• Tâtonnement expérimental...
    Dédicace spéciale au monsieur qui pense que la consonance d'un prénom et le taux de mélanine 
    ont quelque chose à voir avec la réussite scolaire...

    Les CP viennent de découvrir les compas. Les CE1 leur ont montré comment s'en servir. J'ai fourni quelques pistes de recherche, trouvées à droite à gauche, surtout dans les spécimens de manuels de mathématiques de cycle 3 qui s'empoussièrent dans le placard du fond.

    Dès qu'ils ont cinq minutes, ils se lèvent - dans ma classe, on a le droit, si le travail que j'avais donné est fini - prennent un compas, une feuille, des crayons, et ils tâtonnent...
    Si c'est loupé, ils jettent. S'ils sont contents d'eux, ils me le donnent et j'affiche. Deux jours de compas, entrecoupés par seize jours de vacances, et voilà le travail !

    Tâtonnement expérimental...  

    Tâtonnement expérimental...

    Tâtonnement expérimental...

    Tâtonnement expérimental...

    Tâtonnement expérimental...

    Tâtonnement expérimental...

    Tâtonnement expérimental...

    Alors, bien sûr, vous me direz que certains sont encore loin de valider la compétence Maîtrise l'outil cyclogénérateur... que d'autres n'ont des notions de centre, d'arc, de corde, de symétrie que quelques bribes encore très mal dominées...

    Mais ne croyez-vous pas que ç'aurait été dommage pour mes petits CP si, comme me le proposait quelqu'un récemment sur un réseau social, je n'avais plus de compas dans ma classe parce que mes CE1 n'en auraient plus besoin (un changement de programme scolaire, par exemple) ?
    Ne croyez-vous pas que lorsque mes petits CP arriveront au CE1, au CE2 ou plus tard, ces quelques essais les aideront à trouver les exercices sur le cercle et le disque moins ardus, moins étranges, moins inconnus ?

    J'ai toujours cru qu'il fallait proposer un milieu riche, aidant, plein de matériel propre à piquer la curiosité des enfants, leur donnant l'occasion d'expérimenter, de tâtonner, de créer...
    J'ai toujours cru que si l'on faisait cela, c'était pour que tous aient l'occasion de commencer à explorer des domaines variés, à les creuser un peu si l'occasion s'en présentait.
    J'ai toujours cru que, du moment où on se rendait compte que tous se piquaient au jeu, on pouvait institutionnaliser la connaissance, aider ceux pour qui c'est encore un peu flottant, obtenir une maîtrise raisonnable et raisonnée, en tenant compte de l'âge des enfants qu'on a en face de soi.
    J'ai toujours cru que notre rôle à nous, enseignants, c'était de leur offrir l'autonomie que donnent ces maîtrises multiples, dans tous les domaines...

    Cela vous permet sans doute de comprendre pourquoi ça me rend si triste lorsque je lis qu'on met les enfants sous pression en leur offrant ce dont ils ont besoin pour progresser régulièrement, un pas après l'autre, en tâtonnant de moins en moins et en ayant le droit, de temps en temps, de pousser la barrière du jardin pour aller découvrir ce qu'il y a derrière...

    Tâtonnement expérimental...
    Dédicace spéciale au monsieur qui... gna gna gna... air connu...


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  • Preuve par neuf.

    Merci à Auléric qui s'est coltiné tout le boulot ! Quel plaisir de comparer compétences et connaissances développées par les programmes scolaires actuels (2008) et à venir (projet 2016) !
    Il n'empêche que son travail est très utile. Il permet de vérifier point par point la thèse que nous sommes quelques-uns à affirmer :

    CES NOUVEAUX PROGRAMMES 
    INSTITUTIONNALISENT
    UNE ANNÉE DE RETARD GÉNÉRALISÉE
    POUR L'ENSEMBLE DE LA POPULATION SCOLAIRE
    DÈS L'ÂGE DE SEPT ANS !

