 09:59

    Merci pour ce bel article.

    7
    Samedi 7 Février 2015 à 10:36

    Merci à tous ceux qui prennent la peine de laisser un petit mot ou un plus long !

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