• Maternelle : Images, lettres, mots et phrases
    Merci à Bambou pour cette illustration.

    Version courte et limitée à la Petite Classe (TPS-PS-MS) de l'article Lecture : images, lettres, mots et phrases paru récemment. 

    L'image :

    ♥ Elle apprend à parler :

    L’image apporte des mots et des structures de phrases en quantité ; sa permanence aide à ce qu’ils soient retenus et utilisés couramment par tous, à tout instant.

     

    ♥ Elle éduque le sens de la vue :

    L'image aide à l’éducation de l’œil : sa permanence permet aux enfants de passer du regard qui effleure les choses et les gens, sans jamais se fixer, à une observation précise, structurée par des repères spatiaux d’abord intuitifs puis, progressivement, de plus en plus conscients et intellectualisés.

    ♥ Elle est LE moyen d'expression et de compréhension privilégié des non-lecteurs :

    Le dessin est, avec le langage, un des premiers moyens de représenter le monde.

    En dessinant, on peut tout représenter : les textures, le relief, les bâtiments, les objets naturels, les êtres vivants, les paysages, etc.

    En outre, le dessin est un moyen de représentation économique : il demande peu de matériau, mais aussi peu d'énergie pour aboutir à un résultat parfois impressionnant.

    Dans la Petite Classe, le dessin est une activité quotidienne, et susceptible d'être très rapidement pratiquée de manière autonome.

    ♥ Elle permet l'accès à la symbolisation :

    L’image est le vecteur d’une première représentation symbolique.

    Maternelle : Images, lettres, mots et phrases
    Merci à Thierry Venot, pour cette illustration tirée de De l'écoute des sons à la lecture.

    C'est de cette représentation symbolique que naîtra le désir de découvrir et comprendre le mode de fonctionnement de ces symboles qu'ils voient sans les comprendre : les lettres.

    Du matériel pour enrichir le langage grâce à l'image :

    • Méthode « Au commencement était l'image... », pour découvrir pas à pas la symbolisation :

     PS/MS : 26 fois 26 symboles (1) ; PS/MS : 26 fois 26 symboles (1bis)MS : 26 fois 26 icônes (1)PS/MS : 26 fois 26 (2)PS/MS : 26 fois 26 (3)PS/MS : 26 fois 26 (4) ; PS/MS : 26 fois 26 (5)

    Un plaidoyer pour le dessin à l'école :

    Dessiner pour devenir intelligent ; Dessiner pour s'exprimer

    Les phrases, les mots :

    ♥ Ils apprennent à parler : 

    Les enfants qui sortent de la Petite Classe ont appris à parler grâce à la parole des autres :

    ⇒ qu'elle soit issue du langage oral 

    ⇒ qu'elle soit lue d'après ces pages absconses couvertes de petits signes noirs mais qui semblent parler aux « grands »...

    ♥ Ils éduquent le sens de l'ouïe :

    Ils savent écouter non seulement les mots et les phrases que ces mots composent, mais aussi les bruits, les sons, par le biais de la musique, des instruments et des jeux de langage (comptines, virelangues, ...).

    Ils discriminent de plus en plus précisément les mots proches et leur articulation en devient de plus en plus précise.

    Leurs systèmes auditif et visuel sont prêts à conjuguer leurs efforts pour découvrir et commencer à maîtriser le mode de fonctionnement de l'écriture-lecture graphémique. 

    ♥ Ils sont le vecteur de la compréhension :

    En intéressant nos élèves à l'écrit lu et transcrit par tous les moyens, en jouant le rôle de conteur, de lecteur, de secrétaire, nous mettons tout en œuvre pour qu'ils comprennent ce que nous leur lisons.

    Grâce à des moments réguliers d'observation dialoguée collective autour d'objets concrets, d'œuvres littéraires, plastiques et musicales
    Grâce la variété des activités que nous leur proposons, ils enrichissent :

    ⇒ leur lexique 

    ⇒  leur environnement culturel

    ⇒ leurs fonctions exécutives (jugement, raisonnement, créativité)

    Du matériel pour enrichir le langage grâce aux œuvres littéraires :

    • Des contes à lire ou à dire :

    Contes à dire, contes à lire - 1Contes à dire, contes à lire - 2 ; Contes à dire, contes à lire - 3Contes à dire, contes à lire - 4Contes à dire, contes à lire - 5Contes à dire, contes à lire - 6Contes à dire, contes à lire - 7Contes à dire, contes à lire - 8Contes à dire, contes à lire - 9 ;

    • Une méthode pour apprendre à les raconter :

    Racontamus, écoutatis, comprenunt (1)Racontamus, écoutatis, comprenunt (2) ; Racontamus, écoutatis, comprenunt (3)Racontamus, écoutatis, comprenunt (4) Racontamus, écoutatis, comprenunt (5)Racontamus, écoutatis, comprenunt (6) ; Racontamus, écoutatis, comprenunt (7)Racontamus, écoutatis, comprenunt (8) ; Racontamus, écoutatis, comprenunt (9)

    • Une méthode pour exercer l'ouïe :

    MS : La « phono » naturelle et familière (1) ; MS : La « phono » naturelle et familière (2) ;MS : La « phono » naturelle et familière (3) ; MS : La « phono » naturelle et familière (4) 

    • Une façon de faire avancer tous les élèves sur le chemin du langage oral et de l'écoute attentive :

    Maternelle : Le langage en groupe-classe

    Les lettres :

    ♥ Elles sont des amies encore lointaines :

    Les enfants les voient, manipulées avec aisance par l'adulte qui les écrit et les lit à de nombreuses occasions de la vie de la classe :

    ⇒ marquage des travaux d'élèves

    ⇒ dictées à l'adulte, individuelles et collectives

    ⇒ lecture d'albums, de contes, de lettres, de recettes, de calendrier, etc.

    ♥ Elles commencent à acquérir un vague statut :

    Ils savent

    ⇒ qu'elles servent à coder des messages

    ⇒ qu'elles servent à savoir ce que disent les messages écrits

    Il arrive que certains sachent :

    ⇒ qu'elles ont un nom et, dans ce cas-là, nous devons en être conscients pour pouvoir les rétablir dans leur rôle de codeuses de phonèmes.

    ♠ Elles ne sont pas le « cœur de cible » des apprentissages :

    ∅ parce que nos élèves sont en pleine période sensible d'acquisition lexicale orale et que nous ne devons pas rater le coche

    ∅ parce que, pour le moment, ils découvrent la symbolisation par l'image et qu'il convient d'asseoir cette compétence avant d'en introduire une nouvelle, plus compliquée

    ∅ parce que le codage graphémique est bien trop compliqué pour qu'ils puissent y accéder et que nous resterions à la reconnaissance mécanique, soutenue par aucune compréhension, d'images bien trop abstraites pour être retenues aisément par tous.

    ∅ parce qu'à part, de loin en loin, deux ou trois d'entre eux qui n'ont d'ailleurs pas besoin de nous pour avancer, aucun n'est en période sensible pour l'écriture-lecture et que cet apprentissage ne leur servira donc à rien

    Du matériel pour avancer en douceur vers la connaissance des lettres :

    PS/MS : 26 fois 26 (4) ; PS/MS : 26 fois 26 (5)

    Un plaidoyer contre l'apprentissage mécanique du nom des lettres :

     PS/MS : Alphabet et Écriture

    Et, pour une vue d'ensemble de la méthode :

    Pour une Maternelle du XXIe Siècle

    Dans la même série :

    ...

    GS-CP : Images, mots, phrases et lettres

    CE1 à CM2 : Images, lettres, mots et phrases

    Pour aller plus loin :

    Lecture : images, lettres, mots et phrases


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  • Lecture : images, lettres, mots et phrases
    Merci à Sophie Borgnet pour l'illustration du cahier d'exercices accompagnant le premier livret d'Écrire et Lire au CP

    Cette semaine, j'ai appris qu'avant de lire des mots et des phrases sur lesquels ils exerceront leur compréhension, les élèves devraient longuement « seriner », on peut aussi dire « ânonner », de plus en plus vite – et le chronomètre en faisant foi – des listes de lettres et syllabes sans suite...