    Pour ceux qui n'auraient pas le temps de fouiller point par point les 24 pages de tableau d'Auléric, en voici 9 preuves parmi d'autres :

    1. En Français (Oral), les attendus de fin de cycle 2 sont les mêmes dans les deux programmes. Or, les nouveaux programmes fixent la terme de ce cycle à la fin de l'année scolaire de CE2 alors que jusqu'alors, c'était la fin de CE1 qui en marquait la limite supérieure.
    Dans ce domaine, c'est bien une année de retard que se voient donc infliger les enfants nés en 2008 et au-delà.

    2. En Français (Lecture), non seulement les attendus du Cycle 2 piochent dans ceux du Cycle 1 2008 (conscience phonologique, reconnaissance des lettres) mais en plus, l'élève sortant de CE2 en 2019 n'aura même pas, comme son camarade d'un CE1 "version 2015/2016" lu de textes du patrimoine et acquis une première culture littéraire. On lui aura juste proposé une Familiarisation avec la littérature de jeunesse.
    Ici, c'est plus d'une année de retard que se voient donc infliger les enfants nés en 2008 et au-delà.

    3. En Français (Étude de la Langue), toujours à une année scolaire d'écart, l'élève perd les termes article, (adjectif) qualificatif, pronom personnel sujet. Dans le domaine du verbe, la comparaison est plus difficile puisqu'en 2016, le professeur des écoles choisit lui-même les verbes qu'il considère comme les plus fréquents.
    Ici, c'est plus d'une année de retard que se voient donc infliger les enfants nés en 2008 et au-delà.

    4. En Langue Étrangère ou Régionale, les énoncés simples de la vie quotidienne sont remplacés par des mots familiers et des expressions très courantes.
    Dans ce domaine, c'est bien une année de retard que se voient donc infliger les enfants nés en 2008 et au-delà.  

    5. En EPS, Arts, mêmes attendus. Le projet de programmes 2016 n'évoquent pas le contact direct avec les œuvres d'art (monuments, musées, ateliers d'arts, spectacles vivants). Peut-être est-ce l'effet TAP puisque, en EPS, le projet de programmes explique dans la partie Repères de progressivité que les attendus de chaque classe dépendent des compétences motrices de chaque élève ainsi que de la quantité de pratique...
    Ici, c'est plus d'une année de retard que se voient donc infliger les enfants nés en 2008 et au-delà.

    6. En Mathématiques (Nombres et Calcul), la connaissance des tables de multiplication et d'addition est remplacée par la mémorisation de faits numériques additifs et multiplicatifs. La technique de calcul posé de la division euclidienne à 1 chiffre au diviseur disparaît des écrans radars du CE2. On notera néanmoins que l'élève de CE2 continue de compter jusqu'à 999 999, comme il le faisait depuis 2008 (des programmes de 1975 à ceux de 2002 inclus, c'était 9 999).
    Cependant, en Calcul tout du moins, c'est plus d'une année de retard que se voient donc infliger les enfants nés en 2008 et au-delà.

    Remarque. En Mathématiques (Grandeurs et Mesures), fait notable, les programmes 2016 vont plus loin et de façon plus construite (système métrique complet pour les mesures de longueur, en cours pour les masses et les capacités en fin de CE2).
    En Mathématiques (Espace et Géométrie), La boule ou sphère apparaît.

    7. En Sciences et Techniques, c'est le programme de Cycle 2 qui est proposé. Les élèves de CE2 perdent Mouvements de la Terre, Volcans et Séismes, Cycle de l'eau, Exemples simples de sources d'énergie, Leviers, balances et équilibres .
    Dans ce domaine, c'est bien une année de retard que se voient donc infliger les enfants nés en 2008 et au-delà.

    En Sciences, Étude du vivant, quelques règles d'hygiène et de citoyenneté, assaisonnée d'une bonne dose d'encouragements à utiliser les démarches et méthodes popularisées par la Main à la Pâte, qui toutefois n'est plus citée... On retrouve les attendus de fin de Cycle 2 mouture 2008.
    Dans ce domaine, ce n'est pas très clair mais, selon les classes, il est possible que les élèves prennent une année de retard ou plus  dans leur connaissance de l'unité et la diversité du vivant, de son fonctionnement ou encore dans sa connaissance du fonctionnement du corps humain.

