• Nul... à refaire !

    Nota bene : Suite à la parution d'une nouvelle enquête, concernant les mathématiques et les sciences cette fois, vous pouvez, si le cœur vous en dit, lire cet article en remplaçant « orthographe », « grammaire », « vocabulaire », « conjugaison », « rédiger » par « mathématiques », « numération », « calcul », « géométrie », « résoudre ». En rajoutant à la liste des « solutions éditoriales », les méthodes mathématiques et scientifiques, carrément citées dans les instructions officielles, vous aurez la réponse à la question : « La baisse du niveau, pourquoi, comment ? »

    Et encore une enquête pour confirmer ce que tout le monde sait : les enfants qui ont effectué leur CM2 en 2015 sont bien moins bons en orthographe que leurs parents au même âge, lorsqu'ils ont effectué le même test, en 1987 !

    Tout le monde le sait. Toute famille le remarque à longueur de cartes postales ou de petits mots laissés sur la table. Tout parent le constate au quotidien dans les écrits rédigés en classe, truffés de fautes et validés par l'enseignant.

    « Et pourtant, ricanent certains, les écoliers et collégiens qui sont aujourd'hui à l'école n'ont connu QUE les programmes « Darcos », publiés en 2008... Programmes qui avaient promis qu'on allait enfin apprendre correctement la grammaire et l'orthographe, car on revenait aux « fondamentaux » !  Alors, camembert, les malades de la de la vraie-bonne-grammaire-des-familles : avec les nouveaux programmes, qui sont excellents, vous allez voir ce que vous allez voir... »

    Là, ça va le faire, c'est sûr, nous disent-ils. Grâce aux effets conjugués du prédicat, de l'orthographe rénovée 1990 et du LSUN[1], qui suivra nos chérubins de l'aube de l'école élémentaire à la fin du collège, ces progrès seront personnalisés à l'extrême, bienveillants et positifs pour tous. Dans vingt ans, l'homme et la femme nouveaux se lèveront, vivants parmi les décombres du vieux monde, et rayonneront tels des phares  qui nous ouvriront la porte et nous guideront sur les chemins de l'innovation, nous pauvres ilotes, gavés aux programmes antérieurs à 1986 !

    Je n'y crois pas une seconde, encore moins qu'en 2008. Nous repartons  de plus belle dans la mauvaise direction, après avoir très vaguement atermoyé pendant moins d'un an, de septembre 2008 à mai 2009[2].

    Et pourquoi je n'y croyais pas, même en 2008, alors que les programmes étaient clairs, progressifs et exigeants, tout comme j’aime[3] ?... Eh bien parce que le problème était beaucoup plus profond : rappeler ou apprendre aux enseignants que pour qu'un élève sache quelque chose, il faudrait déjà qu'il ait eu l'occasion de s'y confronter, c'était bien ; mais encore aurait-il fallu qu'on donnât à ses maîtres la possibilité de l'y exercer. Et là, le bât a blessé, méchamment blessé ! 

    Deux heures de moins pour beaucoup en plus !

    Faire passer cette réforme, comme ça, sans ménagements, du « fait du prince », dans une profession à qui l'on faisait croire depuis des années que c'était elle qui rédigeait les programmes et que c'était elle qui avait appelé de ses vœux les plus ardents toutes les innovations, tous les changements de désignation, tous les grands projets nationaux, départementaux ou de circonscription, c'était délicat. Il fallait donc une contre-partie.

    « Et si on leur refilait leur samedi matin ? Hein ? Voilà une idée qu'elle est bonne ! Ils n'iront plus bosser que 4 jours par semaine. En échange, pour que ça ne fasse pas trop désordre, on va leur refiler de la concertation, tiens... La plupart des syndicats enseignants adorent la concertation. Ils la feront le soir après l'école, s'ils veulent couper aux trajets superflus. Quatre journées de 10 heures, surtout quand le grand public n'en voit que 6, ce sera parfait pour notre image auprès du grand public !

    Et puis, pour calmer les familles et faire plus « à l'écoute des besoins de l'Enfant », avec sa majuscule, comme il se doit, on va dire que les plus faibles auront droit à 2 heures de soutien personnalisé, seuls avec leur enseignant... Et on leur refilera des stages de remise à niveau, au milieu du CM2 et juste avant l'entrée en 6e. »

    Et ça a marché ! Tout le monde a applaudi, ou presque.

    Les élèves ne sont plus venus à l'école que 4 jours, 6 heures par jour, et ils étaient censés ingurgiter ces contenus rénovés, plus consistants, plus étoffés, en 24 heures chrono, 2 fois plus vite qu'à La Redoute... sans tenir compte des variations saisonnières, bien sûr.
    Parce qu'en hiver, ôter une paire de gants, une écharpe, un bonnet, un blouson et parfois même une combinaison et des bottes de neige, ça prend du temps. Ramasser les tickets de cantine, comptabiliser les enfants qui restent à la garderie et vérifier si les mots aux familles informant des événements à venir, aussi. Ils étaient donc loin d'avoir 24 heures de travail scolaire, ces enfants-là. 