    Quelques jours plus tard, on m'a affirmé  que, dans certaines circonscriptions, les IEN et CPC interdisent –  oui, oui, le mot est fort mais nous connaissons toutes et tous le pouvoir absolu dont certains de ces « corps intermédiaires » se sentent investis – de se servir d'images pour intéresser à la lecture et à l'écriture nos tout jeunes apprenants (dont certains, rappelons-le, n'ont pas encore 6 ans en cette fin septembre).

    Je ne polémiquerai pas, d'autant que ces assertions ont pour certaines l'aval de la Science qui les a prouvées en mettant la tête des enfants dans le micro-onde ou en l'affublant d'un petit bonnet fort seyant d'où partent des centaines de fils électriques minuscules mais qui voient tout...

    Quant aux IEN et CPC, je ne leur donne pas cinq ans pour que, au détour d'un changement de majorité, ils se mettent à prêcher pour le « tout image » comme leurs ancêtres et eux-mêmes prêchèrent naguère pour l'idéovisuelle, la théorie des ensembles, le salut au drapeau ou la défense de la Patrie, fleur au fusil et sabre au clair ! 

    Lecture : images, lettres, mots et phrases

    Je me contenterai donc de reprendre mon bâton de pèlerin qui, pendant 12 ans, ailleurs puis ici, a tenté de mettre beaucoup de yin dans le yang, et qui, désormais, tentera de remettre quelques bonnes louchées de yang dans le yin. J'ai l'habitude, ça ne me dérange pas.

    Au commencement était l'image

    C'est un fait avéré qu'avant d'écrire à l'aide d'un code alphabétique, l'être humain a commencé par dessiner. Il y a même une très jolie Histoire comme ça, de Rudyard Kipling, qui l'explique à toutes et tous les Mieux-Aimée du monde...

    Nos petits d'hommes de ce début de millénaire ont le droit de marcher dans les tout petits pas de leurs aînés pour arriver, beaucoup plus vite que ne l'a fait l'Humanité, à cette société post-moderne où l'on a oublié pendant un temps relativement long à l'échelle d'une vie humaine comme il est simple et naturel d'apprendre à lire aux enfants.

    Leur commencement sur le chemin de la lecture se trouve dans les phrases et les mots qu'ils entendent et dans l'image qu'ils s'en font dans leurs cerveaux d'enfants...
    « Cette nuit, quand je dormais, j'ai fait un flim... » me disait un jour un petit garçon de 4 ans issu d'un milieu où l'on parlait très peu aux enfants et où l'on s'intéressait encore moins à ce qu'ils avaient à raconter. Je lui ai appris le mot rêve qu'il n'avait jamais entendu et j'ai écouté son flim, ces images qu'il avaient vues comme vous voyez ces mots que vous êtes en train de lire.

    L'École Maternelle, et particulièrement sa Petite Classe[1], est là pour cela.

    • Un enfant qui en sort doit savoir parler et entendre la parole des autres, qu'elle soit issue du langage oral ou lue d'après ces pages absconses couvertes de petits signes noirs mais qui semblent parler aux « grands »...
    • Il doit être capable de traduire en images mentales les scènes ( = textes et phrases) et les mots qu'il entend et emploie.
      Il peut même, en fin de Petite Classe, commencer à se familiariser avec l'écriture-lecture, dans son mode encore « hiéroglyphique », à l'aide d'images qu'il rangera de gauche à droite, comme un vrai petit scribe des temps lointains...
    • Il doit enfin être capable de réaliser des images par le dessin, illustrant ainsi ce qu'il doit raconter, soit par envie, soit sur commande, parce que c'est sa production d'écrits/rédaction[2] à lui, et qu'il suit en cela ses lointains ancêtres sur le chemin qui les menèrent, lentement mais sûrement, vers l'écriture alphabétique.
      S'il peut ensuite organiser sa parole de façon à dicter à une personne « lettrée» qui les transcrira quelques mots ou phrases décrivant ou complétant son dessin, il sera prêt, sans connaître lui-même une seule lettre, à passer à la phase suivante de son développement...

    En effet, c'est à l'occasion de cette dernière activité que, peu à peu, naîtra l'idée qu'écrire, cela irait plus vite et ce serait plus clair.

    Nos tout-petits ne connaissent pas encore l'histoire de Taffy et de sa tribu, mais ils ont déjà eu l'occasion de voir, comme la petite fille néolithique, ce qu'il pouvait arriver quand, en raison de leur inhabileté, leurs dessins étaient mal interprétés.
    Ils ont par ailleurs un énorme avantage sur Taffy et son père Tegumai, le travail est déjà fait, les dispensant de tout inventer eux-mêmes.

    Ils ont même encore plus de chance que cela puisque, tout récemment, au début de l'époque où je me suis mise à prêcher le yin, disparu presque totalement dans les abysses d'un océan débordant de yang, deux inventeurs géniaux eurent l'idée de combiner ce besoin d'images de l'enfant avec son envie d'accéder à cette immense avancée technologique et intellectuelle que sont les lettres (je n'ose dire l'alphabet tellement cette reculée pénalise actuellement les enfants de maternelle).

    De là sont nés les petits personnages-lettres qui chantent chacun leur petit phonème, les uns sonnant seuls avec leur voix (les Voyelles), les autres ayant besoin des premiers pour sonner (les Consonnes).

    Lecture : images, lettres, mots et phrases
    Les Alphas, diffusés en France par Récréalire

    Quoi de mieux pour attirer les plus grands de nos Petits de Maternelle, ceux qui sont en passe de quitter la Petite Classe pour accéder à la Grande Classe[3] ?

    À partir de ce moment, le virage est pris.

    L'image réelle, celle qu'on peut toucher et réaliser soi-même, n'est plus centrale ; elle est en passe de céder une partie de plus en plus grande de sa place aux combinaisons de lettres qui formeront de longues files de mots organisés en phrases, permettant d'accéder directement à la pensée des autres, de tous les autres, les vivants comme les disparus, les proches comme les lointains.

    L'humanité l'a gardée pourtant, comme nous la garderons,

    • parce qu'elle est génératrice de supplément d'âme,
    • parce qu'elle est un médium à part entière,
    • parce qu'elle peut constituer, et c'est là que cela nous intéresse, nous, les personnes qui enseignons l'écriture et la lecture aux enfants, parce que, comme l'avaient très bien compris les premiers producteurs de livres, elle peut être :

    – un déclencheur d'intérêt,

    – un complément de compréhension,

    – un facilitateur d'accès.

    Lecture : images, lettres, mots et phrases

    Nous calquerons à nouveau notre attitude sur celle de nos ancêtres lointains, tout au long de ces deux années de Grande Classe, puis encore après. Comme eux, nous illustrerons l'écrit d'images pour qu'il soit mieux compris, mieux retenu ou même tout simplement plus appétent. 

    Pour l'instant, à l'aube de ce processus d'apprentissage de l'écriture-lecture, l'image nous est indispensable et nous ne pouvons nous en dispenser, quoi que disent IEN et CPC qui, depuis trente ans, tolèrent et encouragent le passage au CE1 d'enfants non-lecteurs et ont donc perdu toute crédibilité dans le domaine très spécialisé de l'instruction à la lecture des enfants de cinq à sept ans.

    La vue aide l'ouïe, l'ouïe aide la vue

    ♥ L'image nous est indispensable pour que la vue aide l'ouïe.

    L'enfant de tout juste cinq ans est tout imprégné d'images qu'il comprend sans avoir à les dire. Notre rôle, pendant les deux à trois ans qu'il a passés dans la Petite Classe, a été de lui apprendre à dire et écouter non seulement les mots et les phrases que ces mots composent, mais aussi les bruits, les sons, par le biais de la musique, des instruments et des jeux de langage (comptines, virelangues, ...).

    Grâce à cela, il est devenu toute ouïe et peut désormais utiliser ce sens pour en servir un autre, la vue.

    Il a parfois déjà commencé en « écrivant » et « lisant » à la mode de l'Égypte ancienne de véritables phrases racontant de véritables histoires à l'aide de mots symbolisés par des images.  

    Il est parfois même allé un peu plus loin et a fait connaissance avec ces images spéciales – ces fameux Alphas – qui font la transition entre l'image concrète et l'abstraction symbolique que constituent les lettres. Il sait alors que chacune de ces images un peu spéciales correspond à un bruit.

    Il n'a plus qu'à continuer sur sa lancée (ou combler rapidement ce manque grâce à une méthode plus rapide, adaptée à son développement cognitif et sensoriel d'enfant de cinq à six ans).