    8. En Histoire, les enfants de CE2 passent de :

    - Les premières traces de la vie humaine,
    - la maîtrise du fer et les débuts de l’agriculture,
    - l’apparition de l’art,
    - les Gaulois,
    - la romanisation de la Gaule,
    - les relations entre seigneurs et paysans au Moyen-Âge,
    - les Grandes Découvertes,
    - la Renaissance: quelques découvertes scientifiques,
    - Époque contemporaine : le temps de travail à l’usine, les progrès techniques au XIX ,
    - les révolutions scientifiques et technologiques au XX,
    - la société de consommation

    à :
    - Repérer des périodes de l’histoire du monde occidental et de la France en particulier, quelques grandes dates et personnages clés.
    - L’évolution des sociétés à travers les modes de vie et des techniques à diverses époques...
    Dans ce domaine, c'est bien une année de retard que se voient donc infliger les enfants nés en 2008 et au-delà.
     

    9. En Géographie, les élèves de CE2 perdent Organisation du territoire français (ville, département, région, communautés de communes) , Paysages de villages, de villes , de quartier. Aller du local à la région des élèves, Circulation des biens et des hommes (moyens de transports, raisons des déplacements, lire des cartes et des plans de transports), Principales activités économiques .
    Dans ce domaine, c'est bien une année de retard que se voient donc infliger les enfants nés en 2008 et au-delà. 

    Voilà. C'est tout pour aujourd'hui. J'avoue que j'aurais préféré m'être trompée et n'avoir pas bien lu. Mais hélas, c'est net :

    Nos enfants, vos enfants
    vont perdre une année scolaire.

    Même ceux qui aujourd'hui se baladent de classe en classe sans difficulté notable, dans la joie et la bonne humeur ; même ceux qui s'ennuient bien un petit peu parce que ça ne va pas assez vite pour eux... 

    Tous !

    Encore merci à Auléric pour son document.


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  • Tant pis pour eux...

    Je repique et vous transmets cette réflexion de mon ami Doctor Who sur le forum Néoprofs (auquel je n'ai plus accès qu'en tant que lectrice).
    Comme lui, je m'étonne que le premier des scandales, en amont des coupes sombres dans les matières enseignées (et non évoquées), en amont des réductions d'horaires déguisées du collège, celui de l'année de retard imposée à tous en élémentaire ne soit évoqué nulle part.

    J'ouvre un fil pour parler d'un fait dont presque personne ne parle, et qui me désespère.
    En effet, on constate que l'enseignement de l'histoire à proprement parler , dans les nouveaux programmes, sera décalé d'un an ! AU lieu de commencer en CE2, on commencera en CM1.
    Au cycle 2, on permet d'aborder au coup par coup quelques éléments historiques, mais sans aucune systématicité, et à une fréquence très faible.
    Avec des programmes de cycle 3 très franco-centrés, des élèves de CM2 sortiront de CM2 sans avoir jamais parlé de l’Égypte, des premières civilisations, de la préhistoire. Pour le reste, ils en auront parlé en tout et pour tout une seule fois.
    Pourtant, beaucoup de gamins de 5-6 ans sont friands de civilisations anciennes (notamment), jouent aux cow-boys, aux chevaliers et aux mousquetaires. Ces gamins attendront 4 ou 5 ans avant de pouvoir développer ce goût et acquérir des connaissances qu'ils assimileraient très bien.
    Et les profs de collège, qui se battent déjà pour savoir s'il fallait enlever tel ou tel point dans le nouveau programme, verront arriver des élèves très peu cultivés, avec des références historiques étiques, qui ne pourront pas se repérer dans le passé ni élaborer la réflexion qu'ils auraient pu élaborer au même âge avec la culture suffisante.
    Le vrai scandale des nouveaux programmes est là, et tout le monde s'en moque !!!
    Doctor Who sur Néoprofs.org
     

    Qui, quel syndicat, quel média va s'emparer de ce scandale et crier avec nous qu'en retardant d'un an encore l'accès à la culture générale, à l'histoire, à la géographie, ce sont tous les élèves dont les parents n'ont pas le réflexe "librairie-bibliothèque-médiathèque-visites-culturelles" qui seront encore un peu plus lésés et laissés pour compte ?