    Dans certaines écoles, aux publics difficiles – nous reviendrons certainement sur ce concept plus tard – les deux heures de soutien se transformaient en saupoudrage tant les besoins étaient criants alors que dans d'autres, nos collègues peinaient à recruter des clients qui avaient besoin de cours particuliers. Ce qui fait qu'en 2012, au changement de majorité, ce soutien fut en partie remplacé par... de la concertation, bien sûr ! La plupart des syndicats enseignants adorent la concertation...

    Conclusion n° 1 : Deux heures de moins pour beaucoup plus, ça ne fonctionne pas et, après huit années d'application – nous y reviendrons – les progrès qui auraient dû avoir lieu ne sont pas au rendez-vous.

    D'où l'intérêt qu'il y aurait eu à consulter une base large et non deux ou trois personnes rameutées par les copains... et à prendre son temps plutôt qu'à balancer un Bulletin Officiel de 39 pages, pas toujours très clair même pour des « professionnels de l'Éducation », plus ou moins formés, du bas en haut de l'échelle.

    Pas de documents d'accompagnement, c'est inutile !

    Il est vrai que dans l'esprit d'un agrégé de lettres, ou même dans celui d'un instituteur qui a fréquenté l'école, le collège et le lycée avant 1975, enseigner le vocabulaire, l'orthographe, la grammaire et la conjugaison de base, c'est sans doute l'enfance de l'art et il n'est pas besoin d'accompagnement.

    Il est vrai aussi que, dans certaines circonscriptions et avec certains IEN, les documents d'accompagnement aux programmes de 2002, destinés théoriquement à apporter des pistes de recherche à exploiter ou non, s'étaient vite transformés en diktats à respecter au pied du pied du pied de la lettre sous peine de harcèlements divers et variés visant à retarder l'avancement des dangereux contrevenants.
    Vouloir faire cesser cela et rendre la liberté pédagogique aux professeurs des écoles, cela partait d'un excellent sentiment.

    Et puis, il y avait des sensibilités à ménager. Être choisi, c'est bien, mais durer, c'est mieux. Pour ne pas se mettre à dos les « désobéisseurs » de tout poil, ceux qui hurlaient à l'assassinat du dernier chanteur de slam à la mode – celui qui s'était fait tout seul et n'avait pas eu besoin de leçons pour acquérir cette aisance verbale, cette créativité poétique, cette pertinence intellectuelle – il fallait laisser faire chacun à sa sauce, sans cadres trop précis ou trop rigides.

    À l'État de présenter des contenus, une bonne fois pour toutes et au « terrain » de les transmettre aux élèves comme bon lui semble et de s'interroger objectivement sur la pertinence des méthodes qu'il aura choisies pour ce faire...

    Conclusion n° 2 : Faute de formation, de conseils et d'exemples, de nombreux collègues se sont noyés dans des programmes qui ne correspondaient à rien pour eux, d'autant que le désespoir, la fatigue, les contraintes pesant de plus en plus fortement sur un métier décrié par le chef de l'État lui-même, ne les inclinaient pas à faire des efforts d'auto-formation !

    Des priorités fondamentales très vite oubliées !

    Quant à l'État, il a très vite eu autre chose à faire. Une fois fournis aux foules ô combien en délire, ces programmes n'intéressèrent plus personne. Et on embaucha un coiffeur pour passer à la mise en coupe réglée de l'espèce à abattre : le fonctionnaire !

    Disparition des RASED, exécution programmée de l'École Maternelle[4], suppression des IUFM, diminution des ouvertures de classes alors que la population enfantine augmentait, même chose pour le remplacement, intégration à moyens constants des enfants handicapés dans les classes non-spécialisées, vague recrutement placebo de personnels sous contrat privé sans formation, baisse des subventions aux communes, la liste est longue et douloureuse à lire...

    Toutes choses qui, non contentes de faire disparaître du paysage scolaire les ambitions orthographiques promises, rendirent encore plus difficile l'exercice serein du métier, gage d'un bon suivi pédagogique des enfants réels, dont le caractère est très éloigné de celui de l'enfant des statistiques !

    Les programmes 2008, eux, continuaient seuls un petit mais alors tout petit bonhomme de chemin, revu et corrigé chaque année à la baisse à la fois dans les Évaluations Nationales fournies par l'État[5], mais aussi par une profession qui se sentait de moins en moins soutenue et par un secteur éditorial qui comprenait bien que personne ne tenait à ce qu'il en fasse trop en terme de contenus.

