• Tous mes vœux au dernier né

    Ce qui est amusant quand on met au monde des manuels scolaires, c'est qu'on commence toujours par les plus jeunes et qu'on ne peut pas s'arrêter tant que tous les aînés ne sont pas nés...

    C'est pourquoi, après la naissance et la petite enfance d'Écrire et Lire au CP, je me devais de préparer l'avènement du premier de ses frères.
    Le petit bonhomme étant à peine sorti des limbes, il n'a pas encore de nom. Ses illustrations sont factices et personne ne peut dire si, un jour, on le trouvera dans les bacs des libraires.

    Il n'empêche qu'il est là, déjà présent dans mon esprit, prêt à accompagner quelques enfants de six ans et demi à huit ou neuf ans sur les chemins de la lecture. Tellement petit qu'il a encore, au lieu de sa page de garde, quelques idées jetées en vrac pour ne pas le perdre avant de l'avoir commencé.

    Il part d'un seul principe, celui qui suppose qu'un enfant qui entre au CE1 sait au moins déchiffrer rapidement syllabe par syllabe et comprend à peu près les phrases qu'il articule à voix haute et qu'il en sort en lisant, de manière fluide, toujours à voix haute, des textes longs sur lesquels il s'est entraîné toute l'année à prendre des repères et à établir des liens entre les mots, les phrases, les idées, les domaines du savoir et de la réflexion.
    Pour que ce principe unique soit compris des maîtres qui l'utiliseront, le manuel de l'élève sera accompagné d'un livre du maître qui expliquera, commentera, donnera des pistes de travail nombreuses et modulables afin qu'elles s'adaptent à toutes les situations, à toutes les configurations de classe, à tous les principes...

    Mais, en cette veille de nouvelle année, tout cela, c'est encore du blabla et je ne vous fais pas languir plus longtemps. Voici l'enfant !

    ♥ Le livre de l'élève :

    Édité le 14/08/20, coquille texte "La vieille maison". Merci à Muriel G. de me l'avoir signalée.

    Édité le 16/09/20, image qui avait disparu dans "La drôle de maison" 2. Merci à Magali H.G. de me l'avoir signalé.

    Télécharger « chapitre 1.pdf »

    ♥ Le guide pédagogique :

    Télécharger « LDM module 1.pdf »

    ♥ La progression en couleur :

    Bleu : Texte destiné plutôt à des élèves de CE1 (ou CE2 faibles) - Gris : Texte destiné aussi bien à des élèves de CE1 que de CE2 (lecture en groupe-classe dans les classes à deux niveaux) - Orange : Texte destiné à des élèves de CE2 (ou CE1 de très bon niveau).

    Télécharger « Progression couleur .pdf »

    Dans la même série :

    A) Lecture Année 1 :

    ...

    Modules 2 et 3

    Modules 4 et 5

    Module 6

    Modules 7 et 8

    Module 9

    Module 10

    Module 11

    Module 12

    Module 13

    Module 14

    Et le mode d'emploi !

    Annexe 2 : Rédaction collective d'une phrase

    B) Lecture Année 2 :

    Lecture et Expression, Année 2 (1) ; En cours de rédaction

    C) Dictées :

    CE1-CE2 : Dictées Lecture et Expression (1) ; CE1-CE2 : Dictées Lecture et Expression (2) ; CE1-CE2 : Dictées Lecture et Expression (3)

    D) Foire aux questions :

    CE : Utiliser Lecture et Expression (FAQ 1)

     


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  • Intelligence et pluriel

    Joey, 5 ans : « Pour écrire bulle, il faut B... et puis U... et puis L... Ça fait BUL, bulle !
    - Oui, c'est ça. Ensuite, on met encore un L et un E. C'est comme ça, c'est l'orthographe.
    - D'accord, B...U...L...L...E, et c'est tout. Ça fait bulle !
    - Oui. Sauf s'il y en a plusieurs. Là, on rajoute un S.
    - Ah d'accord. Quand il y en a plusieurs, tu dis ? BULLÈSS, BULLÈSS, BULLÈSS ! Voilà, j'en ai dit plusieurs alors j'ai mis un S ! »

    Et là, la grande sœur, royale : « J'ai l'impression que ça y est. Maintenant, il va bientôt devenir intelligent !"


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  • Sciences C : Le système nerveux

    Ce n'est pas parce que j'ai arrêté d'exercer que je dois aussi interrompre la réactualisation des leçons de choses, destinées aux élèves de Cycle 31.

    Voici donc la huitième fiche, tirée du manuel Leçons de choses, Cours Moyen; de M. Orieux et M. Everaere, édité par Hachette, en 1957.

    En fin d'article, les personnes intéressées trouveront les liens qui leur permettront de télécharger les leçons antérieures car, comme nous l'avions précisé dans l'article Qu'importe le flacon, il vaut toujours mieux suivre une méthode que butiner à droite à gauche des documents, des séances, des exercices qui ne feraient pas système et, parfois même, déstabiliseraient les élèves par des techniques ou des méthodes se contrariant les unes les autres.