    Tant pis pour eux...


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  • Années de retard

    Le redoublement, c'est le mal. Tout le monde le sait. Un enfant qui redouble est un enfant perdu, c'est bien connu.
    Vous aurez beau présenter des dizaines d'adolescents, d'adultes, de personnes âgées qui ont non seulement survécu à cette honte mais ont en plus transformé l'essai et réussi à acquérir une culture convenant tout à fait à l'exercice d'une vie d'adulte complète, citoyenne, riche, efficace et tout et tout, personne ne vous croira. On préfère dire que cet ancien enfant a lamentablement raté sa vie et erre d'échec en gamelle, gardant au front les stigmates de ce CP, ce CM1, cette Troisième ou cette Terminale refaits "à l'identique" qui l'ont à jamais coupé du monde des élites qui, elles, n'ont jamais redoublé.

    Vous aurez beau aussi présenter les dizaines d'enfants, de préadolescents et d'adolescents complètement "dénarcissisés", rendus parfois phobiques ou agressifs par une, deux, trois, dix années d'échec scolaire de plus en plus profond, de plus en plus complet, rien n'y fera. Peine perdue d'essayer d'expliquer que ces enfants, on les aurait sauvés si, au bon moment, on leur avait donné une année supplémentaire pour se poser, grandir, faire un petit retour sur apprentissages, assurer la compréhension de notions encore trop mal intégrées pour pouvoir être mémorisées sans effort.

    Enfin, peine perdue, pas si sûr, finalement... Parce que... à bien y regarder... il y a ce décalage d'une demie à une année... qui retire désormais à la Grande Section son rôle de section-charnière. C'est quand même un rôle qu'elle a rempli de l'année 1882 à l'année 2008, année où elle a disparu des écrans radars du Cycle des Apprentissages Fondamentaux... Étonnant que, tout à coup, on rétrograde ses élèves au stade des apprentissages premiers, comme ça, sans qu'on sache trop pourquoi...
    D'autant plus étonnant que ce décalage se voit véhémentement réaffirmé en cette année 2015, malgré la très mauvaise réputation des programmes 2008... Pensez donc, des programmes que la profession n'avait pas demandés et qui firent disparaître les programmes de 2002, réputés excellents. Des programmes de 2002  qui, soit dit en passant, affirmaient quant à eux que les élèves de GS passaient en cours d'année du Cycle 1 au Cycle 2... Bizarre, quand même, non ?

    Au même moment, il y a eu une  tentative de plus de faire passer l'interdit absolu du redoublement. On l'a assortie, pour faire bonne mesure, d'un essai d'interdiction des notes chiffrées, peut-être parce qu'elles donnent une image trop directement visible de l'échec. Tentatives toutes deux avortées car rejetées par une opinion publique décidément encore bien trop attachée à la valeur "mesurable" de son instruction publique.

    Et là... comment faire ?... Au cycle 1, c'est réglé. Trois années, de trois à six ans, sans échec, sans redoublement possible par la grâce du PES, du PAI ou du PAP, rajouté récemment à l'artillerie lourde du handicap, qui permettent tous trois d'éviter d'entretenir des structures coûteuses où l'on accompagnerait au plus près la grande et la très grande difficulté.
    Puis... le cycle 2, réduit depuis 2008 à deux années scolaires, aux objectifs simples et clairs... À l'issue de ce cycle, les élèves étaient alors encore censés savoir lire, écrire, compter et calculer... Les fondamentaux, quoi... On y ajoutait un petit vernis de repérage dans le temps qui passe et l'espace où on vit, quelques petits jalons dans le monde du vivant et de la matière, des chants, des comptines, quelques textes courts ainsi que quelques repères dans le monde des arts... Les bambins qui en sortaient avaient entre 7 ans et demi et 8 ans et demi...
    Seulement voilà... pour tout un tas d'excellentes raisons que je n'aurai pas l'outrecuidance de développer... malgré le décalage d'un à deux ans dans les apprentissages par rapport aux années d'avant l'invention des cycles... il y avait encore ces élèves en échec... qui ne devaient surtout pas donner l'idée qu'il fallait qu'ils... prennent leur temps... approfondissent... assurent la compréhension de certaines notions... reprennent "à l'identique"... redoublent, quoi !