    Conclusion n° 3 : Si personne n'a de réelle volonté de faire monter le niveau d'orthographe d'une génération, il ne montera pas tout seul, surtout si l'on n'aide absolument pas ceux qui sont chargés de le faire monter et qu'on met tous les bâtons qu'on trouve sur leur chemin. 

    Le partage du gruyère.

    Il y a bien eu quelques aménagements aux manuels scolaires 2002 afin de les adapter aux nouvelles exigences. Des aménagements a minima tant les éditeurs sentaient qu'aucun IEN, aucun professeur-chercheur en Sciences de l'Éducation n'iraient conseiller des méthodes trop différentes de celles qu'ils avaient contribué à inventer et diffuser !

    Sont nées pour les CP, les méthodes chambres à part, avec des vrais morceaux de syllabique dedans et, pour les plus grands, des méthodes complètes garantissant une entrée en grammaire réussie ou une maîtrise sûre de l'orthographe, toutes basées sur le découpage de petites étiquettes et la promenade entre les îlots constitués par 4 bureaux d'élèves mis face à face. On y a ajouté des méthodes de remédiation qui, après avoir conduit les plus jeunes sur des fausses pistes, passent un temps fou, et complètement déconnecté du reste du temps de classe, à redresser ce qui a été bâti de travers. Une vraie manne financière à laquelle s'est ajoutée celle issue du parascolaire... parce que quand l'école faut (verbe faillir, 3e groupe, présent de l'indicatif, 3e personne du singulier), la demande de soutien augmente !
    Rien de bien nouveau...

    L'essentiel de l'effort de formation continue a porté sur les à-côtés de la réforme : l'intégration des enfants à profils particuliers, la gestion de l'Aide Personnalisée, les Paliers du Socle, le Livret Numérique qui n'en finissait pas d'être annoncé puis retoqué par la CNIL.

    Perdre du temps de formation continue pour apprendre à lire au CP afin que tout élève en sorte au moins « petit lecteur » ? Trop trivial ! Montrer comment concevoir une progression de grammaire ou d'orthographe moins chronophage et plus progressive ? Quelle tristesse ! Revoir l'enseignement des gestes de l'écriture liée en Grande Section pour travailler conjointement écriture et lecture et passer insensiblement et naturellement de l'écoute des sons à la lecture ? Quelques semaines après avoir affirmé qu'il existait deux voies pour lire : la directe, seule garante du sens, et l'indirecte, qui fabrique des petits perroquets qui ne comprennent rien, c'est délicat...

    Conclusion n° 4 : Il n'y a donc eu, sauf peut-être à la marge, aucune formation des professeurs des écoles à l'usage raisonné et raisonnable des programmes 2008 de la part du corps institutionnel, dont la plupart des membres d'ailleurs n'avaient aucune idée de la manière dont on pourrait s'y prendre pour que ces contenus soient transmis de façon sûre et néanmoins conviviale aux jeunes enfants.

    Restait l'auto-formation. Internet étant en plein boum, de nombreux collègues ont fabriqué eux-mêmes leur matériel avant de le diffuser autour d'eux. Du matériel SGDG, bien entendu. De l'excellent, du bon, du moyen, du passable... D'autres collègues l'ont utilisé. Comme ils ont pu. Très bien, moyennement bien, mal même parfois. Quand on n'a aucun repère, comment savoir si ce qu'on fait est bon ? Et quand l'inspecteur qui passe nous voir n'a pas l'air d'en savoir plus, rien ne va plus !...

    Alors allons-y pour suivre tel collègue qui a l'air de savoir de quoi il parle et instaurons la dictée-flash quotidienne, les tableaux de sons, le cahier de mots-outils, le rituel de grammaire avec des bulles dedans, la ceinture de conjugaison, le mot du jour, le cahier de l'écrivain, un vrai inventaire à la Prévert...
    Ça marche, au moins un peu ? On garde toute l'année puis on abandonne parce qu'on a trouvé plus ludique ailleurs ! Ça ne marche pas tout de suite ? On abandonne et on repart sur une autre piste, pour trois semaines, histoire de voir si cette fois, ça fonctionnera mieux.

    Conclusion n° 5 : Et pendant ce temps-là, le niveau d'orthographe ne monte pas ou du moins pas partout.

    Vague espoir, vite oublié.

    Il existe cependant de toutes petites niches, minuscules, pas toujours situées là où on les attendrait, dans lesquelles les élèves, ceux d'aujourd'hui, nés en 2002 et après, pas forcément issus de milieux si reluisants que cela, apprennent à écrire et lire, en GS et au CP, comprennent ce qu'ils lisent, écrivent plutôt bien et ont, lorsqu'ils arrivent au CM2, un niveau en orthographe presque comparable à celui de leurs grands aînés (ne serait-ce qu'à l'école élémentaire, ils ont bénéficié de 540 heures de classe en moins qu'eux, quand même, et ça se sent).
    On en trouve dans l'enseignement public, dans le privé sous-contrat et dans le privé hors-contrat. Peu. Très peu.

