• L'école, c'est pas cher et ça peut rapporter gros !

    À chaque nouveau ministre, je ne peux pas m’empêcher d’avoir un tout petit espoir. Tout est tellement simple et les solutions sont si faciles à mettre en œuvre…

    Et si celui-là, enfin, voulait bien, même à petite échelle, tenter l’expérience ? S’il était moins frileux que les autres ? S’il était plus réaliste et cherchait enfin des pistes qui sortent des sentiers battus par les experts autoproclamés des dernières décennies ? S’il voulait mettre l’école, la vraie, celle qui sert à apprendre et à grandir, sur les rails d’une réelle démocratie en action ?
    L’école, ce n’est pas si cher que ça et les résultats peuvent rapporter gros tellement rapidement !

    Alors, j’essaie de faire taire la petite voix aigre qui résonne désagréablement au fond de moi... même si nos dernières expériences communes lui donnent chaque fois plus de force et d’amertume. Non ! Je ne t’écouterai pas, la sorcière des mauvais jours ! Non, ils ne sont pas en train de nous brader pour nous faire disparaître ! Non, si vraiment ils nous font passer sous la coupe des régions, des départements ou des communes, ce qu’à la déesse Raison ne plaise, ils n’iront pas plus loin ! Pas ici, pas chez nous…

    Après l’École aux 36 000 vitesses des régies communales qui est hélas déjà en marche, comment oseraient-ils en venir aux partenariats économiques ? Qu’est-ce que Total, Veolia, Suez, Axa ou les autres auraient à faire du cadavre de l’École ? Tais-toi, la sorcière néolibérale, tu vas m’empêcher de dormir, et écoute-moi plutôt…

    Imaginons des méthodes qui marchent. Des méthodes qui enseignent à tous les enfants sans discrimination et leur apportent à tous selon leur mesure. Des méthodes si simples qu’elles ne demandent qu’un bon bagage culturel pour être mises en œuvre. Des méthodes qui permettent à chaque enfant de réussir, de progresser et de se dépasser.
    Vous imaginez l’économie ? Aussi bien en formation des maîtres qu’en suivi des cohortes ?

    Ah, je sens que là, mon discours interpelle… Alors, j’explique.

    Faites fi de tout ce qu’on vous a raconté jusqu’à présent, soyez innovants, acceptez d’envisager deux secondes l’impossible, le politiquement-totalement-incorrect et allons-y !

    I) La formation des maîtres.

    a) Formation initiale
    Et s’il n’y avait surtout pas besoin de cinq ans d’études universitaires pour apprendre à être professeur des écoles (ça veut dire instituteur) ? Si même, dans bien des cas, c’était carrément contre-productif ?

    Imaginez des personnes qui, pendant presque cinq ans, font tout autre chose qu’approfondir, comprendre et apprendre à enseigner les bases qui feront le quotidien de leur carrière professionnelle.

    Ne pourrait-on pas plutôt consacrer deux années, juste après le baccalauréat, à l’approfondissement et à la compréhension de ces bases puis à nouveau deux années à apprendre à les enseigner ?

    Au sortir du lycée, leur baccalauréat en poche, les étudiants intégreront des classes post-bac dans lesquelles ils recevront un enseignement renforcé de tous les fondamentaux de l’École : français, mathématiques, histoire, géographie, sciences, musique, arts visuels, éducation physique et sportive.

    Ces deux années seront sanctionnées par un diplôme prouvant que les personnes l’ayant en poche sont capables d’écrire sans faute un texte long en expliquant leurs choix grammaticaux et lexicaux et de résoudre un problème arithmétique complexe. Il attestera en outre qu’ils ont une culture étendue au point de vue scientifique, littéraire, historique, géographique, artistique et qu’ils possèdent une maîtrise musicale, artistique et sportive qui leur permettra d’en faire profiter leurs élèves.

    Après ces deux ans, ceux qui en feront le choix continueront dans la voie qui les entraînera vers la fonction de professeur des écoles primaires. Leurs études seront alors orientées vers la pratique professionnelle.