    Et là, bingo ! L'idée de génie ! Encore plus fort que le tour de passe-passe de 2008 qui, finalement, n'avait pas changé grand-chose, la botte secrète de 2015 ! Désormais la norme sera l'enfant nouveau ! Il aura le droit, que dis-je le droit... le devoir d'attendre d'avoir entre 8 ans et demi et 9 ans et demi pour savoir lire, écrire, compter et calculer... les fondamentaux, quoi... auxquels on ajoutera le petit vernis de repérage dans le temps et l'espace, les quelques jalons dans le monde du vivant, de la matière et dans le domaine des arts. La lecture de quelques petits albums, deux ou trois comptines en anglais, quelques jeux sur la tablette numérique, comme à la maison.

    L'air de rien, tout uniment, c'est une année de retard généralisée pour toutes les cohortes d'enfants nés à partir du 1er janvier 2008 qui est ainsi programmée !

    Eh oui, parce que, si j'ai bien compris, ceux qui entreront au CE2 en septembre 2016 y auront droit aussi... Pas de cycle 3 pour eux... Pas d'histoire, pas de géographie, pas de sciences et techniques... Plus vraiment de grammaire et de conjugaison... il leur faudra même oublier ce qu'ils ont appris de septembre 2015 à juin 2016 dans leur CE1 mouture 2008...
    Quant aux autres, les suivants, ceux qui entreront au CP ou au CE1 en septembre 2016, il faudra se débrouiller pour qu'ils n'aillent pas trop vite afin qu'ils n'aient pas l'impression qu'on se fiche d'eux et que, injure suprême, on les prend pour des bébés ! 
    Pas simple de ne pas les ennuyer quand, à 9 ans passés, on leur demandera de refaire pour la cinquième ou sixième fois de leur scolarité la frise chronologique de leur journée, leur arbre généalogique jusqu'à leurs papys-mamies, les dents qui sont vivantes et qu'il faut penser à brosser et les objets qui flottent ou qui coulent ?

    Mais ça, qu'ils s'ennuient, on s'en fiche, c'est dans leur intérêt après tout. Régler une fois pour toute la question de l'échec scolaire, c'est très simple... Il suffit de retarder tous les apprentissages d'une à deux années !
    Au diable les vieilles institutrices qui déclaraient que leurs élèves de CP savaient tous lire à Noël, ce sont des menteuses affabulatrices qui dressaient leur chiourme à grands coups de baguette ! Au diable, les instituteurs qui produisaient les journaux scolaires de leurs bambins de Grande-Section-CP, c'étaient de pauvres parias obligés d'inventer ces résultats pour satisfaire leurs inspecteurs primaires !
    Et maintenant, au diable les professeurs des écoles qui disent que leurs élèves de GS écrivent en cursive et lisent des mots simples, qu'au CP, ils lisent tous couramment dans le courant du deuxième trimestre, qu'au CE1, ils peuvent écrire ce fameux texte d'une demi-page qu'on va désormais réclamer à des enfants ayant encore un an de plus, ce sont des rétrogrades qui... seraient prêts à faire redoubler un enfant de temps en temps !

    Les modernes, les innovants, les progressistes, les gentils, pour tout dire, s'apprêtent quant à eux à faire prendre une année de retard à tous les enfants avant le CE2. Ils s'apprêtent à tellement diminuer les exigences que les élèves quittant la Sixième en 2019 auront tout au plus le niveau qu'avaient, quand elles existaient encore, les élèves qui entraient en Sixième de Transition !
    Pas étonnant qu'avec une telle impréparation en amont, ils ne voient pas l'intérêt de continuer à tenter d'enseigner le grec, le latin, l'allemand, l'italien, le chinois, l'arabe, le breton, l'occitan et j'en oublie certainement...