    Je ne saurai que trop conseiller à ce sujet De l'écoute des sons à la lecture, la méthode proposée par Thierry Venot, très simple à mettre en œuvre puisqu'il suffit de prendre le livre à la page 2 et de programmer de une à deux séances numérotées par jour, tous les jours de l'année. En effet, ces séances sont « spiralaires » et tout ce qui a été acquis au cours des séances précédentes est répété et ré-entraîné, quotidiennement et après une phase de sommeil, comme le conseillent les neuro-sciences, et se voit ainsi consolidé de manière optimale. On y verra comment du début à la fin de l'année l'image passe de son statut de mot (ou groupe de mots) représenté concrètement :

    Lecture : images, lettres, mots et phrases

    à celui d'outil concret pour faire travailler la vue et lui permettre de combiner des lettres pour lire ou écrire un mot signifiant :

    Lecture : images, lettres, mots et phrases

    et même pourquoi pas, en fin d'année de Grande Section, de simple illustration destinée à rendre plus vivant un récit composé de phrases réellement lues par l'enfant[4] :

    Lecture : images, lettres, mots et phrases

    ♥ L'image nous est indispensable pour que l'ouïe aide la vue.

    L'image nous est indispensable pour que le concret soit témoin de la compréhension d'une abstraction telle que la lettre en tant que graphème traduisant un phonème ou le mot

    Les deux exercices ci-dessus, extraits du livre de Thierry Venot, montrent comment l'image permet à l'enseignant pour rendre autonome l'enfant qui doit passer de l'oral à l'écrit ou de l'écrit à l'oral.

    En effet, après quelques séances collectives d'entraînement à l'encodage ou au décodage, les images servent de précepteur particulier à chaque enfant qui pourra alors avancer à son rythme et consolider ses acquis dans le domaine des lettres, des mots et des phrases

    L'exercice en haut de page, extrait du cahier d'exercices de la méthode Écrire et Lire au CP, montre comment, vers le milieu du mois de novembre, un enfant de CP (âgé donc de 5 ans 10 mois à 6 ans 9 mois) peut, grâce à l'image, s'entraîner à écrire seul, et sans faute d'orthographe, par codage uniquement, 14 mots : 12 noms communs et 2 articles, dont l'écriture répétée à de nombreuses reprises permet l'automatisation.  

    ♠ Mais attention, l'image devient un frein à l'apprentissage

    Ø Quand l'image n'est là que pour maintenir l'enfant dans une utilisation experte de l'ouïe considérée comme un préalable à toute introduction d'encodage-décodage de l'écrit :

    activités de « phono » coupées de l'écriture-lecture de graphèmes :

    ⇒ scander les syllabes (et plus encore quand on se cantonne aux syllabes orales) sans avoir à les écrire ou à les lire ;

    ⇒ écoute de mots oraux dans lesquels on doit détecter à l'oreille où se situe telle syllabe ou tel phonème (ces fameux exercices qui font croire aux maîtresses que les enfants n'entendent pas les sons)

    activités de discrimination visuelle de lettres considérées comme des images, sans référence aux sons qu'elles produisent :

    ⇒ dessiner des lettres ou des mots composés de lettres désignées par leur nom (a, bé, sé, dé, eu, eff, jé, ach, ...) sous un modèle 

    ⇒ repérer des lettres et les désigner par leur nom

    ⇒ reconnaissance globale de mots qui ne resserviront plus jamais (CROCODILE, RHINOCEROS, ANTILOPE parce qu'on travaille sur l'Afrique ; ABDOMEN, THORAX, TÊTE parce qu'on étudie les insectes ; STEGOSAURE, TRICERATOPS, PTERODACTYLE parce que le thème est la faune de l'ère secondaire...)

    Quand, pendant l'horaire dévolu à l'apprentissage de la lecture, on consacre le plus clair du temps à étudier les images de l'album proposé à « l'élucidation » pour en travailler « les éléments pertinents non verbaux » et ceci en dehors de toute intention d'y faire correspondre des mots ou des phrases que les élèves pourraient lire et écrire.
    Oui, en effet, « participer avec pertinence à un échange (questionner, répondre à une interpellation, exprimer un accord ou un désaccord, apporter un complément, ...) », c'est bien un Attendu de fin de cycle mais dans le domaine intitulé Langage oral, pas dans celui qui se nomme Lecture et compréhension de l'écrit.

    Lire ou comprendre, on ne peut pas choisir

    Parce que, et nous en venons désormais aux syllabes sans suite, proposées à très haute dose par certaines méthodes, selon les Instructions officielles les plus récentes, lecture et compréhension se doivent de rester complètement indissociables.

    Dans la Petite Classe, nous leur avons évité les lectures à vide de mots composés de lettres qu'on épelle une à une « pour se rappeler du mot », m'a-t-on expliqué récemment, et nous les avons remplacées par des images et des symboles qui leur permettraient d'accéder à l'abstraction, tout en restant collés au concret dont ont besoin les petits enfants.

    Par ailleurs, nous les avons intéressés à l'écrit lu et transcrit par tous les moyens. Nous avons joué le rôle de conteur, de lecteur, de secrétaire et nous avons tout mis en œuvre pour qu'ils comprennent ce que nous leur lisions (enrichissement du lexique et de l'environnement culturel par la découverte de contes et récits variés, par l'observation du monde qui les entoure puis de celui plus lointain dont ils entendent parfois parler, par la variété des activités que nous leur proposions, ...). 

    Nous n'allons pas interrompre le processus parce qu'ils sont en Grande Section, avec De l'écoute des sons à la lecture, ou au CP, avec une méthode de lecture à visée graphémique claire.

    Nos élèves apprennent à écrire des lettres pour en faire, très rapidement des mots, des phrases et même des textes composés de plusieurs phrases qui résonneront au fond d'eux-mêmes et leur donneront à voir des univers de plus en plus riches et variés .

    La lecture de ces mots immédiatement associés dans leur cerveau à l'image concrète ou plus abstraite qu'ils s'en font, l'intelligence qui naît de ces phrases complètent et confortent leurs capacités de décodage (voir l'histoire de la biche et du boa, extraite de la méthode De l'écoute des sons à la lecture). 

    L'encodage, quotidien, de mots puis de phrases, par le fait qu'il associe les gestes de l'écriture (cursive) à l'épellation phonétique renforce l'entraînement et parfait l'automatisation du décodage.

    Au bout des 21 jours fatidiques, la connaissance est devenue une habitude et l'enfant repère instantanément la lettre apprise trois semaines plus tôt et vue et revue chaque jour, au cours de tous les exercices d'écriture et de lecture quotidiens. Il la combine facilement avec d'autres lettres et c'est aisément qu'il lit tout aussi bien un texte à sa mesure – ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit – qu'une longue suite de mots ou d'associations de lettres sans suite.

    Il sait lire et écrire, mécaniquement bien sûr, mais aussi intelligemment et, ce qui ne gâche rien, avec plaisir et motivation.

    Conclusion : Le mieux est l'ennemi du bien

    L’enfant sera d’autant plus actif et engagé quand il aura envie de faire l’action. Cette envie est déclenchée quand l’activité lui plaît, qu’elle importe pour lui, qu’il y voit un intérêt personnel… et non pas parce qu’il y est contraint par un intervenant extérieur.

    lisons-nous dans l'article cité ci-dessus. La vidéo citée plus haut nous narre elle aussi longuement comment des élèves de CM2 travaillent avec plus d'application depuis qu'ils sont motivés par l'étude des corvidés.

    On ne peut pas plus motiver des tout-petits à l'écriture des capitales d'imprimerie que des presque-grands à la répétition jusqu'à l'abrutissement de longs tableaux de syllabes.

    Oui, il y a eu – et il y a sans aucun doute encore – des enfants qui avaient travaillé, travaillé et encore travaillé la prononciation et l'écoute à partir d'images jusqu'au dégoût sans pour cela arriver à « entendre les sons » à leur entrée au CP. Mais ce n'est pas à cause des images, c'est par faute d'avoir eu l'occasion de comprendre que ce monde oral dans lequel ils baignent se transcrit tout entier, lettre par lettre et syllabe écrite par syllabe écrite, selon des règles toutes simples qu'ils seront capables d'acquérir pour écrire et lire eux-mêmes des mots et des phrases.