    Pourquoi ? Allez savoir. De grosses difficultés de communication, sans aucun doute. Une réputation détestable entretenue entre autres par des officines qui construisent un projet politique en se délectant de l'effondrement du projet social et démocratique, certainement. Un dénigrement systématique des possesseurs du gruyère peu enclins à se laisser piquer leur fromage, un peu beaucoup aussi.

    Pourtant, elles fonctionnent, ces classes. Elles fonctionnent sans blouses grises, sans salut au drapeau, sans porte-plumes, sans passéisme ni ringardise,  sans mise au ban des éléments indésirables, sans dénigrement de ceux qui ont choisi d'autres méthodes, sans agressivité envers ceux qui ne pensent pas exactement comme elles, sans enfermement. Elles arrivent même, pour certaines, à fonctionner sans vieux bouquins, tristes et moches, mais ça, c'est plus difficile. Ce sont elles, les vraies innovantes mais elles n'ont pas su ou pu le dire. 

    Conclusion n° 6 : Elles ont juste loupé leur comm' et c'est reparti pour un tour, sans elles, parce qu'elles n'ont pas su prendre le train en marche. 

    Conclusion générale

    En 2022, une nouvelle enquête prouvera que le niveau d'orthographe a encore tellement baissé qu'on a décidé de ne plus jamais, jamais l'évaluer. Cela évitera d'avoir à manger son chapeau, comme ça, bêtement, tous les sept à dix ans.

    Et pourtant, ce serait si simple, comme le disait un internaute que j'ai lu ce matin : « Puisque le niveau des élèves testés en 1987 était satisfaisant, reprenons les programmes (et horaires) de l'époque et mettons-nous au travail ! »

    C'est ce que j'ai essayé de faire dans les fichiers et manuels que j'ai concoctés, j'ai eu à de nombreuses reprises la preuve que cela fonctionne toujours. Il ne manque que la volonté.

    Notes :

    [1]  Livret Scolaire Unique Numérique 

    [2]  En mai 2009, Luc Chatel remplaça Xavier Darcos et le souci ne fut plus le niveau d’orthographe des enfants, hélas ! Les efforts portaient plutôt sur le régime de famine à imposer au mammouth pour qu’il perdît ses dernières bribes de graisse et continuât néanmoins à faire comme s’il était encore vivant.

    [3]  À quelques bémols près, quand même... Le programme de conjugaison CE1 était beaucoup trop chargé et très mal équilibré pour accoucher d’une souris au cycle 3 avec à peu près autant de modes, de temps et de terminaisons verbales à connaître à l’issue du CM2 qu’au milieu d’un CM1 antérieur à 1995 ! Et puis, tout un tas de broutilles de ce genre dues à des programmes faits trop vite, sans consulter un panel assez large d’enseignants de terrain.

    [4]  http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2009/05/12/01016-20090512ARTFIG00310-morano-lance-les-jardins-d-eveil-pour-les-2-3-ans-.php

    [5]  Quand il faut prouver que le niveau monte, sans faire les efforts pour le faire monter, on est bien obligé de négocier cette hausse d’une autre manière.


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  • Oliver (Twist) ou Rémi (Sans Famille) ?

    C'est l'histoire d'un petit enfant de 2 ans et demi environ. Nous l'appellerons Noah, Lou ou Sasha parce que ce sont des prénoms mixtes et que le sexe n'a rien à voir là-dedans. 
    Noah va à l'école. C'est comme ça. Il pourrait être chez lui, comme Sasha, ou à la crèche, comme Lou, mais lui, il est à l'école. D'ailleurs, cette histoire pourrait tout aussi bien se passer chez lui ou à la crèche (le problème est d'ailleurs peut-être là, mais cela, nous en reparlerons une autre fois, si vous le voulez bien).

    Dans sa classe, le maître ou la maîtresse, l'histoire ne le dit pas, organise chaque jour, ou presque, un temps d'« ateliers de manipulations autonomes », fortement inspirés – mais pas que[1]... – par la pédagogie Montessori remise à l'honneur ces dernières années.