    Une école au rabais pour élèves rabaissés, voilà ce qu'ils nous proposent !


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  • Drôles de menus !

    Imaginez un restaurant scolaire où, sur la carte, il y aurait écrit :

    • Apport de protéines : Cet apport est essentiel à la croissance et à l'entretien des muscles et des os. C'est grâce à cet apport que l'enfant grandit de manière harmonieuse et acquiert une stature élevée et une musculature puissante. Elles jouent un rôle important dans l'acquisition de défenses immunitaires, la fabrication d'hémoglobine, d'immunoglobulines, d'enzymes digestives, d'hormones...
      Elles constituent par ailleurs l'unique source d'azote de l'organisme.
      On pourra donner des protéines animales à l'enfant en lui faisant manger de la viande, du poisson, des œufs, du lait et des produits laitiers ; il puisera des protéines d'origine végétales en associant des légumineuses et des céréales.
    • Apports de glucides : Principales sources d'énergie de notre organisme, les glucides font partie des constituants de base de notre alimentation. Le principal rôle des glucides est de fournir de l’énergie aux cellules du corps humain . Lorsque l'enfant les mange, ils se transforment plus ou moins rapidement en glucose, qui est le carburant de certaines cellules du corps. C’est le cas des cellules du cerveau. Le glucose est le carburant exclusif du cerveau de l'enfant qui en a besoin d’environ 140 g par jour !
      Les glucides simples comprennent le glucose, le fructose et le saccharose qui peuvent à leur tour former du sucrose (= sucre de table), du lactose ou du maltose.
      Les glucides complexes comprennent l’amidon, le glycogène ainsi que les fibres.
      Le glucose est soit utilisé immédiatement par l’organisme, car ce dernier a constamment besoin d’énergie, soit stocké sous forme de glycogène dans le foie et dans les muscles pour une utilisation ultérieure. Les fibres alimentaires contribuent à la satiété et servent à maintenir l’appareil digestif en bonne santé en régularisant le transit intestinal.
      On pourra équilibrer la ration de glucides et de fibres de l'enfant en lui proposant des sucres rapides (chocolat, bonbons, fruits, confitures, produits laitiers, boissons sucrées), des sucres lents (céréales de petit déjeuner, pain, pâtes alimentaires et riz, légumineuses) et des fibres (légumes, fruits, céréales complètes).
    • Apport de lipides : Ils jouent deux rôles majeurs. En effet, ils permettent d'une part le stockage de l'énergie et d'autre part, ils ont un rôle structural (entrent dans la composition des membranes des cellules et y assurent notamment la fluidité). 
      [Attention, p'tit coup de jargon pour décourager les masses laborieuses ! Sautez au paragraphe suivant si vous vous ennuyez en route ou si vous perdez le fil ! ... C'est parti !]
      Triglycérides et phospholipides de l’organisme sont constitués notamment d’acides gras qui sont apportés par l'alimentation et, pour certains d'entre eux, synthétisés par l'organisme. Les lipides alimentaires sont très majoritairement sous forme de triglycérides. Outre leur rôle majeur comme source d'énergie et comme constituants des lipides des membranes cellulaires, les fonctions métaboliques des acides gras varient selon leur nature : certains sont des précurseurs de molécules de régulation de fonctions physiologiques variées (agrégation plaquettaire, inflammation, vasoconstriction, etc.), certains peuvent réguler l'expression de gènes du métabolisme lipidique notamment, etc. Le cholestérol fait également partie des lipides. Il est le précurseur des hormones stéroïdiennes (œstrogènes, testostérone, etc.). C’est également un élément important des membranes cellulaires, notamment au niveau du cerveau.