    Il y a eu, et il y a toujours, c'est incontestable, des enfants qui, au CP, ne reçoivent pas l'imprégnation graphémique nécessaire à leur instruction en matière de lecture et d'écriture.
    Ces enfants-là passent trop de temps à jouer avec des images pour savoir si on entend [pa] dans la cinquième syllabe du mot « anticonstitutionnellement » et si le mot « chemisière » a 2, 3, 4 ou même 5 syllabes orales, écrites, chantées ou prononcées à Paris, Lyon, Lille, Brest ou Toulon. Ils passent aussi beaucoup trop de temps à écouter leur enseignant leur lire l'histoire de la maman qui n'aime pas la rentrée des classes de manière à pouvoir en interpréter ensuite les images.
    En revanche, ils n'en passent pas assez à réellement manipuler les lettres de manière à écrire et lire eux-mêmes des mots et des phrases, et c'est de là que vient le problème.

    Ce n'est pas une raison pour priver d'images les enfants dont les enseignants ont un véritable projet d'apprentissage de l'écriture-lecture dans laquelle l'image dessinée est peu à peu concurrencée par l'écriture de mots et de phrases, ni pour contraindre l'enseignement de la lecture à redevenir ce qu'il était au XVIIe siècle quand la lecture des lettres précédait d'une année celle des syllabes et la lecture des syllabes d'une année celle des mots avec tous les risques que cela comporte (difficulté à capter l'attention autrement qu'avec des « carottes », numériques ou autres ; incapacité à sortir d'un comportement acquis pour en adopter un autre, basé sur l'intelligence et la compréhension de la « chose lue » ; retard et découragement par manque d'engagement actif ; ...).

    C'est par l'appétence et la motivation qu'on amène tous les enfants à la lecture, en deux années scolaires, de la toute fin de la Moyenne Section à la fin du Cours Préparatoire.

    Nous y arriverons grâce des méthodes vivantes, qui s'observent au quotidien, dans des salles de classe d'une vingtaine d'enfants, au cœur de leurs journées d'écolier, avec des enseignants motivés et  instruits[5] auxquels on a donné les éléments à atteindre, les différentes manières d'y arriver et qui ont pu faire leur choix de manière éclairée, sans être enfermés dans un modèle tout aussi restrictif que le « no-lettres no-syllabes » des chercheurs en sciences de l'éducation de la fin du siècle dernier et du début de celui où nous vivons.

    Ces méthodes, pour être efficaces, doivent suivre à petits pas le long chemin suivi par l'être humain au cours des millénaires et passer lentement, avec des retours en arrière, des aménagements, des bonds en avant et des stagnations, quelques détours et contours aussi, parce que nous sommes des êtres vivants et non des robots, et que même le ver de terre s'octroie de temps en temps des petits détours, comme ça, pour le plaisir, de l'image vers le symbole, du symbole vers les lettres, des lettres vers les mots et les phrases qui suggèrent à l'esprit des images intérieures dont il se nourrit[6].

    Dans la même série :

    TPS-PS-MS : Images, mots, phrases et lettres

    GS-CP : Images, mots, phrases et lettres

    CE1 à CM2 : Images, lettres, mots et phrases

    Notes :

    [1] Classe multi-âges accueillant des enfants de deux à quatre ans à la rentrée des classes (voir Pour une maternelle du XXIe Siècle).

    [2] Ou tout ce que vous voulez, en fonction des Instructions Officielles en vigueur au moment où vous lisez cette page. En 40 années de carrière, j’ai eu droit à : texte, expression écrite, rédaction, production d’écrit et à nouveau rédaction depuis l’été 2018... Courbons l’échine là-dessus et gardons nos forces pour ce qui est important.

    [3] La Grande Classe est celle qui devrait regrouper les enfants de cinq à sept ans, dans un lieu convivial accentuant la transition entre la douceur affectueuse et indulgente de la famille et l'initiation au travail dans sa régularité.

    [4] Ce dernier cas serait mieux placé dans la partie suivant « Lire ou comprendre, on ne peut pas choisir », je le rappellerai sans doute à cette occasion.  

    [5] J’en pleurerais de rage quand je vois l’affolement et le dénuement dans lesquels se trouvent certains de nos jeunes collègues qui n’en savent pas plus que «  l’homme de la rue » ou « la ménagère de 50 ans » sur l’apprentissage de la lecture et qui pataugent complètement dans un magma indéfini duquel émergent les mots syllabique, globale, graphème, phonème, combinatoire, encodage, décodage et bien d’autres dont ils sont si ignorants qu’ils n’en connaissent parfois même pas le genre.

    [6] Je suis sûre d'ailleurs que ce n'est pas contraire à ce qu'ont constaté les « fils qui voient tout » et le « micro-onde à cerveau » et qu'encore une fois, c'est l'être humain, forcément imparfait, qui a fait dire à la machine ce qu'elle n'avait pas dit..


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  • CP : Les débuts en écriture-lecture (4)

    LUNDI

    Jour périlleux entre tous. Les élèves reviennent après plus de 48 heures d'interruption, parfois hélas bien mal employées. En espérant permettre à tous de reprendre le collier sans trop de « casse », l'enseignant a modifié l'emploi du temps et la manière d'aborder les notions à acquérir.

    8 h 50 / 9 h : Accueil

    • Accueil dans la cour. Penser à rappeler aux élèves qu'ils doivent aller boire et passer aux toilettes avant que la cloche sonne.

    9 h - 9 h 30 : EPS / Mathématiques

    Relations aux programmes : Compter : Comprendre et utiliser des nombres entiers pour dénombrer – Éducation physique et sportive : Prendre conscience des différentes ressources à mobiliser pour agir avec son corps /  connaitre le but du jeu / reconnaitre ses partenaires

    Avant de se préparer à entre en classe : 

    • Filet du pêcheur
    • Chaises musicales
    • Algorithme d (CP : Ateliers mathématiques - 1)
    • Jeu de la maîtresse folle, en finissant par un rang par deux, avec son cartable.

    9 h 30 / 9 h 45 : Temps incompressible

    • Montée en classe, dépôt des vêtements au vestiaire, reconstitution du rang, nouveau rituel de respiration, entrée sur la pointe des pieds. L'enseignant donne les consignes en chuchotant.
    • Dépôt des cartables sur les chaises pour ouverture et sortie du matériel qu'ils contiennent.
    • Rangement des cartables en fond de classe ou au vestiaire, déplacements par deux ou trois.
    • Dépôt des carnets, cahiers de texte ou agendas sur le bureau de l'enseignant ; même chose pour les papiers qui circulent entre la maison et l'école.

    9 h 45 - 10 h : Langage oral

    Relations aux programmes : Comprendre et s’exprimer à l’oral : Écouter pour comprendre des messages oraux / Dire pour être entendu et compris / Participer à des échanges dans des situations diverses / Adopter une distance critique par rapport au langage produit  – Education Morale et Civique : Exprimer son opinion et respecter l’opinion des autres / Accepter les différences / Se sentir membre d’une collectivité / Respecter les règles communes / Comprendre les raisons de l’obéissance aux règles et à la loi dans une société démocratique / Différencier son intérêt particulier de l’intérêt général 

    • Les élèves sont assis au coin regroupement et l'enseignant leur tient le discours suivant :
    Enseignant : Nous allons d'abord nous taire quelques instants, en respirant profondément comme je vous ai appris à le faire. Pendant ce temps, vous réfléchirez à ce que vous auriez très envie de nous raconter et qui nous intéresserait. 
    Non, non, ne levez pas le doigt tout de suite. D'abord, nous réfléchissons en silence et ensuite, je vous donnerai la parole. Posez vos mains sur vos genoux, comme ça. Puis maintenant, nous respirons, lentement, sans remuer. Quand l'aiguille rouge de la pendule sera tout en haut, nous arrêterons.
    Une fois le temps écoulé, l'enseignant reprend la parole, en parlant lentement, à voix basse :Enseignant : Le temps est écoulé. Je demande à Fatou de commencer.  

    Fatou : Hier, avec mes sœurs, on a joué aux Barbie®. J'aime bien jouer aux Barbie® parce qu'elles sont belles, qu'elles ont des beaux cheveux et des belles robes.