    Ici, il s'agit de mettre à l'honneur l'observation méthodique, la description orale précise accompagnée d'une traduction par le schéma des objets ou phénomènes que l'on étudie.
    Cela sous-entend une éducation sensorielle fine et complète, qui ne va pas sans rappeler les écrits de M. Montessori, un appel appuyé à la curiosité naturelle de l'enfant, celle qu'a exposée C. Freinet, une recherche constante d'instruction globale de nos élèves, telle que la concevaient F. Buisson ou P. Kergomard.

    Le schéma de la leçon est toujours le même : agir, réfléchir, conclure, retenir.

    1. Agir :
    Dans l'idéal, le professeur apporte, en complément de la leçon présentée dans le livre, un matériel, toujours simple à se procurer. Les élèves découvrent alors ce matériel ou, à défaut, l'illustration du livre et l'observent avec attention.
    Le questionnaire mis en regard des schémas et illustrations ne doit pas être conçu comme un dialogue pédagogique restreint au cours duquel un élève plus rapide que les autres répond à la question lue par le maître, mais comme une aide à conduire un dialogue collectif basé sur les règles redéfinies par Pierre Péroz, dans sa conférence "Apprentissage du langage à l'école maternelle. Pour une pédagogie de l'écoute."  sans s'égarer toutefois dans des fausses-pistes innombrables où les savoirs perdent souvent leur caractère scientifique au profit des opinions ou de ce qu'il est convenu de qualifier de sentiments.

    Lorsque cela est possible et ne présente aucun danger, l'élève expérimente lui-même. Dans tous les cas, il manipuleobserve et décrit les faits. La langue française se précise de nouveaux mots, appartenant tant au vocabulaire scientifique qu'à celui des sens. L'argumentation se construit, enrichie par les savoirs accumulés qui, en se croisant, forment une toile au tissage de plus en plus serré. 

    2. Réfléchir:
    La leçon se doit d'être active afin que les élèves restent attentifs. Le schéma de la leçon permet, par le guidage de l'activité qu'il procure, par l'appel constant à la réflexion, stimulée par ces observations fouillées, d'éviter la confusion entre activité et agitation
    Les élèves, déjà préparés par leurs années d'école maternelle et élémentaire, ont à nouveau l'occasion de considérer l'activité mentale comme une activité à part entière. Nous sommes ici loin des faux-semblants d'une action à tout prix, se soldant bien souvent par des jeux-travaux du type « Découpe et colle », « Colorie » ou « Entoure ». Ici, c'est plutôt le travail apprécié comme un jeu qui est favorisé. Il est mis à l'honneur comme une méthode à employer en toute circonstance lorsqu'on se trouve confronté à un nouveau domaine à découvrir et conquérir.

    À l'issue de cette réflexion, les élèves en arrivent naturellement à une conclusion commune qu'ils expriment, aidés par leur maître, le plus précisément et le plus clairement possible.
    Ce ne sera qu'après avoir montré ainsi leur compréhension individuelle puis collective des phénomènes observés que le maître les amènera à lire leur manuel ou la fiche qui en tient lieu.

    3. Conclure :
    Les élèves, déjà préparés par leur propre décryptage attentif, leurs expérimentations et l'expression personnelle de leur compréhension, lisent sans peine
    la conclusion. Elle arrive comme une deuxième confirmation des réflexions de chacun unifiées lors de l'étape précédente par l'énonciation de la conclusion collective .
    Il ne reste plus qu'à la fixer durablement dans la mémoire afin de la rendre réutilisable.

    4. Retenir
    Les élèves vont pour cela copier une courte phrase qu'ils illustreront ensuite à leur manière. Ainsi, ils s'approprient les nouvelles connaissances, les entremêlent solidement à celles assimilées précédemment, en sciences ou dans les autres disciplines.

    Seulement voilà, tout ce travail constructif d'observation, de conversation à bâtons rompus autour d'un même objet d'intérêt, ces conclusions qui s'élaborent sûrement mais si lentement, ce retour sur la compréhension de chacun par l'intermédiaire du schéma, cela prend du temps, beaucoup de temps !
    Lorsque MM. Orieux et Everaere rédigèrent leur ouvrage, le temps scolaire comptait 6 heures hebdomadaires de plus ! Plus d'une journée de classe actuelle, chaque semaine ! Pas étonnant, me direz-vous, qu'ils avaient le temps de solliciter régulièrement leurs élèves sur des contenus ambitieux... Alors, à part militer pour moins de temps hors la classe pour les enseignants et plus de temps réellement scolaire pour les enfants, que faire ? Je ne sais pas...
    Peut-être condenser le temps consacré aux fondamentaux, sachant que ce sont les enfants les moins accompagnés hors l'école qui en pâtiront le plus, ce qui ne saurait nous satisfaire. Peut-être utiliser des outils moins dispendieux en temps tout en assurant l'acquisition des connaissances, fichiers bien faits, exercices pré-remplis, travaux oraux lorsque l'écrit n'est pas indispensable ?  Toujours aussi peu satisfaisant pour assurer le plus à ceux qui ont le moins.