      [Là, ça repart, normal. Enfin, normal, c'est façon de parler... Rappelez-vous que vous êtes au restaurant et que vous êtes en train de chercher le menu, quand même... ]
      On fournira à l'enfant sa ration de lipides en lui faisant consommer : des produits animaux (poissons, œufs, fromages, charcuterie, viande) et les produits végétaux (graines et fruits oléagineux, huiles). Il ne faut pas oublier que certains produits transformés (viennoiseries, barres chocolatées, etc.) en contiennent beaucoup, même s'ils ne sont pas visibles.
    • Apport en vitamines : On distingue 13 vitamines différentes, que l’on classe en deux groupes : les vitamines hydrosolubles (C et B1, B2, B3 ou PP, B5, B6, B8, B9 et B12) et les vitamines liposolubles (A, D, E et K). A la différence des macronutriments, ces substances (appelées micronutriments car notre corps en a besoin en petite ou très petite quantité), n’ont aucune valeur énergétique. Elles n’en demeurent pas moins essentielles, car elles exercent des fonctions primordiales dans tous les processus biochimiques de l’organisme : entre autres, elles régulent le métabolisme, facilitent la libération d’énergie, et assurent des fonctions importantes dans la synthèse des os et des tissus.
      De manière générale, les vitamines hydrosolubles sont apportées en majorité par les fruits et légumes (qui sont gorgés d’eau). les vitamines liposolubles sont apportées par les lipides alimentaires (huiles, poissons gras, jaunes d’œufs, abats, foie, etc.), à l’exception de la vitamine D dont la seule source vraiment intéressante reste le soleil. Il convient donc de fournir à l'enfant ce type d'aliments afin d'éviter les carences en vitamines qui seraient préjudiciables à une croissance harmonieuse.
    • Apport en minéraux et oligo-éléments : Outre de l'eau et des matières organiques (macronutriments), les aliments nous apportent également des matières minérales, pour certaines indispensables au bon fonctionnement de notre corps. Une vingtaine de matières minérales présentent ainsi un caractère essentiel chez l'homme. Elles sont classées en 2 catégories : les minéraux et les oligo-éléments. Les minéraux indispensables sont le calcium, le magnésium, le phosphore et le sodium. Les principaux oligo-éléments sont le fer, le zinc et le sélénium mais il y en a d'autres. Tous ces éléments minéraux interviennent dans une large gamme de fonctions : minéralisation, contrôle de l'équilibre en eau, systèmes enzymatiques et hormonaux, systèmes musculaire, nerveux et immunitaire. Par exemple, il n'y a pas de fabrication d'hormone thyroïdienne sans iode, pas de fabrication d'hémoglobine sans fer et pas de contraction musculaire sans calcium, potassium et magnésium. Excepté l'iode, le fluor et le cobalt, tous les autres éléments minéraux exercent des rôles multiples.
      On contribuera à apporter à l'enfant tous ces éléments de manière interdisciplinaire. En effet, c'est en donnant une alimentation variée et équilibrée qu'on lui garantira un apport large et diversifiée de ces éléments minéraux. (Et non en lui faisant sucer des cailloux, petits galopins !)
    • Apport en eau : L'eau est le principal constituant des êtres vivants et représente environ 60 % de notre poids. Elle est nécessaire à la vie de nos cellules et permet la circulation du sang. Une déshydratation importante peut être grave et même entraîner la mort, surtout chez les personnes les plus fragiles (seniors, nourrissons, malades). Il est donc essentiel de bien hydrater l'enfant.
      L’eau maintient le volume de sang et de la lymphe ; fournit la salive qui permet d’avaler les aliments ; sert de lubrifiant pour les articulations et les yeux ; maintient la température du corps ; permet les réactions chimiques dans les cellules ; permet l’absorption et le transport des nutriments ingérés ; permet l'activité neurologique du cerveau ; assure l'hydratation de la peau ; élimine les déchets de la digestion et des divers processus métaboliques.
      On trouvera de l'eau dans les robinets, les bouteilles d'eau de source ou d'eau minérale, les boissons sucrées gazeuses et non gazeuses ainsi que dans la plupart des aliments (à l'état de traces ou en quantités beaucoup plus importantes). On proposera à l'enfant de s'hydrater régulièrement de manière interdisciplinaire.