    Joris : Oh la naze ! Agnagnagna Barbie, agnagnagna belle robe. Pfff !

    Enseignant : Joris, premier avertissement. Change d'attitude si tu veux rester parmi nous ! Merci Fatou. C'est le tour de Gabrielle maintenant.

    Gabrielle : Hier, c'étaient les Journées du Patrimoine alors avec mes parents, mon grand frère Augustin et ma petite sœur Léopoldine, nous sommes allés visiter le Musée des Jouets d'Enfants. Il y avait déjà des poupées dans l'ancien temps, très fragiles et très belles. En porcelaine. Peintes à la main. Et des voitures à pédales, sans moteur.
    Dans le parc du musée, nous sommes montés dans un petit train jouet. Je vous ai apporté des photos, si vous voulez.

    Hicham : Un petit train pour monter dedans, j'en ai vu un, une fois. Il y a un monsieur avec un micro qui explique des choses aux gens qui sont montés dedans.

    Ilan : Moi, je suis monté dans un vrai train, une fois. Un TGV, même. On dit que ça va vite mais c'est même pas vrai. Quand on est dedans, on voit pas du tout qu'on va vite. On attend même très longtemps pour arriver à la gare. Très, très longtemps.  

    Joris : Moi j'aime pas le train. Paske on attend, on attend, on attend. Et puis, y faut pas bouger, y faut pas crier, y faut pas manger des bonbons... Mais on peut jouer à sa tablette. Moi, hier, j'ai pas fait du train. J'ai joué à la tablette. Avec le jeu de mon grand frère Dylan. Maman, elle veut pas que j'y joue paske le spikologue, il a dit que je devais pas y jouer, mais elle m'a pas vu, et Dylan, il a pas vu que j'avais pris son jeu, alors j'ai joué à la tablette dans mon lit et c'était super !   

    Katia : Pourquoi il ne veut pas que tu joues à ta tablette, le docteur ? Mon docteur, il a dit à maman, juste 30 minutes et on a acheté un minuteur et comme ça, je joue 30 minutes et ça, ça va. Pourquoi le docteur de Joris, il ne veut pas ?

     Enseignant : Je ne sais pas ce qu'a dit le psychologue qui s'occupe de Joris, Katia. Mais j'ai cru comprendre que Joris veut jouer à des jeux de grands, qui ne sont pas de son âge. C'est ça, Joris ?

     Joris : Oui, c'est ça. C'est des jeux « interdits aux moins de 16 ans » paske y a des monstres, des morts-vivants, des zombies qui explosent. C'est trop d'enfer, ces jeux ! Mais c'est pas pour les tarl... 

    Enseignant : Hop, hop, hop, Joris ! Je t'arrête tout de suite parce que là, je sens que tu vas encore déraper ! Pas de grossièretés, tu connais le contrat ! Nous reparlerons ensemble de ces jeux, si tu veux. Mais pas ici, pas devant tout le monde. Et quand tu le verras, tu pourras redemander au psychologue qu'il t'explique pourquoi il ne veut pas que tu joues à ces jeux, car je crois que tu n'as pas tout à fait compris. Maintenant, c'est à Loan. Si tu sens que tu vas déborder, tu peux aller jouer dans le coin-repos, ou regarder un livre. Non ? Tu es sûr ? Comme tu veux. Mais alors, c'est silence et immobilité, d'accord ? À toi Loan.

    Loan : Bah... Euh... Je ne sais plus quoi dire, moi. J'avais une tablette, mais elle est cassée... Et puis un train, mais il est cassé... Et hier, j'ai rien fait. Rien fait d'intéressant, je veux dire... Non... Rien...  

    Maya : Moi, le docteur, il n'a rien dit pour la tablette. Mais ma maman, oui. Alors, chez ma maman, je n'ai pas de tablette. Et chez mon papa, oui. Et j'ai des jeux, mais pas interdits. Que des jeux normaux. J'en ai pas beaucoup. Alors je joue pas beaucoup. J'écoute des chansons.

    Nino : Moi, j'ai pas de tablette. Je vais demander au Père Noël mais l'année dernière, il a pas voulu et il m'a apporté des Lego® et un vélo à la place. Et des Playmo, et quoi encore ?... Ah oui, un pyjama Spiderman... et une couette Spiderman... et un coussin Spiderman... 

    Joris : Et des pipicaca Spiderman !!!...

    Enseignant : Joris, ça suffit. Et laisse ton voisin tranquille. Je sens que ça y est, tu débordes complètement, là. Donne-moi la main et viens avec moi. Attention, n'aggrave pas ton cas... Si tu commences à te rouler par terre, je serais obligée d'appeler de l'aide. C'est ce que tu veux ?... Très b...

    Joris : Non, non, je veux pas ! Je suis sage, je suis sage... Mais pas tout seul. Je veux bien aller jouer au coin-repos, mais pas tout seul. Pourquoi elle est pas là, Sabrina ?

    Enseignant : Tu sais que Sabrina ne vient pas le lundi. Elle est avec un autre enfant qui a des problèmes. Demain, elle sera là. Oui, Loan ?

      Loan : Moi, j'ai rien à dire, alors je veux bien aller jouer avec Joris si tu veux.

    Ilan, Hicham : Moi aussi !!!... moi aussi !!!...

    Enseignant : Non, non, pas trois en même temps. Loan va y aller, mais il faut que ce soit un jeu calme, n'est-ce pas, Joris ? Quant à nous, nous reprenons notre tour de piste, parce que sinon, nous n'allons jamais arriver à finir à l'heure. Et le lundi, il y a le professeur de musique. Olympe, tu as quelque chose d'intéressant à nous raconter ? 

    Olympe : Je voulais juste dire que l'autre jour, c'était l'anniversaire de maman, et que nous avons loué un bateau pour passer le week-end sur un canal mais que nous sommes rentrés très tard à cause des embouteillages et que je suis fatiguée. C'est tout.

    Peyo : Nous, on a un canot pneumatique. Cet été, à la mer, on a fait du canot pneumatique. Et du pédalo, aussi.

    Quentin : Ah oui, du pédalo, c'est rigolo ! Pédallllloooo, rigollloooo, ça rime ! J'ai fait du pédalo, un jour, avec mon papy et ma mamie. J'étais tout petit, je crois.

    Rose : Moi non, j'en ai jamais fait, du pédalo. Ni du train. Ni du bateau. Mais hier, je suis allée visiter un château. Avec des grandes pièces et des meubles magnifiques. Et de l'or partout. Et des tapis qu'on n'a pas le droit de marcher dessus. 

    Salima : Chat ? Pas parler chat ? Moi, a chat. Vu. Blanc.

    Enseignant : Eh non, Salima, aujourd'hui, on ne parle pas du chat Mimi, dans le livre de lecture. Mais toi, tu peux parler du chat que tu as vu. Il était blanc ?

    Salima : Oui. Blanc chat. A vu, moi. Petit, petit. Petit comme ça. Blanc.

    Enseignant : Très bien, Salima ! Tu fais de gros progrès en français, tu sais ! Nous avons tout compris : Hier, tu as vu un petit chat blanc, petit comme ça. Très bien. Vraiment. Bon, s'il nous reste un peu de temps, nous allons passer au tour de Théo. Oui ? Oui, c'est bon, encore cinq minutes. À toi, Théo.

    Théo : Justement puisqu'on parle de chat et de pédalo, j'ai vu dans le livre de lecture que le chat Mimi, il a un vélo. Et puis, il y a un garçon aussi. Ma maman, elle m'a dit le nom du garçon. Enfin, non, avec ma maman, on l'a lu, le nom du garçon. En plus, c'est rigolo parce que c'est le nom de mon cousin. C'est Malo, comme mon cousin Malo. 

    Ulysse : Et moi aussi, j'ai regardé le livre de lecture, mais avec ma grande sœur Pénélope. Elle m'a tout lu les histoires. Ils vont faire des tas de trucs. Du vélo... du cheval... du manège... du cirque... Ils vont aller au zoo... et faire du bateau... Et y'a même l'histoire du petit Chaperon Rouge, et celle du Bonhomme en pain d'épices. 

    Vanina : Ah bah voilà ! La chance ! Vous, vous l'avez lu ! Moi, ma maman, elle a pas voulu. Elle a dit que sinon, la maîtresse, elle nous gronderait.