    En première année, ils alterneront stages d’observation à tous les niveaux de l’école primaire et périodes de formation. Cette dernière comportera un volet culturel retraçant objectivement l’histoire de l’école, de ses méthodes, de ses techniques et de ses grands hommes, en France et ailleurs, afin que l’étudiant puisse en toute connaissance se faire une opinion personnelle et opter pour les méthodes qui lui semblent correspondre à ce qu’il attend pour ses élèves. Elle sera complétée par un volet de psychologie et sciences médico-sociales, ceci pour que chaque professeur des écoles soit un réel spécialiste de l’Enfance. Enfin un dernier volet, plus pratique, regroupera les travaux d’analyse et de synthèse des observations menées pendant les stages dans les écoles et permettra à chacun de se forger des convictions quant à la manière de conduire les apprentissages avec efficacité.

    En deuxième année, les stages de pratique remplaceront ceux d’observation. Ils auront lieu dans des classes, en présence du titulaire de la classe au premier trimestre, puis, pour des périodes de plus en plus longues, en autonomie dans des classes libérées par leurs titulaires partis en formation continue.

    b) Formation continue
    L’offre de formation continue pourra être recentrée sur tous les apprentissages fondamentaux cités plus haut. Elle devra nécessairement revêtir l’aspect pratique qu’elle a totalement perdu.

    La formation des plus jeunes permettra aux professeurs des écoles chevronnés d’élargir leurs compétences en recevant dans leurs classes de jeunes collègues à instruire.

    Les formations proposées devront tenir compte du nouvel élan donné à l’enseignement primaire et s’ouvrir elles aussi à l’objectivité et à la pluralité de choix.
     

    II) L’accueil des élèves

    a) périscolaire
    Le périscolaire est à la charge des communes. Les règles d’encadrement et la formation des animateurs doivent être renforcées. Une séparation claire entre scolaire et périscolaire doit être partout mise en œuvre afin que les élèves fassent clairement la différence entre l’école où on apprend et le périscolaire où on se détend.

    b) scolaire
    Le temps scolaire doit être reconquis. Les élèves ont droit à un temps scolaire long qui seul peut garantir le soutien des plus fragiles. Les professeurs des écoles, dégagés des contraintes rendues nécessaires par des programmes et méthodes flous et d’une complexité de mise en œuvre effarante, n’auront plus à assurer 108 heures hors de la présence des élèves et consacreront la totalité de leurs 27 heures par semaine à la conduite de leur cohorte d’élèves.

    En contrepartie, une journée de classe par période, soit cinq journées par an, sera banalisée et consacrée à la formation continue, à la tenue des divers conseils auxquels la profession est habituée.

    L’organisation du temps scolaire se décidera collégialement, au cours de conseils de secteurs1 réunissant professeurs des écoles, représentants des parents d’élèves, des communes et de l’Éducation Nationale, de manière à ce que chaque écolier bénéficie au cours de l’année scolaire de 942 heures de classe (972 h - 30 h banalisées). Les dérogations communales seront étudiées avec bienveillance et validées sans contrepartie.  Les services de remplacements seront étudiés de manière à ce qu'aucun professeur des écoles n'effectue plus de 27 heures de classe en une semaine.

    L’innovation sera encouragée. Une dizaine d’écoles par département s’inscriront pour suivre, sur la totalité des trois cycles une expérimentation des méthodes visant à sortir des sentiers battus et rebattus depuis des années. Elles s’engageront à suivre les programmes ci-dessous et à recevoir en stages étudiants-professeurs des écoles et collègues souhaitant découvrir l’innovation. Elles bénéficieront d’aides à la mise en place sous forme de subventions à l’achat de matériel scolaire, de stages de formation, d’appuis de la hiérarchie.

    III) L’école maternelle

    a) de deux à cinq ans
    L’enfant de deux à cinq ans vient à l’école pour apprendre à être adroit, réceptif, observateur, curieux et attentif. Il doit y acquérir un vocabulaire riche, une syntaxe claire, des connaissances variées, une aisance graphique qui lui permette de s’exprimer par le dessin ainsi qu’une discipline intérieure librement consentie qui lui rende possible l’apprentissage collectif.

    Ces apprentissages, il les mène par le jeu, l’activité manuelle et physique, les exercices sensoriels et la présence permanente de son professeur des écoles qui, en toute confiance et sans évaluations prématurées ni progressions rigides, l’aide à s’ouvrir au monde et à la culture.