    Aujourd'hui, l'atelier que Noah [Sasha - Lou] a choisi, parmi tous ceux qui leur sont proposés sans doute, consiste à :

    • prendre l'éponge entre trois doigts (pouce, majeur, index)
    • la plonger dans le récipient A, à moitié rempli d'eau par l'ATSEM [ sa mère - l'éducatrice de jeunes enfants ]
    • la laisser se gorger d'eau
    • la déplacer au-dessus du récipient B, placé à droite (enfin, je pense) du premier
    • la presser pour en extraire le liquide
    • recommencer jusqu'à ce que le récipient A soit vide et le récipient B plein
    • vider l'eau et ranger son petit plateau dans l'étagère où il était avant l'exercice

    Voilà. C'est tout. C'est bien, non ? Je suis sûre qu'à deux ans et demi vous auriez adoré patouiller dans l'eau et transvaser gentiment le liquide du récipient A dans le récipient B à l'aide d'une belle éponge toute neuve !
    Et puis c'est éducatif... Ça apprend le soin, la propreté, l'attention, la concentration, tout ça, tout ça.
    En plus, avec un peu de chance, si on en croit la théorie constructiviste la plus stricte, après cet exercice Noah [Sasha - Lou] aura découvert que :

    • l'éponge est un solide de structure poreuse, ce qui lui confère une forte capacité d'absorption
    • les liquides n'ont pas de forme propre, ils prennent celle du récipient qui les contient
    • rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme

    Moi, malgré tout, je n'arrive pas à aimer ça. Je reconnais que c'est une très grande avancée dans le sens où, après 30 ans d'oubli complet, l'école maternelle tient à nouveau compte de l'éducation sensorielle « pure », celle qui n'a pas d'autre but que de permettre à Sasha [Lou - Noah]  d'écouter au lieu d'entendre, d'observer au lieu de voir et d'utiliser efficacement ses sensations somatiques, olfactives et même gustatives – « C'est bon, l'eau, Noah ? Elle n'a pas trop le goût de l'éponge neuve, celle-là ? » au lieu de les subir.
    Rien que ça, je l'ai déjà dit, c'est déjà un avantage incontestable pour la formation de nos « moins de sept ans » !

    Ce qui me gêne, c'est le côté « rikiki » de l'exercice. On se croirait sur la chaîne de montage, à la grande époque de l'industrialisation... Lou transvase de l'eau à l'aide d'une éponge pendant que le petit Oliver (Twist)[2]  repère les aiguilles au chas défectueux et les met de côté pour satisfaire aux demandes de son contremaître. D'un côté comme de l'autre, on trouve difficilement l'intérêt de l'exercice, surtout quand on y ajoute la composante gratuite de celui qui se pratique ainsi en classe, hors-sol.

    Il est vrai cependant qu'il peut y avoir pire. Imaginons Oliver chez l'horrible Fagin. Là, nous sommes dans l'« utilitaire strict ». Oliver apprend les gestes, comportements et compétences qui lui permettent de devenir un voleur averti. Si nous rapportons cela à l'école, cela pourrait donner :

    • les enfants vont à l'école élémentaire pour apprendre à lire, à écrire, à compter et à calculer
    • le reste est littérature
    • l'école maternelle est là pour préparer à l'école élémentaire
    • l'école maternelle doit donc obtenir au plus vite et pour tous les enfants l'efficacité de la lecture et de l'écriture alphabétiques ainsi que la maîtrise des quatre opérations
    • le reste est littérature

    Ce n'est pas ma tasse de thé, n'en déplaise à certains. Laissons du temps au temps et prenons le petit enfant pour ce qu'il est : un être en cours de formation dont le développement harmonieux nécessite une base d'apprentissage large qui part du mouvement et de l'affinement des sens et en fait un tremplin vers l'éducation esthétique, morale et intellectuelle. Une éducation, quoi.
    Je préfère suivre ces préceptes, qui sont ceux de M. Montessori mais aussi de P. Kergomard, et dire avec cette dernière qu'ils sauront bien mieux et bien plus vite lire, écrire, compter et calculer s'ils savent pourquoi ils le font et quels bienfaits ils en tireront. Laissons donc pour le moment Noah [Sasha - Lou] jouer avec leur éponge et leurs baquets d'eau qui leur en apprendront bien plus qu'un formatage forcément mécaniste à la lecture et au calcul.

    Mais cette éponge et ces deux bacs, coupés de toute « vie pratique », de toute utilité, quand même... pourquoi donc ?
    Pour occuper l'enfant un temps et le faire tenir tranquille, peut-être ? Mais même... Nous sommes à l'école, que diable, pas à la fabrique !

    Reprenons Maria Montessori, puisqu'elle est à la mode. Son éducation sensorielle, elle la veut ouverte sur le monde. L'enfant, grâce à des locaux et un matériel adaptés, prend part à la vie pratique de la classe. Parmi les outils laissés à sa disposition, il trouve des éponges et des récipients. Il s'en sert pour nettoyer les tables lorsqu'elles ont été salies, laver la vaisselle qui a servi aux repas ou débarbouiller les poupées... Jusque là, je suis d'accord, cent fois, mille fois ! C'est après que ça se gâte, lorsqu'on veut rationaliser tout cela en graduant et isolant une à une les propriétés des stimulants sensoriels propres aux exercices pratiques. Les tours roses, les escaliers marron, les barres rouge et bleu, pourquoi pas, mais pas les éponges et les pinces à cornichon !