    Willy : Bah pourquoi elle nous gronderait, la maîtresse ? Ça va lui faire moins de travail, si on l'a déjà lu, le livre, d'abord.

    Xénophon : Parce qu'on saurait tout, peut-être ? Au centre de loisirs, l'animateur, il a dit à un copain que c'était pas bien, parce qu'il connaissait déjà le jeu qu'on allait faire. Alors moi, quand je connais quelque chose, je ne le dis pas, pour ne pas me faire gronder.

    Ysolde : Je crois que ce n'est pas ça. Ce serait bête, un adulte qui ne veut pas qu'on sache déjà certaines choses. Pourquoi ils ne voudraient pas ?  

    Zéphyr : Peut-être parce qu'après, on ne va pas bien écouter. Parce qu'on l'aurait déjà fait. Alors on ne voudrait plus le refaire. Peut-être, hein...

    Albert : C'est bête. Moi, j'aime bien refaire les choses que j'ai déjà faites. Comme les gâteaux moelleux au chocolat. Je sais les faire. Avec mon papa et mon frère. Et j'aime beaucoup les refaire.

    Bilal : Et moi, eh ben moi, je regarde toujours les mêmes DVD. Taxi 2, Taxi 3, et puis Star Wars... Eh ben, j'aime encore ça. Et le Petit Chaperon Rouge, ça m'embêtera pas de le lire même que je le connais déjà.

    Coline : Moi non plus. Et même le Petit Bonhomme en Pain d'Épices. Et pourtant, on l'a lu l'année dernière, à la maternelle.

    Dounia : Non, on l'a pas lu. La maîtresse nous l'a ra...con...té. C'est pas pareil.

    Eddy : Pas pareil du tout, tu veux dire. Parce que là, c'est nous qu'on va le lire. Ça veut dire qu'on sera grands. Et ça, c'est vraiment bien !

    Enseignant : Bon, eh bien voilà ! C'est parfait, tout ça. Tout le monde a parlé et il me reste encore deux petites minutes pour vous expliquer ce que je veux bien que vous fassiez et ce que je ne veux pas que vous fassiez.
    Je veux bien que vous regardiez le livre de lecture, jusqu'à la fin. Je veux bien que vous essayiez de lire des mots ou des phrases. Je veux bien que vous appreniez le son des lettres que vous voyez sur les pages de gauche. J'accepte même que quelqu'un qui sait lire, une sœur, un frère, un parent vous lise les phrases et les histoires. 
    En revanche, ce que je ne veux pas, c'est que vous appreniez par cœur les phrases que nous allons lire.
    Tout simplement parce que réciter par cœur, c'est comme raconter, ce n'est pas lire. Lire, c'est regarder les lettres, se rappeler du son qu'il faut prononcer et chercher à comprendre ce que ça raconte. Vous comprenez ?...  Et maintenant, nous allons nous arrêter parce que le professeur de musique va arriver d'une minute à l'autre... Ah ! Le voilà ! Bonjour ! Avancez-vous, je vous cède la place.

    10 h - 10 h 45 : Chant  / Musique

    Avec l'intervenant.

    10 h 45 - 11 h : Récréation

    • Dans la cour, penser à rappeler aux élèves d'aller boire et de passer aux toilettes.

    11 h  - 11 h 10 : Temps incompressible

    • Mise en rang, retour au calme, entrée en classe sur la pointe des pieds en chuchotant.

    11 h 10 - 12 h : Mathématiques

    Relations aux programmes : Compter : Comprendre et utiliser des nombres entiers pour dénombrer / Nommer, lire, écrire, représenter les nombres

    12 h - 13 h 30 : Interclasse

    • Pendant l'interclasse, l'enseignant colle la fiche de leçons sur les cahiers, carnets ou agendas des élèves (relire p 5) et prépare l'un sous l'autre les cahiers d'exercices et les livrets ouverts à la page 5 sur les bureaux ; il vérifie que chaque élève a un crayon taillé. 
    • Pour les classes dont les élèves sont non-scripteurs, il a préparé des étiquettes autocollantes portant les syllabes chi ou cha, en cursive pour premier exercice. 
    • Il prépare le tableau de l'après-midi en recopiant intégralement la page 5 du livre Écrire et Lire au CP au tableau et le matériel nécessaire à l'expérimentation de l'après-midi (voir C2 : Questionner le Monde - 1, page 5)

    13 h 20 - 13 h 30 / 13 h 30  - 13 h 40 : Accueil et Temps incompressible

    • Accueil dans la cour. Penser à rappeler aux élèves qu'ils doivent aller boire et passer aux toilettes avant que la cloche sonne.
    • Mise en rang, exercices respiratoires de retour au calme, retour en classe, arrêt au vestiaire au besoin, entrée en classe sur la pointe des pieds en chuchotant.

    13 h 40 - 14 h : Écriture-lecture 

    Relations aux programmes : Lire : Identifier des mots de manière de plus en plus aiséeÉcriture : Maîtriser des gestes de l’écriture cursive exécutés avec une vitesse et une sûreté croissantes

    • Les élèves découvrent leur livret de lecture ouvert à la page 5 sur leurs bureaux. L'enseignant annonce le travail :

    Enseignant : Nous allons lire toute la page. Posez votre index sous le premier mot, comme ça.
    Gabrielle, lis-nous le premier mot...
    Déplacez votre index sous le deuxième mot, comme ça... Lis-nous ce mot, Hicham...
    Très bien. Déplacez votre index sous le mot suivant. À toi, Ilan....  

    • Etc. pour les 4 premières lignes.
    • Même travail avec 10 autres élèves pour la liste écrite en script des mots que les élèves savent reconnaître, puis à nouveau 10 autres pour la liste écrite en cursive.
    • L'enseignant passe entre les tables d'élèves pour replacer un index, un double décimètre au bon endroit. Le rythme doit être très rapide pour que chacun se sente encouragé.  
    • Il continue le travail, soit mot par mot, soit phrase après phrase (tout dépend de la réactivité des élèves, de leur attention lorsque ce n'est pas leur tour de lire, de leur facilité à reconnaître les mots) pour les phrases 1 à 8. Si un élève ne se souvient plus d'un mot, il le resitue dans l'un des deux textes lus :  

    Enseignant : Regarde ce mot, il commence par la lettre V puis continue avec la lettre U. Nous l'avons lu l'autre jour, à la première page. C'était le troisième mot : Tu... as... vvv... ? Oui, vu, bravo, tu t'en es souvenu ! Nous pouvons reprendre la phrase : Marie a vu ... continue !

    • Dans tous les cas, à la fin de chaque phrase, il relit lui-même la phrase lentement mais sans interruption trop marquée après chaque mot et pose quelques rapides questions de compréhension, y compris des questions qui réclament de s'intéresser à un implicite.
      
    • Une fois les 8 lignes déchiffrées, les élèves ferment leur livre et découvrent leur cahier d'exercices.
    • L'enseignant donne la première consigne  en montrant l'exercice concerné : « C'est un exercice que nous avons déjà fait mardi. Mais ici, ce sont les syllabes « chhhiiii » ou « chhhaaa» que nous devons prononcer. Nous écrirons soit l'une, soit l'autre selon celle que nous avons prononcée.  
    • Le travail est réalisé collectivement. L'enseignant sollicite l'aide des autres enfants pour qu'ils aident leurs camarades en difficulté à réaliser qu'à tel moment, dans château, machine, chameau, chat, chinois, ils articulent l'une ou l'autre des syllabes.
    • La fin de la séance est consacrée à lire, recopier en cursive (sauf classes d'enfants non-scripteurs stricts) et illustrer la scène demandée.
    • L'enseignant charge deux nouveaux élèves à ramasser les cahiers ouverts et à les pose sur son bureau.