    Les contacts très nombreux avec l’écrit sont le fait de l’adulte qui raconte, montre, fait commenter et expliquer. L’enfant apprend par le jeu à compter et à calculer. Aucune leçon, aucune écriture, aucun chiffre ne sont imposés aux élèves. En revanche, le dessin et les activités manuelles de création, le chant et la musique sont largement pratiqués. Les connaissances, le vocabulaire actif, l’envie d’apprendre et de comprendre sont encouragés et valorisés.

    b) de cinq à sept ans
    C’est l’âge où, encore à l’école maternelle, l’enfant découvre et apprend à dominer les apprentissages fondamentaux cités ci-dessus et parmi ceux-ci, l’écriture, la lecture et le calcul écrit.

    Par des méthodes faisant encore une part très large au jeu, au mouvement, à l’activité manuelle, il apprend à se servir des lettres et des chiffres pour écrire, lire, compter et calculer. Ces apprentissages sont menés en interdisciplinarité constante avec les apprentissages moteurs, sensoriels, artistiques et culturels qui continuent à être pratiqués chaque jour.

    À sept ans, lorsqu’il quitte l’école maternelle, il lit et écrit couramment, commençant à organiser ses connaissances orthographiques et grammaticales. Il compte, lit et écrit les nombres jusqu’à 100. Il résout par le raisonnement et le calcul des problèmes relevant des quatre opérations qu’il commence à savoir poser selon les techniques en usage. Ces nouvelles connaissances lui ont par ailleurs permis de découvrir un choix large d’auteurs et d’œuvres littéraires (contes, récits mythologiques, fables, premiers romans, …) ainsi qu’une première culture scientifique, technique, historique, géographique et artistique basée sur l’observation, l’acquisition lexicale et la pratique expérimentale guidée par son enseignant.

    IV) L’école élémentaire

    a) Trois à cinq ans pour approfondir
    Les élèves sachant lire, écrire et ayant acquis les bases du calcul sont prêts à approfondir toutes ces connaissances de manière rapide et efficace. En s’appuyant sur des programmes résolument ambitieux, les professeurs des écoles feront le pari de l’intelligence de nos élèves plutôt que de continuer à déplorer les manques socioculturels de leurs milieux d’origine.

    On peut sérieusement envisager que, si pour la plupart d’entre eux, ce nouveau cycle se fera en quatre années scolaires, un nombre non négligeable d’enfants pourra le parcourir en trois années seulement.

    Cela permettra, sans coûts supplémentaires, d’autoriser certains élèves, peu nombreux, à bénéficier de cinq années scolaires pour acquérir les connaissances nécessaires à l’entrée en Sixième.

    Le but est de réduire au maximum l’échec scolaire en s’adaptant aux capacités cognitives de chaque élève et en cultivant sa confiance en lui-même. Ce n’est pas en adaptant les exigences et en condamnant les plus fragiles à ne jamais pouvoir combler leurs retards que nous réduirons ce qu’il est convenu d’appeler la fracture sociale.

    b) Et après ?
    Lorsque des élèves confiants en leurs capacités et sûrs de leurs connaissances arriveront au collège, celui-ci pourra parfaire dans la continuité l’œuvre entamée par l’école primaire. Je laisse à mes collègues professeurs du Secondaire, faisant comme mes camarades professeurs des écoles et moi-même le pari de l’élitisme pour tous sans aucune discrimination, le soin de détailler des programmes et méthodes réellement innovants pour nos jeunes concitoyens.

    V) L’enfance handicapée

    a) donner plus à ceux qui ont moins
    Parmi tous nos enfants, ceux qui réclament le plus d’attention de notre part, le plus de sollicitude aussi, ce sont bien entendu ceux qui ont le malheur de vivre le handicap.

    Notre rôle est d’alléger leurs souffrances et de leur permettre, autant que faire se peut, de vivre sereinement, entourés de toutes les aides, tous les soins, tous les soulagements que nous pouvons leur apporter.

    Leur accueil à l’école, au milieu des enfants valides, ne peut se concevoir qu’avec un accompagnement médical, psychiatrique et pédagogique rigoureusement adapté à chacun de leurs cas.

    Il y va de l’honneur de notre société d’être prête à engager des frais pour permettre à ceux dont l’exclusion a été malheureusement programmée par le hasard de vivre dignement. L’époque est bien heureusement révolue où cette exclusion s’accompagnait d’exclusions sociales basées sur la mise à l’index.

    b) inclure sans négliger
    Si nous admettons qu’un enfant handicapé peut être accueilli à l’école, nous ne pouvons tolérer que cette inclusion se fasse à son détriment.