    Alors, se résoudre à se dire que nous ne pourrons jamais faire autant et aussi bien, dans tous les domaines, en 24 heures de scolarisation qu'en 30. Mais continuer à se dire que l'enseignement des bases des fondamentaux, s'il est absolument nécessaire, n'est pas notre but ultime et que nos élèves méritent que ces bases soient largement agrémentées de tout ce qui fera la richesse de leur culture et la finesse de leur réflexion, grâce à la leçon de choses, « conçue comme un procédé d'enseignement, une des applications de la méthode intuitive » utilisable en sciences, bien sûr, mais aussi, selon Ferdinand Buisson2, pour « la lecture courante avec les explications qu'elle comporte, la géographie avec les promenades et le matériel qui s'y rattache, le système métrique avec les poids et les mesures, l'arithmétique et la géométrie enseignées au moyen des objets sensibles, des solides et des figures en relief, le dessin appliqué aux objets usuels.
    L'instituteur habituera les élèves à voir, à observer, à se rendre compte. Il les exercera à dégager l'idée abstraite, à comparer, à généraliser, en un mot à passer insensiblement de l'intuition des sens à l'intuition intellectuelle. »

     

    Télécharger « 8. Le système nerveux.odt »

        

    Autres leçons 

    1. L'air 

    2. L'eau et la glace

    3. La vapeur d'eau 

    4. Les propriétés dissolvantes de l'eau

    5. Notre corps

    6. Les os

     7. Notre squelette et nos muscles

    Notes :
    1 Pour moi, cela reste CE2/CM1/CM2. Aux professeurs de SVT de voir si ce léger « vernis » de biologie peut suffire aux élèves de 6e
    2 L'article mis en lien est passionnant et tout à fait actuel. Je vous encourage vivement à le lire.


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  • Service public, vous avez dit ?

    J'ai rencontré par hasard l'autre jour, au cours d'une promenade, l'employé des services techniques  d'une des communes environnantes. Nous échangeâmes quelques banalités puis, alors que je m'apprêtais à reprendre ma route et lui sa bêche, je lui lançai : « Quand tu y passeras, donne le bonjour de ma part aux copines de l'école, s'il te plaît.
    « Oui, ce sera fait... oh bah... demain !
    - Ah bon, tu sais déjà que tu y iras demain ?
    - Oh sûrement... Elles ne peuvent pas se passer de moi. Ce matin, j'y étais pour un radiateur qui ne chauffait plus et demain, ce sera sans doute autre chose. Il y a toujours un truc qui déconne, là-bas.
    - C'est un peu normal que l'école, ce soit l'endroit où tu sois le plus souvent appelé, si on y réfléchit bien.
    - Ah bon ? Et pourquoi donc ?
    - Eh bien dans le village, c'est quand même la plus grosse... entreprise (j'avais de la peine à trouver un terme qui désigne ce truc bâtard qui... mais vous verrez bien). La seule où plus d'une cinquantaine de personnes sont présentes de six à dix heures par jour, cinq jours par semaine. Quand cinquante personnes utilisent du matériel quotidiennement, il s'use plus rapidement.
    - Ah oui. Tu as raison. Je n'y avais pas pensé... Enfin, c'est une drôle d'entreprise, quand même.
    - Oui, quand j'ai dit une entreprise, c'était pour rire. C'est plutôt un ...- Ouais, parce que quand même, une entreprise, ça rapporte. Alors que là, à part coûter des sous, ça ne sert pas à grand-chose ! De toute façon, ils la fermeront tôt ou tard, cette école, et pour la commune, ce sera vraiment un poids en moins. »

    Je suis à la retraite... Et ce charmant monsieur ne vote pas dans la commune où il est employé. Je n'avais pas envie de me battre en pure perte avec quelqu'un qui considère que l'école coûte cher et qu'il vaudrait mieux essayer l'ignorance.
    J'ai dévié la conversation sur la diminution des effectifs, les emménagements récents, le fait que, dans des communes toutes proches, le nombre d'enfants allait croissant. Pour lui, à trois ou quatre kilomètres de distance, c'était dû au chômage et au vieillissement de la population. Bientôt, l'école du village ne servirait plus à rien de toute façon.

    Alors, en continuant ma promenade, j'ai pensé à cette école de la République qui dut vaincre toutes les résistances, pendant ses trente premières années... Celles des parents qui avaient besoin de la main-d'œuvre enfantine pour faire bouillir la marmite, celle des élus qui trouvaient que, malgré les aides de l'État, cela coûtait cher de condamner un terrain constructible pour bâtir, chauffer et entretenir ces "palais scolaires" en pierre de taille, celle des religieux qui voyaient d'un mauvais œil l'école sans Dieu qui se profilait puis s'affirmait.