    14 h - 14 h 45 : Questionner le monde

    Relation aux programmes : Pratiquer, avec l’aide des professeurs, quelques moments d’une démarche d’investigation : questionnement, observation, expérience, description, raisonnement, conclusion / Identifier ce qui est végétal / Développement des végétaux / Quelques besoins vitaux des végétaux

    14 h 45 - 15 h 15 : Littérature / Éducation physique et sportive

    Relation aux programmes : Littérature : Écouter pour comprendre [des messages oraux ou] des textes lus par un adulte. Éducation physique et sportive : S’exprimer par son corps et accepter de se montrer à autrui / Exprimer des intentions et des émotions par son corps dans un projet artistique individuel ou collectif

    • Expression orale : Chaque élève est appelé à s'exprimer sur ce qu'il vient d'entendre (selon le principe des moments de langage vus précédemment)
    • Pendant le temps restant, ils dessineront et découperont dans du papier noir un des personnages de l'histoire qu'ils pourront ensuite fixer en haut d'une pique à brochette en bois pour transformer leur personnage en marotte et pouvoir rejouer l'histoire avec leurs camarades pendant les ateliers en autonomie (Voir .

    15 h 15 - 15 h 30 : Récréation

    • Dans la cour, penser à rappeler aux élèves d'aller boire et de passer aux toilettes.

    15 h 50 - 16 h 00 : Temps incompressible

    Nota bene : Le cartable étant préparé tous les soirs de la même façon, les élèves gagnent en rapidité. L'enseignant se tiendra près des élèves plus lents pour les aider à ne pas perdre de temps lors de cet exercice.

    • Préparation des cartables (voir Mardi )

    16 h 00 - 16 h 20 : Écriture

    Relations aux programmes : Écriture : Maîtriser des gestes de l’écriture cursive exécutés avec une vitesse et une sûreté croissantes

    Trois cas possible :

    • Élèves non-scripteurs : Séances 1, 2, 3 et 4 du cahier Mes cahiers d'écriture, de chez MDI ; essais lettre i, sur l'ardoise, après démonstration par l'enseignant et essais élèves au tableau, puis dictée d'étiquettes (ou d'Alphas) :

    Enseignant : « Fixez l'étiquette des lettres qui disent « rrriiii » sur votre ardoise. Levez pour que je voie ! Très bien... Posez doucement l'ardoise sur votre table et enlevez l'étiquette et mettez maintenant, l'étiquette des lettres qui chantent « rrrraaa ». Attendez que je le dise pour lever votre ardoise. Tout le monde est prêt ?... Levez, avec l'ardoise tournée vers moi pour que je puisse lire... Très bien... Posez doucement, enlevez l'étiquette... Maintenant « chhhaaa»... Attendez que tout le monde ait fini... Levez ! Et puis « chhhhiiiii ».

    • Élèves dégrossis : Séances 1, 2, 3 et 4 du cahier Mes cahiers d'écriture, de chez MDI, puis essais en cursive sur l'ardoise : lettres a, i et r, après démonstration au tableau par l'enseignant puis essais d'élèves. Si les élèves y arrivent bien, au moins ligne de ri en cursive sur le cahier du jour (→ présentation préparée par l'enseignant) et éventuellement une ligne de ra

    La séance finit par la même dictée que pour les élèves non-scripteurs.

    • S'il sait que ses élèves ont appris à écrire en cursive l'année précédente : il a préparé une page de cahier seyes 3 mm sur laquelle on trouve, en cursive : la date, le titre, 4 lignes : ri, ra, cha, chi

    La séance finit par la même dictée que pour les élèves non-scripteurs mais les enfants travaillent à la craie ou au feutre effaçable, directement sur leur ardoise (ou sur leur cahier si tout le monde y est à l'aise (→ présentation préparée par l'enseignant). 

     16 h 20 - 16 h 30 : Poésie

    Relation aux programmes : Écouter pour comprendre des textes lus par un adulte / Conserver une attention soutenue lors de situations d’écoute / Mémoriser des textes

    • L'enseignant relit lentement la poésie, après avoir rappelé le titre et le nom de l'auteur.  
    • Ensuite, il redit les trois vers de la première strophe et les fait répéter par la classe, quelques petits groupes d'enfants, quelques enfants isolés.
    • Enfin, les enfants disent en chœur la première strophe et l'enseignant finit seul, ou avec le concours des enfants volontaires, les deux strophes suivantes.

    Dans la même série :

    Rentrée des classes :

    CP : Les débuts en écriture-lecture (1)CP : Les débuts en écriture-lecture (2) ; CP : Les débuts en écriture-lecture (3) ; ...

    Un mois plus tard :

    CP : Écriture-lecture, 1 mois plus tard... (1) ; CP : Écriture-lecture, 1 mois plus tard... (2)

    Deux mois plus tard :

     CP : Écriture-lecture, 2 mois plus tard... (1) ; CP : Écriture-lecture, 2 mois plus tard... (2)

    Début janvier :

     CP : Écriture-lecture, début janvier (1) ; CP : Écriture-lecture, début janvier (2)

    Au mois d'avril :

    CP : Écriture-lecture, début avril (1) ; CP : Écriture-lecture, début avril (2) ;


    2 commentaires
  • CP/CE1 : Les nombres entre 60 et 99

    Si, lorsqu'on a dépassé les deux premières dizaines (de 1 à 10, puis de 11 à 20), les élèves enregistrent facilement le nom des nombres, il en va différemment pour les nombres compris entre 69 et 100.
    Certains « bloquent » carrément et ne savent ni les lire, ni les écrire, et rares sont ceux qui, sachant les écrire, savent aussi les lire, alors que tous savent pourtant la plupart du temps les réciter à l'oral.

    Quelques idées en vrac pour les aider à mémoriser ces nombres aux noms bizarres issus des procédures de comptage de nos ancêtres.

    Observation du Château des Nombres :

    1. Construction

    Sur une feuille format raisin (50 x 65), construire un grand tableau de 10 fois 10 cases, et le remplir case par case, avec l'aide des enfants, en commençant à 1 et en terminant à 100.Chaque enfant dicte un nombre :

    Abel : Un... Béryl : Deux... Camelia : Trois... etc. jusqu'à Jacinthe qui dit : Dix, un Un et un Zéro (ou Une dizaine et zéro unité), puis Kader : Onze, un Un et un Un (ou Une dizaine et une unité), etc.
    Ne pas accepter de nombres décomposés ainsi : "Soixante-sept, c'est six et sept» pour éviter la confusion entre les chiffres et leur valeur (six et sept, c'est treize et non soixante-sept).

    Au CP, on le complètera peu à peu, au fur et à mesure de l'apprentissage. Au CE1, on le complètera, selon les fichiers ou manuels employés, en une à quatre séances (les nombres de 0 à 10 ; les nombres de 10 à 20 ; les nombres de 20 à 69 ; les nombres de 70 à 100).

    2. Pour mémoriser les nombres de 70 à 100 :

    On y lit les nombres, dans l'ordre, et on remarque que les nombres dont le chiffre des dizaines est 1, 7 et 9 emploient les mêmes mots.

    Pour aider à la mémorisation de ces mots, on colorie les cases de la même couleur (par exemple cases jaunes pour les nombres de 10 à 19, 70 à 79, 90 à 99).

    CP/CE1 : Les nombres entre 69 et 100

    3. Jeu du château des géants

    On peut parfaire la mémorisation en jouant régulièrement au jeu des volets fermés : 100 géants sont venus dormir dans le château, certains dorment encore.

    • Avec des "post it", on cache en secret certains nombres du tableau, pendant que les enfants mettent leur tête dans leurs mains. 
    • Les enfants qui savent dire et écrire le nombre qui est caché derrière gagnent le "post it".
    • Bien sûr, on choisit un maximum de volets fermés dans les lignes de 60 à 99.

    Lier Numération, Calcul, Mesures et Monnaie :

    On peut aussi assurer la connaissance lexicale par la connaissance mathématique : 80 s'appelle quatre - vingts parce qu'on l'obtient en comptant 4 fois 20 ; 70, c'est 60+10, 71, 60+11, etc.

    En assurant le calcul par des :

    • jeux de monnaie :

    → marchande: payer 63 €, payer 73 € ; payer 82 €, payer 92 € ; ...

    → distributions : « Je vais donner 4 pièces de 2 € à chacun, combien aurez-vous ?... et avec 4 billets de 20 € ?... et avec 4 pièces de 2 € et une pièce de 1 € ?... et avec 4 billets de 20 € et un billet de 10 € ?... etc.) 

    → partages : « J'ai 6 € en pièces de 2 €, à combien d'enfants puis-je en donner une ?... J'ai 60 € en billets de 10 €, combien d'euros puis-je donner à chacun des enfants d'un groupe de trois enfants ?... Si j'ai 70 € en billets de 10 €, combien puis-je en donner au même groupe, combien restera-t-il de billets ?