    Après les exercices de vie pratique, ou à côté, cultivez plutôt l'intelligence et la créativité ! Tournez-vous plutôt du côté de Freinet ou de la pédagogie Reggio. Ne restez pas dans la fabrique à gestes stéréotypés évaluables l'un après l'autre en ce qui concerne les éponges, les chiffons, les récipients, l'eau, les pinces à linge, les balais et les pelles à poussière !

    Faites participer vos petits élèves au rangement et au nettoyage de la pièce après les activités, tous les jours, sans critères d'évaluation, juste parce qu'il faut que ce soit fait et qu'ils aiment vous aider. Et un jour, lorsque vous vous apercevrez que Lou [Sasha - Noah] se passionne pour le nettoyage à l'éponge et observe avec intérêt les gouttes qui dégoulinent lorsqu'on la presse fortement :

    • installez un petit atelier pour quatre, autour d'une table à eau bien protégée par des serpillières étalées au sol.
    • Poser sur cette table quelques éponges, quelques récipients mais aussi des pailles, des chiffons, des compte-gouttes, etc.
    • Mettez tout près quatre tabliers étanches et laissez quatre de vos élèves s'en approcher.   
    • Venez auprès d'eux et expliquez-leur les règles que vous comptez leur voir suivre.
    • Faites-les respecter pendant toute la durée de l'atelier.
    • Et Sasha, Lou, Noah et Camille joueront à l'eau, comme ils veulent, avec autant de concentration, d'application, de soin et de propreté mais beaucoup plus de richesse, de communication, de créativité qu'avec l'atelier hors-sol présenté plus haut
    • et, s'ils n'apprennent pas plus qu'avec les « ateliers de manipulations autonomes » à la sauce neuroscientifique que l'éponge est un solide poreux à fort pouvoir absorbant et l'eau un liquide avec toutes les propriétés que cela sous-entend, ils se fabriqueront des souvenirs qui, le temps venu, leur permettront d'accéder plus facilement à ces notions

    Pour Sasha, pour Lou, pour Noah, pour Camille, oubliez les « maîtres des forges » qui rivaient leurs petits ouvriers au banc de production et leur faisaient répéter à longueur de journée le même geste dépourvu d'intérêt cognitif. Oubliez aussi les « maîtres d'école » qui ne voient dans leur mission que l'instruction scolaire, au sens le plus strict, sans se rendre compte que celle-ci ne sera fructueuse que si nous la semons sur le terreau fertile que seule une éducation complète peut procurer. 

    Si vous tenez à choisir dans la littérature du XIXe siècle[3] des modèles éducatifs, imitez plutôt « il  Signor Vitalis » qui fait participer Rémi à la vie de sa troupe et se sert des exemples qu'il donne ou de ceux que lui fournissent ses autres élèves, Dolce, Capi, Zerbino et Joli-Cœur, pour développer chez son jeune élève toutes ses capacités, toute sa réflexion, toute son intelligence, toute sa sensibilité, toute sa créativité.

    Notes :

    [1]  On a convoqué les neurosciences, pour faire plus innovant et « scientifiquement prouvé », et l’approche par compétences, parce qu’on ne sait plus faire autrement.

    [2]  Il semblerait que ce ne soit pas Oliver mais je n’ai pas le temps de chercher quel héros de Dickens fut ainsi placé sur une chaîne de montage pour effectuer un geste répétitif sans intérêt à longueur de journées. Il y en a un en tout cas, c'est sûr !

    [3]  Et si vous préférez le XXIe siècle, j’ai ça : Pour une maternelle du XXIe siècle et je serai ravie de vous l’envoyer moyennant la somme à laquelle mon éditeur me le vend (23 €). 


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  • CE : Fichier d'Étude de la Langue (5)

    Merci à Sophie Borgnet pour ses petits personnages grammaticaux tellement parlants...

    Version corrigée des quelques coquilles qui subsistaient. Merci à Chloé et à ses élèves !

     Et un autre de bouclé ! Dernier fichier d'Étude de la Langue pour l'année de CE1. Avec les nouveaux programmes, il convient aussi pour les classes de CE2 qui sont désormais intégrées au Cycle 2.

    Parlant de compléments, avant, dans le fichier de CE2, de les reconnaître en tant que compléments circonstanciels et compléments d'objet, ils permettent d'initier les élèves à reconnaître mot à mot les constituants du « prédicat » ou ceux qu'ils qualifieront plus tard, dans d'autres classes, de « compléments de phrase ».
    Le travail sur les accords entre noms, articles et adjectifs, ainsi que l'analyse grammaticale ces mots préparent à la découverte du groupe nominal.