    Elle avait néanmoins réussi à faire son trou, petit à petit, parfois avec l'aide des DDEN, bénévoles délégués par l'État, chargés de vérifier que les communes et les familles respectaient leurs devoirs quant à l'instruction des enfants.
    Si bien que finalement, les familles, les communes et même bien des cultes la vantèrent, la flattèrent, la remercièrent. En fin d'année scolaire, la distribution des prix rassemblait toute la commune, même les grincheux, autour du maire, de l'instituteur et des enfants des écoles. Tous y allaient de leur discours et un vin d'honneur clôturait la cérémonie, sous les platanes, les marronniers ou les tilleuls de la cour.
    Une fois le temps des hostilités passé, on y voyait même parfois monsieur le curé venu féliciter ses élèves du catéchisme, entraînant derrière lui, les quelques bigots du village qui tiquaient toujours un peu devant les rouges de la laïque et leur école propre à former des révolutionnaires prêts à sortir de leur condition.

    L'aisance venant, on se flatta même d'aller plus loin que le strict nécessaire. Aux salles de classe bien aérées et convenablement aménagées, on ajoutait des salles de sport, des bibliothèques bien garnies, des services de restauration scolaire, des études du soir, un patronage du jeudi et même des séances de cinéma et des arbres de Noël. Le tout rendu possible par un soutien appuyé aux œuvres laïques qui cherchaient à rendre l'école plus culturelle encore...
    Plus tard, ce furent les classes de neige. Puis celles de mer et de nature.On emmena les enfants des villes passer un mois au bon air et découvrir les joies du sport et de l'aventure.

    Les bâtiments vieillissant et les usages changeant, on rénova tout cela. On isola, on mit aux normes, on changea le mobilier, on ajouta peu à peu tous les trésors de la technologie rendus incontournables par les programmes et les habitudes scolaires.
    Avec l'aide de l'État toujours, qui finançait encore jusqu'à 80 % des travaux de construction ou de rénovation lorsque j'ai débuté, en 1986, dans l'école dont nous parlions avec mon ami, l'employé communal.
    C'était l'époque où les villages réclamaient eux aussi des classes maternelles. Ils acceptèrent pour cela de payer, sans barguigner, en plus des travaux d'aménagement indispensables, le salaire d'une ATSEM.
    Les rares personnes qui, à mots couverts, osaient dire que l'école coûtait cher se voyaient envoyer sur les roses d'un « Mais puisque c'est pour les enfants ! Rien n'est trop beau pour nos enfants puisqu'ils représentent l'avenir ! Il ne manquerait plus que la commune mégote pour eux, pauvre imbécile !... »

    Et puis, et puis... qu'a-t-il bien pu se passer pour que, sans vergogne, on ose dire à une ancienne institutrice que l'école, ma foi, ça coûte bien cher pour le peu que ça rapporte ? Pour qu'une institutrice soit obligée d'écrire une lettre ouverte dénonçant la dégradation des écoles où elle exerce ?
    Plus de DDEN pour alerter. Plus d'IEN, de DASEN, de Préfets ou de Sous-Préfets qui n'hésitent pas à réprimander et même sanctionner un maire qui ne satisferait pas à ses obligations. Presque plus de subventions pour aider à la construction, à l'entretien, et à l'aménagement des locaux...
    Et puis peut-être une école qui s'est perdue jusqu'à devenir, même dans l'esprit des familles et des élus, un lieu de loisirs, souvent coûteux ?

    Alors, lorsque tout va bien et qu'on a les moyens, offrir des balades en car, des visites, des sorties à la neige ou la mer, des intervenants sportifs et culturels, des cours de guitare sur poney, du matériel sophistiqué, des fournitures scolaires chatoyantes de couleurs, c'est un plaisir et une fierté, sans doute.
    Mais lorsque tout va mal et qu'on commence à grappiller par ci par là sur les horaires de l'employé du service postal, le papier et l'encre du secrétariat de mairie, la débroussailleuse neuve de l'employé des services techniques, les fleurs des massifs et les décorations de Noël lumineuses des rues, on finit par se dire que l'école est le plus gros... service public du village − c'était cela, le terme que je cherchais tout à l'heure – et que c'est elle qui coûte de loin le plus cher !

    Et l'on se retrouve, en moins de temps qu'il ne faut pour le dire, dans la situation des trente premières années de l'École Publique, Laïque, Gratuite et Obligatoire... Et au lieu de demander sa réorientation vers sa mission première, instruire, on préfère la bazarder, toute entière, arguant qu'elle coûte trop cher.

    Combien de temps encore pour que les familles à leur tour se voient contraintes de déscolariser leurs enfants et ferment la boucle en les renvoyant aux champs et à l'usine ?... Protégez-moi, s'il vous plaît, Cassandre n'arrête pas de me harceler.


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  • Tu apprendras dans la douleur.