    • mesures en cm

    → dans la cour ou sur de grands objets

    → lecture de la règle du tableau et repérage de nombres 

    → nombres de réglettes Cuisenaire de 10 cm dans 60 cm ?... dans 70 cm ?... etc.

    • calculs avec des bûchettes par paquets de 10 et bûchettes à l'unité

    → 60 + 5 et 60 + 15 ; 80 + 6 et 80 + 16 ; etc.

    → 98 - 8 ; 98 - 10 ; 98 - 18 ... 77 - 7 ; 77 - 10 ; 77 - 17 ; etc.

    La commande de doigts 

    • Je demande par exemple : 

    une commande de 60 doigts (donc 6 enfants qui constituent le groupe A),

    → une de 80 doigts (donc 8 enfants qui constituent le groupe B),

    → une de 13 doigts (1 enfant qui montre 10 doigts et 1 qui ne lève que 3 doigts qui constituent le groupe C)

    → et une de 16 doigts (1 enfant qui montre 10 doigts et 1 qui ne lève que 6 doigts qui constituent le groupe D).

    • On réunit les groupes A et D (60 et 16) d'une part et les groupes B et C (80 et 13) d'autre part.
    • Les élèves doivent écrire en chiffres et en "mots" le nombre de doigts levés de leur groupe.

    Fréquence des activités :

    Ces activités sont à mener de manière très régulière jusqu'à ce que tous les élèves arrivent, après réflexion, à lire et écrire un nombre compris entre 60 et 99.

    La commande de doigts

    Elle peut être utilisée en échauffement au début de la séance quotidienne d'EPS (ne me dites pas que vous ne faites pas EPS tous les jours ou je vous fais les gros yeux !).

    Le jeu du château

    Il demande d'abord d'utiliser de une séance à quatre séances de mathématiques étalées dans le temps ou consécutives  à sa construction.

    Quand il est construit, même partiellement, sa lecture dans l'ordre doit être quotidienne, en établissant un tour de rôle pour la lecture (l'élève 1 lit le premier nombre, l'élève 2 le deuxième, etc.). On peut choisir de faire uniquement lire les nombres, ou de demander que chacun lise ainsi : « Un, c'est une unité... Deux, c'est deux unités... etc. Dix, c'est une dizaine et zéro unité... Onze, c'est une dizaine et une unité... »

    Quand les élèves commencent à ne plus trop hésiter sur la lecture des nombres de 60 à 99, le jeu des volets fermés pourra servir de rituel au début de la séance quotidienne de mathématiques.

    On pourra ressortir et corriger ce château des nombres lorsqu'on étudiera les nombres de 101 à 200. Les élèves comprendront ainsi intuitivement les règles de la numération décimale au lieu d'être dans un « par cœur » qui les bloque dans leur compréhension mathématique de ce système.

    Lier Numération, Calcul, Mesures et Monnaie

    C'est un état d'esprit à acquérir. Cela se fait au quotidien, lors de chaque séance de mathématiques. On tisse des liens entre les sous-domaines pour que la « toile » se renforce et devienne de plus en plus dense, et que les connaissances d'un sous-domaine servent à construire les connaissances des autres.

    Je n'ai pas inclus le domaine Résolution de problèmes car, dans mon esprit, il est mis en œuvre lors de chaque séance quotidienne de mathématiques.


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  • CP : Ateliers Mathématiques (2bis)

    Pour les nouveaux qui arrivent en cours de route, je me permets de les informer qu'ils trouveront les tenants et les aboutissants de la méthode dans les articles précédents (voir liens en fin de page).

    Pour les autres, nous continuons. Voici les trois dernières semaines du premier trimestre. Elles sont consacrées aux nombres 7, 8 et 9 que les élèves découvriront :

    • au cours d'activités physiques et sportives connues (Ballons déménageurs, Chandelle, Jacques a dit, Béret, Mère veux-tu ?) et moins connues (Jeu du radeau, Jeu des patins, Jeu du pont) auxquels s'ajoutent les désormais traditionnels Lucky Luke, Tope là ! et Rythmes frappés .
    • au cours d'activités sensorielles, en petits groupes ou seuls : les tables, les fiches-mémoires, les chiffres rugueux pour apprendre le sens du tracé mais aussi les mesures et calculs grâce aux réglettes Cuisenaire, les frises et pavages, la marchande où on manipule pièces et billets, les problèmes en images, les machines à bonbons, à moitié, à produits, la balance Roberval et les bouteilles grâce auxquelles on apprend à comparer ainsi que des jeux de société revus et corrigés pour en faire des lanceurs mathématiques : le mistigri, la bataille, les dés
    • une description précise des séances quotidiennes de langage autour des mathématiques, en groupe-classe, pour aller plus loin et toucher tout le monde ; c'est au cours de ces séances de langage que le repérage dans l'espace avec passage du plan vertical du tableau au plan horizontal du cahier (voir ci-dessous) sera travaillé, tout au long des trois semaines pour assurer la sûreté de l'apprentissage de chacun
    • des traces écrites quotidiennes qui, désormais, auront lieu sur le cahier (voir ci-dessus) et qui donnent lieu à un véritable apprentissage du repérage sur un quadrillage ô combien banal pour nous mais si déroutant pour nos petits élèves de CP

    En vue de ne pas vous retrouver débordés,
    pensez d'ores et déjà
    à collectionner pour votre classe :

    des dés traditionnels, un gros dé que tout le monde pourra lire (même dans les classes à 28), de la  monnaie factice, des ballons, des anneaux, deux caisses, des craies de cour, des réglettes Cuisenaire, du petit matériel (bûchettes, jetons, boutons, haricots, crayons, ...), des cartes-mains, cartes-nombres, cartes-dés visibles du fond de la classe et individuelles, des rectangles de tissus (serpillières, linge de maison usagé, ...) et des cartes à jouer (jeux de 52 cartes).

    Si vous pouvez par ailleurs trouver un ou plusieurs bouliers de ce type, ce sera parfait :

    CP : Ateliers Mathématiques (2bis)
    Celui-ci est proposé au catalogue Nathan, mais tout autre boulier de ce type (2 fois 5 billes de couleurs différentes, dont l'ordre est inversé à partir de la 6e rangée).

    Et maintenant, assez bavardé, le matériel :

    Les modules pour l'enseignant :

    Module 10 :

    Télécharger « Ateliers mathématiques M10.pdf »

    Module 11 :

    Télécharger « Ateliers mathématiques M11.pdf »

    Module 12 :

     

    Télécharger « Ateliers mathématiques M12.pdf »

    Les fiches récapitulatives pour les traces écrites :

    Module 10 :

    Télécharger « Module-10.pdf »

    Module 11 :

    Nota bene : Distribuer un rectangle que papier quadrillé 1 cm x 1 cm pour la Séance « Carrés et Rectangles »

    Télécharger « Module 11.pdf »

    Module 12 :

    Télécharger « Module 12.pdf »

    Dans la même série :

    CP : Ateliers mathématiques - 1 CP : Ateliers mathématiques - 1bisCP : Ateliers Mathématiques (2)...  ; CP : Ateliers Mathématiques (3) ; CP : Ateliers Mathématiques (3 bis)CP : Ateliers Mathématiques (4)  ; CP : Ateliers Mathématiques (4bis) ; CP : Ateliers Mathématiques (5) ; CP : Ateliers Mathématiques (5bis)

    Nota Bene : Pour ceux qui continuent à préférer une progression plus classique, avec un fichier d’exercices quotidiens, je ne saurai trop vous conseiller l’excellent Compter, Calculer au CP, de P. Dupré, illustré par S. Borgnet, chez GRIP Éditions. J'en avais écrit un Guide Pédagogique qui n'a finalement pas été retenu par l'éditeur. Je peux envoyer ce guide par mail à toute personne qui m'en fera la demande par Contact.

    Avertissement d'usage :

    Je ne tiens pas à retrouver mon travail même remis en page sur le blog de Pierrette, Paulette ou Jacqueline. Si vous voulez m'aider, vous me contactez en privé ou en public, vous me proposez votre version et JE la mettrai en ligne avec votre nom, votre prénom et même votre adresse et votre numéro de téléphone si vous le souhaitez et les remerciements qui iront avec. Qu'on se le dise !


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