    Lorsqu’il s’agit d’un handicap moteur compatible avec l’enseignement délivré dans la classe, l’enfant peut en effet, après aménagements matériels, profiter pleinement de cette scolarisation. En revanche, lorsque ce handicap atteint la vue, l’ouïe, les fonctions intellectuelles ou provoque des troubles envahissants du comportement, nous ne croyons pas qu’un groupe constitué de vingt à trente enfants valides et d’un professeur des écoles soit un lieu d’inclusion idéal pour cet enfant.

    Les professeurs des écoles n’ont pas reçu la formation médicale, psychiatrique ou même tout simplement pédagogique spécialisée qui leur permette d’accueillir dans leurs classes au milieu de vingt à trente autres enfants, un ou plusieurs enfants lourdement handicapés même accompagnés d’un auxiliaire de vie scolaire qui n’a lui-même bénéficié d’aucune formation.

    Le travail qu’ils entreprendront auprès de ces enfants ne pourra que s’apparenter à du gardiennage. Le temps qu’ils lui consacreront sera forcément du temps individuel incompatible avec le temps collectif dévolu à tous.

    Inclure un enfant sans le négliger, c’est lui offrir, au sein de l’école lorsque cela est possible, la structure, le personnel, l’attention adaptés à son cas qui lui permettront de vivre et de grandir. Il devra pouvoir y progresser, apprendre à vaincre et à composer avec son handicap et ses difficultés.

    Comme nous nous engageons à traiter l’échec scolaire en accompagnant nos élèves de façon à ce qu’ils puissent suivre le parcours commun, nous demandons instamment à ce que l’inclusion des enfants handicapés ne soient pas entachée de négligences pédagogiques, médicales et psychiatriques qui les excluront aussi sûrement de la société que tous les dispositifs de mise à l’index de naguère.

    VI) Conclusion

    Je ne crois pas que ce programme coûte bien cher et soit incompatible avec les nécessités économiques actuelles. Il ne réclame ni maîtres supplémentaires, sauf là où les effectifs l’exigent, ni heures de concertation, ni commission ou rapport dispendieux sur l’état de l’école. À tout cela, il répond par un pari : Et si, plutôt que l’ignorance, on essayait maintenant l’intelligence ?

    Notes artisanales (si quelqu'un peut m'indiquer pourquoi les notes de bas de page ne fonctionnent plus, je lui en serai très reconnaissante) :

    1. Un secteur pourra être constitué d'un arrondissement, d'une ville, d'un canton et sera défini par le nombre de classes qu'il recouvre. Chaque secteur se verra affecter un nombre défini de professeurs des écoles titulaires chargés d'effectuer les remplacements courts dans cette zone.


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    Bientôt l'époque des inscriptions !

    Illustration de Sophie Borgnet, extraite de Se Repérer Compter Calculer en GS

    Eh oui, la projection dans le temps a débuté ! Chez nous, les instits, on pense à la carte scolaire, aux demandes de mutation, aux effectifs de l'an prochain dans notre école et à leur conséquence sur le nombre de classes et leurs niveaux. Chez les parents de tout-petits, surtout lorsque c'est leur premier enfant, c'est l'angoisse du choix. Bébé, qui n'est plus un bébé parfois, entre ou va entrer dans sa troisième année. Il est sur le point d'acquérir, à moins qu'il ne l'ait déjà acquise, ce qu'on appelle en jargon Ed. Nat. la propreté diurne.
    Dans les villes et villages où les enfants de moins de trois ans ont encore leur place1 à l'école, il peut se préparer à faire sa première rentrée en septembre 2014...

    Nota bene : Que les choses soient claires tout de suite pour tous ceux qui trouvent ignoble de priver un tout-petit de sa maman. Je parle bien des enfants dont les parents se posent la question et qui, de toute façon, passent déjà leurs journées entre des mains mercenaires et rémunérées. Loin de moi l'idée de pousser une famille à se débarrasser de son enfant à l'école. Je ne fais pas partie de ceux2 qui pensent que l'enfant appartient à l'État avant d'appartenir à sa famille. En revanche, je suis persuadée que si la France de 1914 à 1918, celle de 1930, celle de 1939 à 19503, pouvait proposer la scolarisation maternelle des tout-petits , celle de 2014 le peut aussi. À condition bien sûr qu'elle ait fait le choix de laisser l'Éducation et ses fonctionnaires à la charge de l'État. Et cela, c'est à voir...