    Balades en maternelle

    Premier cas :
    Nous sommes dans une classe maternelle multi-âge, un beau jour de printemps. Après une année scolaire bien employée, chacun vaque à ses petites affaires. Les uns s'activent, avec application, à des tâches de vie pratique, laver, ranger, boutonner, arroser, suivre le tracé d'une lettre et même marcher avec application, sans bruit sur une ligne courbe !
    D'autres associent deux à deux des couleurs, des sons,  des quantités concrètes et des nombres, des images ou des objets et des mots oraux ou écrits.
    Un petit groupe de grands de cinq à six ans effectuent à l'aide de cubes, de plaques, de barres et de perles le partage de 9 998 en 3 nombres égaux pendant qu'un petit groupe de leurs camarades lit, couramment, une histoire à leurs camarades plus jeunes.
    Bah oui, quoi ! Normal, non ? On est dans la classe pilote Montessori que Céline Alvarez avait obtenue de l'Éducation Nationale et qui a disparu depuis... Elle a gardé les meilleurs moments et nous a fait un catalogue de tout ce qui était le plus vendeur. On ne peut pas le lui reprocher, tout le monde en aurait fait autant.
    Qu'elle qualifie cette pédagogie de scientifique et s'associe aux neurosciences qui marchent si fort aujourd'hui ne peut pas non plus nous étonner puisque Maria Montessori, docteur en médecine, licenciée en philosophie, psychologie et biologie, appartenait elle-même à ce courant de pensée qui considère que la pédagogie se doit d'être scientifique, basée sur la connaissance et le respect des lois qui gouvernent le développement psychologique des enfants.

    Sachant cela, on peut être d'accord ou pas... Mais il n'empêche que, dans cette classe, on voit des enfants heureux, épanouis, qui ont visiblement acquis des connaissances variées, dans la joie et la bonne humeur !

    Deuxième cas :
    Nous sommes à des années lumières de là, dans une classe maternelle multi-âges, à Saint-Martin d'Estreaux (Loire), le 10 mars. 

    « Aujourd'hui l'attention est captée par un beau dessin exécuté au tableau par Betty (5 ans 1 mois). « C'est la jolie jeune fille du printemps », dit-elle.
    Nous parlons beaucoup du printemps ces jours-ci. Chaque jour les petits venus des fermes nous annoncent la naissance des chevreaux, l'éclosion des poussins, ceux du bourg apportent des primevères, des violettes. Nos petits amis de Trégastel nous ont envoyé une lettre de printemps, véritable herbier, où nous avons reconnu les chatons, la jonquille, la ficaire. Même les plus petits s'approchent pour voir « la jolie jeune fille. »
    « Elle a rencontré le soleil
    », dit Domi et Betty ajoute : « Son petit cœur chante », car Betty aime à en­tendre « chanter » son petit cœur (elle vient près de moi et pose sa main sur son cœur et sent le tic-tac). Gérard met sa main sur son cœur, on l'imite (ce n'est pas la première fois que cette expérience a lieu) « Tiens, ça fait tic-tac ». Et voilà notre texte :

     « La jolie jeune fille
    du printemps
    a rencontré le soleil.
    Son petit cœur chante tic-tac, tic-tac
    ».

    Presque tous les enfants demandent à lire cette histoire (même Martine, 4 ans), mais certains restent en dehors.
    Georges dessine sa maman et son papa et sa maison Monique aussi, Nicolas fait le portrait de son chien Jupiter et Corinne préfère envoyer à son correspondant son histoire à elle.
    Tandis que Betty, Frédéric, Gérard et Michèle composent le texte à l'imprimerie et que des groupes se forment pour dessiner la jeune fille du printemps (encre de Chine, stylos, crayon à pointe feutre, peinture) les grandes filles copient le texte sur une belle feuille. A la fin de la journée tous les enfants (les petits exceptés) l'ont copié, certains seuls, d'autres à l'aide d'un modèle (qu'ils viennent solliciter, certains précisent qu'ils veulent écrire « en accroché » c'est-à-dire en anglaise).

    En fin de matinée, Gérard s'aperçoit que nous avons oublié le calendrier, il est fier de nous annoncer que nous sommes « mardi 10 mars ». Comptons-nous : grande section : 9 filles, 4 garçons, cela fait 13 ; chez les moyens, il y a : 5 filles et 3 garçons, cela fait 8 ; et chez les petits : 4 filles et 1 garçon, cela fait 5 et 26 en tout dit Dominique. Ce soir nous ajouterons encore les moyens et les petits qui viennent l'après-midi.
    Frédéric a une histoire de calcul à nous raconter, il l'a dessinée ce matin : « Pour manger mon gâteau d'anniversaire il y avait nous six ( papa, maman, ma sœur, mon grand frère, le bébé et moi),mes deux pépés et mes deux mémés, mes deux tontons, mes trois tatas et ma marraine ».
    Que de façons de compter cela ! Depuis la simple énumération (dessinée par Jean-Luc) jusqu'à la véritable élaboration mathématique réalisée par Andrée (6 ronds et 4 ronds constituent la dizaine à laquelle elle ajoute 2 ronds et 3 ronds et encore un rond, ce qui fait 16). 

    Comme un rayon de soleil chassait l'ondée, nous sommes vite sortis dans l'herbe encore humide, nous avons cueilli les primevères pour ne pas les écraser en dansant.