    Le travail sur les verbes est très structuré. Je l'ai calqué sur ce que nous faisions dans les classes jusqu'aux programmes de 1986, à peu près : jamais plusieurs verbes à la fois, en rajoutant des temps de conjugaison assez rapidement. 
    Je ne l'ai pas fait par « passéisme » ou même « ringardise », mais parce que cela fonctionnait et qu'arrivés en fin de CM2, nos élèves en savaient beaucoup plus de façon bien plus sûre qu'après, lorsque nos formateurs nous ont conseillé de tout mélanger. 

    L'orthographe lexicale cherche à pointer les régularités plus que les exceptions parce que, lorsqu'on commence à faire marcher un enfant, on choisit de préférence un sol plat et lisse plutôt qu'une calade provençale ou une draille de montagne !

    Enfin, le vocabulaire aidera sans doute les élèves à s'intéresser aux mots nouveaux, aux mots rares et tissera entre les uns et les autres les liens qui permettent de s'exprimer, à l'oral comme à l'écrit, avec précision.

    En espérant que vous serez nombreux à trouver dans cet outil un compromis intéressant entre des contenus étoffés et le peu de temps qu'il reste à consacrer à l'étude de la langue.

    Télécharger « Étude de la langue P5.pdf »

    Ici, la progression et les leçons correspondant à la méthode :

    La progression : CE1 : Progression Étude de la langue

    Périodes 1 et 2 :  CE1 : Leçons étude de la langue 1

    Périodes 3 et 4 : CE1 : Leçons étude de la langue 2

    Période 5 : CE1 : Leçons étude de la langue (3)

    Autres fichiers de la série :

    Français :

    Pour le CE1 :

    CE1 : Fichier d'Étude de la Langue (1)

    CE1 : Fichier d'Étude de la Langue (2)

    CE1 : Fichier d'Étude de la Langue (3)

    CE1 : Fichier d'Étude de la Langue (4)

    Livre du maître :

    CE1-CE2 : Étude de la langue - LDM (1) ;

    CE1-CE2 : Étude de la langue - LDM (2)

    CE1-CE2 : Étude de la langue - LDM (3)

    CE1-CE2 : Étude de la langue - LDM (4)

    CE1-CE2 : Étude de la langue - LDM (5)

    Pour le CE2 :

    CE2 : Fichier d'Étude de la Langue (1)

    CE2 : Fichier d'Étude de la Langue (2)

    CE2 : Fichier d'Étude de la Langue (3)

    CE2 : Fichier d'Étude de la Langue (4)

    CE2 : Fichier d'Étude de la Langue (5)

    Livre du maître :

    CE1-CE2 : Étude de la langue - LDM (1) ;

    CE1-CE2 : Étude de la langue - LDM (2)

    CE1-CE2 : Étude de la langue - LDM (3)

    CE1-CE2 : Étude de la langue - LDM (4)

    CE1-CE2 : Étude de la langue - LDM (5)

    Pour le CM1 :

    CM1 : Étude de la langue (1)

    CM1 : Étude de la langue (2)

    CM1 : Étude de la langue (3)

    Pour le CM2 (en cours de rédaction) :

    CM2 : Mathématiques et Étude de la langue

    Mathématiques :

    Pour le CE1 :

    CE1 : Fichier de Mathématiques (1)

    CE1 : Fichier de Mathématiques (2)

    CE1 : Fichier de Mathématiques (3)

    CE1 : Fichier de Mathématiques (4)

    CE1 : Fichier de Mathématiques (5)

    Pour le CE2 :

    CE2 : Fichier de mathématiques (1)

    CE2 : Fichier de mathématiques (2)

    CE2 : Fichier de mathématiques (3)

    CE2 : Fichier de mathématiques (4)

    CE2 : Fichier de Mathématiques (5)

    Pour le CM1:

    CM1 : Mathématiques (1)

    CM1 : Mathématiques (2)

     CM1 : Mathématiques (3)

    Pour le CM2 :

     CM2 : Mathématiques et Étude de la langue


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  • GS : Jeux sportifs et « Mathématiques » (2)

    Suite de la série de petits cahiers de jeux sportifs tirés de Se repérer, compter, calculer en GS. Après celui dédié au début de l'année scolaire, voici maintenant les deuxième et troisième périodes.

    Vous verrez que si ces jeux sont encore largement utilisables au CP, il sera en revanche préférable de les adapter si on veut les utiliser en MS.
    C'est encore néanmoins possible, à condition de ne pas forcément passer à la phase écrite « conventionnelle », d'étaler ces deux cahiers sur deux périodes chacun et de réduire le champ numérique (le passage du gué n'avancera ou reculera que d'une case, éventuellement deux en toute fin d'année ; les autobus, les files indiennes et les radeaux contiendront 3, 4 ou 5 protagonistes tout comme on limitera à 5 ballons le contenu des caisses à déménager).
    Mieux vaut peu mais complet (de la désignation mais surtout du cardinal et de l'ordinal qu'on compose et décompose sous toutes les formes possibles) que des récitations par cœur mal digérées qui bloquent les progrès et la réflexion pendant des années.