    Il peut donc être inscrit... Oui mais... On s'angoisse. Il est chez la nounou, actuellement... Et puis, il y a l'option "crèche", séduisante elle aussi... Ils sont moins nombreux, en crèche... Cela veut forcément dire que les adultes sont plus proches d’eux, non ?

    J'aimerais pouvoir être pleinement sûre de moi en conseillant l'École. Elle s'impose selon moi pour tous les enfants nés entre janvier et juin. Elle devrait être une meilleure solution que la crèche pour ceux nés entre juin et septembre. Elle peut très bien s'adapter, je l'ai vue le faire, aux enfants nés entre septembre et décembre, une fois leur anniversaire de deux ans passé, s'ils sont "propres".

    J’aimerais… mais je ne peux pas, à cause des consignes qu’ont reçues et reçoivent les Professeurs des Écoles… Depuis au moins quinze ans, on leur a expliqué que les enfants de moins de trois ans n’avaient pas leur place en école maternelle. Il y a même un ministre qui a dit que leur rôle n’était pas de changer des couches et de surveiller des siestes, ce qui prouvait que ce brave monsieur ne faisait pas plus qu’eux la différence entre une école, même maternelle, et une crèche. On revient actuellement à l'idée de scolarisation des tout-petits, parce que l'OCDE l'a gratifiée du titre ronflant de structure d'accueil offrant le meilleur rapport qualité-prix pour les enfants de plus de deux ans mais le moins qu'on puisse dire c'est que le retour est timide, peu convaincu et convaincant (voir note 1).

    J'aimerais... mais je ne peux pas, à cause des programmes aussi, qui ne tiennent aucun compte des énormes différences qui existent entre un enfant de deux ou trois ans et un de six ans. Ils proposent bien quelques Repères pour organiser la progressivité des apprentissages à l’école maternelle, mais seulement en Annexe et dans le seul domaine de l’Appropriation du langage, mais je ne peux pas garantir que ces collègues formés par des adeptes des Cycles d’apprentissage et des compétences à valider en fin de cycle les ont lus et adoptés. Je sais qu’il y en a, sans doute de plus en plus, mais je ne vois que la partie émergée de l’iceberg Enseignants de Maternelle, celle qui fréquente certains blogs et certains forums. Je sais qu’il y en a d’autres qui continuent à croire que ce qui est bon pour un enfant qui va entrer au CP est aussi valable pour un petitou qui marche parfois depuis moins d’un an. Ceux-là sont persuadés que, parce qu'il n’adhère pas à leurs projets et objectifs, l’enfant de deux ans n’a rien à faire dans leurs classes…

    Je suis néanmoins sûre d’une chose : la crèche reçoit des enfants de 3 à 36 mois. Un enfant qui atteindra ses 36 mois moins de six mois après son inscription risque très vite de s’y ennuyer et de se trouver limité par le manque de stimulations que son âge réclame.
    Le petit groupe risque aussi de limiter son champ d’investigation, surtout si c’est une petite crèche. En crèche, une personne s’occupe d’une dizaine d’enfants dont l’âge est compris entre … et … . Plus la crèche a un petit effectif global et plus les âges sont variés au sein d’un groupe. L’enfant de presque trois ans peut n’avoir comme camarades que deux ou trois enfants avec lesquels interagir à sa mesure. Et les activités qui intéressent un enfant de 15 mois n’ont rien à voir avec celles passionnant un grand, même de seulement 25 à 30 mois !

    Les copains !. Ceux avec lesquels on va commencer à parler, à échanger, à partager… Ceux qu’on admire parce qu’ils nous font rire, qu’ils savent grimper sur la petite marche et sauter, qu’ils nous donnent la main dans le rang ou qu’ils racontent des histoires passionnantes… pour un enfant de trois ans ! Ceux qui, même si les activités prévues par la maîtresse sont horriblement primarisantes pour des petits bouts de cet âge-là, les rendent intéressantes et instructives parce qu’on y interagit avec ses pairs dans un environnement structuré conçu pour nous. Pour cela, au moins, je conseille plutôt l’école que la crèche

    Et puis, après tout, il existe des crèches où les soignantes laissent les enfants devant la télé ou tolèrent que deux enfants de trois ans s’en prennent à un bébé de deux et des écoles où la maîtresse et l’ATSEM organisent un lieu de vie calme et serein pour leurs bambins de Petite et Toute Petite Section. Comme il existe des nounous formidables qui vont une fois par semaine à la Maison de Retraite accompagner leurs petits pupilles pour qu'ils fassent de la cuisine, du chant ou du jardinage avec les papys-mamies et d’autres qui les laissent "de longue" devant les dessins animés violents pendant qu’elles surfent sur Facebook avec leurs copines4 !