    Et puis les enfants se sont groupés par ateliers.
    Frédéric, Gérard et Hélène se sont installés pou terminer leurs marionnettes. A la table de peinture il y a Jean-Luc, Andrée, Pascale, les deux petites Martine qui peignent des oiseaux et des soleils. Betty peint à la verticale (au tableau) une demoiselle du printemps. Corinne a disposé l'atelier d'encre de Chine, où elle travaille en compagnie de Christian, Serge et Alain-Noël. L'atelier de stylos et de crayons-feutres réunit Anne-Marie, Catherine, Pascale, Serge et Annick.
    Catherine, Ariane, Dominique et Jean-Claude impriment. Monique, Christiane, Nicolas découpent. Georges et Christian écrivent et dessinent pour leur correspondant.
    Je vais d'atelier en atelier, aidant les enfants qui me le demandent (mais ils préfèrent en général l'aide d'un camarade).

    Les imprimeurs sont fatigués, Ariane va dessiner au tableau, Pascale prend sa place. Alain-Noël, qui a terminé son encre de Chine découpe des chèvres et les groupe dans un pré. Gérard fait danser sa marion­nette pour un groupe d'admirateurs.
    Mais cela se fait sans désordre. Il y a du bruit bien sûr, surtout en cette fin de trimestre, mais « c'est un bruit de ruche » quelquefois dérangé par les éclats de rire aigus de notre Michèle malentendante (en trai­tement d'ailleurs, car les parents sont enfin convaincus de sa surdité, non sans mal d'ailleurs).

    Voici l'heure de la récréation, nous n'avons pas vu le temps passer puisqu'il est quatre heures moins le quart. D'ailleurs quelques enfants restent pour ter­miner leur travail (en particulier Hetty, Ariane, Corinne). En rentrant je lis (ou plutôt raconte en montrant les gravures) l'album « L'Enfant-Soleil » édité par la CEL et c'est l'heure du départ. »

    Ça fait un peu ruche, la maîtresse l'admet d'ailleurs, et puis coopérative autogérée d'enfants où la maîtresse est un membre de la communauté ni plus ni moins important que tous les autres.
    Bah oui, quoi ! Normal non ? Puisqu'on est dans la classe maternelle Freinet d'Yvette Bermon, en 1964.

    Sachant cela, on peut être d'accord ou pas... Mais il n'empêche que, dans cette classe, on voit des enfants heureux, épanouis, qui ont visiblement acquis des connaissances variées, dans la joie et la bonne humeur !

    Troisième cas :
    Remontons encore dans le temps. Et entrons sans bruit dans l'amphithéâtre d'une École Normale d'Institutrices pour écouter parler la conférencière :

    «L'enfant bouge et s'occupe. Il s'occupe à jouer. Le jeu, c'est le travail des enfants.Tous les éducateurs dignes de ce nom l'ont affirmé. C'est le titre de gloire de Frœbel.

    Pour s'occuper, il faut que l'enfant ait à sa disposition des objets matériels. Celui qui marche à peine pousse devant lui une chaise qui le soutient ; son aîné fait de la sienne un cheval improvisé ; puis il y a les jouets, les vrais, depuis le hochet à grelots du bébé que l'on porte sur les bras, jusqu'au jeu de dominos avec lequel le doyen de cinq ans apprend à compter jusqu'à douze.
    Non seulement il y a les jouets des chambres, mais il y a ceux des jardins. Les jouets, les ustensiles du ménage, c'est le matériel scolaire de la mère de famille. Ils doivent composer aussi le matériel scolaire des petits à l'école maternelle.
    Et c'est en effet un matériel éducatif, puisque chacun des objets qui le composent sert au développement physique et intellectuel de l'enfant qui l'a à sa portée. Le petit qui s'appuie sur la chaise comprend que sans elle il roulerait par terre ; celui qui a fait un cheval de la sienne a exercé d'abord sa faculté de comparaison, puis sa faculté d'imitation. Les quatre pieds de la chaise lui rappellent les quatre jambes du cheval, et, s'il se met dessus à califourchon, au lieu de s'asseoir, c'est pour faire comme les cavaliers qu'il a remarqués dans la rue ou sur la route. Il parle à ce cheval, comme la petite fille parle au morceau de chiffon qui lui sert de poupée, et la mère intervient dans cette conversation.

    Au jardin, avec les billes, les quilles, les ballons, le sable, que de facultés sont en jeu !
    Quelle leçon bonne et saine et profitable dans un mot dit à propos ! Nous soulignons cette expression « à propos », car la leçon ne porte que quand elle entre dans les vues du petit enfant, quand elle arrive au bon moment, quand elle est opportune. Appeler sur un arbre l'attention d'un enfant qui joue au cheval, c'est du temps perdu; on lui parle branches et feuilles, il répond jambes et queue. L'enseignement, pour être fécond, ne doit pas transporter l'élève dans un ordre d'idées qui lui est étranger, il ne doit lui causer aucune fatigue intellectuelle. Le jeu, le jeu surveillé, le jeu guidé, est un travail suffisant pour l'enfant de la deuxième section de l'école maternelle.