    Bonne lecture et amusez-vous bien, l'école maternelle, c'est fait pour jouer !

    Télécharger « GS -Mathématiques et Jeux Sportifs 2.pdf »

    Télécharger « GS - Mathématiques et Jeux Sportifs 3.pdf »

    À votre disposition pour vous donner la périodicité à appliquer à chacun de ces jeux, si cela peut vous être utile !

    Dans la même série :

    Livret 1 :  GS : Jeux sportifs et « Mathématiques » (1)

    Livrets 2 et 3 : GS : Jeux sportifs et « Mathématiques » (2)

    Livret 4 : GS : Jeux sportifs et « Mathématiques » (3)

    Livret 5 : GS : Jeux sportifs et « Mathématiques » (4)

    Pour consulter la progression :

    GS : Se repérer, compter, calculer - Progression actualisée


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  • GS : Jeux sportifs et « Mathématiques »

    Ce qu'il y a de bien en Maternelle[1], c'est que tout est dans tout et qu'en sautant, courant, lançant, se déplaçant dans des espaces variés, dansant, jouant, s'opposant, on apprend aussi à compter, calculer, se repérer dans l'espace et dans le temps mais aussi à parler, dialoguer, connaître le monde du vivant et de la matière, écouter attentivement, ....

    Aujourd'hui, ce sont les domaines qui ont trait aux Mathématiques (Explorer le Monde - Espace et Temps et Construire les outils pour structurer sa pensée) que j'ai choisi d'associer à celui consacré à l'activité physique (Agir, s'exprimer, comprendre à travers l'activité physique).

    Cela n'a pas été bien long à faire puisque tout se trouve dans la méthode Se repérer, compter, calculer que j'ai utilisée pendant des années en classe avant de l'écrire et de la compléter grâce aux fichiers illustrés par Sophie Borgnet.

    Quelques «copiés-collés» plus tard, agrémentés d'indications de durée, de liens avec les programmes 2015, voilà le premier cahier, destiné au début de l'année scolaire. Même si nous nous approchons lentement mais sûrement de la fin du premier trimestre, il est encore d'actualité pour bien des élèves puisqu'il balaie largement tout le vocabulaire lié au repérage dans l'espace, fait travailler les algorithmes répétitifs, fixe l'appréhension presque instantanée des petites quantités (≤ 5) et installe le concept de symbole et la notion de désignation qui y est attachée.

    Les jeux que ce petit cahier propose sont à séparer en trois catégories :

    • celle des jeux courts, pratiqués fréquemment sur une période au moins, en début ou en fin de séance pour un échauffement ou un retour au calme (Maman Poule, La Maîtresse Folle, Jacques a dit, Dans la mare /sur la rive)
    • celle des jeux longs ponctuels auquel on ne jouera qu'une fois, juste pour travailler une notion différemment de l'habitude (Tableau vivant)
    • celle des jeux longs dont la pratique évoluera au cours d'une période, ou même de l'année pour certains, selon un rythme fixé par l'acquisition de compétences de plus en plus pointues à compter, calculer, observer, réfléchir, s'orienter, comparer, apprécier des longueurs, s'organiser en groupe, adopter des stratégies (Parcours codés, Chaises musicales, Bleu et Rouges, Chemins piégés, Jeu du Béret)

    Certains de ces jeux sont ou seront accessibles aux élèves de Moyenne Section, mon amie Phi est en train de les tester avec succès dans sa classe et tous peuvent être repris au CP, en attendant que je mette en ligne un équivalent qui sera plus spécialement conçu pour cette classe.
    Le cahier suivant (novembre-décembre) et les suivants seront bientôt accessibles sur ce blog. Vous pouvez d'ores et déjà les retrouver dans la méthode Se repérer, Compter, Calculer en GS, citée plus haut. N'hésitez pas à me contacter si vous souhaitez de plus amples renseignements à son sujet.

    Télécharger « GS - Mathématiques et Jeux Sportifs 1.pdf »

    Dans la même série :

    Livret 1 :  GS : Jeux sportifs et « Mathématiques » (1)

    Livrets 2 et 3 : GS : Jeux sportifs et « Mathématiques » (2)

    Livret 4 : GS : Jeux sportifs et « Mathématiques » (3)

    Livret 5 : GS : Jeux sportifs et « Mathématiques » (4)

    Pour consulter la progression :

    GS : Se repérer, compter, calculer - Progression actualisée

    Note :

    [1]  Et au CP… mais nous en reparlerons.


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