    Alors, pour tous les indécis, le mieux, c’est d’aller voir, sans et avec l’enfant. On passe à l’heure de la récréation ou de l’entrée en classe devant la cour d’école et celle de la crèche, on reste un moment, on regarde, on écoute. On revient quelque temps plus tard avec l’enfant, il regarde, il écoute. Puis on demande rendez-vous avec la directrice et on amène le petit. On pose toutes les questions qui nous taraudent et on prend le pouls de l’ambiance. Si on nous y autorise, on visite et on observe. Les affichages, les rangements, les jeux, les adultes qui sont encore là, les enfants s'il y en a… Est-ce que tout cela attire l’enfant ? Est-ce que cela correspond à ce qu’il aime et à ce qu’on attend pour lui ?

    Le plus dur est de se projeter dans l’avenir. Dans six mois, il aura vécu un quart de sa vie de plus. C’est énorme. Comment était-il, il y a six mois ? Qu’aimait-il et que comprenait-il ? Quels bonds en avant va-t-il encore faire pendant ce laps de temps ? Quelle structure sera le mieux adaptée à ce qu’il sera alors ?

    Moi, je ferais le pari de l’école, juste parce que, de toute façon, l’âge de la crèche sera bientôt un âge révolu pour lui. Mais je n’oblige personne à me suivre.

    Dernière petite chose, en crèche, les enfants sont encadrés par des auxiliaires de puériculture, diplômées à CAP+1. Seules les crèches accueillant 40 enfants et plus sont tenues de salarier une éducatrice de jeunes enfants, diplômée à bac+3.
    À l’école maternelle, les professeurs des écoles ont été recrutés au niveau Master 2 et les ATSEM, qui n’interviennent jamais seules et en responsabilité, sont titulaires d’un CAP Petite Enfance.

    Bon choix !

    Notes de bas de page artisanales :

    1. Ou de nouveau, mais là, je crois que c'est un peu plus compliqué que ça… Des histoires de partenariat, de coéducation, de responsabilités conjointes ou un nombre de places horriblement limité… Je vous expliquerai un jour. 

    2. Mais y en a-t-il vraiment en 2014 ? Je demande à voir.

    3. Dans des classes à 50 mais, à l’époque, cela ne choquait personne que leurs aînés apprennent à lire dans des CP à 45. Autre temps, autres mœurs, les effectifs que nous réclamons sont bien sûr ceux du XXIe siècle, il n’y a qu’à enlever quelques ministres avec leur staff et leurs frais annexes, un instit, ça coûte beaucoup moins cher… 

    4. Je peux citer les noms et les lieux où des enfants proches de moi ont vécu ces événements…


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  • Formation à l'écriture

    La copine de ma copine Rikki a monté une formation pour instits, en Alsace.

    Ça dure une journée, ça coûte 70 € et Rikki et moi pensons que ça vaut vraiment le coup.

    Voici le lien :

    Formation à l'écriture

     


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  • Vacances (et radio)

    Noémie, CP, et Joey, PS, ont l'honneur de vous informer que leur Mémette est actuellement indisponible et laisse un peu son blog de côté pour cause de balades en forêt, construction de cabanes, vélo sur le chemin, nourrissage des chevaux et de la brebis des voisins aux pissenlits frais, lectures à deux voix (La Planète des Alphas, ça fonctionne très bien et ça vous fait des vraies lectrices en 6 mois) et d'apprentissage des couleurs et des formes (les lettres, c'est fait, la PS s'en est chargée, enfin les seules importantes, Ji, O, Euh, Ygrec... grrrr).

    Et Doublecasquette elle-même en personne vous informe qu'elle lâchera son rôle de Mémette le mardi 11 mars de 10 h à 11 h parce qu'elle participera par téléphone en tant qu'instit de base à l'émission Service Public sur France Inter. Le sujet en sera "Les sujets qui fâchent : les méthodes de lecture". Les "vraies invitées" en seront Mmes Perrin (auteur de la méthode À l'école des albums) et Reichstadt (auteur de Je lis, J'écris).


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