    Cependant, le programme officiel porte 1° les premiers principes d'éducation morale.
    C'est vrai ; mais, lorsque la directrice lavera l'enfant malpropre et qu'elle lui suggérera par cela même l'idée de la propreté ; quand elle l'amènera à rendre un jouet arraché à un petit camarade ; quand elle stimulera son activité ; quand elle lui inspirera un sentiment de tendresse ou de confiance, elle aura fait de l'éducation morale.

    A l'article 2 du programme nous trouvons les exercices de langage.
    Et en effet vous faites dire à l'enfant « la bille », « le cheval », « le ballon », « le sable ». Puis, « la bille est ronde » ; « le cheval a quatre jambes, une queue » ; « je lance le ballon » ; « la fourmi est toute petite » ; « le sable est fin » ; « le sable est sec », « le sable est mouillé ».
    Peu à peu les propositions s'enchaînent en phrases, les phrases se lient en périodes : l'enfant pense et parle.

    A l'article 3, les leçons de choses : un des exercices les moins compris.
    La leçon de choses, pour l'enfant, c'est le nom de l'objet qu'il a dans la main : « la bille » ; c'est sa couleur « rouge, bleue ou blanche » ; c'est sa forme : « ronde » ; c'est l'usage qu'on en fait : « on la fait rouler ».
    Mais ces leçons doivent naître spontanément, au lieu d'être réglementées. C'est horriblement difficile ! dira-t-on. Oui, si l'école maternelle ne fait pas absolument peau neuve, si les directrices n'oublient pas qu'elles se sont crues des professeurs, alors qu'elles étaient des mamans.

    Pourquoi avoir fait un règlement alors ? C'est qu'il faut donner un corps aux idées ; c'est qu'on ne fonde rien avec des abstractions. Ce règlement précise ; il permet de passer de la théorie dans la pratique ; il dit aux directrices : « Vous devez être des mamans ; l'enfant qui joue travaille ; en jouant seul, il développe son corps, son intelligence ; en jouant avec des camarades, il développe son corps, son intelligence, son cœur. Il devient sociable. Or la sociabilité prise de haut, c'est de la morale ; la sociabilité implique la parole ; c'est l'exercice de langue maternelle. L'enfant qui trace des lignes sur le sable ou sur l'ardoise dessine; le dessin mène à l'écriture, l'écriture à la lecture.
    En comptant les cailloux qui servent de limite à son jardinet, les cubes qui lui servent à construire une maison, l'enfant fait du calcul ; en faisant des hauteurs et des creux dans le sable, il fait de la géographie ; en regardant une fleur, de la botanique ; en montrant ses deux mains, ses deux yeux, sa bouche et ses cheveux, de la zoologie. C'est sa science à lui ; ce sont ses études à lui ; il n'en doit pas connaître d'autre. »

    Oh mais quelle permissivité ! Quel appel aux sens, au plaisir, au jeu, à l'effort mesuré et librement consenti !
    Bah oui quoi ! Normal, non ? Puisque la conférencière se nomme Pauline Kergomard et que lorsqu'elle a fondé l'École Maternelle française, elle l'a voulue avant toute chose qu'elle soit faite pour l'enfant et non l'enfant pour l'école. Elle l'a donc conçu comme un établissement où l'enfant doit s'épanouir en santé physique et en santé morale, en force, en grâce, en intelligence, en esprit de conduite.

    Sachant cela, on peut être d'accord ou pas... Mais il n'empêche que, dans cette conception de l'École Maternelle, on reconnaît la volonté de voir des enfants heureux, épanouis, qui acquièrent des connaissances variées, dans la joie et la bonne humeur !

    Quatrième cas :
    Nous voici maintenant dans un temps si reculé que l'idée de l'enfance a de la peine à cheminer dans l'esprit des hommes. C'est tout juste si on conçoit qu'avant d'entrer à la fabrique, vers l'âge de sept ans, les tout-petits, confiés à des mains mercenaires parfois à peine plus âgées qu'eux, frôlent quotidiennement des périls inouïs ! 
    Dans cet univers sombre, des voix s'élèvent, cherchant avant tout à préserver les forces vives de la nation en combattant une mortalité infantile si élevée qu'elle la prive d'ouvriers, de soldats et de bonnes reproductrices. Il faut garder ces tout-petits, les préserver de la maladie et des mauvaises influences, leur inculquer à n'importe quel prix l'amour du bien et de la religion.

    D'autres vont plus loin et commencent déjà à chercher ce qui pourrait les rendre heureux en les améliorant.
    Et ils trouvent... enfin... ELLE trouve :

    Les moyens de réorganiser notre instruction primaire et de la mettre d'accord avec elle-même et avec les besoins actuels :
    « I. — La substitution de la méthode naturelle et attrayante aux procédés factices, routiniers et dépressifs jusqu'ici en usage ;
    [ « II. — L'introduction dans l'enseignement de quelques connaissances aujourd'hui d'utilité générale, telles que l'histoire du pays, celle du travail, l'hygiène, les notions des diverses sortes d'économie, etc. ;
    « III. — L'introduction de l'élément professionnel, s'étendant au commerce, aux langues vivantes, aux arts industriels, aux métiers, et marchant simultanément avec l'instruction proprement dite. » ]

    Pour elle, la méthode française, celle qui doit prévaloir tout le temps et à plus forte raison chez les moins de sept ans, c'est :

    « c'est l'enseignement expérimental compris sous les noms divers d'enseignement par les yeux et de leçons de choses ; c'est l'instruction par les faits, en un mot, c'est la méthode naturelle ».