    Ouf ! J'ai fini ! Quel boulot ! Merci Google ! Mais enfin, pourquoi un tel pensum alors que je suis en vacances, au soleil, dans un cadre enchanteur (la Drôme Provençale, plus on la connaît, plus on l'aime) ?
    Parce que, grâce au Café Pédagogique, dès lundi 13 avril au matin, j'ai eu la joie de parcourir la proposition du nouveau menu du restaurant Éducation Nationale pour les enfants de 6 à 12 ans... et qu'il ressemble exactement à ce pensum sans intérêt...
    C'est long comme un jour sans pain, ça ne donne aucune indication claire, ça se gonfle d'explications techniques qui n'apportent rien à aucun professeur des écoles formé à l'éducation globale de l'enfant. On dirait un mauvais cours (parce que très partiel et très partial) à l'usage d'un médecin aux pieds nus qu'on aurait recruté à Pôle Emploi et jeté dans la fosse aux lions sans formation !

    Et encore... Un mauvais cours qui ne conclut rien et n'amène à aucune réflexion précise sur la manière de prendre un enfant de six ans juste sorti de l'école maternelle et de le conduire pas à pas vers son statut de collégien, à l'issue de sa première année dans son nouvel établissement...
    Alors oui, je sais, parce que je l'ai lu à de nombreuses reprises, c'est parce que ce ne sont pas des programmes pour profs feignasses qui arrivent en classe le matin les mains dans les poches, empoignent leur férule et font entrer de force des connaissances obsolètes dans l'esprit de pauvres bambins traumatisés à vie par leur insensibilité vengeresse.
    Oui, je sais, ce sont des programmes qui brossent dans le sens du poil l'ego des professionnels de l'éducation qui se sentent pousser des ailes à l'idée de projeter dans le XXIe siècle (et même le XXIIe, après tout, mon petit-enfant qui va naître en septembre n'aura que 85 ans en 2100) des hommes et des femmes nouveaux et nouvelles ! Pensez donc, concocter des menus créatifs, originaux, festifs, innovants, tous les jours, toute l'année, pendant quarante ans de carrière, quel pied pour celui qui se sent une âme de Pygmalion !

    A bas les pessimistes qui ont peur que l'histoire se termine parfois comme celle du docteur Frankenstein et le plus souvent en eau de boudin !
    Parce qu'après tout, avec le menu ci-dessus, on peut en effet très bien concocter des menus hebdomadaires riches et équilibrés qui, année après année, apportent dans la variété et la bonne humeur, tous les nutriments indispensables à la croissance harmonieuse d'un enfant.
    Mais on peut aussi les nourrir de protéines de bas étage, de graisses dégoûtantes, de sucres rapides appétissants, chatoyants des mille couleurs de colorants alimentaires issus des pires antres de la chimie moderne !
    Enfin, on peut, lorsqu'on est fatigué, épuisé de se retrouver face à des enfants boudeurs, peu attirés par les joies de la table, servir un sempiternel jambon-purée, arrosé de Coca-Cola pour le fun...

    Alors, je ne sais pas ce que vous, vous en pensez mais moi, je préférerais exercer mon métier dans un cadre sans doute un peu "vieille cuisine" mais m'assurant que les élèves que je reçois ont tous reçu, à peu près à la même date (au trimestre près, dira-t-on) cette alimentation riche et équilibrée qui leur aura donné l'exacte quantité de protéines de qualité, de glucides énergétiques, de graisses saines, de vitamines, de minéraux et d'oligo-éléments de toute la gamme des indispensables, des utiles et des souhaitables, sans oublier l'eau pure, de bonne qualité, en quantité nécessaire et suffisante.
    Mon rêve serait que cette alimentation équilibrée, ils continuent à la recevoir ensuite, qu'elle soit variée et saine, adaptée à leurs mille morphologies, issue du commerce équitable et ouverte sur l'extérieur.

    Hélas, je ne vois aucune garantie que ce sera le cas le jour où ces programmes, corrigés à la marge, comme d'habitude, seront appliqués et j'ai bien peur que nos pauvres enfants et petits-enfants reçoivent à l'École un succédané de malbouffe digne de ce qu'ils ingèrent lorsqu'on les laisse choisir leur menu tout seuls !


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