    Mais laissons parler quelqu'un qui a lu ses écrits, a côtoyé son œuvre et lui a fait confiance :

    Mme ... s'est faite l'apôtre de la méthode naturelle, de la méthode qui prend la nature pour point de départ, ensuite pour guide et pour point d'appui ; qui s'adresse d'abord aux sens et, par leur moyen, met l'enfant en communication avec tout ce qui l'entoure :
    « Coopérer à l’œuvre de la nature, l'étendre, la rectifier quand elle dévie, telle est la tâche de l'éducateur ; à tous les degrés de l'éducation, il faut respecter la nature ».

    Elle répugne à l'abstraction ; elle ne parle qu'en présence de l'objet ou du moins de son image ; sa maxime est :
    « Un signe visible pour chaque chose visible ».
    De là les images qui illustrent ses livres, les instruments et appareils qu'elle a inventés pour rendre partout et toujours l'enseignement concret (voir sa Notice sur l'éducation des sens, ses collections d'images, de dessins et de gravures, etc.).
    A ses yeux, l'éducation doit avoir pour bases non seulement l'observation, la réflexion, l'expérience, mais aussi l'attrait, l'affection, le sentiment, le respect :
    « L'enfant devrait vivre au sein d'impressions fraîches et douces ; les objets qui l'entourent à l'école devraient être gracieux et riants. Il n'est pas un enfant qui ne se laisse prendre à l'affection qu'on lui témoigne. Aimez chacun de ceux qui sont confiés à vos soins. Nous ne valons qu'autant que nous aimons. Tâchez qu'on vous aime, et ce sera facile si vous aimez véritablement vous-même: l'amour, c'est la flamme qui attire la flamme. Il faudra de bonne heure éveiller chez nos pupilles le sentiment de leur dignité morale et travailler à les en pénétrer, en veillant sur nos manières envers les autres. En général, on traite les enfants avec trop peu de façon ; on manque d'égards pour eux. »

    Dans l'esprit de Mme ...,  la salle d'asile était une œuvre d'éducation première, d'épanouissement, de développement dans tous les sens, non une œuvre d'instruction. Elle ne demandait à ses jeunes auditeurs ni effort, ni contention d'aucune sorte, ni travaux, pas même ces prétendus travaux récréatifs mis à la mode par les disciples de Frœbel : elle craignait que l'on ne fît d'eux « des petits galériens ». Elle ne leur demandait que de l'écouter et, pour les y amener, elle recourait aux récits enfantins, aux exhibitions d'objets ou d'images, à tout ce qui pouvait charmer leurs oreilles ou leurs yeux. Si elle admettait quelques exercices d'instruction sentant l'école, ce n'était que dans une mesure très restreinte et sous la réserve que ces exercices seraient courts, rudimentaires, toujours relevés par des mouvements ou des moyens d'aspect.

    Quoi, encore cette idée d'épanouissement, de liberté, cet appel aux sens, au plaisir, au jeu, à l'effort mesuré et librement consenti ! Mais c'est insupportable
    Bah oui quoi ! Normal, non ? Puisque le rédacteur de cette biographie est un dénommé Eugène Brouard, l'un des 350 collaborateurs dont s'entoura Ferdinand Buisson pour rédiger son Dictionnaire de pédagogie et d'instruction primaire.

    Sachant cela, on peut être d'accord ou pas... Mais il n'empêche que, dans cette conception de l'instruction des tout-petits, on reconnaît la volonté de voir des enfants heureux, épanouis, qui acquièrent des connaissances variées, dans la joie et la bonne humeur ! 

    Conclusion :

    On peut considérer que tous ces gens-là nous ont fait ou refait le coup de Summerhill et que, lorsqu'il s'agit d'enseigner quelque chose à un élève, on ne peut éviter de lui imposer une tâche bien définie.
    Sans doute est-ce très vrai, dès lors que l'élève en question a dépassé l'âge de la petite enfance (en gros, au moment des premiers signes de la deuxième dentition), époque à laquelle, la question est de lui faire comprendre ce que signifie cette tâche et de lui en montrer l'intérêt.
    Cependant, de l'avis de tous ces pédagogues plus ou moins réputés, avant cet âge, il ne saurait être question d'en faire des petits galériens qu'il ne faudrait en aucun cas laisser choisir en fonction de leurs envies.

    Sachant cela, on peut être d'accord ou pas... Mais il n'empêche que, dans cette conception de l'instruction des tout-petits, qui est aussi la mienne, on voit des enfants heureux, épanouis, qui n'ont certes pas appris dans la douleur mais ont tout de même acquis des connaissances variées et une envie d'apprendre qui les rend aptes à fournir désormais tous les efforts nécessaires à une instruction sentant l'école, comme aurait dit ce bon M. Brouard !


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